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Politique Publié le lundi 29 mars 2010 | Demain

Interview Maître Affoussy Bamba

Maître Affoussy Bamba (porte-parole des Forces nouvelles) « Le Cecos et toutes les autres forces terrestres, aériennes, maritimes, police nationale, gendarmerie doivent toutes être encasernées. »

« Nous ne redoutons rien. »

« Si on va à l’affrontement, c’est parce qu’on estime que cette revendication est juste. »

Le débat sur le préalable du désarmement avant les élections a noyé toutes les autres questions autour de la sotie de crise. Les partisans du candidat Laurent Gbagbo opposés à des élections sans le désarmement ont réussi à se mettre à dos tous les autres acteurs de la crise. Les Forces nouvelles y compris. Dans cet entretien qu’elle nous a accordé, la nouvelle porte-parole des Fn, Maître Affoussy Bamba, défend avec forces arguments la tenue du scrutin dans les délais les plus brefs, même sans le désarmement des forces en présence.

Si le camp présidentiel restait intransigeant vis-à-vis de ses exigences, jusqu’où les Fn seraient prêtes à aller ?

Les Forces nouvelles demandent simplement l’application de l’accord politique de Ouagadougou sur les questions précises du désarmement, de la démobilisation, de la réinsertion. Sur les questions électorales, notamment le contentieux de la liste électorale provisoire elle-même et également la question du démembrement des Commissions électorales indépendantes locales, sur toutes ces questions, je pense que l’Apo est très clair et les autres accords complémentaires notamment ceux portant sur la mise en place des Commissions électorales indépendantes. Une rencontre s’est tenue à Yamoussoukro où les partis politiques ont discuté effectivement de la mise en place de ces Commissions électorales locales. Donc je pense qu’il faut tenir compte de cet ensemble d’accords qui sont très clairs sur les différentes questions.

Comme on l’a indiqué, pour nous, le désarmement concerne toutes les forces en présence. Aussi bien les forces de défense et de sécurité que les groupes d’auto-défense et des milices. Donc si on va à l’affrontement, c’est parce qu’on estime que cette revendication est juste, et je ne dirais même pas que c’est une revendication parce que le terme, à mon sens, est inapproprié. Il ne s’agit pas de revendication. Il s’agit simplement d’appliquer l’accord politique de Ouagadougou.

Comme vous-même vous le dites, il s’agit d’appliquer un accord. Une partie refuse de l’appliquer. Est-ce qu’on peut s’attendre alors à un clash définitif entre les le Premier ministre et le président de la république ?

Ecoutez, sur l’éventualité d’un clash définitif par rapport à cet accord, je dirai que nous, les Forces nouvelles, on estime que si on n’a pas envie d’aller à l’application de l’accord, à la limite, pourquoi on l’a signé. C’est de ça qu’il s’agit. Deux belligérants se sont engagés à signer un accord pour restaurer le calme, renouer la confiance, de sorte à conduire ce pays vers une paix par l’organisation de l’élection présidentielle et d’élections générales. Et, je pense qu’en prenant cet acte, c’est un acte de responsabilité vis-à-vis de soi-même en tant que homme politique et vis-à-vis de la nation ivoirienne. Parce que, l’Apo, comme je l’ai dit, est clair. Si aujourd’hui, on ne veut pas respecter cet accord pour l’une des parties, parce que cet accord par exemple ne permet pas d’appliquer telle ou telle disposition ou mesure, parce que ça coince, on a un cadre : le comité d’évaluation et d’accompagnement de l’accord politique de Ouaga dans lequel on échange à bâtons rompus sur tous les sujets sans tabou. Il y a également le cadre permanent de concertation où le chef de l’Etat Gbagbo Laurent rencontre le Premier ministre Soro Guillaume.

Outre ces deux personnalités, il y a également le facilitateur de la crise ivoirienne, le président Blaise Compaoré et les présidents Alassane Ouattara du Rdr et Henri Konan Bédié du Pdci. Donc on a un cadre de concertation largement ouvert qui permet aux deux parties de trouver un terrain pour discuter. Si on ne veut pas étendre la discussion au Cpc parce qu’il y aurait d’autres personnes que les parties signataires, comme je viens de l’indiquer, il y a le comité d’évaluation d’accompagnement de l’Apo qui permet à chaque partie de discuter et lorsqu’on veut faire un Cea (Comité d’Evaluation, d’Accompagnement) de l’accord politique de Ouagadougou, on fait un comité restreint aux deux parties. Donc ça existe. Au mépris de tous ces cadres, si on veut continuer à s’arc-bouter sur ces conditions et puis on ne veut pas aller à l’application de cet accord, cela paraît un peu difficile. Mais, je pense que pour l’heure, nous n’en sommes pas là. Il faut plutôt, et c’est ce que nous avons initié en allant rencontrer le Fpi et le camp présidentiel pour essayer de discuter avec eux, échanger pour qu’on arrive à obtenir un consensus, le plus large possible pour qu’on aille de l’avant. Parce qu’il s’agit de l’organisation de l’élection présidentielle mais au préalable, il faudrait l’établissement de la liste définitive pour qu’on y aille enfin, la confiance retrouvée, le cœur serein et dans la paix et la joie.

On se demande bien, si tant est vrai que vous souhaitez la paix, quel sacrifice serez-vous prêts à faire ? Lorsque le camp présidentiel vous demande de désarmer. Qu’est-ce-que vous redoutez pour ne pas accéder à cette exigence ?

