Jeté aux orties en décembre 1999 par le général Robert Guéi et ses « jeunes gens », Henri Konan Bédié ambitionne toujours de retrouver le fauteuil présidentiel perdu par sa propre faute, plus d’une décennie après. Pour cela, il a entrepris depuis son retour d’exil le 15 octobre 2001 de parcourir tous les coins et recoins du pays, aux fins de venter les mérites de ses sept (7) années de gestion du pouvoir d’Etat, tout en vouant aux gémonies, le régime du président Laurent Gbagbo. Cependant, une analyse lucide et sereine de la situation qui prévaut au sein de sa formation politique, le PDCI-RDA, incite désormais à croire que « le sphinx » de Daoukro, incapable de changement, prépare en réalité son échec au futur scrutin présidentiel. Décryptage !
Evincé du pouvoir d’Etat en décembre 1999 et éliminé de la course présidentielle en octobre 2000, Henri Konan Bédié nourrit toujours le secret espoir de parvenir au haut sommet de l’Etat à la faveur du scrutin présidentiel de 2010. D’ailleurs, depuis son retour au bercail le 15 octobre 2001, après plus de 22 mois d’exil dans l’Hexagone, l’ancien député de Daoukro n’a jamais fait mystère de sa volonté inébranlable d’occuper le fauteuil présidentiel. Ainsi, à chacune de ses tournées, aussi bien dans le District d’Abidjan qu’à l’intérieur du pays, N’zuéba ne s’embarrasse pas d’oripeaux pour « brocarder » le régime FPI et vanter les mérites de sa gestion précédente.
Cependant, dans le faits, l’on se rend bien compte de ce que depuis son éviction du pouvoir en 1999, Bédié n’a point changé. Inconsciemment ou non, il se rechigne toujours à tirer les leçons du pronunciamiento qui a balayé son régime, naguère.
Un entourage toujours inchangé
Pour preuve, N’zuéba a récompensé le parti avec les mêmes qui ont conduit son régime hier dans le précipice. Il s’est ainsi entouré, comme en 1999, des Aka Anghui, Coulibaly Lenissongui, Noël Nemin, Kouassi Yao, Vacaba Touré Kacou Guikahué… qui ont pourtant été incapables de lui donner des conseils adéquats et autres directives avant sa chute rocambolesque. Dans l’establishment PDCI, l’on continue de se perdre en conjecture sur l’acharnement de Bédié à récompenser le parti avec la vieille garde. Surtout que celle-ci l’avait totalement abandonné lorsqu’il s’était agi de le défendre et le soutenir devant les manœuvres et autres menaces de la junte militaire d’alors. Et, n’eussent été les actions de mobilisation de certains jeunes du PDCI, tels que Kouadio Konan Bertin, Aka septime, Gnamien Yao, JMK Ahoussou, Boni Séraphin, Denis Kah Zion, Benson Raymond, … le parti Houphouétiste serait infailliblement tombé dans l’escarcelle de la junte militaire conduite par Robert Guéi. Tant la vielle garde, pour des raisons qu’on ignore encore, avait décidé de jouer le rôle de « judas » et autres « ténias » au sein du parti. Mais curieusement, c’est ceux-là même qui, hier, avaient abandonné le chef en difficulté qui aujourd’hui, font la pluie et le beau temps au PDCI. Au même moment, les jeunes qui ont bravé toutes les adversités, physiques et morales, même la mort pour éviter la vassalisation du vieux parti sont, ironie du sort, tous à la périphérique du PDCI. A chaque formation du nouveau gouvernement, les KKB, Boni Séraphin, Kah Zion, JMK Ahoussou, Claude Ahaubo et autres sont systématiquement marginalisés voire méprisés au profit de ceux qui avaient pourtant entrepris hier de « vendre » le PDCI à Guéi Robert. En réalité, en ratant la politique de rajeunissement au sein du vieux parti, Henri Konan Bédié a commis une grossière erreur et crée la première condition de son échec à la future présidentielle.
