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Politique Publié le jeudi 18 mars 2010 | Notre Heure

Youssouf Bakayoko pose déjà problème - Ce que le PDCI pense tout bas du président de la CEI

Il est pourtant issu d’un parti de l’opposition, en l’occurrence, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Mais cela ne fait pas de Youssouf Bakayoko, le tout nouveau président de la Commission électorale indépendante (CEI), un homme de confiance, aux yeux de son camp.

La situation qui entoure la présence de Youssouf Bakayoko à la tête de la CEI est pour le moins carabinée. Tenez ! Suivez notre échange avec un militant du PDCI, et non des moindres dont nous tairons le nom. « L’affaire de la CEI ressemble un peu à l’affaire de la Primature où Guillaume Soro a ravi à Charles Konan Banny sa place, alors qu’ils se vouaient apparemment respect, considération et confiance mutuelle. A la seule différence qu’à la CEI, c’est un PDCI qui en remplace un autre par élection. Mais on a l’impression que le remplaçant est obligé dans les deux cas, d’occuper le poste du premier. Une sorte de Judaïsme où on poignarde le premier occupant dans le dos. Mais à la CEI, c’est une affaire entre deux responsables du PDCI et ça ne devrait pas poser de problème », avons-nous analysé. Mais nous sommes brutalement arrêté par notre interlocuteur. « Je vous arrête. Ça pose problème. Et parmi les deux personnalités, celui qui pose problème, ce n’est pas Mambé (l’ancien président de la CEI, ndlr) mais plutôt Bakayoko. Pour la simple raison que ce dernier, bien que considéré comme un membre de notre parti, n’a pas souvent bénéficié d’une totale confiance de notre part, même si nous ne le faisons pas savoir », a révélé ce militant acharné du vieux parti. Et c’est là tout le problème. En réalité, Youssouf Bakayoko, depuis qu’il est ministres des Affaires étrangères dans le gouvernement Soro I, en remplacement de Bamba Mamadou, un autre du PDCI, la confiance entre lui et son parti a pris un sérieux coup. Sans le faire savoir, les responsables de l’ancien parti unique au pouvoir, le suspectaient de s’être un peu éloigné du parti, contrairement aux autres, tels que Allah Kouadio, Amah Téhua, Dagobert Banzio… Mais plus grave, il était senti très proche du chef de l’Etat, presque dans ses bottes même. Jugé très loyal envers Gbagbo à qui il ne devait pourtant pas sa nomination au poste de ministre, le diplomate Bakayoko n’était pas « un militant endurci », comme l’a fait remarquer le leader des « jeunes patriotes » Charles Blé Goudé. L’ancien chef de la diplomatie ivoirienne était donc tendre, et se laissait aller peut-être, à la volonté du Président Gbagbo. Mais si le PDCI ne lui faisait plus confiance, pourquoi l’avoir alors proposé et soutenu pour l’élection à la tête de la CEI ?
Ce qui en rajoute à la suspicion du PDCI et de ses pairs de l’opposition, c’est le soutien sans faille dont a bénéficié le même Bakayoko de la part de La mouvance présidentielle (LMP) à cette élection à la CEI. Aussi curieux que cela puisse paraître, l’homme est plus adoubé depuis sa présence à son nouveau poste, par les partisans du chef de l’Etat. Comme pour attester que Bakayoko n’avait plus le cœur au PDCI, tel que le pensaient des militants de ce parti, Blé Goudé affirme que « Bakayoko était le seul candidat (à la présidence de la CEI, ndlr). Le camp présidentiel l’a voté, le RHDP l’a voté. Ils ont fait un genre de consensus autour de lui… Il n’est donc pas l’homme du RHDP. Il n’est pas l’homme du camp présidentiel », a déclaré Blé Goudé le samedi 6 février dernier au stade Robert Champroux de Marcory. Bakayoko n’est certes pas officiellement l’homme du camp présidentiel. Pourtant, tous le connaissent officiellement comme l’homme du PDCI, donc du RHDP.
Autant de propos et d’actes qui donnent à redire sur les relations quelque peu douteuses qui unissent Youssouf Bakayoko à son parti d’origine, surtout quand il se retrouve à la tête d’une institution comme la CEI. Et là, le PDCI qui l’a proposé à ce poste, se pose beaucoup de questions sur le pourquoi de son choix, mais aussi avec lui, l’ensemble du RHDP, sur ce que sera le processus électoral, avec quelqu’un suspecté d’être proche de Gbagbo.

Crise de confiance autour du processus

Avec le doute qui s’est installé dans l’esprit de l’opposition sur l’impartialité du nouveau président de la CEI, peut-on s’attendre à un consensus autour du processus électoral ; à commencer par la liste électorale ? Difficile de l’imaginer. Considéré par son propre camp comme un homme lige de Gbagbo, après son élection à la CEI, Bakayoko risque d’avoir du mal à mettre tout le monde d’accord autour du processus électoral. Ce qui serait dommage pour le processus de paix dans son ensemble. Mais d’ici là, le nouveau président de la CEI devra se soumettre à un examen de passage, dont les sujets essentiels portent sur la question de la liste électorale provisoire et des 5.300.000 inscrits parmi lesquels le camp présidentiel trouve des fraudeurs à extirper, puis celle relative aux changements à la tête des CEI locales, tel que voulu par les proches du chef de l’Etat. « C’est aux ivoiriens de décider », déclarait récemment Yung Jin Choi, le patron de l’ONUCI. Que fera donc Youssouf Bakayoko à ces deux situations critiques ? A l’épreuve du terrain, le nouvel homme fort de la CEI aura à reconquérir la confiance des Ivoiriens, à commencer par son propre camp, le PDCI et ses alliés du RHDP, en effectuant un travail juste, honnête et citoyen, au risque de perdre son poste, comme Mambé a perdu le sien.

O.A.K





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