x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le jeudi 18 mars 2010 | Nord-Sud

Djé Kouakou Bernard (Météo nationale) : “Voici les quantités de pluie qui vont tomber”

Djé Kouakou Bernard, chef du département de la climatologie et de l’agro-météorologie de la Société d’exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique(Sodexam), présente les différentes saisons pluvieuses du pays et leurs caractéristiques.


A quelle quantité de pluie les Ivoiriens doivent s’attendre cette année ?
Du Sud jusqu’au Centre, un peu avant Bouaké, on a un régime bimodal. C’est-à-dire qu’il y a deux modes. D’Adiaké à San Pedro en passant par Abidjan, c’est le même régime, avec un pique en juin et un autre en octobre. Mais, le maximum de pluie tombe dans la première saison. Cela signifie que si la première saison n’est pas bonne, on risque de ne pas connaître de saison de pluie. En gros, nous avons 1.600, 1.700 mm de pluie dans le sud. Si vous déversez un litre d’eau sur une surface d’un mètre carré. L’épaisseur de ce litre d’eau sur cette surface est le millimètre dont nous parlons. On atteint jusqu’à 2.000 mm à Tabou par an. Sur le littoral, la saison des pluies s’étend de mi-mars jusqu’à mi-juillet. La plus grande quantité de pluie est recueillie en mai et juin. Il y a une accalmie en juillet et août. Et on a un maximum relatif en octobre, puis c’est la saison sèche. Dans le sud intérieur, notamment à Gagnoa, c’est le même régime, mais il y a une petite différence d’échelle. A Boua­ké, on a aussi un régime bimodal, mais pas toutes les années. Il y a des années où c’est un seul pic. Et la tendance est à un seul pic. Ce qui signifie que le régime de Bouaké tend vers celui du nord où le maximum de pluie tombe en août. Je vous ai dit que dans le sud littoral, de janvier à décembre, on s’attend en moyenne à 1.700 mm de pluie. Au sud intérieur, c’est-à-dire à Gagnoa, c’est 1.300 mm. Au centre, à Bouaké, on a 1.100 mm. A l’Ouest, à Man, c’est 1.600 mm. Au Nord-Ouest, Odienné bénéficie de la chaîne montagneuse de l’Ouest. C’est 1.400 mm. A Korhogo, il pleut bien également.

Ces valeurs resteront-elles les mêmes cette année ?
Ces valeurs découlent des normes en vigueur. L’organisation météorologique mondiale a des références. Les périodes de référence s’étendent sur 30 ans. La tranche en vigueur est celle de 1971-2000. C’est mois par mois et, année par année, que nous avons calculé les moyennes que je viens de vous donner. Il y a 5 ou 10 ans, on se référait à la moyenne de 1961-1990. Après 2015, nous allons nous référer à l’intervalle 1981-2015.

Dans la pratique, quelles ont été les quantités de pluie enregistrées l’année écoulée ?
En gros, c’était les mêmes chiffres que j’ai indiqués. On enregistre en moyenne juste une baisse de 100 mm. On a enregistré des baisses de pluie ces dernières années, mais cela est négligeable. Ce sont des valeurs statistiques. Quand vous donnez une valeur statistique, il faut tenir compte de l’intervalle dans lequel elle se situe.

L’année dernière, on a connu à Abidjan des pluies diluviennes qui ont causé des dégâts. Faut-il s’attendre à des pluies similaires cette année ?
Ce sont des situations extrême. Et la particularité des extrêmes, c’est qu’ils sont difficiles à prévoir. Au cours d’une année, il peut y avoir un seul extrême. Pour qu’on puisse déduire une règle ou une moyenne, il faut au moins 30 ans d’observation.

