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Politique Publié le mardi 30 mars 2010 | Le Patriote

Joël Nguessan (porte-parole d’ADO) rafraichit la mémoire au FPI: “Le Pays est réunifié depuis la Flamme de la Paix en 2007”

Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le porte-parole du candidat ADO à la présidentielle dénonce les manœuvres dilatoires du clan présidentiel pour ne pas aller au scrutin.

Le Patriote : lors des journées commémoratives du 6ème anniversaire des massacres de 2003, vous avez affirmé que la Côte d’Ivoire n’est pas un Etat de Droit. Pouvez-vous préciser votre pensée ?
Joël N’GUESSAN : Je persiste à dire que la Côte d’Ivoire n’est plus un Etat de Droit. Car un Etat de Droit, c’est celui dans lequel les droits fondamentaux des populations sont défendues et garanties par le Pouvoir. Il suffit, pour se convaincre que la Côte d’Ivoire n’est plus un Etat, d’énumérer les droits fondamentaux inscrits dans notre loi suprême, la Constitution, et de les confronter à la réalité du vécu des Ivoiriens.
L.P. : Ce jugement n’est-il pas excessif?
JN : Regardez autour de vous et vous vous rendrez compte vous-même qu’aucun des droits fondamentaux des ivoiriens n’est garanti. Citons- les ensembles l’un après l’autre.
Le droit à la vie est devenu un leurre : les médecins laissent mourir les patients dans les hôpitaux pour cause de grève suite à des promesses non tenues du chef de l’Etat ; les femmes meurent en couche par manque de kit d’accouchement, les forces de l’ordre et de sécurité tirent à balles réelles sur les populations aux mains nues, les tueries de mars 2004 et les assassinats de Gagnoa, Daloa et Divo récemment sont là pour l’attester.
Le droit à l’éducation est réservé à ceux qui ont de l’argent. En plus, les grèves intempestives dans le milieu scolaire rendent impossible le déroulement normal des scolarités. Des millions d’enfants sont ainsi condamnés à avoir une formation imparfaite.
Le droit à la santé n’est pas respecté. Les plus pauvres parmi nous n’arrivent pas à se soigner compte tenu du coût trop élevé des médicaments et des soins. Les populations se rabattent sur les médications de fortune.
Le droit à vivre dans un environnement sain est une vue de l’esprit. Il n’y a qu’à se promener dans les différents quartiers de nos villes pour comprendre que les ordures sont les compagnons des populations. Les enfants y jouent allègrement en toute innocence. Le niveau de pollution et d’insalubrité dans les quartiers expliquent en grande partie les décès subits et inexpliqués.
Le droit à la nationalité est bafoué tous les jours. Des individus ou des groupes politiques, sous prétexte de lutte pour accéder au pouvoir ou tenter de s’y maintenir, catégorisent les Ivoiriens et manœuvrent sans cesse pour les priver de leur nationalité et leur identité. Les dénonciations actuelles sur la liste électorale provisoire en attestent.
Le droit au travail est devenu synonyme de droit au chômage. Les quelques 7 millions d’ivoiriens faisant parie de la population active et qui sont sans emploi attestent du fait le chômage est devenu la règle en Côte d’Ivoire. Le droit au travail est l’exception.
Le droit au mariage est aussi devenu un luxe. Les jeunes gens, démunis et n’ayant aucune lisibilité par rapport à leurs avenirs, n’osent pas s’engager dans le mariage. L’on assiste alors à la recrudescence du libertinage sexuel avec comme corolaire la prolifération et l’accroissement du SIDA.
Bref ! Permettez que je m’arrête là en ce qui concerne la liste des situations qui prouvent que nous ne sommes plus dans un Etat de Droit. Le plus surprenant dans tout ça, c’est qu’au plus haut niveau de l’Etat, cela ne dérange personne. On passe son temps à nourrir les populations de slogans en vue de conserver le pouvoir. C’est désolant de voir ce spectacle.

