Pourquoi l’audit fait peur

Les acteurs politiques ivoiriens vont-ils encore descendre dans la gadoue ? Depuis quelques jours, un vocable français déchaîne des passions au sein de la classe politique. L'audit. " Audit de la liste électorale provisoire : Le Fpi, seul contre toute la Côte d'Ivoire ", c'est la manchette d'hier, du très " neutre " confrère Nord-Sud. " Des étrangers ont été mis sur cette liste, il faut les en extraire ". Exigence du parti d'Affi N'Guessan par la voix de Sokouri Bohui, secrétaire national chargé des élections au Fpi. Niet, rétorquent les Forces nouvelles. " Quelle liste va-t-on auditer ? Ce n'est pas nous qui allons décider qui est Ivoirien et qui ne l'est pas ". Clame la nouvelle porte-parole des Fn, Me Affoussy Bamba. Par de là tout, que renvoie le vocable audit ? Selon le Petit Larousse, un audit est une procédure de contrôle de la comptabilité et de la gestion d'une entreprise et de l'exécution de ses objectifs. Par extension, c'est toute étude systématique des conditions de fonctionnement d'une entreprise. Surtout dans divers domaines. Fiscal, social, financier…Au regard de cette définition, sommes-nous en droit d'auditer les travaux menés par la Commission électorale indépendante (Cei) version Beugré Mambé ? Avons-nous le droit de jeter un regard sur la gestion de l'ex-président de la Cei pour se rassurer si les objectifs qui lui ont été assignés ont été exécutés dans la procédure arrêtée par tous ? Pour le bon sens et surtout pour une question d'éthique démocratique, passer au scanner toute la gestion d'un président limogé pour faute lourde, devrait être une obsession de tous les Ivoiriens. Comment voudriez-vous que le successeur de Robert Beugré Mambé produise un travail de qualité si la base qui doit lui servir de gouvernail repose sur du faux ? Youssouf Bakayoko est devenu le nouveau patron de la Commission électorale indépendante parce que son prédécesseur a fraudé sur la liste électorale. Par conséquent, tout le travail effectué sous la responsabilité de Mambé est source de suspicion. C'est tout le sens qu'on pourrait donner à l'audit de la liste électorale provisoire qui a été établie par les services de Mambé, qui ont connu un dysfonctionnement. L'ancien locataire de la résidence Angouan Koffi qui abrite le siège de la Cei n'a pas été muté à d'autres fonctions. il n'est pas non plus atteint par la limite d'âge. Tout comme il n'est pas en fin de mandat. L'homme a été dégommé parce qu'il a commis des lourdes fautes dans l'exercice de sa mission. Et dans toute entreprise moderne, en pareille circonstance, on exige toujours un audit de la gestion précédente pour mieux réorienter l'entreprise. C'est ce que souhaite la majorité des Ivoiriens épris de démocratie avant d'aller aux élections. Qu'on souhaite d'ailleurs très transparentes. Que perdra la Côte d'Ivoire si au soir de l’élection présidentielle, les candidats malheureux félicitent le vainqueur et, que tous les électeurs ivoiriens reconnaissent le verdict des urnes en célébrant main dans la main la victoire de la démocratie. Mais tout ceci ne peut être que possible à une seule condition que les élections soient transparentes. Avec en amont une liste électorale fiable et incontestable. N'ayons donc pas peur de l'audit de la liste provisoire comportant 5.303 000 électeurs. Même si cette liste a été approuvée par tous les acteurs politiques, n'oublions pas que c'était sous la base de la confiance placée au président de la Cei. Qui a été rompue depuis l'éclatement des 429 mille cas de fraude introduits par Robert Beugré Mambé.

Zéré de Mahi
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