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Politique Publié le mercredi 7 avril 2010 | Le Patriote

Mangou aux femmes du RHDP: "Ce que nous avons fait, c’est sot ?"

© Le Patriote Par DR
Sortie de crise: le RHDP veut reprendre la rue
Photo d`archives. Manifestation de rue des femmes du RHDP à Abidjan
« …En organisant ce genre de rencontres, on va éviter pas mal de problèmes dans ce pays. J’ai toujours dit à mes hommes, on ne règle rien par la violence. On ne peut rien obtenir par la violence. La preuve, nos frères d’armes ont pris les armes contre la République. Nous sommes pratiquement à 10 ans aujourd’hui et on n’a trouvé aucune solution. Moi, je n’ai rien contre l’opposition. Quand je suis rentré dans la salle, je me suis dirigé vers Mme Bouanga, qui est une grande sœur à moi. Et les grandes sœurs, j’en ai beaucoup. Ce sont des Ivoiriens qui sont dans l’opposition. Mais, madame la présidente, je dois vous dire que peut-être vous ne connaissez pas l’histoire de ce pays et vous ne connaissez pas les hommes qui animent ce pays. Vous avez parlé d’armée républicaine. Qu’est-ce que c’est qu’une armée républicaine madame ? Nous ne sommes pas rentrés dans l’armée en 2000 comme certains pourraient le penser. J’ai 38 ans d’armées. Le Président Gbagbo n’a fait que 10 ans au pouvoir. C’est dire que j’ai passé les 28 ans avec Félix Houphouët Boigny, avec Alassane Ouattara, avec Bédié. Madame, peut être que vous ne connaissez pas mon histoire. Vous ne connaissez pas mon histoire. Je suis un militaire, je suis fils de pasteur, donc ce que je vous dis n’est que la vérité. En 99, j’étais le commandant du bataillon blindé, quand des officiers sont venus me voir, en l’occurrence le cousin du général Gueï, nous demander d’aller contre le régime de Bédié. Nous avons pris position, nous avons dit non. Moi, j’étais au bataillon blindé, Remarc était à la FIRPAC. Il y avait beaucoup d’officiers, de soldats de sous-officiers, nous avons dit non, madame. Nous avons fait sortir les chars, nous avons pris position. Nous avons dit qu’il n’était pas question. Nous avons empêché que le coup d’Etat se réalise. A l’époque, j’ai été affecté après à la Présidence, je travaillais aux côtés du Président Bédié. Et puis ensuite, sentant que les élections allaient venir, on m’a réaffecté au bataillon blindé. Et en 99, lorsque ceux qui ont tenté le coup l’ont réussi, madame j’ai porté ma croix comme Christ l’a fait il y a quelques jours. Avec ma famille, je porte des séquelles en moi. Ma femme a été violentée. Elle venait d’avoir un bébé de 3 mois. Mes propres frères d’armes sont arrivés chez moi, ils ont tout cassé. Ils ont cassé mon véhicule, ils ont pris mon enfant, pistolet sur la tempe, parce que disaient-ils, mon épouse était la nièce de Bédié. Mais, cela nous l’avions fait parce que nous accomplissions notre mission. Je suis passé à la poudrière, madame de 9 h jusqu’à 19 h (il hausse le ton, ndlr) sous les barbelés, battu à sang, laissé pour mort pratiquement. On m’a trimballé au camp commando d’Abobo avec pour consigne, de ne pas me donner à boire et à manger. J’ai été sauvé par Dieu. Je puis vous le dire. Peut-être que Mme Bounga connaît mon histoire et beaucoup d’autres Ivoiriens connaissent mon histoire. J’ai été sauvé parce que j’accomplissais mon devoir. Et ma mission, était de défendre les institutions de la République, en tout temps, en tout lieu, en toute circonstance. Je porte encore des séquelles, pendant que des cadres du PDCI à l’époque, se déculottaient, retournaient leur veste. On a vu tout cela, madame. Nous, nous avons porté notre croix et avec moi, beaucoup d’officiers, beaucoup sous-officiers, nous croupissions à la MACA. Mais vous savez, tout ce que Dieu fait est bon. Et c’est ce même Dieu qui a permis qu’aujourd’hui, nous soyons au premier plan avec cette crise. Ce même Dieu a fait que je suis nommé comme le commandant du théâtre des opérations. Nous avons vu beaucoup de choses, nous étions sur le théâtre. Aujourd’hui parce que les FDS ont donné leur poitrine pour vous permettre d’avoir le peu de paix pour faire la politique comme vous êtes en train de le faire. Quand la crise a commencé, qui parlait de RHDP, qui parlait de politique ? Pendant que certains des vôtres allaient à genou, pleurer devant les rebelles qui avaient éventré des femmes, qui avaient aligné nos frères d’armes pour les assassiner lâchement. Ils s’étaient mis à genou pour leur demander pardon. Aujourd’hui, la paix est là. Nous avons vu toutes ces atrocités sur le terrain. Nous avons vu tomber des frères d’armes. Nous avons vu des familles décimées. Vous êtes des femmes, c’est vous qui enfantez, vous connaissez les douleurs d’enfantement. Parce que vous êtes des femmes, on doit vous parler pour que vous puissiez parler à vos époux, à vos enfants, pour les emmener à une prise de conscience. Regardez une grande ville comme Bloléquin. Pendant la crise, il n’ y avait même pas une seule âme, même pas un seul poussin. La ville était désertée. Votre chance, c’est peut-être parce que beaucoup d’entre vous n’ont pas vécu les effets de la guerre. Beaucoup ne savent pas ce que c’est que la guerre. Parce que moi-même, quand je quittais le théâtre pour venir ne serait-ce que dire bonjour à ma famille, à Yopougon, ça dansait. Je me demandais si le pays était en guerre. Nous étions sur la ligne de front. Les gens tombaient chaque jour. On faisait venir de l’ouest des gens qui étaient mutilés, des gens qui étaient blessés, des morts pendant ce temps à Yopougon, ça dansait. Aujourd’hui, je comprends pourquoi certains irresponsables politiques frappent du poing sur la table pour dire, on veut la guerre. On veut ceci, on veut cela. Ils n’ont pas connu les affres de la guerre. Un gars comme Djédjé Mady, s’il avait connu cela, il n’aurait pas invité les enfants dans la rue. Alassane, peut-être le sait. Il a trouvé peut-être que ce que nous avons fait en défendant la patrie était mauvais. Il a dit qu’on s’immisçait dans les affaires politiques. On ne peut pas dire qu’on a défendu la République et être traité de sot. On a fait beaucoup. Quand une balle sort du canon, elle ne choisit pas la victime. Certainement que vous avez vu un cousin tombé. Vous avez une cousine tombée. Vous avez vu des sœurs, peut-être même des amis tombés. Ce que nous avons fait, c’est sot ? Alors il faut se taire et écouter. Nous ne pourrons accepter cela. Nous avons pris la parole lorsque Djédjé Mady a dit qu’il ne reconnaissait plus le Président de la République en tant que tel. Madame, dans n’importe quel Etat, au monde, vous tenez tels propos, on vous arrête sur le champ. C’est un coup d’Etat qui ne dit pas son nom. Et nous, notre mission, c’est de défendre les institutions de la République au risque de nos vies. Comme je l’ai fait hier pour Bédié. Aujourd’hui, je suis en train de le faire pour Gbagbo. Demain si Alassane vient, je le ferai pour lui. C’est là la quintessence de notre mission. Et c’est ce que vous ne comprenez pas. Parce que pour vous, on est républicain, quand on est au pouvoir, on reçoit les honneurs de l’Armée, on est défendu, on est protégé par l’Armée alors l’Armée est républicaine. Quand on est de l’opposition, l’Armée n’est pas républicaine. Hier, Bédié disait qu’on était républicain, madame, lui il le sait. Alors quand je passe à la Télévision et que je parle, c’est un homme meurtri. Et nous nous connaissons. Je n’ai rien contre l’opposition. Hier c’est moi qui ai sauvé Anaky Kobena avec les histoires de déchets toxiques. Lorsque son véhicule a été pris à parti, brûlé et qu’il ne savait où partir, il a été recueilli par les éléments du Premier bataillon d’infanterie. C’est moi qui ai pris l’hélico sans autorisation de qui que ce soit pour aller le chercher, son épouse, son enfant et lui pour l’amener ici au Mess, le faire manger et le conduire ensuite dans son village. Et ce monsieur s’assoit aujourd’hui pour dire faisons comme à Madagascar. Vous savez ce qui a été fait à Madagascar ? Il n’y avait pas que la population, il y avait aussi l’armée. En lançant cet appel, c’était un clin d’œil qu’il faisait à l’Armée. On devait réagir, on a réagi. Parce que l’histoire nous enseigne qu’ici, quand quelqu’un dit quelque chose, il faut prendre le devant. La Côte d’Ivoire telle qu’elle était divisée déjà à l’époque, il y avait de cela quelques années, le journal «Le Patriote » avait fait le même dessin. Personne n’avait trouvé à redire. Cela s’est réalisé. Nous avons pris sur nous la responsabilité de réagir dès qu’il y a quelque chose pour que cela n’aille pas plus loin. C’est ce que nous avons fait. Ne lancez pas de piques à nos hommes. Ils ont été merveilleux. Se battre pour le pays, se battre pour vous protéger, de jour et de nuit. Dans les conditions extrêmement difficiles...