L.P. : Lors de votre conférence, vous avez proposé comme solution la lutte contre l’impunité. Pensez-vous que lutter contre l’impunité constitue un moyen pour refaire de la Côte d’Ivoire un Etat de Droit ? Et quel contenu donnez-vous à cette notion de lutte contre l’impunité ?
JN : Oui, je l’affirme une fois de plus. C’est la lutte contre l’impunité qui permet de bâtir un Etat de Droit. Souvenez-vous qu’après la seconde guerre mondiale, le procès de Nuremberg a permis de juger les dignitaires nazis qui ont endeuillé le monde moderne. Cela a été une valeur d’exemple. Tout le monde entier sait depuis cette date que celui qui commet des crimes contre l’humanité est jugé et puni par les juridictions nationales ou internationales. Il faut qu’au niveau de notre pays, concernant les crimes commis délibérément contre les populations civiles depuis 2000, les auteurs et commanditaires soient jugés et punis. Dans la même veine, toutes les violations des droits humains fondamentaux doivent faire l’objet de dénonciation et de sanction de leurs auteurs. L’impunité doit cesser. Le Président OUATTARA a annoncé que le pardon doit constituer le socle de la reconstruction nationale et de la cohésion sociale. Mais, vous convenez avec moi que le pardon n’est possible et véritable que si les fautes et leurs auteurs sont clairement identifiés, que si les sanctions sont prises à l’encontre des auteurs après jugement. C’est cette procédure, une fois appliquée, qui donne un véritable sens au pardon. L’exemple de l’Afrique du Sud de Mandela que le Président OUATTARA ne cesse de rappeler, chaque fois qu’il parle de pardon, doit nous inspirer.

L.P. : Le camp présidentiel exige le désarmement, la réunification du pays, la recomposition des CEI locales et l’audit de la liste électorale avant les élections. Quels commentaires faites-vous de ces exigences ?
JN : Toutes ces réclamations et soit disant exigences confirment la panique qui règne en ce moment dans le camp présidentiel. Les déclarations à l’emporte- pièce et souvent incongrues de ceux qui sont les porte-voix du candidat Gbagbo prouvent qu’il n’y a plus de sérénité chez eux. C’est ce qui fait dire à certains que Gbagbo a peur des élections. Parce que, comment comprendre qu’après avoir clamé partout que les sondages donnent Gbagbo vainqueur, surtout qu’il a eu 4 millions de personnes enrôlées pour lui, on en arrive à émettre de nouvelles exigences pour retarder les élections. La réalité, c’est que ceux que Gbagbo a commis pour être ses porte-voix l’ont trompé. Le candidat Gbagbo a appris sur le tard que ses thuriféraires l’ont trompé. Ils ont tous extorqué chaque weekend des millions à Gbagbo pour faire croire qu’ils battaient campagne pour lui. La vérité, c’est qu’ils se servaient de lui pour constituer leurs propres fortunes. Au moment du bilan, Gbagbo constate que rien n’est gagné pour lui contrairement à ce qu’on lui a fait croire. Alors pour se dédouaner, ses porte-voix inventent toutes les semaines, de nouveaux moyens pour tenter de bloquer les élections.

L.P. : Voulez-vous insinuer que ceux qui parlent de désarmement, réunification du pays, recomposition des CEI locales et d’audit de la liste locale le font sans l’aval du Président Gbagbo ?
JN : Non ! Je n’ai pas dit cela. Je veux vous faire comprendre qu’autour de Gbagbo, il y a des gens qui tentent en permanence de justifier les millions qu’on leur donne tous les weekends pour vociférer contre OUATTARA et l’opposition. Vous constaterez qu’ils vocifèrent très fort ces temps-ci contre le Premier ministre Soro Guillaume parce que la Porte-parole principale des Forces Nouvelles, Me Affoussi BAMBA, a osé dire la vérité sur le contenu exact de l’Accord Politique de Ouagadougou. Cependant, on peut croire, sans risque de nous tromper, que le candidat Laurent GBAGBO cautionne les dérives de ses porte-voix, puisqu’il ne les contredit pas ni ne les rappelle à l’ordre. A ce sujet, je vous fais remarquer qu’il est lié à Soro Guillaume depuis la signature de l’Accord Politique de Ouagadougou et que Soro Guillaume est le Premier ministre de Côte d’Ivoire à la suite de cet accord. Pourquoi il donne de l’argent à ses sbires tous les weekends pour dénigrer son propre Premier ministre ? Cela ne fait pas responsable et démontre que Gbagbo Laurent ne croit plus à l’Accord de Ouaga ; seulement il n’a pas le courage de le dénoncer publiquement. La double dissolution de la CEI et du Gouvernement ont été des diversions. Le plan secret de Gbagbo c’était de dénoncer l’APO et en profiter pour chasser Soro Guillaume de la Primature. Mais il a eu peur des multiples réactions qui pouvaient survenir s’il commettait cette erreur politique.