L’incapacité de Bédié à régler les conflits internes au PDCI
D’autant plus que la vitalité et le rayonnement d’un parti politique ne peuvent être effectifs que lorsque sa jeunesse est dynamique et dévoué. Or, au PDCI-RDA, cette jeunesse est souventefois mise sous l’éteignoir par ceux-là même dont les nerfs ne répondent plus. Et cela, sous l’œil approbateur d’Henri Konan Bédié qui, de toute évidence, porte immanquablement l’estampille d’une telle marginalisation. L’autre raison qui légitime la thèse d’un échec programmé de N’zuéba à la future présidentielle est relative au retour du slogan « le progrès pour tous, le bonheur pour chacun ». Pour mémoire, il convient de préciser que ce slogan a été crée en 2005 avant le congrès du PDCI qui a porté Bédié à la tête de ce parti. En ce moment-là, ceux des compatriotes qui avaient dix (10) ans en ont aujourd’hui 25. Comment comprendre alors que plus de quinze (15) années après la création de ce concept Bédié n’ait pas été capable de le changer au point de vouloir servir en 2010, ce qu’il a déjà servi en 95 à ses compatriotes ? Le président du PDCI est-il convaincu qu’en 15 années, les mentalités des Ivoiriens n’ont pas vraiment encore changé ?
D’ailleurs, pour quelle véritable raison Henri Konan Bédié s’acharne-t-il à vouloir proposer « le progrès pour tous, le bonheur pour chacun », qui, du reste, fut à la base de son échec sanctionné par du coup de force de 99 ? A la vérité, en agissant de la sorte, N’zuéba montre bien qu’il est désormais un homme du passé et même dépassé par le modernisme. Or, un tel candidat ne peut vraisemblablement bénéficier de l’onction du peuple pour revenir aux affaires. Mais bien plus, au PDCI-RDA, il est de notoriété publique que M. Bédié a étalé son incapacité avérée à juguler la quasi-totalité des conflits auxquels le parti est confrontés. En témoignent d’ailleurs, la guéguerre que se livrent farouchement Kobenan Kouassi Adjoumani et Kobenan Tah Thomas à Tanda, le conflit Amah Marie-Téhoua et Aka Véronique dans le Moronou, la bataille Ouassénan Koné- Noël Nemin à Katiola, l’adversité entre Dembélé Lancina – Koutouan Jérôme à Adjamé, la guerre Rabet Kanon-Kouamé Benzeme à Abobo… Toutes ces crises, et bien d’autres encore, n’ont pu trouver un début de solution auprès de Bédié qui, curieusement, a fait preuve d’une incroyable incompétence sur lesdits dossiers. Du coup, il est apparu important de se poser la question de savoir comment un homme qui n’est pas à mesure de régler les conflits qui jalonnent son propre parti politique peut-il prétendre résoudre ceux qui secouent toute une nation ?
