Lorsqu’il était dans l’opposition, Laurent Gbagbo aimait à dire que : «Ce sont les fleuves qui coulent vers la mer». L’opposant historique lançait cette boutade à tous les partis politiques dont «les militants ne pouvaient pas remplir une cabine téléphonique» et qui rechignaient à rejoindre le FPI, son parti, pour la conquête du pouvoir. Aujourd’hui maintenant que l’historien –président est au pouvoir, certains ont fait le pas. D’autres continuent de résister. Mais ont perdu dans cette bataille, de nombreux cadres qui ont, dans leur défection, créer-avec bien sûr l’aide et la bénédiction du père de la refondation- de micro partis politiques qui se retrouvent actuellement dans le mouvement proche de Laurent Gbagbo qu’on appelle pompeusement au sein de la galaxie patriotique, «la Majorité présidentielle», en sigle LMP. C’est ce sigle qui a provoqué le courroux du linguiste-maison, Koné Dramane, M. «Dire bien». En référence à la chronique qu’il anime dans le porte-voix de la refondation, le quotidien «Notre Voie». Dans sa chronique du samedi 3 avril dernier, le linguiste estime que la siglaison de «la Majorité présidentielle» a été mal faite. Parce que dans le sigle «LMP», le déterminant «la» a été pris en compte. Une chose qu’il qualifie d’ «aberration lexicale». Pour l’ancien ministre de la Culture et de la Francophonie, cet «accident» est arrivé, parce que ses camarades de la mouvance présidentielle n’ont pas fait preuve d’ «humilité». Ils ont préféré faire de «l’automédication lexicale». Au lieu de le consulter, lui, le spécialiste-maison. «Quand on ne sait pas, on demande à ceux qui savent… et cela s’appelle «humilité», assène-t-il. Mais l’homme des lettres assimile cela surtout à un phénomène qui a cours au sein du camp présidentiel depuis que le parti qui a porté Laurent Gbagbo au pouvoir, a décidé d’ouvrir ses portes à «tous les partis et les autres associations qui ont soutenu les institutions de la République pendant la guerre». En le dénonçant, l’auteur de «Dire bien» met sur la place publique, le malaise et la difficile cohabitation qui prévalent en ce moment dans cet assemblage hétéroclite qu’est LMP depuis que les «gardiens du temple» ont décidé de faire entrer les néophytes. Le ver est dans le fruit. Car aujourd’hui, les cadres du FPI depuis «l’ouverture», se sentent délaissés et trouvent même que le chef en fait trop pour des gens qui n’étaient pas là aux heures de braise. Mieux, ils trouvent que ceux qui ont pour certains pactisé et mangé à la table du «serpent» hier, n’ont pas le profil bas qu’ils devraient observer en face de ceux qui étaient là quand le «serpent» crachait du feu sur eux. Koné Dramane accuse les nouveaux venus à qui l’ «ouverture» profite, d’être les plus réfractaires à la «critique et à l’auto-critique». Au point de vouloir faire de son parti, le FPI, un parti fermé. «Comme si le mot « ouverture » sous l’autorité duquel l’on nous appelle (nous les militants du FPI) à travailler, signifiait plutôt «fermeture» à ceux qui savent et qui n’ont pas la langue de bois», se plaint-il. Avant d’enfoncer le clou: «Ceux qui pensent le contraire se trompent et se moquent des Ivoiriens comme ces personnages de Tartufe (de Molière) qui ont l’art de gâter les bonnes choses en les poussant trop loin outrancièrement et sans précaution.» Un discours qu’apprécieront certainement tous ceux qui se reconnaitront dans le portrait-robot dressé par le camarade-linguiste. Pour notre part, pas besoin d’un dessin pour savoir à qui ces «gentils mots» sont destinés.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly