Au fur et à mesure qu’on s’achemine vers la tenue du scrutin présidentiel de 2010, la bataille pour le contrôle du Grand-Ouest devient de plus en plus âpre et indécise entre les différents leaders politiques. Après le Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, le président du RDR, Alassane Dramane Ouattara et le Chef de l’UDPCI, Albert- Toikeusse Mabri, qui ont mené la grande offensive dans cette région, c’est au tour d’Henri Konan Bédié de partir à l’assaut du Grand-Ouest, le mois prochain. Pour beaucoup, cette zone est devenue un enjeu majeur dont le contrôle sera assurément déterminant dans la course au fauteuil présidentiel.
Maintes fois annoncée puis reportée, l’élection présidentielle prévue en 2010 constitue indéniablement le tournent décisif de l’histoire du pays. Elle cristallise toutes les passions et mobilise, aussi bien les instances dirigeantes du pays que les partis politiques, ONG, syndicats et autres associations de la société civile. Au sein des états-majors des différents candidats déclarés à cette consultation électorale, l’on assiste à une véritable veillée d’armes. Et, en vue de se donner plus de chance de remporter ce scrutin, chaque leader politique a entrepris de contrôler les principales régions du pays. Ainsi, outre le nord, le sud et l’est, le Grand-Ouest constitue aussi un enjeu majeur dont le contrôle pourrait s’avérer déterminant dans le décompte final. L’ouest est en effet, la région natale de l’actuel chef de l’exécutif ivoirien, Laurent Gbagbo et aussi celle de son prédécesseur, le général Robert Guéi, assassiné en septembre 2002 par un commando de nervis.
L’ouest, une zone stratégique
C’est sans doute ce qui explique, depuis quelques temps, la course-poursuite engagée par les différents candidats déclarés dans cette zone qui constituait naguère, un bastion imprenable du FPI. Les choses ont, semble-t-il, fondamentalement changé dans cette vaste région à partir de décembre 99 à la suite de l’accession au pouvoir du général Robert Guéi. Dès lors, le Grand-Ouest va basculer dans le camp du général sous la transition militaire, avant d’adhérer massivement à l’union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (UDP-CI). Ce ralliement de cette zone au parti arc-en-ciel va davantage se consolider après l’assassinat de l’ex-patron du comité national de salut public (CNSP) le 19 septembre 2002. Pour le Grand-Ouest, la mort de Guéi est un affront qu’il se devait de laver. Absolument. D’où son ultime mobilisation autour de son unique héritage politique : l’UDP-CI. Cette suprématie du parti Guéiste dans le Grand-Ouest est tout de même en train de perdre du terrain depuis que les autres formations politiques du pays y ont entrepris des mouvements de sensibilisation et de mobilisation d’envergures. En effet, aux élections législatives de 2001, le rassemblement des républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara y a opéré une percée spectaculaire en raflant les Mairies de Gagnoa, Daloa, Soubré, Vavoua, Sinfra,… au moment où le PDCI, lui, s’adjugeait les postes de Tabou, Bangolo, Oumé, etc. et le FPI, les communes d’Issia, Saïoua, Duékoué etc…Depuis donc ces élections municipales, la configuration politique a quelque peu changé à l’ouest où aucun parti n’y est véritablement dominateur. Que ce soit l’UDPCI, le FPI ou même le RDR et le PDCI, tous semblent désormais se neutraliser dans cette zone. Et c’est sans doute conscient de cette situation que les principaux candidats à l’élection présidentielle de 2010 ont entrepris d’aller à l’assaut du grand-ouest.
