x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le samedi 13 mars 2010 | Fraternité Matin

Sortie de crise : Elie Hallassou explique son engagement dans la vie politique

Vous êtes un Ivoiro-libanais. Quand avez-vous été naturalisé ?

Cela fait sept ans que j’ai été naturalise. Le décret signé par le Président de la République. C’est dommage que je ne puisse pas vous communiquer le numéro. Disons que je n’aime pas trop le terme ivoiro-libanais, je suis Ivoirien tout simplement. C’est comme en France, les naturalisés ou Français issus de l’immigration n’aiment pas cette appellation. Ou ils sont français ou ils ne le sont pas. Je suis dans la même logique. On n’est pas Ivoirien à moitié, quelle que soient la couleur de sa peau, sa profession et son origine. Cela ne veut pas dire que je renie mes origines. Mais pour moi, la nation représente tout. Elle est au- dessus de toute autre considération.



Quelles sont les motivations profondes qui ont sous-tendu votre naturalisation ?

Sachez que je suis un pur enfant de ce pays. Je suis né ici et j’y ai grandi. J’ai beaucoup d’amis avec lesquels j’ai fait l’école «Notre dame d’Afrique» dans les années 80. Après, je suis allé en Europe avant de revenir. En réalité, je suis un pur produit de l’intégration ivoirienne. J’ai voulu démontrer que dans ce pays, on vit bien. Même si on ne se ressemble pas tous. Pour moi, il n’y a pas de xénophobie, ni de tribalisme … Certes, on peut constater quelques cas isolés, qu’on doit s’empêcher d’étendre à une grande échelle. Car, même en France, le pays des Droits de l’Homme, on note çà et là des actes de racisme. Dans la grande Amérique, le pays du melting pot par excellence, il y a du racisme. N’empêche que c’est un pays de métissage. J’ai voulu montrer que la Côte d’Ivoire est un pays d’immigration, donc une terre d’intégration. Et que les gens lui font un faux procès. Le deuxième paramètre, c’est mon attachement aux Institutions de la République pour montrer à la face du monde qu’on peut être Ivoirien de peau blanche et faire de la politique sans que le ciel vous tombe sur la tête. Avant la guerre, je n’étais pas naturalisé par simple négligence de mes parents. Je vous apprends que c’est le gouvernement ivoirien qui m’a accordé une bourse pour aller étudier en Europe. Ce pays m’a tout donné. Et les gens doivent savoir qu’on ne se sent pas seulement Ivoirien que dans les moments de bonheur.



Vous affirmiez que la bonne intégration passe par la bonne naturalisation. Avez-vous été régulièrement naturalisé ?

Bien sûr que oui. C’est même une vérité de La Palice. La naturalisation est le stade suprême de l’intégration. C’est une communauté nationale qui vous accepte définitivement par un acte légal. En un mot, ma citoyenneté n’a pas été volée. Beaucoup de jeunes, qui ont la même histoire que moi, refusent d’emprunter la voie légale. Alors que, c’est ce qu’il faut faire pour réussir son intégration. D’ailleurs très bientôt, nous allons entreprendre une tournée nationale pour expliquer cela aux uns et aux autres. Il faut éviter les passages en force en voulant frauder.



Vous êtes le président de l’Association citoyenne pour Gbagbo. A quoi obéit-elle réellement ?

Dans ce pays, quelle que soit la couleur de la peau, tous les citoyens peuvent se prononcer sur l’actualité politique. Au besoin, prendre position. Dans notre association, on trouve des Ivoiriens d’origine diverse. Je voudrais aussi dire mon attachement aux Institutions de la République. Et surtout à celui qui les incarne, le Président Laurent Gbagbo. Nous voulons également prôner la paix, la réconciliation. Car, mes grands parents savent ce que c’est que la guerre. Ils l’ont vécue au Liban. On souhaite que la Côte d’Ivoire soit épargnée des conséquences néfastes de la guerre. Et enfin, œuvrer pour la réélection de notre candidat, Laurent Gbagbo qui, à nos yeux, présente les meilleurs atouts pour conduire la destinée de ce pays qui nous est cher. Voilà un peu les fondements de cette association.



N’êtes-vous pas en train de mener le combat d’un homme complexé par ses origines ? Ou voulez-vous relever un défi quelconque ?

Non. Pas du tout. Si moi, Elie Hallassou, j’étais complexé, j’aurais fait comme les frères de la communauté libanaise. Je me serais tu. Et m’adonnerai tranquillement à mon business. Je vous rappelle que quand je commençais ce combat, j’étais directeur commercial, je gagnais entre trois et quatre millions par mois. Je sillonnais l’Afrique pour le compte de cette entreprise. A la limite, j’aurais pu fuir le pays lorsque la guerre avait éclaté au même titre que beaucoup. Moi, j’ai préféré rester ici pour résister. Cela veut tout simplement dire que je suis loin d’être un complexé. J’ai opéré une rupture avec ce qu’on appelle le «pacte secret» des gens de la communauté libanaise ou la communauté blanche dans l’ensemble. Donc, c’est loin d’être un combat de complexé. Mais au contraire, une démystification de ce dogme qui avait cours en Afrique noire laissant croire qu’un citoyen de peau blanche ne puisse pas prendre position politiquement sur les préoccupations de son pays. Je veux que les uns et les autres aiment la Côte d’Ivoire, d’abord avant d’aimer son argent.



