Report répétitif de la date des élections - S.E.M Okamura Yoshifumi, ambassadeur du Japon en Côte d’Ivoire : "Nous étions d’accord pour la BAD à Abidjan, mais nous n’avons pas vu venir les élections"

En signant l’accord bilatéral, le mardi 16 mars 2010 au ministère de l’Economie et des Finances, en vue du rééchelonnement du paiement de la dette extérieure ivoirienne, l’ambassadeur du Japon en Côte d’Ivoire S.E.M Okamura Yoshifumi, a fait des observations relatives à l’évolution de la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire. Il dit : «Si nous avons accepté l’allègement et la restructuration des dettes ivoiriennes, conformément à l’accord consensuel du Club de Paris, c’est parce que le Japon est certainement optimiste. Le Japon porte beaucoup d’espoir en l’avenir de la Côte d’Ivoire, très promoteur après les élections et la sortie définitive de crise politique ». En tant que diplomate et observateur de la scène politique ivoirienne, quand bien même il l’a fait avec beaucoup de réticence et de retenue, S.E.M Okamura Yoshifumi réalise aujourd’hui que les ténors de la politique ivoirienne ne veulent pas aller aux élections. Il le dit parce qu’il ne sent aucun signe tangible qui démontre que les Ivoiriens iront aux urnes demain ou après demain. Pour un pays comme la Côte d’Ivoire aussi important, le diplomate s’étonne que les acteurs politiques ne puissent pas s’organiser, pour sortir de cette crise et redonner confiance aux investisseurs. Ce qui constitue pour lui, une grande déception. «Le Japon a observé la scène politique ivoirienne avec la réticence et la retenue, tout en considérant que ce sont les Ivoiriens qui se décident. Nous pensons depuis toujours que la sagesse et la bonne foi des Ivoiriens arriveront à trouver la meilleure des solutions. Cependant aujourd’hui, je suis déçu, car, je n’ai toujours pas vu les élections venir, alors que cela fait déjà un an et demi depuis ma prise de fonction ici», a déploré le diplomate japonais. Avant de s’interroger : «D’où vient alors cette déception ? » A entendre S.E.M Okamura Yoshifumi, la Côte d’Ivoire a la chance de reprendre sa croissance, mais à condition que les élections aient lieu. Toutefois, le diplomate prévient : «Si la Côte d’Ivoire tergiverse, c’est la grande perte non seulement pour la Côte d’Ivoire elle-même mais aussi pour les pays de l’Afrique de l’Ouest et pour le monde entier». Dans la mesure où elle représente le pays pivot de la Sous-région. Ainsi pour permettre à la Côte d’Ivoire de jouer pleinement son rôle de pivot, S.E.M Okamura Yoshifumi estime ‘’qu’on ne peut pas s’offrir en otage de manque de prise de décision’’. Une façon claire de dire aux acteurs de la scène politique ivoirienne de créer les conditions d’une Côte d’Ivoire ‘’libérée’’, ‘’libre’’ et attrayante pour les investisseurs. Malheureusement, tel n’est pas le cas. Ce qui amène le diplomate Japonais à s’interroger. «J’aimerais dire aux Ivoiriens que le Japon est inquiet. La crédibilité de la Côte d’Ivoire est en danger. Savez-vous que ces temps perdus coûteront chers et constituent une menace sérieuse pour la crédibilité de l’Etat de Côte d’Ivoire ? Pour la communauté financière internationale, les investissements étrangers ou les sociétés de commerce, il est primordial que ce pays retrouve la stabilité à travers des élections», a recommandé S.E.M Okamura Yoshifumi. Qui a rappelé que si le Japon était d’accord en mars 2009 pour l’approbation du passage de la Côte d’Ivoire au point de décision de l’initiative PPTE, c’est parce que les Ivoiriens avaient donné l’impression d’aller vite aux élections. «C’est pourquoi nous étions d’accord pour la tenue de la prochaine conférence annuelle de la BAD ici à Abidjan…cependant, nous n’avons pas vu les élections venir», souligne-t-il. Pour sûr, le Japon, de même que tous les partenaires extérieurs sont déçus du report répétitif des élections en Côte d’Ivoire.

H.K