Alors on dit que l’armée n’est pas républicaine, l’Armée parle trop. Je dis non. Oui madame mais l’armée va parler. Savez-vous pourquoi on parle de la grande muette ? L’Armée est muette en caserne, quand les hommes politiques s’asseyent pour discuter. Parce que, s’opposer, ce sont des débats d’idées. Il y a des débats d’idées pour construire le pays et non pour inviter les gens à la violence et à la destruction. Si vous avez un peuple discipliné, travailleur, uni, vous aurez une armée silencieuse, disciplinée, aux pas. Si vous avez un peuple belliqueux, vous aurez une armée belliqueuse. Vous ne pouvez pas inviter les enfants des gens dans la rue, alors que vous, vos enfants n’y sont pas. Ils sont tous en France, ils font de grandes études. Vos enfants sont en France. Dans cette marche, a-t-on vu les enfants de Bédié ? Dans cette marche, a-t-on vu les enfants d’Alassane Ouattara ? Dans cette marche, a-t-on vu les enfants de Djédjé Mady ? Vous, vous conservez ce qui vous est cher, et vous mettez en pâture ce qui est cher aux autres. Vous pensez que cela est normal ? Vous êtes des mères, c’est vous qui accouchez, c’est vous qui éduquez, c’est vous qui faites le devenir d’une nation. Acceptez-vous cela ? Quand vous lancez un message et que vous donnez des missions, nous analysons la mission. Par tous les moyens, cela veut dire quoi ? Si moi, j’ai mon fusil, je prends mon fusil, si j’ai ma machette, je prends ma machette… Nous avons alors dit trop c’est trop. Nous, nous ne voulons plus voir mourir les gens… Nous ne pouvons pas rester là, les bras croisés et assister à la scène. Nous sommes formés pour défendre la population. Et non pas aller contre elle. C’est ce qui a motivé notre passage à la télévision. Si le faire, vous pensez que c’est s’immiscer dans les affaires politiques, alors je dirai que je me suis immiscé dans les affaires politiques. Parce que le comble dans tout cela, vous avez dit que vous ne rentrez pas à la CEI et au gouvernement, le coq a-t-il chanté que vous êtes déjà à la CEI et au gouvernement. Et ces morts, qu’est ce que vous en faites quoi ? Parce que vous, votre objectif était de copier ce qui se passe dans les autres pays. Ce qui s’est passé en Guinée, c’était pour calculer le nombre des morts, faire le calcul macabre pour qu’on accule le pouvoir. Le fauteuil présidentiel n’a que qu’une seule place. Vous vous battez souvent inutilement. Quelquefois quand ils accèdent au pouvoir, ils vous oublient. Et après, vous changez de partis politiques, vous partez à gauche, vous partez à droite. On a vu ici dès qu’il y a eu les premiers coups de feu, les gens ont enlevé leurs vestes pour dire qu’on n’est plus derrière Bédié. Après c’est pour dire qu’on n’est plus derrière Alassane. Vous voulez nous montrer quoi ? On regarde ce qui se fait de mauvais dans les autres pays et on veut le transposer ici. Ce qui est bon, ne nous intéresse pas. Mais les pays se développent à une vitesse vertigineuse, autour de nous. Vous ne pouvez pas vous asseoir et discuter des problèmes. D’ailleurs, quels sont ces problèmes ? Ceux qui ont été meurtris par la guerre, ont pardonné, pourquoi, vous ne pouvez pas pardonner pour qu’on en soit là et que vous en appelez à la responsabilité de l’armée. (…) Et c’est vous les femmes qui prenez aujourd’hui position de la sorte. Réfléchissons, qu’est ce que nous devons faire de notre pays ? Moi, j’ai mal au cœur. On a à l’esprit l’intérêt particulier. On est heureux d’accéder à un poste et à côté, beaucoup comme nous qui n’avons rien compris, supportons. (…)
Mesdames, ayons pitié des Ivoiriens, ayons pitié de nos enfants. Je dis aux militaires que nous gagnerons à protéger notre pays. Si ce n’est pas fait, nous, on se retrouve dans la mer. Nous ne prenons pas les dispositions pour aller contre vous. Mais chaque jour que Dieu fait, des rumeurs de coups d’Etat nous parviennent. Mais quand vous avez été piqué par un serpent et que vous voyez un verre de terre, que faîtes-vous ? Nous prenons des dispositions, ce n’est pas pour aller contre vous. Pourquoi allons-nous vous tuer ? C’est vous qui vous en prenez aux éléments des forces de l’ordre. Nos hommes ont fait leur travail avec beaucoup de conscience et beaucoup de rigueur. Et même avec beaucoup de sang froid. Quelle est cette marche où on tire sur le policier ? Nous, on a pris notre blessé et on est rentré avec lui tranquillement. (…) Moi je crois qu’il y a des choses à revoir. C’est pour cela que nous saluons votre invitation. On avait beaucoup de choses à faire, mais j’ai mis en priorité cette rencontre. Mesdames, vous avez un rôle à jouer. Tendez la main à vos sœurs du FPI, asseyez-vous et discuter (…) Qu’on ne nous pousse pas à la guerre, qu’on ne nous pousse pas à la violence ! On ne règle rien par la violence, on ne règle rien par la guerre. (…) »

Propos recueillis par Thiery Latt
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