Nous ne redoutons rien. Et nous avons toujours dit que le désarmement est une question qui ne fâche pas les Forces nouvelles. Le désarmement concerne les deux forces. Pourquoi nous fâcherions-nous ? Dans la mesure où nous sommes partis d’un accord dans lequel il y a un concept particulier à la Côte d’Ivoire. Le secrétaire général des Forces nouvelles a toujours dit qu’il est prêt à aller aussi loin possible pour aller rechercher la paix, parce que les Ivoiriens méritent d’aller à la paix. Et nous, nous sommes prêts à tous les sacrifices pour le bonheur des Ivoiriens.

Comment, de façon pratique, le désarmement doit se faire. Est-ce que les policiers, les militaires, les gendarmes qui sont sur les routes doivent entrer dans les casernes spécifiques ?

Votre question est pertinente, et j’en suis heureuse parce qu’elle me permet de faire les précisions suivantes. Quand on parle d’encasernement des forces qui resteront dans l’armée, effectivement, il s’agit d’encasernement. A savoir que toutes les forces que nous voyons tant du côté des Fafn que du côté des Fds-ci du sud doivent être encasernées. C’est-à-dire que le Cecos et toutes les autres forces terrestres, aériennes, maritimes, police nationale, gendarmerie doivent toutes être encasernées. Et du côté des Fafn, on a quand même avancé puisqu’on connait les localités dans lesquelles elles doivent être encasernées. On connait également les sites d’encasernement. Mais par contre, du côté des Fds-ci, et là, je tiens à le préciser, on ne connait pas les lieux d’encasernement. On n’en parle même pas. Il s’agit d’Akouedo, d’Agban ?

J’aimerais bien qu’on nous donne des précisions à ce sujet-là. On aimerait avoir l’effectif des personnes qui seront encasernées. On n’en parle pas non plus. Mais pour continuer à assurer la sécurité des personnes et des biens, et du processus électoral dans son entièreté, il a été prévu de mettre sur pied une brigade mixte qui soit versée au Centre de commandement intégré . Il s’agit de 8000 personnes, des éléments des Fafn et des Fdc-ci qui, sous la responsabilité des 2 chefs d’état major, travaillent à la sécurisation du processus avec évidemment les deux généraux des forces impartiales. Et qui vont concocter un plan de sécurisation, ils l’ont déjà fait d’ailleurs. Au moment opportun, il sera présenté à tous, pour rassurer les uns et les autres. Hormis ces forces-là, tout autre force doit être encasernée. Maintenant, s’il s’avérait que les 8000 éléments de la brigade mixte, dont le déploiement n’est pas encore fini, n’arrivent pas à sécuriser le territoire entier, à ce moment-là, les deux forces s’assiéront pour discuter. Afin d’envisager l’éventualité d’adjoindre à cet effectif d’autres forces, non seulement des forces armées des forces nouvelles mais des Fds-ci. Mais hormis ces forces, tout le monde doit être en caserne.

Lorsqu’on vous suit, on se rend compte que la question du désarmement est toujours pendante et constitue un frein réel à la mise en œuvre de la fin du processus de sortie de crise par les élections. Puisque, de tout ce que vous dites, beaucoup reste à faire. N’est-ce pas la preuve que la question du désarmement constitue un obstacle à la sortie de crise ?

Ce n’est pas un blocage. La dernière date des élections avait été fixée au 29 novembre 2009. S’il n’y avait pas eu la difficulté d’obtenir la liste électorale provisoire à l’époque, nous aurions eu l’élection présidentielle. Sans le désarmement. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le désarmement est une opération qui doit se continuer. Je l’ai indiqué tantôt au cours de mes rencontres avec la presse que la réunification de l’armée, que les deux forces qui doivent fusionner dans une même armée se fait un mois après les élections présidentielles. Et cela, c’est l’Apo qui l’indique en son article 2. L’accord lui-même le prévoit. Donc, dès cet instant-là, le désarmement n’est pas un processus qui doit se faire avant l’élection. Ça ne peut se faire qu’après les élections. Je vous donne un exemple. J’ai parlé des personnes à démobiliser. Pour l’heure, on n’a pas démobilisé tous les ex-combattants aussi bien du côté des Fafn que du côté des Fds, à savoir les groupes d’auto-défense et les milices. Mais qu’est-ce qu’on fait d’eux ? Est-ce que ce sont des laissés pour compte ; est-ce qu’on va aller à l’organisation de l’élection présidentielle en se disant, on organise rapidement les élections et ce n’est pas grave ; ils ne sont pas démobilisés, mais il faut s’arrêter-là, parce qu’il faut qu’on aille aux élections ? Il faut qu’on soit responsable ; il faut qu’on ait une attitude responsable de reconnaître qu’il y a des difficultés.

Des difficultés de réinsertion notamment. Et donc, il faut permettre à cette réinsertion de se faire après l’organisation de l’élection présidentielle. D’ailleurs, je tiens à rappeler que la réinsertion de ces ex-combattants n’est pas liée à l’organisation de l’élection présidentielle. On peut très bien organiser l’élection présidentielle et ne pas avoir tout le monde qui est réinséré. Il faut qu’on permette à la Cei d’aboutir à une liste électorale définitive de sorte qu’on organise enfin l’élection présidentielle et que justement on permette à ce pays de retrouver sa normalité ; que l’Etat de droit revienne et que chacun puisse retourner à ses occupations et que les Ivoiriens voient enfin le bout du tunnel.

michel beta
bebomichel2007@yahoo.fr
Collaboration luc kouamé
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