L.P. : Donc pour vous les revendications actuelles du clan présidentiel sont de la diversion ?
JN : Bien sur que ce sont des manœuvres dilatoires. C’est pour ne pas aller aux élections. Prenons l’exemple du désarmement. Les porte-voix de Gbagbo font semblant de ne pas comprendre le contenu de l’accord. Ils font croire à leurs militants que ce sont les Forces Nouvelles qui doivent désarmer ; ce qui n’est pas vrai car les deux camps en arme, FN et Gbagbo, ont convenu lors de la signature de l’Accord de Ouaga, sur la base du fait que personne n’a gagné la guerre, que c’est un processus de désarmement qui concerne aussi bien les éléments de Mangou que ceux de Bakayoko.
Concernant la réunification du pays, je constate que tout un chacun va au Nord et revient sans être inquiété. Il nous a été dit que sur 24 000 fonctionnaires, 23 000 ont été déjà redéployés et sont en activité. Les banques sont en place. Le Trésor Public est installé et fonctionne. Les Sous-préfets et les Préfets sont en place et travaillent dans les zones CNO. J’ai même appris que le candidat Gbagbo projette de se rendre en zone CNO pour fêter la Pâques accompagné de centaines de personnes issues de son clan du Sud. Alors, qu’on parle de réunification du pays avant les élections, je suis étonné. Le Pays est réunifié depuis la cérémonie de la Flamme de la Paix à Bouaké en 2007. C’est le Président Gbagbo qui l’a annoncé.
Concernant l’audit de la liste électorale. Ceux qui emploient l’expression audit ne savent pas ce que cela renferme. Ils n’ont jamais eu l’occasion de leur vie de mener un audit. Ils ne savent pas qu’il faut au préalable définir et s’accorder sur les termes de références avant le choix de celui qui va l’appliquer. Ils parlent de choses qu’ils ne connaissent pas ; et c’est dangereux pour la cohésion sociale. Il y en a qui poussent la bêtise jusqu’à demander des croisements populaires comme si on était au temps de Hitler où les dénonciations publiques envoyaient dans les camps d’extermination les juifs ou ceux qui étaient supposés être juifs. Vous voyez, l’ignorance pousse à des extrêmes.
Enfin concernant les CEI locales, je constate que ceux qui réclament leurs recompositions n’ont pas pris la peine de lire les décrets signés par le Président Gbagbo au moment de la dissolution et de la réinstallation de la CEI. Ils constateront, s’ils ont la curiosité de lire ces décrets, que la dissolution et la réinstallation concernent essentiellement le Président et les vices-Présidents.
Ce qui compte aujourd’hui et qui doit animer tout homme politique qui se veut sérieux, c’est la production de la liste électorale définitive et la fixation de la date de l’élection présidentielle. Tout le reste n’est que perte de temps et surtout occasion pour faire perdurer la souffrance des ivoiriens.
Comme le disait le Président OUATTARA lors des journées commémoratives du 6ème anniversaire des massacres de mars 2004, ayons pitié des populations ivoiriennes pour aller aux élections en vue de reconstruire la Côte d’Ivoire. J’espère que le camp présidentiel a compris ce message et qu’ils vont arrêter de créer la diversion.
Recueillis par
Charles Sanga
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