On ne sait pas ce qui lui est passé par la tête. Doumbia F. est à la barre pour avoir volé trois paquets de mèches. La juge, elle-même, ne comprend pas l’attitude de ce garçon de 25 ans.
-Vous n’avez pas de cheveux sur votre tête, qu’alliez vous faire avec les mèches ?
Doumbia est timide, il ne répond pas.
-C’était pour votre copine ?
Holà là, il va rougir ! Bon. Puisqu’il a reconnu les faits, on ne va pas s’attarder sur le dossier. Un mois ferme !
Toi, comprendre français ?
Le tribunal est très en retard, ce lundi, nous vous l’avons dit.
-Dossier n°9 : Okékéyoko ! A la barre ! vite, vite, venez ! lance la juge.
Un garçon dans la trentaine se présente à la barre.
-Vous êtes commerçant, domicilié à Port-Bouët. Vous comprenez ce que je vous dis ?
Le prévenu acquiesce de la tête.
-Vous êtes accusé des faits d’abus de confiance.
Il a reconnu les faits. Le plaignant ne s’est pas constitué partie civile. La juge poursuit après les réquisitions du procureur :
-Le tribunal vous reconnaît coupable (…), vous êtes condamné à 15 jours fermes. 5 ans d’interdiction de paraître sur le territoire national…
Après la sentence, le prévenu reste cloué à la barre : il n’a rien compris.
-Quoi ? demande-t-il.
-Eh bien, vous m’avez dit tout à l’heure que vous comprenez ce que je vous dis, monsieur. Dégagez !
Mme la juge, vous avez oublié de condamner les génies!
Vous croyez aux génies, vous ? Que diriez-vous si une personne vous versait de la bouillie bouillonnante sur le visage et qu’elle vous disait ensuite : « désolé, mec, ce n’est pas moi, ce sont mes génies ? » ça donne des frissons, n’est-ce pas ? Mais c’est déjà arrivé. Diabaté Rokya a complètement défiguré sa voisine, appelons-là Awa, en versant de la bouillie chaude sur son visage. Elle s’est ensuite emparée d’un couteau et a tenté de la poignarder. N’eût été l’intervention des voisins, la pauvre y aurait laissé sa peau !
-J’étais contrôlée par mes génies, Mme la juge, explique-t-elle au tribunal du Plateau où elle est conduite pour coups et blessures volontaires.
Awa qui est venue à la barre, a le visage si défigurée que la magistrate en frissonne.
-C’est vous qui avez fait ça, Rokya ?
-Ce sont mes génies, répond l’accusée. Elle a versé de l’eau sur moi et c’est ce qui les a réveillés. Ils étaient trois.
La juge lui demande si ses génies l’ont accompagnée cet après-midi au tribunal.
-Non.
2 mois fermes ! Au suivant !
On se dépêche !
La juge a pris un sacré retard, ce lundi.
-Ministère public contre Lanciné Coulibaly !
Le prévenu se présente à la barre, elle le somme de faire vite.
-Vous êtes né le 19 janvier 1984, vous avez 26 ans, mécanicien, domicilié à Abobo, décline la juge. Puis elle enchaine. Vous êtes accusé des faits d’escroquerie. Interrogé au parquet, vous avez reconnu les faits, que dites-vous aujourd’hui ?
-Je reconnais les faits, répond Lanciné.
-Vous avez escroqué combien ?
-70.000 FCfa, chuchote l’accusé pour ne pas qu’on l’entende.
-C’est votre nouveau métier, ça ?
-Non.
-4 mois ! requiert le procureur.
-Dossier suivant ! lance la juge, l’air pressée.
Mais, le procureur lui fait signe qu’elle a oublié de donner la peine. Zut ! Elle revient sur le dossier.
Un mois ferme. Allez, au suivant, on se dépêche !
Le tribunal et la prison sont mes neveux!
Décidément, c’est un sale temps pour les mécaniciens ! Après Lanciné, c’est Doukouré Oussouman, dit Américain, qui passe à la barre. Il est mécanicien, lui aussi. Il est accusé des faits de vol. Le juge lui dit :
-Vous avez déjà été condamné en 2008. C’était pour quoi ?
-Consommation de drogue.
-Tiens ! aujourd’hui, vous êtes là pour vol. Les deux sont des voisins, hein !