Question d’autant plus importante que M. Bédié en marge de son incapacité à diriger son parti, est aussi en train de faire perdre sa région d’origine, le N’zi Comoé au PDCI. En effet, à Daoukro, N’zuéba a perdu beaucoup de plumes avec la percée spectaculaire du FPI mené par dame Henriette Lagou. Et il en est de même à Dimbokro où les radiations de Paul N’zi David et Gnamien Yao et la sortie du gouvernement du député Bobi Assa Emilienne ont aussi engendré le retour en force du parti d’Affi N’guessan dans l’ex boucle du cacao. Sans oublier qu’à Arrah, M’batto, Tiémélékro, Anoumabo, la marginalisation des cadres de ces localités, de même que le rejet ostentatoire du projet de découpage par Bédié y ont crée des sentiments de frustration et de mécontentement généralisés. Aujourd’hui, le constat est clair et sans ambages qu’il n’y a pas une seule région en Côte d’Ivoire qui eu égard à l’incompétence de Bédié, n’a pas enregistré une saignée des cadres PDCI vers d’autres partis politiques. D’ailleurs, cette incapacité de N’zuéba à juguler les crises qui secouent le PDCI s’est encore vérifié par la création du forum national des jeunes du PDCI. Alors même que la guéguerre KKB-Atsé avait été portée sur sa table, Bédié n’a pu apporter la moindre solution. Au point où Atsé Jean- Claude et ses amis furent contraints d’abandonner la JPDCI pour aller créer leur propre structure. Cette situation, comme on peut la constater, a aujourd’hui crée un véritable bicéphalisme au sein de la jeunesse du PDCI. Car, d’un côté, le leader de la JPDCI, Kouadio Konan Bertin qui se considère comme le véritable porte-étendard des jeunes du vieux parti, et de l’autre côté, le chef du forum national que d’aucun n’hésitent plus à présenter comme étant le vrai patron de la jeunesse du parti. Or, au lieu d’œuvrer à une réconciliation entre les deux fers de lance de la jeunesse du PDCI, Henri Konan Bédié continue d’assister, impuissant, à la guéguerre entre ses deux lieutenants. Au point même où, lors d’un meeting du PDCI à Williamsville, lorsque KKB a refusé de prendre la parole à cause Jean-Claude, Bédié n’a pu trouver à redire.
Le musellement du SG du PDCI
En plus de cela, l’autre acte posé par « le prince des Nambê » qui est susceptible de lui porter ombrage à la future élection présidentielle est sans doute, le musellement inqualifiable dont est actuellement l’objet, le Secrétaire Général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady. Alors même qu’il a suffisamment donné la preuve de sa fidélité et sa loyauté à Bédié, Mady continue d’être payé en monnaie de singe par les thuriféraires de N’zuéba. Ses avis et autres suggestions n’ont jamais été prises en compte par le patron du vieux. Parti. Qui ne rate d’ailleurs aucune occasion pour le marginaliser davantage. Depuis que Mady a déclaré que Laurent Gbagbo est son frère et que de ce fait, il n’entendait participer à aucune manœuvre subversive à son endroit, il s’est retrouvé dans le collimateur de Bédié. A telle enseigne que, pour l’humilier, il a été décidé de ne l’associer à aucune tournée du président du PDCI aussi bien à Abidjan qu’à l’intérieur du pays. D’ailleurs, au sein du vieux parti, il se susurre que des consignes fermes auraient été données à certains cadres de contourner le SG pour s’adresser directement au président Bédié lui-même. Ainsi, les Kacou Guikahué, Noël Nemin, Niamkey Koffi, et autres ne jugent plus nécessaire d’aviser Mady dans la prise de certaines décisions engagent la vie du PDCI. Il en est ainsi, notamment, de la radiation de certains « dignitaires » du parti, unilatéralement décidée par Noël Nemin, après consultation de Bédié. Pire encore, d’autres cadres comme Maurice Kacou Guikahué, ne s’embarrassent plus de fioritures pour provoquer et narguer le SG avec la bénédiction de Bédié lui-même. Et pour démontrer son manque de considération pour son N° 2, N’zuéba n’a pas jugé utile d’effectuer le déplacement au domicile de son plus proche collaborateur pour lui traduire sa compassion, lorsque celui-ci avait perdu sa sœur aînée, naguère. Tout cela témoigne, comme on peut l’imaginer, d’un mépris souverain éprouvé par l’ancien président déchu envers celui qui est censé diriger le parti au quotidien. Ainsi donc, en un mot comme en mille, il est aisé d’écrire qu’en réalité, si Bédié n’a jusque-là pu prendre la responsabilité de limoger son SG, c’est bien parce que cela doit se faire à un congrès auquel Bédié lui-même est déclaré forclos, pour avoir dépassé les 75 ans prescrits par les textes du PDCI.