On a assisté ces dernières années à une suite de dégâts qui traduisent une succession d’extrêmes. Qu’est-ce qui peut expliquer cela ?
L’année dernière, le mois de juin a été excédentaire. Alors que le début de la saison a été très mauvais. En avril, on avait moins de 100 mm à Abidjan, alors qu’on s’y attendait à 150 mm. Dès le mois de mai, la situation a commencé à se normaliser. Jusqu’à ce qu’en juin, il y ait un dépassement. En juin, il y a eu 731 mm au lieu de 500 mm, soit 200 de plus. La pluie qui a causé tant de dégâts l’année dernière, est tombée les 10 et 11. Mais, cette pluie était pour nous une pluie normale en termes de quantité de pluie recueillie à Abidjan. C’était une quantité journalière de 105 mm. Il est vrai qu’elle est élévée, mais, elle est moindre par rapport à certains pic que nous avons eu à relever pendant des années et qui vont jusqu’à 300 mm. Cela s’est passé par exemple en 1983. La quantité de pluie tombée en juin dernier était même le tiers du maximum déjà relevé à Abidjan. La question qu’il faut se poser, est de savoir pourquoi une quantité de pluie qui n’était pas exceptionnelle, a pu causer tant de dégâts. Nous avons deux pistes de réponses. La première consiste à se demander si le poste pluviométrique d’Abidjan, qui est à l’aéroport, peut représenter tout le district. Nous répondons par non. Entre l’aéroport et Yopougon, c’est une distance d’au moins 30 km. Ce qui veut dire que sur le plan linéaire, il fallait deux postes sur cette distance. Les normes de l’Organisation météorologique mondiale (Omm) imposent que toutes les 15 km, nous ayons un poste pluviométrique. Il pleut parfois à Angré et lorsque vous arrivez au Plateau, il ne pleut pas. Il faut doter la ville d’Abidjan de postes pluviométriques au moins, sinon de postes climatologiques. Le poste climatologique a un peu plus d’équipements. Le poste pluviométrique est un pluviomètre qui sert à recueillir l’eau qui tombe. Par contre, le poste climatologique a outre le pluviomètre, des équipements de vent.

Doit-on en conclure que les mesures relevées actuellement à Port-Bouët ne sont pas conformes à la quantité de pluie qui tombe à Yopougon ?
La plus belle femme ne peut offrir que ce qu’elle a. Mais, si nous pouvons avoir une autre mère qui nous apporte du lait supplémentaire, elle sera la bienvenue. Le poste d’Abidjan date des années 30. C’est-à-dire qu’il se limitait à Treichville. Il faut adapter nos infrastructures en fonction de l’évolution de notre société.

Qu’est-ce que cela va changer de façon concrète ?
Si nous réussissons à implanter des postes de mesure, nous pourrions savoir s’il pleut plus. Ce sera des données scientifiques qui nous permettront de savoir s’il y a une croissance de la climatologie. Il faut que nous ayons une climatologie urbaine, d’Abidjan. Ce, pour régler les problèmes d’assainissement, les problèmes de pollution. On pourra détecter, à partir d’une cartographie, les zones inondables. Savoir que la capacité de stockage du sol n’est pas suffisante. Donc, les problèmes de ruissellement.

Combien coûte un poste ?
Pas grand-chose. 200.000 Fcfa.

l Pourquoi n’arrive-t-on pas à en créer d’autres ?
Ce n’est pas à moi que vous devez poser cette question. Je ne suis qu’un technicien.

Le fait que vous n’ayez qu’un poste à Abidjan n’a-t-il pas d’effet sur la fiabilité de vos données ?
Ici, on ne parle pas de fiabilité, mais d’insuffisance. Nos données sont bonnes et nous avons la satisfaction de l’Omm.

Quelles sont les prévisions pour cette année ?
Pour cette année, nous sommes optimistes à partir de ce que nous observons. En mars, avril et mai, nous prévoyons une situation normale humide sur le littoral. Ce sera pareil pour tout le pays. Principalement au nord, on s’entend à suffisamment de pluie. En gros, nous aurons une bonne pluviométrie.

Cissé Sindou
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