Le combat que vous menez est-il soutenu par votre communauté d’origine ?

Avant d’agir, comprenez que je n’irai pas prendre une autorisation avec qui que ce soit. Je fais ce que j’estime bon pour ma patrie. C’est tout. Je suis un citoyen libre qui se bat pour que son pays sorte de la crise politico-militaire. Je ne suis jamais allé au Liban pour faire la guerre. Or, quand il y a eu la guerre en Côte d’Ivoire, je suis sorti dans la rue. Cela veut tout dire. D’ailleurs, vous avez lu dans la presse qu’à plusieurs reprises, cette communauté à laquelle vous faites allusion m’a excommunié. Puisqu’elle ne comprenait pas que je puisse dire tout haut ce que je pense. Je suis donc tranquille. Je ne défends pas une communauté. Mais plutôt un pays : la Côte d’Ivoire et son Président. Je crois que c’est à ceux qu’il faut poser la question de savoir ce qu’ils pensent du combat que je mène. Je suis dans le vrai. Et rien ne peut altérer ma détermination.



Peut-on savoir l’état de vos rapports avec les membres de la galaxie patriotique. Notamment avec Charles Blé Goudé ?

Blé Goudé est mon frère. Il est directeur national de campagne de Laurent Gbagbo, chargé de la jeunesse. C’est que lui et moi n’avons pas toujours été d’accord sur certains points. Mais, l’essentiel, c’est que nous luttons pour la même cause et pour la même personne. Pour moi, le tout, c’est d’avoir une synergie au niveau de nos actions et de nos pensées quand il le faut. Samedi dernier au stade Champroux, vous avez vu que j’étais à côté de Blé Goudé. Nous n’avons donc pas de soucis réels. Nous savons où nous allons. A savoir, la réélection de Laurent Gbagbo pour la prochaine présidentielle. Il y a plus de choses qui nous rassemblent que celles qui nous divisent. L’union fait toujours la force. Je me suis mis à la disposition de Blé Goudé, le leader de la jeunesse ivoirienne, pour relever les grands défis.



Beaucoup de personnes avancent que vous rencontrez des difficultés pour avoir accès au Palais présidentiel. Confirmez-vous l’information ?

C’était une réalité à un moment donné. Mais les choses se sont améliorées. Certaines personnes autour du Président Gbagbo ont fait le nécessaire. Le seul problème à présent, c’est l’accès au Chef de l’Etat lui-même qui demeure insoluble. Nous ne demandons pas à le voir tout le temps au vu de ses charges, mais au moins, une fois. Nous souhaitons le rencontrer. C’est notre père à tous. Personne n’a plus de droit dans ce cas que d’autres. Il appartient à tous les Ivoiriens.



Qui fait blocage ?

Je ne saurais le dire. C’est une énigme. Et ce n’est pas normal.



Le conflit avec votre ancien employeur est-il résolu ?

Ecoutez, comme tout le monde le sait, j’ai été licencié en 2005 de mon poste de directeur commercial. On a gagné en première instance le 9 juillet 2009. Le tribunal de première instance, présidée par le juge Blé Antoine, a donc confirmé le licenciement abusif. L’entreprise Satoci n’a pas trouvé mieux que de faire appel de cette décision. Nous aussi, on a fait appel. Et l’audience aura lieu le 16 avril prochain. En un mot, le conflit demeure. Nous irons jusqu’au bout pour que la vérité triomphe. Ce n’est pas normal que quelqu’un soit licencié de son emploi pour ses opinions politiques.Alors qu’en réalité, il n’y avait aucune incidence sur mon boulot.



Qu’est-ce qui coince au niveau de la justice ?

Encore une fois, je n’ai aucun élément de réponse. Mon procès n’est pas que juridique. Il est politique et financier. Il ne faudrait pas perdre de vue que j’ai en face de moi, une puissance financière qui a des succursales en Afrique. J’ai deux éléments qui prouvent que ce procès n’est pas ordinaire.Le premier est qu’au début, mon dossier avait été radié. Deuxièment, deux ans après, 112 pages du dossier ont disparu. L’avocat a été obligé pendant près de deux mois, de reconstituer le dossier. Mais, en réalité, que veut –on cacher ? La volonté de vouloir contourner la vérité est manifeste de mon point de vue.



Interview réalisée par

Brou Presthone
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