Comme un beau diable, il nie les faits de détention illégale d’armes à feu et de munitions. A sa première audition à la police criminelle, Samaké Abdoulaye, veilleur de nuit de 48 ans, affirme que l’accusation doit être imputée à son employeur. Il se nomme Allo Bernard, superviseur de la société Pisa-Impex, située à Attiékoi, village de la commune d’Anyama. Elle est spécialisée dans l’enfouissement des ordures ménagères. Selon Samaké, sa dotation en arme à feu par son responsable hiérarchique est consécutive à une attaque à main armée de l’entreprise. Lors de cette descente des malfrats, le vigile souligne avoir été copieusement molesté et il a perdu deux dents. « M. Allo m’a remis deux fusils calibres 12 pour me permettre de dissuader d’éventuels malfaiteurs. En face de mon lieu de travail, il y a un poste de police des Eaux et Forêts où je passe mes temps libres. Le 1er mars, pendant que je vaquais à mes occupations, l’adjudant Koua, le chef du poste de police, m’a informé que des individus ont enlevé un villageois. C’est ainsi que j’ai sorti les trois armes à feu pour dissuader les bandits », raconte Samaké, en ajoutant qu’il a reçu les armes de son patron, le sieur Allo Bernard. Entendu sur les faits qui lui sont reprochés, le superviseur de Pisa-Impex, déclare qu’il n’est pas informé que son employé détenait des armes à feu. Quant à savoir quels sont les moyens de travail du vigile, il affirme ceci : « Il est simplement un observateur et n’a pas le droit de détenir des armes à feu ». Cuisiné à nouveau, le mis en cause, précise qu’il a impliqué son patron dans cette affaire afin que celui-ci l’aide à se tirer du pétrin. Selon lui, il reconnaît seulement un fusil calibre 12 comme étant sa propriété. «Je suis un chasseur de profession. Le premier calibre 12 m’a été donné par mon père. Le second calibre 12 appartient à l’une de mes connaissances dont la plantation est non loin de la société où je travaille. Elle me la confie régulièrement », tente-t-il de convaincre. Quant au canon scié, selon ses dires, il l’aurait obtenu après le passage des malfrats à son lieu de travail. «Je l’ai eu après le passage des bandits. Lorsque j’ai ouvert le feu pour les dissuader ; ils se sont enfuis laissant tomber le canon scié que j’ai conservé », ajoute le vigile de 1, 77 m et père de quatre enfants. L’affaire arrive au tribunal des flagrants délits du Plateau, le 17 mars. Le prévenu se persuade qu’il agissait sous l’autorisation de son employeur. Mais, il est confondu dans sa déclaration par le témoignage de Yapo Anouma Blaise. Cet exploitant agricole de 40 ans, domicilié aussi à Attiékoi, affirme qu’il a été victime d’une attaque à main armée de trois individus. Selon lui, ils ont emporté des plans d’hévéa d’une valeur de 4.399.995 Fcfa. « Lors de l’interpellation des mis en cause, une saisie incidente de deux calibres 12, un canon scié, et deux cartouches s’est opérée. Le porteur d’armes est bel et bien l’accusé qui se tient devant vous. Il a été formellement identifié comme faisant partie de la bande qui a pillé ma plantation », soutient M. Yapo. Ce témoignage conforte le tribunal dans sa position puisqu’il reconnaît l’inculpé comme coupable des faits de détention illégale d’armes à feu. Cependant, il bénéficie de circonstances atténuantes. Samaké est condamné à six mois avec sursis assortis d’une amende de 50.000 Fcfa.
Ouattara Moussa
Ouattara Moussa