Oussouman a envie de dire : « ah bon ! » mais il ne dit rien. 6 mois fermes !
Une sélection de Raphaël Tanoh
-Vous n’avez pas de cheveux sur votre tête, qu’alliez vous faire avec les mèches ?
Doumbia est timide, il ne répond pas.
-C’était pour votre copine ?
Holà là, il va rougir ! Bon. Puisqu’il a reconnu les faits, on ne va pas s’attarder sur le dossier. Un mois ferme !
Toi, comprendre français ?
Le tribunal est très en retard, ce lundi, nous vous l’avons dit.
-Dossier n°9 : Okékéyoko ! A la barre ! vite, vite, venez ! lance la juge.
Un garçon dans la trentaine se présente à la barre.
-Vous êtes commerçant, domicilié à Port-Bouët. Vous comprenez ce que je vous dis ?
Le prévenu acquiesce de la tête.
-Vous êtes accusé des faits d’abus de confiance.
Il a reconnu les faits. Le plaignant ne s’est pas constitué partie civile. La juge poursuit après les réquisitions du procureur :
-Le tribunal vous reconnaît coupable (…), vous êtes condamné à 15 jours fermes. 5 ans d’interdiction de paraître sur le territoire national…
Après la sentence, le prévenu reste cloué à la barre : il n’a rien compris.
-Quoi ? demande-t-il.
-Eh bien, vous m’avez dit tout à l’heure que vous comprenez ce que je vous dis, monsieur. Dégagez !
Mme la juge, vous avez oublié de condamner les génies!
Vous croyez aux génies, vous ? Que diriez-vous si une personne vous versait de la bouillie bouillonnante sur le visage et qu’elle vous disait ensuite : « désolé, mec, ce n’est pas moi, ce sont mes génies ? » ça donne des frissons, n’est-ce pas ? Mais c’est déjà arrivé. Diabaté Rokya a complètement défiguré sa voisine, appelons-là Awa, en versant de la bouillie chaude sur son visage. Elle s’est ensuite emparée d’un couteau et a tenté de la poignarder. N’eût été l’intervention des voisins, la pauvre y aurait laissé sa peau !
-J’étais contrôlée par mes génies, Mme la juge, explique-t-elle au tribunal du Plateau où elle est conduite pour coups et blessures volontaires.
Awa qui est venue à la barre, a le visage si défigurée que la magistrate en frissonne.
-C’est vous qui avez fait ça, Rokya ?
-Ce sont mes génies, répond l’accusée. Elle a versé de l’eau sur moi et c’est ce qui les a réveillés. Ils étaient trois.
La juge lui demande si ses génies l’ont accompagnée cet après-midi au tribunal.
-Non.
2 mois fermes ! Au suivant !
On se dépêche !
La juge a pris un sacré retard, ce lundi.
-Ministère public contre Lanciné Coulibaly !
Le prévenu se présente à la barre, elle le somme de faire vite.
-Vous êtes né le 19 janvier 1984, vous avez 26 ans, mécanicien, domicilié à Abobo, décline la juge. Puis elle enchaine. Vous êtes accusé des faits d’escroquerie. Interrogé au parquet, vous avez reconnu les faits, que dites-vous aujourd’hui ?
-Je reconnais les faits, répond Lanciné.
-Vous avez escroqué combien ?
-70.000 FCfa, chuchote l’accusé pour ne pas qu’on l’entende.
-C’est votre nouveau métier, ça ?
-Non.
-4 mois ! requiert le procureur.
-Dossier suivant ! lance la juge, l’air pressée.
Mais, le procureur lui fait signe qu’elle a oublié de donner la peine. Zut ! Elle revient sur le dossier.
Un mois ferme. Allez, au suivant, on se dépêche !
Le tribunal et la prison sont mes neveux!
Décidément, c’est un sale temps pour les mécaniciens ! Après Lanciné, c’est Doukouré Oussouman, dit Américain, qui passe à la barre. Il est mécanicien, lui aussi. Il est accusé des faits de vol. Le juge lui dit :
-Vous avez déjà été condamné en 2008. C’était pour quoi ?
-Consommation de drogue.
-Tiens ! aujourd’hui, vous êtes là pour vol. Les deux sont des voisins, hein !
Oussouman a envie de dire : « ah bon ! » mais il ne dit rien. 6 mois fermes !
Une sélection de Raphaël Tanoh