La grande offensive du FPI, PDCI, RDR, l’UDP-CI…à l’ouest
Ainsi donc, le premier d’entre eux à avoir engagé les hostilités dans cette zone fut certainement le Président Laurent Gbagbo. Qui, au mois de juin 2009, avait entrepris une vaste tournée couronnée par une étape importante à Kabacouma, dans l’antre du général Robert Guéi. Cette tournée, on s’en souvient, s’était achevée dans la douleur avec le décès de Denis Bra Kanon le 18 juin 2009 au domicile du président Tia Koné à Man. Au cours de celle-ci, le candidat de la majorité présidentielle a communié avec les parents du général et dissipé tout soupçon relatif à une quelconque implication dans l’assassinat de l’ex-patron du CNPS. Dans en réalité, il s’agissait plus pour Laurent Gbagbo de battre le rappel de ses troupes dans le grand-ouest en prévision des futures joutes électorales. D’ailleurs, le chef de file de la refondation a promis revenir pour la seconde fois dans cette zone qui pour lui, représente un enjeu important dans la perspective de la future présidentielle. C’est assurément dans cette même logique que se situe la nomination de Siki Blon Blaise ci-devant, président du Conseil général de Man au poste de haute autorité en charge de la région des 18 montagnes. Et aussi, le ralliement des Noutoua Youdé, Bleu-Lainé Gilbert, Alain Donwahi, Séry Gnoléba, Roger Gnohité, Pierre Kipré…à la cause de la mouvance présidentielle. En « recrutant » ces hauts cadres du pays, tous originaire de l’Ouest, le Chef de l’Etat était certainement mu par la volonté de contrôler cette région désormais partagée entre son parti, le PDCI, le RDR et l’UDPCI. C’est donc dire combien l’ouest constitue un bastion important à récupérer absolument avant la tenue du futur scrutin présidentiel. Cette volonté
Le retour en force du RDR et du PDCI à l’ouest
du camp présidentiel de contrôler le grand-ouest anime également Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié, deux candidats potentiels à la présidentielle 2010. De sorte que, pour ne pas céder cette parcelle de terrain à ses adversaires irréductibles, Ado s’est empressé, courant août 2009, d’entreprendre lui aussi, une vaste tournée dans le grand-ouest. Celle-ci, même si elle s’est soldée par une mobilisation exceptionnelle, s’est tout de même achevée en queue de poisson avec l’effondrement du mentor des républicains au stade Biaka Boda de Gagnoa. Revenu précipitamment sur les bords de la lagune Ebrié, l’ex-DGA du FMI ne nourrit pas moins l’ambition de repartir pour la seconde fois à l’assaut de cette région. C’est en outre, cette même foi de conquérir le grand-ouest qui anime actuellement le président du PDCI-RDA qui ambitionne toujours de retrouver le fauteuil présidentiel qu’il a perdu le 24 décembre 99 à la suite du coup de force perpétré par le général Guéi et ses « jeunes gens ». En réalité, le contrôle de cette région est un défi personnel pour Bédié étant entendu que son tombeur en 99 y est originaire. L’on comprend dès lors, pourquoi N’Zuéba a promis devant le ministre Bombet et sa délégation dimanche dernier à Daoukro, d’entreprendre incessamment, une vaste tournée dans cette zone. Convaincu en effet, qu’aucun leader politique ne peut se faire élire à l’élection présidentielle sans l’adhésion du grand-ouest, Bédié a donc décidé d’aller à l’assaut de cette région dans laquelle son parti compte beaucoup d’élus. Mais mieux, dans les différents gouvernements qui se sont succédés, le « sphinx » en politicien rusé, a pris soin au nom de la géopolitique, de proposer des cadres du PDCI originaire de cette région. Il en est ainsi, notamment, des Désiré Gnonkonté, Boniface Britto, Banzio Dagobert… que Bédié s’est efforcé à placer au sein de certains ministères depuis la signature de l’accord politique de Ouagadougou. En réalité, en optant pour un tel choix, N’zuéba était conscient que tôt ou tard, cela pourrait s’avérer déterminant dans la bataille pour le contrôle du grand-ouest. Aujourd’hui, les faits semblent lui donner raison étant entendu que l’ouest est devenu la convoitise de tous les candidats à l’élection présidentielle. C’est sans doute cette réalité qu’a comprise l’union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) qui, depuis sa création en 2001, ne ménage aucun effort pour demeurer incontournable dans cette zone. Quoique, certains de ses « dinosaures » tels que Bleu Lainé, Noutoua Youdé, Oulé Tia, Blon…originaires de cette zone aient rompu les amarres d’avec le parti Guéiste. Ces départs ne semblent pas avoir totalement émoussé les ardeurs des militants et sympathisants de l’UDPCI au point où ce parti continue de dominer la région des 18 montagnes. En effet, à Man, Danané, Biankouma, Zoua-Hounien, Duékoué, Bin-Houen etc…l’UDPCI continue de dicter sa loi contrairement aux autres départements tels que Soubré, Daloa, Gagnoa, Zuénoula, Issia, Saïoua etc… où le parti est totalement inexistant. Dans ces différentes zones, le parti arc-en-ciel est, à l’instar des autres formations politiques, en train de mettre les bouchées doubles pour parer au plus pressé. C’est donc dire que la bataille pour le contrôle du grand-ouest fait rage actuellement entre le FPI, le PDCI, le RDR et l’UDPCI. Qui remportera donc cet ultime combat dont l’issue s’avérera déterminante dans le décompte final ? Assurément, les prochains mois nous situeront davantage.
