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Politique Publié le vendredi 26 mars 2010 | Fraternité Matin

Canada: ivoiriens non-enrôlés, la grande amertume de la diaspora ivoirienne de Toronto

Lors de la mission de prospection de la CEI au Canada, précisément du 24 Juin au 1er Juillet 2008, la ville de Toronto avait été la deuxième après celle d’Ottawa, à accueillir, les commissaires Me Lynda Dadié-Sangaré et tapé Kipré. Donc il était question que Toronto, Ottawa, Montréal, Québec les quatre villes visitées soient retenues pour l’enrôlement et comme centre de vote le jour du scrutin. La ville de Calgary dans l’ouest canadien devait en principe faire partie de la liste. Mais au grand désarroi de la diaspora ivoirienne habitant à Toronto et Québec, seules les villes d’Ottawa et Montréal ont été retenues. Concernant la ville d’Ottawa c’est tout à fait normal étant donné qu’elle abrite notre Ambassade. Pour la ville de Montréal le choix était aussi justifié vue la forte concentration d’ivoiriens. Mais ne pas avoir retenu Toronto, Québec et même Calgary est une autre chose. La ville de Toronto, est la plus grande ville du canada et la 5ème plus grande ville en Amérique du Nord. Elle abrite également l’aéroport Pearson qui est le plus grand aéroport du Canada. Elle est celle qui a une forte concentration d’ivoiriens après la ville de Montréal. Samedi dernier, lors de la rencontre d’information organisée par le DLC responsable de la ville de Toronto Mr Justin Djédjé et qui était placée sous la présidence du DDC de Laurent Gbagbo au Canada Mr Victor Yro Djiezion, accompagné de son chef de cabinet Mlle Bindou Koné venus d’aussi loin que Montréal et Ottawa, les ivoiriens de Toronto n’ont pu s’empêcher de manifester leur colère et leur amertume. Selon Mr Georges Morrisson, «j’avais tous les documents requis mais j’ai tout simplement refusé d’effectuer le déplacement vers Ottawa par solidarité pour mes frères de Toronto». Et selon Mr Justin Djédjé DLC de la province de l’Ontario, «Toronto est une grande métropole et devrait avoir un centre d’enrôlement. Le plus choquant est que nous avons fait 5 Heures de route vers Ottawa, pour ensuite se voir refusés de se faire identifier faute d’avoir les originaux des documents». Quant à Mme Françoise Kaloa, une femme active dans la communauté et de surcroît responsable des ivoiriens non-enrôlés de Toronto et ses environs, elle entretient l’espoir de toute la communauté en disant ceci «la CEI devrait revoir le cas des ivoiriens non enrôlés de toute la diaspora». Chacun des intervenants avait son histoire à raconter. Il y avait aussi le cas de Mr Matthieu akélé qui avait au moins eu la chance de se rendre en Côte d’ivoire pour faire l’original de son extrait de naissance en vue de se faire enrôler à son retour au Canada. Il est cependant revenu bredouille après avoir passé 45 jours, tout simplement parce que le sous-préfet était décédé et personne ne pouvait signer ses documents. Il semble y avoir une négligence de la diaspora de la part de la CEI. On ne peut pas incomber cette faute aux Commissaires responsables du Canada. Mais à la CEI toute entière. Dans une interview que Me Dadié-Sangaret m’avait accordée le 5 mars 2009 pour le compte du journal Fraternité Matin, et ce tout juste avant la mise sur pied de la CEI locale du Canada, elle avait invoqué le réalisme économique qui a contraint la CEI à retenir ces deux villes pour le Canada. Tout ceci résulte du fait que les ivoiriens en général, ne connaissent pas réellement le Canada et lui accorde peu d’importance. Même si les Ivoiriens résidant aux USA se plaignent ils ont eux au moins eu la chance d’avoir quatre centres d’enrôlements. (Washington, New-York, Atlanta et Los Angeles). Le Canada avec 6 fuseaux horaires, est