Suy Bi Irié Aimé Abraham Bienvenu est mort sur-le-champ. Tahi Dahé Abraham Césaire décède lui aussi. Le frère de Suy Bi Irié n'échappe pas aux plombs chauds. Il est étendu raide mort au même endroit. Lui, informaticien ne prendra jamais son vol pour l'Hexagone. Un voyage prévu, samedi matin (le jour même de son assassinat, nldr). Ainsi, trois corps sans vie criblés de plusieurs balles gisent dans une mare de sang. L'auteur de ce triple meurtre est un sergent de la police criminelle. Le tueur se prénomme Koné, selon une source crédible auprès de la maréchaussée. Bienvenu et Césaire sont tous deux gendarmes. Ils avaient le grade de maréchal de logis (Mdl, ndlr) en service à l'escadron de la gendarmerie au Toit Rouge (Yopougon). Ils ont été froidement abattus par l'agent de police samedi à 4 heures au maquis « Village Zouglou », situé à 200 mètres du collège Offoumou Yapo. Selon les témoignages, c'est une affaire de femme qui a motivé ce carnage. Le flic et l'un des gendarmes abattu ont eu de vives altercations au sujet de la tenancière du maquis.
Il dégaine et tire
Le sergent de police se sentant humilié décide alors d'utiliser son arme à feu pour faire taire à jamais son rival. Un employé de ce maquis approché qui a requis l'anonymat indique qu'il a vu les quatre personnes engagées dans une chaude dispute. « Elles étaient d'abord au maquis. Puis, se sont retrouvées dehors. Elles se disputaient au sujet de la patronne. Le policier était fréquent au maquis. Il était régulièrement en compagnie d'elle. La dispute a vite tourné à l'affrontement. Quelques instants après, on a entendu plusieurs coups de feu. On s'est mis à l'abri, et après on est sorti. Il y avait trois corps étalés sur le bitume », affirme-t-il. Sur place nous avons interrogé des riverains. Le jeune Koffi Jérôme, vendeur sur étal du coin, soutient qu'il a aperçu au petit matin les trois corps sans vie. «Je suis rentré à 2 heures. J'habite à quelques mètres de là. J'ai effectivement entendu des coups de feu. Mais, c'est le matin que j'ai découvert les corps. La gendarmerie et la police sont arrivées sur les lieux pour faire le constat. Et puis, les corps ont été enlevés par des corbillards », raconte Jérôme, craignant une éventuelle descente des hommes du général Kassaraté pour venger la mort des leurs. Tout porte à croire qu'au moment où nous arrivons sur le lieu du crime à 18 h 25, le fameux maquis est désert et ressemblait à un cimetière. « C'est une affaire de corps habillés. On ne sait pas ce qui peut se passer dans les minutes, heures ou jours à venir. On est là, la peur au ventre. Si ça chauffe, on va fermer le maquis », lance une serveuse visiblement sur le-qui-vive. Selon une source bien informée, le policier meurtrier s'est constitué prisonnier en se présentant, samedi à 12 heures, à la préfecture de police au Plateau. Une situation qui est loin de faire baisser la tension chez les gendarmes.
Les gendarmes sur le pied de guerre
Mais à l'escadron de la gendarmerie, c'est la confusion dans les esprits : on ne comprend pas l'acte criminel. « Ils étaient au maquis pour fêter le départ du frère de Suy. Celui-ci devait s'envoler pour l'Europe aujourd'hui (Samedi, Ndlr). Nous ne connaissons pas les raisons qui ont motivé les meurtres de nos collègues. L'enquête pourra nous situer. Mais rien ne peut justifier un tel acte », fulmine un maréchal des logis au milieu d'une dizaine de ses frères d'armes. Ceux-ci cachent mal la douleur qui les envahit. Selon eux, le nombre de gendarmes froidement tués par des policiers ne se compte plus sur le bout des doigts. Notre interlocuteur crie sa colère face à ce qu'il qualifie d'acte de défiance et de provocation de la part des flics. « Nous devenons la cible des policiers. Pour un oui ou un non ils s'attaquent aux gendarmes. Comme ils savent que nous sommes un corps d'élite alors ils veulent nous démystifier à travers la provocation. En 2003, à Koumassi, j'ai perdu l'un de mes collègues. Il a été abattu par un agent de la police criminelle sous prétexte qu'il était à la recherche de bandits qui se trouveraient dans son maquis. Mais notre patience peut avoir des limites », menace-t-il. Selon lui, cette situation pose l'épineux problème du recrutement et de la formation des agents de police. «Comment pouvez-vous imaginer qu'un sergent de police puisse tuer froidement un gendarme avec son arme de dotation. Les gens rentrent n'importe comment à la police. C'est le fruit de la mauvaise formation ! La police est un danger dans sa forme actuelle. Il faut la remodeler pour qu'elle devienne plus responsable », insiste un autre gendarme. De sources bien introduites à l'escadron de gendarmerie et au camp commando de gendarmerie d'Abobo, on affirme que le commandement supérieur a pris à bras le corps cette affaire. Une délégation sillonne actuellement les casernes et les brigades de gendarmerie pour faire baisser la tension au sien des troupes, qui crient vengeance. Une réunion de crise s'est tenue à la gendarmerie de Toit rouge où le procureur général du tribunal de Yopougon, Rouba Daléba, le commandant de la compagnie territoriale d'Abidjan Nord, le commissaire du district de police de Yopougon ont pris la décision d'ouvrir une enquête afin de comprendre la réelle motivation du tueur. Celui-ci risque la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle. Avant sa comparution devant le tribunal militaire, le sergent Koné est en détention préventive à la maison d'arrêt et de correction militaire d'Abidjan (Mama) depuis samedi après-midi.