Le dernier remaniement enfonce Bédié
Les errements et autres hérésies de Bédié auraient pu s’arrêter là, s’il n’avait pas cautionné la mise sous l’éteignoir de dame Léopoldine Tiézan Coffie au profit de Dao Henriette Salimata Coulibaly dans la course à l’occupation du fauteuil de la présidence de l’UFPDCI. Après avoir manœuvré pour évincer l’ex-patronne de cette structure, Bédié s’est finalement rendu compte de ce que l’actuelle présidente de l’UFPDCI n’est pas à la hauteur de la mission à elle assignée. En effet, le dynamisme et l’engagement dont ne cessait de faire preuve d’une Léopoldine Coffie au cours de l’exercice de son mandat, font aujourd’hui cruellement défaut à Henriette Dao manifestement en panne d’idée et de stratégie. Et cela a entraîné comme corolaire, de graves dysfonctionnements au sein de l’UFPDCI. Or, un parti politique qui ne gagne pas la bataille de la gent féminine ne peut vraisemblablement aspirer à diriger un pays. Au surplus Henri Konan Bédié qui est déjà victime de ses choix tactiques, a encore donné une mauvaise impression à ses militants lors de la formation du gouvernement Soro II. En privilégiant ses propres amitiés au détriment de l’intérêt supérieur du PDCI, Bédié a clairement démontré qu’il se soucie peu ou prou du retour du vieux parti aux affaires à la future présidentielle. Alors même que le PDCI regorge de jeunes cadres dynamiques et compétents, Bédié a préféré envoyer au gouvernement certains de ses amis tels que : Jean-Marie Kakou Gervais, Aka Aoulé… Or, les jeunes qui continuent de se battre sur le terrain comme les Vei Bernard, Silué Kagnon Augustin, Koné Mahamadou, Kouadio Konan Bertin, Boni Séraphin, Ahaubot Claude… méritent, mieux que quiconque, de siéger eux-aussi au gouvernement. En tous les cas, le dernier remaniement ministériel a laissé pantois plus d’un au PDCI, à telle enseigne que les jeunes cadres ne se sentent plus obligés de se battre pour Bédié. Pour eux donc, le combat pour le retour de N’zuéba aux affaires n’est plus celui qui vaille, étant entendu qu’une fois au pouvoir, il ne gouvernera qu’avec la vieille garde qui, en réalité, ne l’a jamais porté dans son cœur. Dès lors, l’ancien député de Daoukro, par ses choix tactiques contestables, à lui-même crée les conditions de son échec à la future présidentielle.
Michel Ziki
Evincé du pouvoir d’Etat en décembre 1999 et éliminé de la course présidentielle en octobre 2000, Henri Konan Bédié nourrit toujours le secret espoir de parvenir au haut sommet de l’Etat à la faveur du scrutin présidentiel de 2010. D’ailleurs, depuis son retour au bercail le 15 octobre 2001, après plus de 22 mois d’exil dans l’Hexagone, l’ancien député de Daoukro n’a jamais fait mystère de sa volonté inébranlable d’occuper le fauteuil présidentiel. Ainsi, à chacune de ses tournées, aussi bien dans le District d’Abidjan qu’à l’intérieur du pays, N’zuéba ne s’embarrasse pas d’oripeaux pour « brocarder » le régime FPI et vanter les mérites de sa gestion précédente.
Cependant, dans le faits, l’on se rend bien compte de ce que depuis son éviction du pouvoir en 1999, Bédié n’a point changé. Inconsciemment ou non, il se rechigne toujours à tirer les leçons du pronunciamiento qui a balayé son régime, naguère.
