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Politique Publié le mercredi 7 avril 2010 | Le Patriote

Rencontre avec le CEMA - Les femmes crachent leurs vérités à Mangou: "Arrêtez de tuer nos enfants !"

© Le Patriote Par DR
Sortie de crise: le RHDP veut reprendre la rue
Photo d`archives. Manifestation de rue des femmes du RHDP à Abidjan
Les femmes du Rassemblement des houphpouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ont échangé hier, avec le chef de l’Etat major des Forces de défense et de sécurité (FDS). Mme Dao Henriette et ses camarades ont exprimé leurs griefs au patron des FDS. Réponse bien curieuse du CEMA: «On ne peut pas dire qu’on a défendu la République et être traité de sot». Nous vous proposons l’intégralité des deux déclarations en raison de leur teneur.

Les femmes du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la Paix (RHDP) regroupant le PDCI-RDA, le RDR, l’UDPCI et le MFA, vous remercient de leur avoir accordé cette rencontre, malgré les lourdes responsabilités qui sont les vôtres. A travers vous, elles saluent les grands Commandements des Forces de Défenses et de Sécurité qui sont à vos côtés. Monsieur le Chef d’Etat Major, l’heure est grave et nous interpelle tous. L’objet de notre visite de ce jour est d’échanger très franchement avec vous, car nous connaissons vos qualités humaines de même que votre droiture. En même temps que notre désarroi, nous sommes venues vous dire, l’effet que nous font les corps des grands Commandements des forces de sécurité de Côte d’Ivoire, essayer de comprendre ce qui les meut et le pourquoi de leur comportement, qui conduit à un ras-le-bol de la population.
Nous, femmes, mères, épouses, sœurs et citoyennes ivoiriennes, sommes devant vous pour vous exprimer notre peine, notre douleur, notre désarroi, nos souffrances et nos craintes devant les nombreuses atrocités perpétrées par vos hommes lors des marches de protestation de nos enfants qui sont aussi les vôtres, de nos hommes et époux qui sont vos frères.
Il est reconnu de tous que l’armée est républicaine, sa fonction régalienne est de protéger la Nation et partant, les populations ; par ailleurs le caractère impartial de l’armée assure à tous les citoyens sans distinction de sexe, de religion, de région et de parti politique, le droit à la vie, à la protection mais surtout à la sécurité. La Constitution ivoirienne stipule à juste titre, en son article 11, que les grèves et les marches sont des modes d’expression, de revendication et de protestation du citoyen. De même, il faut rappeler que les droits universels de l’Homme, reconnaissent à tout citoyen, ces mêmes droits.
Les femmes du RHDP, citoyennes à part entière de ce pays que nous aimons, jadis havre de paix et locomotive économique de la sous-région ouest-africaine, constatent avec amertume, qu’il est aujourd’hui défiguré, balafré, déformé et méconnaissable.
Les femmes de Côte d’Ivoire savent que les différents corps d’armée ont pour mission :
-Au titre de la police : jusqu’à une date récente, les agents de police étaient considérés comme les «gardiens» de la paix, appelés à assurer la paix et la protection des personnes et des biens au sein de la population. Ce corps civil est chargé d’assurer la surveillance dans les villes.
-Au titre de la Gendarmerie:
La gendarmerie, pilier de la République, corps d’élite, a un rôle républicain et régalien, elle protège les personnes et les biens et assure la sécurité dans les campagnes.
-l’Armée est formée pour faire la guerre, c’est-à-dire défendre le pays contre les attaques ennemies.
Cependant que constatons-nous?
Les missions sont dévoyées, parce que l’Armée se trouve dans les rues et à la télévision, lançant des propos incendiaires et guerriers dans le seul but de terroriser les populations ahuries et apeurées. Nous avons compris que les propos s’adressaient à l’opposition avec pour objectif de l’intimider et de la museler dans sa démarche politique.
La police, censée veiller à ce que chacun observe la loi, se trouve en train de se remplir les poches en arnaquant, sans pitié, le contribuable qui a le malheur de se trouver sur son passage. Quand ce n’est pas cela, elle constitue en grande partie, la main armée contre les populations sans défense, les brutalisant, les matraquant sans pitié à l’aide de kalachnikovs, foulant aux pieds le droit à l’expression dévolu à tout citoyen. C’est vrai que nous avons observé vos réels efforts pour les remettre dans le droit chemin, mais cela paraît être un travail de titan.
La gendarmerie, autrefois notre fierté et dernier bastion de nos vertus républicaines, se met à imiter la police, aggravant de ce fait le désarroi des braves populations qui ne savent plus à quels saints se vouer, en témoignent, les tueries de Gagnoa, Daloa, Divo et Abobo.
Notre Armée traditionnellement appelée la Grande Muette, est devenue éloquente à souhait. Qu’est elle devenue? Et où va-t-elle? A quoi servent les différents séminaires organisés à grands frais à Grand-Bassam, Yamoussoukro pour former, éduquer et sensibiliser nos forces de l’ordre ? A la moindre chute de feuilles mortes, nous assistons à des ballets des chars et d’avions de guerre. Les corps habillés déambulent à travers les rues, les quartiers de nos villes et communes armés de kalachnikovs. En réalité, nous vivons dans un état de siège permanent. Comment croire que la guerre est finie?
Général Mangou, les Chefs d’Etat Major de certains pays d’Afrique se sont rendus célèbre par leur rigueur, leur impartialité et leur attachement aux valeurs républicaines. Nous vous savons de cette race, faites quelque chose.
Les femmes de Côte d’Ivoire, au vu de tout ce qui précède vous demandent de dire à vos collaborateurs :
-d’arrêter de tuer leur jeunesse, leurs enfants, avenir de notre Nation. Il y a déjà trop de veuves et d’orphelins de guerre dans notre pays.
-elles vous demandent : de ramener vos troupes dans les casernes où se trouvent leurs véritables places.
-«d’éradiquer» l’impunité afin que les massacres de mars 2004 ainsi que les tueries perpétrées en 2010 dans les villes de Daloa, Gagnoa, Divo et les communes d’Abobo et d’Anyama ne se reproduisent plus, en identifiant et punissant les coupables de ces actes de barbarie.
-de cesser les menaces et intimidation contre leurs leaders politiques.
-le Président du Directoire du RHDP, M. Alphonse Djédjé Mady est appelé à comparaître dans les prochains jours. Ne serait-ce pas un abus de pouvoir? Quand on sait que des personnes se réclamant du clan présidentiel incitent, dans les médias d’Etat, à longueur de journée, la jeunesse ivoirienne à la violence et à la révolte sans jamais avoir été inquiétées?
Général Mangou, les femmes Houphouétistes vous prient de bien vouloir rétablir le respect de la démocratie, la sécurité, la paix, la justice et l’équité, véritables leviers de tout pays «fréquentable», dans notre chère Côte d’Ivoire.
Merci de nous avoir accordé ces quelques précieux instants de votre temps.
Fait à Abidjan, le 06 avril 2010
Pour la présidente des Femmes du RHDP
Henriette Dao Coulibaly


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