Michel Ziki
Maintes fois annoncée puis reportée, l’élection présidentielle prévue en 2010 constitue indéniablement le tournent décisif de l’histoire du pays. Elle cristallise toutes les passions et mobilise, aussi bien les instances dirigeantes du pays que les partis politiques, ONG, syndicats et autres associations de la société civile. Au sein des états-majors des différents candidats déclarés à cette consultation électorale, l’on assiste à une véritable veillée d’armes. Et, en vue de se donner plus de chance de remporter ce scrutin, chaque leader politique a entrepris de contrôler les principales régions du pays. Ainsi, outre le nord, le sud et l’est, le Grand-Ouest constitue aussi un enjeu majeur dont le contrôle pourrait s’avérer déterminant dans le décompte final. L’ouest est en effet, la région natale de l’actuel chef de l’exécutif ivoirien, Laurent Gbagbo et aussi celle de son prédécesseur, le général Robert Guéi, assassiné en septembre 2002 par un commando de nervis.
L’ouest, une zone stratégique
C’est sans doute ce qui explique, depuis quelques temps, la course-poursuite engagée par les différents candidats déclarés dans cette zone qui constituait naguère, un bastion imprenable du FPI. Les choses ont, semble-t-il, fondamentalement changé dans cette vaste région à partir de décembre 99 à la suite de l’accession au pouvoir du général Robert Guéi. Dès lors, le Grand-Ouest va basculer dans le camp du général sous la transition militaire, avant d’adhérer massivement à l’union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (UDP-CI). Ce ralliement de cette zone au parti arc-en-ciel va davantage se consolider après l’assassinat de l’ex-patron du comité national de salut public (CNSP) le 19 septembre 2002. Pour le Grand-Ouest, la mort de Guéi est un affront qu’il se devait de laver. Absolument. D’où son ultime mobilisation autour de son unique héritage politique : l’UDP-CI. Cette suprématie du parti Guéiste dans le Grand-Ouest est tout de même en train de perdre du terrain depuis que les autres formations politiques du pays y ont entrepris des mouvements de sensibilisation et de mobilisation d’envergures. En effet, aux élections législatives de 2001, le rassemblement des républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara y a opéré une percée spectaculaire en raflant les Mairies de Gagnoa, Daloa, Soubré, Vavoua, Sinfra,… au moment où le PDCI, lui, s’adjugeait les postes de Tabou, Bangolo, Oumé, etc. et le FPI, les communes d’Issia, Saïoua, Duékoué etc…Depuis donc ces élections municipales, la configuration politique a quelque peu changé à l’ouest où aucun parti n’y est véritablement dominateur. Que ce soit l’UDPCI, le FPI ou même le RDR et le PDCI, tous semblent désormais se neutraliser dans cette zone. Et c’est sans doute conscient de cette situation que les principaux candidats à l’élection présidentielle de 2010 ont entrepris d’aller à l’assaut du grand-ouest.