Un entourage toujours inchangé
Pour preuve, N’zuéba a récompensé le parti avec les mêmes qui ont conduit son régime hier dans le précipice. Il s’est ainsi entouré, comme en 1999, des Aka Anghui, Coulibaly Lenissongui, Noël Nemin, Kouassi Yao, Vacaba Touré Kacou Guikahué… qui ont pourtant été incapables de lui donner des conseils adéquats et autres directives avant sa chute rocambolesque. Dans l’establishment PDCI, l’on continue de se perdre en conjecture sur l’acharnement de Bédié à récompenser le parti avec la vieille garde. Surtout que celle-ci l’avait totalement abandonné lorsqu’il s’était agi de le défendre et le soutenir devant les manœuvres et autres menaces de la junte militaire d’alors. Et, n’eussent été les actions de mobilisation de certains jeunes du PDCI, tels que Kouadio Konan Bertin, Aka septime, Gnamien Yao, JMK Ahoussou, Boni Séraphin, Denis Kah Zion, Benson Raymond, … le parti Houphouétiste serait infailliblement tombé dans l’escarcelle de la junte militaire conduite par Robert Guéi. Tant la vielle garde, pour des raisons qu’on ignore encore, avait décidé de jouer le rôle de « judas » et autres « ténias » au sein du parti. Mais curieusement, c’est ceux-là même qui, hier, avaient abandonné le chef en difficulté qui aujourd’hui, font la pluie et le beau temps au PDCI. Au même moment, les jeunes qui ont bravé toutes les adversités, physiques et morales, même la mort pour éviter la vassalisation du vieux parti sont, ironie du sort, tous à la périphérique du PDCI. A chaque formation du nouveau gouvernement, les KKB, Boni Séraphin, Kah Zion, JMK Ahoussou, Claude Ahaubo et autres sont systématiquement marginalisés voire méprisés au profit de ceux qui avaient pourtant entrepris hier de « vendre » le PDCI à Guéi Robert. En réalité, en ratant la politique de rajeunissement au sein du vieux parti, Henri Konan Bédié a commis une grossière erreur et crée la première condition de son échec à la future présidentielle.
L’incapacité de Bédié à régler les conflits internes au PDCI
D’autant plus que la vitalité et le rayonnement d’un parti politique ne peuvent être effectifs que lorsque sa jeunesse est dynamique et dévoué. Or, au PDCI-RDA, cette jeunesse est souventefois mise sous l’éteignoir par ceux-là même dont les nerfs ne répondent plus. Et cela, sous l’œil approbateur d’Henri Konan Bédié qui, de toute évidence, porte immanquablement l’estampille d’une telle marginalisation. L’autre raison qui légitime la thèse d’un échec programmé de N’zuéba à la future présidentielle est relative au retour du slogan « le progrès pour tous, le bonheur pour chacun ». Pour mémoire, il convient de préciser que ce slogan a été crée en 2005 avant le congrès du PDCI qui a porté Bédié à la tête de ce parti. En ce moment-là, ceux des compatriotes qui avaient dix (10) ans en ont aujourd’hui 25. Comment comprendre alors que plus de quinze (15) années après la création de ce concept Bédié n’ait pas été capable de le changer au point de vouloir servir en 2010, ce qu’il a déjà servi en 95 à ses compatriotes ? Le président du PDCI est-il convaincu qu’en 15 années, les mentalités des Ivoiriens n’ont pas vraiment encore changé ?
D’ailleurs, pour quelle véritable raison Henri Konan Bédié s’acharne-t-il à vouloir proposer « le progrès pour tous, le bonheur pour chacun », qui, du reste, fut à la base de son échec sanctionné par du coup de force de 99 ? A la vérité, en agissant de la sorte, N’zuéba montre bien qu’il est désormais un homme du passé et même dépassé par le modernisme. Or, un tel candidat ne peut vraisemblablement bénéficier de l’onction du peuple pour revenir aux affaires. Mais bien plus, au PDCI-RDA, il est de notoriété publique que M. Bédié a étalé son incapacité avérée à juguler la quasi-totalité des conflits auxquels le parti est confrontés. En témoignent d’ailleurs, la guéguerre que se livrent farouchement Kobenan Kouassi Adjoumani et Kobenan Tah Thomas à Tanda, le conflit Amah Marie-Téhoua et Aka Véronique dans le Moronou, la bataille Ouassénan Koné- Noël Nemin à Katiola, l’adversité entre Dembélé Lancina – Koutouan Jérôme à Adjamé, la guerre Rabet Kanon-Kouamé Benzeme à Abobo… Toutes ces crises, et bien d’autres encore, n’ont pu trouver un début de solution auprès de Bédié qui, curieusement, a fait preuve d’une incroyable incompétence sur lesdits dossiers. Du coup, il est apparu important de se poser la question de savoir comment un homme qui n’est pas à mesure de régler les conflits qui jalonnent son propre parti politique peut-il prétendre résoudre ceux qui secouent toute une nation ?