le deuxième plus grand pays au monde après la Russie avec une superficie de 9 984 670 km2 dont 9 093 507 sur terre et 891 163 km2 sur l’eau. Il couvre un immense territoire qui s’étend entre l’océan pacifique à l’ouest, l’océan atlantique à l’est et l’océan arctique au nord. Selon les chiffres de l’immigration il y a au moins 30 000 ivoiriens dans tout le Canada. Ils résident dans les plus importants foyers de population qui sont le corridor Québec Windsor (Montréal, Québec, Ottawa Toronto), le couloir Edmonton-Calgary et le sud de la Colombie-Britannique avec pour capitale la ville de Victoria et une grande ville comme Vancouver qui a abrité les jeux d’hiver de 2010. Les pays comme le Canada et les États-Unis (9 161 923 km2 et 50 000 ivoiriens) devaient en principe avoir chacun 8 centres d’enrôlement pour le premier et 14 pour le second. Vu leur superficie et les provinces et états (10 provinces et 3 territoires pour le Canada et 51 états pour les USA). Il n’est pas toujours évident de se déplacer. La ville de Vancouver est à 5 H 30mn de vol par avion de Montréal. Calgary est à 4 H de vol d’Ottawa et trois jours et 10 H par la route. La province du Nouveau-Brunswick dans les maritimes qui abrite la ville de Moncton est à 11 H de Montréal par voiture. Alors, comment les gens mêmes s’ils veulent à tout prix avoir des cartes d’identité nationale et voter vont faire le trajet Abidjan-Paris ou Abidjan-Londres? Et cela trois fois de suite. L’enrôlement, le contentieux et le jour du scrutin. Ce serait leur demander de défrayer des coûts exorbitants! Soyons sérieux. En Côte d’ivoire les gens peuvent-ils faire le trajet Bingerville-Touba pour voir leur nom sur la liste? Nous en doutons. Pourtant c’est ce que la défunte CEI de Robert Mambé demandait aux ivoiriens de la diaspora. Son Excellence Mr Youssouf Bakayoko à certes hérité d’un fauteuil truffé d’épines, mais nous aimerions si je dis bien si le temps lui permet de réviser le cas de ces nombreux concitoyens de l’étranger. Nous l’interpellons sincèrement. Il y a eu une injustice commise et un préjudice causé à la diaspora ivoirienne toute entière. Même certains qui ont eu accès au centre d’enrôlement se sont vu refusé le droit de se faire enrôler parce qu’ils n’avaient pas les originaux des extraits de naissance. Pourtant la gestion du contentieux servait à présenter ces pièces là. Le fait d’une période d’absence prolongée du pays la plupart ne pouvaient fournir l’original de leur extrait de naissance ou jugement supplétif. On peut dépenser 125 millions pour embaucher des informaticiens dans le but de faire des croisements illégaux mais pour faire enrôler les ivoiriens de la diaspora on évoque le réalisme économique. Si Robert mambé avait fait ces croisements pour inscrire les ivoiriens de la diaspora, on aurait trouvé cette cause noble même bien qu’illégale. Aujourd’hui en Côte d’ivoire le RHDP et les rebelles se battent pour que des étrangers soient sur la liste électorale alors que des ivoiriens fils et filles de ce pays, des vrais autochtones n’ont pas le droit d’être sur la liste. On peut aimer ou haïr Laurent Gbagbo mais nous devons reconnaître qu’il n’y a que lui seul qui se bat réellement pour les ivoiriens. Dire que certains ivoiriens de la diaspora ont manifesté contre la dissolution d’une CEI qui n’avait à cœur que les intérêts des étrangers en place et lieu de ceux de leurs concitoyens de la diaspora. Cela doit désormais faire réfléchir. En attendant de régler la question du désarmement de Soro et les frères Daltons que sont Chérif Ousmane, Wattao et compagnie penchons nous sur le cas des ivoiriens non enrôlés que ce soit en Côte d’ivoire ou ailleurs.

Nathalie Zemgbo Djiezion, Ottawa.
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