La grande offensive du FPI, PDCI, RDR, l’UDP-CI…à l’ouest
Ainsi donc, le premier d’entre eux à avoir engagé les hostilités dans cette zone fut certainement le Président Laurent Gbagbo. Qui, au mois de juin 2009, avait entrepris une vaste tournée couronnée par une étape importante à Kabacouma, dans l’antre du général Robert Guéi. Cette tournée, on s’en souvient, s’était achevée dans la douleur avec le décès de Denis Bra Kanon le 18 juin 2009 au domicile du président Tia Koné à Man. Au cours de celle-ci, le candidat de la majorité présidentielle a communié avec les parents du général et dissipé tout soupçon relatif à une quelconque implication dans l’assassinat de l’ex-patron du CNPS. Dans en réalité, il s’agissait plus pour Laurent Gbagbo de battre le rappel de ses troupes dans le grand-ouest en prévision des futures joutes électorales. D’ailleurs, le chef de file de la refondation a promis revenir pour la seconde fois dans cette zone qui pour lui, représente un enjeu important dans la perspective de la future présidentielle. C’est assurément dans cette même logique que se situe la nomination de Siki Blon Blaise ci-devant, président du Conseil général de Man au poste de haute autorité en charge de la région des 18 montagnes. Et aussi, le ralliement des Noutoua Youdé, Bleu-Lainé Gilbert, Alain Donwahi, Séry Gnoléba, Roger Gnohité, Pierre Kipré…à la cause de la mouvance présidentielle. En « recrutant » ces hauts cadres du pays, tous originaire de l’Ouest, le Chef de l’Etat était certainement mu par la volonté de contrôler cette région désormais partagée entre son parti, le PDCI, le RDR et l’UDPCI. C’est donc dire combien l’ouest constitue un bastion important à récupérer absolument avant la tenue du futur scrutin présidentiel. Cette volonté
Le retour en force du RDR et du PDCI à l’ouest
du camp présidentiel de contrôler le grand-ouest anime également Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié, deux candidats potentiels à la présidentielle 2010. De sorte que, pour ne pas céder cette parcelle de terrain à ses adversaires irréductibles, Ado s’est empressé, courant août 2009, d’entreprendre lui aussi, une vaste tournée dans le grand-ouest. Celle-ci, même si elle s’est soldée par une mobilisation exceptionnelle, s’est tout de même achevée en queue de poisson avec l’effondrement du mentor des républicains au stade Biaka Boda de Gagnoa. Revenu précipitamment sur les bords de la lagune Ebrié, l’ex-DGA du FMI ne nourrit pas moins l’ambition de repartir pour la seconde fois à l’assaut de cette région. C’est en outre, cette même foi de conquérir le grand-ouest qui anime actuellement le président du PDCI-RDA qui ambitionne toujours de retrouver le fauteuil présidentiel qu’il a perdu le 24 décembre 99 à la suite du coup de force perpétré par le général Guéi et ses « jeunes gens ». En réalité, le contrôle de cette région est un défi personnel pour Bédié étant entendu que son tombeur en 99 y est originaire. L’on comprend dès lors, pourquoi N’Zuéba a promis devant le ministre Bombet et sa délégation dimanche dernier à Daoukro, d’entreprendre incessamment, une vaste tournée dans cette zone. Convaincu en effet, qu’aucun leader politique ne peut se faire élire à l’élection présidentielle sans l’adhésion du grand-ouest, Bédié a donc décidé d’aller à l’assaut de cette région dans laquelle son parti compte beaucoup d’élus. Mais mieux, dans les différents gouvernements qui se sont succédés, le « sphinx » en politicien rusé, a pris soin au nom de la géopolitique, de proposer des cadres du PDCI originaire de cette région. Il en est ainsi, notamment, des Désiré Gnonkonté, Boniface Britto, Banzio Dagobert… que Bédié s’est efforcé à placer au sein de certains ministères depuis la signature de l’accord politique de Ouagadougou. En réalité, en optant pour un tel choix, N’zuéba était conscient que tôt ou tard, cela pourrait s’avérer déterminant dans la bataille pour le contrôle du grand-ouest. Aujourd’hui, les faits semblent lui donner raison étant entendu que l’ouest est devenu la convoitise de tous les candidats à l’élection présidentielle. C’est sans doute cette réalité qu’a comprise l’union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) qui, depuis sa création en 2001, ne ménage aucun effort pour demeurer incontournable dans cette zone. Quoique, certains de ses « dinosaures » tels que Bleu Lainé, Noutoua Youdé, Oulé Tia, Blon…originaires de cette zone aient rompu les amarres d’avec le parti Guéiste. Ces départs ne semblent pas avoir totalement émoussé les ardeurs des militants et sympathisants de l’UDPCI au point où ce parti continue de dominer la région des 18 montagnes. En effet, à Man, Danané, Biankouma, Zoua-Hounien, Duékoué, Bin-Houen etc…l’UDPCI continue de dicter sa loi contrairement aux autres départements tels que Soubré, Daloa, Gagnoa, Zuénoula, Issia, Saïoua etc… où le parti est totalement inexistant. Dans ces différentes zones, le parti arc-en-ciel est, à l’instar des autres formations politiques, en train de mettre les bouchées doubles pour parer au plus pressé. C’est donc dire que la bataille pour le contrôle du grand-ouest fait rage actuellement entre le FPI, le PDCI, le RDR et l’UDPCI. Qui remportera donc cet ultime combat dont l’issue s’avérera déterminante dans le décompte final ? Assurément, les prochains mois nous situeront davantage.
Michel Ziki