Question d’autant plus importante que M. Bédié en marge de son incapacité à diriger son parti, est aussi en train de faire perdre sa région d’origine, le N’zi Comoé au PDCI. En effet, à Daoukro, N’zuéba a perdu beaucoup de plumes avec la percée spectaculaire du FPI mené par dame Henriette Lagou. Et il en est de même à Dimbokro où les radiations de Paul N’zi David et Gnamien Yao et la sortie du gouvernement du député Bobi Assa Emilienne ont aussi engendré le retour en force du parti d’Affi N’guessan dans l’ex boucle du cacao. Sans oublier qu’à Arrah, M’batto, Tiémélékro, Anoumabo, la marginalisation des cadres de ces localités, de même que le rejet ostentatoire du projet de découpage par Bédié y ont crée des sentiments de frustration et de mécontentement généralisés. Aujourd’hui, le constat est clair et sans ambages qu’il n’y a pas une seule région en Côte d’Ivoire qui eu égard à l’incompétence de Bédié, n’a pas enregistré une saignée des cadres PDCI vers d’autres partis politiques. D’ailleurs, cette incapacité de N’zuéba à juguler les crises qui secouent le PDCI s’est encore vérifié par la création du forum national des jeunes du PDCI. Alors même que la guéguerre KKB-Atsé avait été portée sur sa table, Bédié n’a pu apporter la moindre solution. Au point où Atsé Jean- Claude et ses amis furent contraints d’abandonner la JPDCI pour aller créer leur propre structure. Cette situation, comme on peut la constater, a aujourd’hui crée un véritable bicéphalisme au sein de la jeunesse du PDCI. Car, d’un côté, le leader de la JPDCI, Kouadio Konan Bertin qui se considère comme le véritable porte-étendard des jeunes du vieux parti, et de l’autre côté, le chef du forum national que d’aucun n’hésitent plus à présenter comme étant le vrai patron de la jeunesse du parti. Or, au lieu d’œuvrer à une réconciliation entre les deux fers de lance de la jeunesse du PDCI, Henri Konan Bédié continue d’assister, impuissant, à la guéguerre entre ses deux lieutenants. Au point même où, lors d’un meeting du PDCI à Williamsville, lorsque KKB a refusé de prendre la parole à cause Jean-Claude, Bédié n’a pu trouver à redire.