Un reportage de Ouattara Moussa
Il dégaine et tire
Le sergent de police se sentant humilié décide alors d'utiliser son arme à feu pour faire taire à jamais son rival. Un employé de ce maquis approché qui a requis l'anonymat indique qu'il a vu les quatre personnes engagées dans une chaude dispute. « Elles étaient d'abord au maquis. Puis, se sont retrouvées dehors. Elles se disputaient au sujet de la patronne. Le policier était fréquent au maquis. Il était régulièrement en compagnie d'elle. La dispute a vite tourné à l'affrontement. Quelques instants après, on a entendu plusieurs coups de feu. On s'est mis à l'abri, et après on est sorti. Il y avait trois corps étalés sur le bitume », affirme-t-il. Sur place nous avons interrogé des riverains. Le jeune Koffi Jérôme, vendeur sur étal du coin, soutient qu'il a aperçu au petit matin les trois corps sans vie. «Je suis rentré à 2 heures. J'habite à quelques mètres de là. J'ai effectivement entendu des coups de feu. Mais, c'est le matin que j'ai découvert les corps. La gendarmerie et la police sont arrivées sur les lieux pour faire le constat. Et puis, les corps ont été enlevés par des corbillards », raconte Jérôme, craignant une éventuelle descente des hommes du général Kassaraté pour venger la mort des leurs. Tout porte à croire qu'au moment où nous arrivons sur le lieu du crime à 18 h 25, le fameux maquis est désert et ressemblait à un cimetière. « C'est une affaire de corps habillés. On ne sait pas ce qui peut se passer dans les minutes, heures ou jours à venir. On est là, la peur au ventre. Si ça chauffe, on va fermer le maquis », lance une serveuse visiblement sur le-qui-vive. Selon une source bien informée, le policier meurtrier s'est constitué prisonnier en se présentant, samedi à 12 heures, à la préfecture de police au Plateau. Une situation qui est loin de faire baisser la tension chez les gendarmes.
Les gendarmes sur le pied de guerre
Mais à l'escadron de la gendarmerie, c'est la confusion dans les esprits : on ne comprend pas l'acte criminel. « Ils étaient au maquis pour fêter le départ du frère de Suy. Celui-ci devait s'envoler pour l'Europe aujourd'hui (Samedi, Ndlr). Nous ne connaissons pas les raisons qui ont motivé les meurtres de nos collègues. L'enquête pourra nous situer. Mais rien ne peut justifier un tel acte », fulmine un maréchal des logis au milieu d'une dizaine de ses frères d'armes. Ceux-ci cachent mal la douleur qui les envahit. Selon eux, le nombre de gendarmes froidement tués par des policiers ne se compte plus sur le bout des doigts. Notre interlocuteur crie sa colère face à ce qu'il qualifie d'acte de défiance et de provocation de la part des flics. « Nous devenons la cible des policiers. Pour un oui ou un non ils s'attaquent aux gendarmes. Comme ils savent que nous sommes un corps d'élite alors ils veulent nous démystifier à travers la provocation. En 2003, à Koumassi, j'ai perdu l'un de mes collègues. Il a été abattu par un agent de la police criminelle sous prétexte qu'il était à la recherche de bandits qui se trouveraient dans son maquis. Mais notre patience peut avoir des limites », menace-t-il. Selon lui, cette situation pose l'épineux problème du recrutement et de la formation des agents de police. «Comment pouvez-vous imaginer qu'un sergent de police puisse tuer froidement un gendarme avec son arme de dotation. Les gens rentrent n'importe comment à la police. C'est le fruit de la mauvaise formation ! La police est un danger dans sa forme actuelle. Il faut la remodeler pour qu'elle devienne plus responsable », insiste un autre gendarme. De sources bien introduites à l'escadron de gendarmerie et au camp commando de gendarmerie d'Abobo, on affirme que le commandement supérieur a pris à bras le corps cette affaire. Une délégation sillonne actuellement les casernes et les brigades de gendarmerie pour faire baisser la tension au sien des troupes, qui crient vengeance. Une réunion de crise s'est tenue à la gendarmerie de Toit rouge où le procureur général du tribunal de Yopougon, Rouba Daléba, le commandant de la compagnie territoriale d'Abidjan Nord, le commissaire du district de police de Yopougon ont pris la décision d'ouvrir une enquête afin de comprendre la réelle motivation du tueur. Celui-ci risque la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle. Avant sa comparution devant le tribunal militaire, le sergent Koné est en détention préventive à la maison d'arrêt et de correction militaire d'Abidjan (Mama) depuis samedi après-midi.
Un reportage de Ouattara Moussa