Le musellement du SG du PDCI
En plus de cela, l’autre acte posé par « le prince des Nambê » qui est susceptible de lui porter ombrage à la future élection présidentielle est sans doute, le musellement inqualifiable dont est actuellement l’objet, le Secrétaire Général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady. Alors même qu’il a suffisamment donné la preuve de sa fidélité et sa loyauté à Bédié, Mady continue d’être payé en monnaie de singe par les thuriféraires de N’zuéba. Ses avis et autres suggestions n’ont jamais été prises en compte par le patron du vieux. Parti. Qui ne rate d’ailleurs aucune occasion pour le marginaliser davantage. Depuis que Mady a déclaré que Laurent Gbagbo est son frère et que de ce fait, il n’entendait participer à aucune manœuvre subversive à son endroit, il s’est retrouvé dans le collimateur de Bédié. A telle enseigne que, pour l’humilier, il a été décidé de ne l’associer à aucune tournée du président du PDCI aussi bien à Abidjan qu’à l’intérieur du pays. D’ailleurs, au sein du vieux parti, il se susurre que des consignes fermes auraient été données à certains cadres de contourner le SG pour s’adresser directement au président Bédié lui-même. Ainsi, les Kacou Guikahué, Noël Nemin, Niamkey Koffi, et autres ne jugent plus nécessaire d’aviser Mady dans la prise de certaines décisions engagent la vie du PDCI. Il en est ainsi, notamment, de la radiation de certains « dignitaires » du parti, unilatéralement décidée par Noël Nemin, après consultation de Bédié. Pire encore, d’autres cadres comme Maurice Kacou Guikahué, ne s’embarrassent plus de fioritures pour provoquer et narguer le SG avec la bénédiction de Bédié lui-même. Et pour démontrer son manque de considération pour son N° 2, N’zuéba n’a pas jugé utile d’effectuer le déplacement au domicile de son plus proche collaborateur pour lui traduire sa compassion, lorsque celui-ci avait perdu sa sœur aînée, naguère. Tout cela témoigne, comme on peut l’imaginer, d’un mépris souverain éprouvé par l’ancien président déchu envers celui qui est censé diriger le parti au quotidien. Ainsi donc, en un mot comme en mille, il est aisé d’écrire qu’en réalité, si Bédié n’a jusque-là pu prendre la responsabilité de limoger son SG, c’est bien parce que cela doit se faire à un congrès auquel Bédié lui-même est déclaré forclos, pour avoir dépassé les 75 ans prescrits par les textes du PDCI.
Le dernier remaniement enfonce Bédié
Les errements et autres hérésies de Bédié auraient pu s’arrêter là, s’il n’avait pas cautionné la mise sous l’éteignoir de dame Léopoldine Tiézan Coffie au profit de Dao Henriette Salimata Coulibaly dans la course à l’occupation du fauteuil de la présidence de l’UFPDCI. Après avoir manœuvré pour évincer l’ex-patronne de cette structure, Bédié s’est finalement rendu compte de ce que l’actuelle présidente de l’UFPDCI n’est pas à la hauteur de la mission à elle assignée. En effet, le dynamisme et l’engagement dont ne cessait de faire preuve d’une Léopoldine Coffie au cours de l’exercice de son mandat, font aujourd’hui cruellement défaut à Henriette Dao manifestement en panne d’idée et de stratégie. Et cela a entraîné comme corolaire, de graves dysfonctionnements au sein de l’UFPDCI. Or, un parti politique qui ne gagne pas la bataille de la gent féminine ne peut vraisemblablement aspirer à diriger un pays. Au surplus Henri Konan Bédié qui est déjà victime de ses choix tactiques, a encore donné une mauvaise impression à ses militants lors de la formation du gouvernement Soro II. En privilégiant ses propres amitiés au détriment de l’intérêt supérieur du PDCI, Bédié a clairement démontré qu’il se soucie peu ou prou du retour du vieux parti aux affaires à la future présidentielle. Alors même que le PDCI regorge de jeunes cadres dynamiques et compétents, Bédié a préféré envoyer au gouvernement certains de ses amis tels que : Jean-Marie Kakou Gervais, Aka Aoulé… Or, les jeunes qui continuent de se battre sur le terrain comme les Vei Bernard, Silué Kagnon Augustin, Koné Mahamadou, Kouadio Konan Bertin, Boni Séraphin, Ahaubot Claude… méritent, mieux que quiconque, de siéger eux-aussi au gouvernement. En tous les cas, le dernier remaniement ministériel a laissé pantois plus d’un au PDCI, à telle enseigne que les jeunes cadres ne se sentent plus obligés de se battre pour Bédié. Pour eux donc, le combat pour le retour de N’zuéba aux affaires n’est plus celui qui vaille, étant entendu qu’une fois au pouvoir, il ne gouvernera qu’avec la vieille garde qui, en réalité, ne l’a jamais porté dans son cœur. Dès lors, l’ancien député de Daoukro, par ses choix tactiques contestables, à lui-même crée les conditions de son échec à la future présidentielle.
Michel Ziki