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Politique Publié le vendredi 9 avril 2010 | Le Patriote

YJ Choi (représentant spécial) persiste et signe: "La liste des 5.300.000 personnes est fiable"

© Le Patriote Par DR
Sortie de crise: les accords politiques de Ouagadougou mis à rude épreuve
Photo d`archives. M. Choi Young-Jin, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Côte d`Ivoire, et patron de l`ONUCI
Le Représentant Spécial du Secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire s’est adonné à un exercice pédagogique pour expliquer les contours des blocages actuels du processus de sortie de crise. Dans cet entretien exclusif, YJ Choi qui espère une sortie de crise à court terme pour la Côte d’Ivoire, attend impatiemment le redémarrage du contentieux et la liste électorale définitive qui détermineront la date de l’élection présidentielle.

La liste électorale provisoire en l’état, est-elle fiable ou non ? Doit-on l’auditer ou pas ?
C’est une bonne question, parce qu’il y a des points à éclaircir. Tout d’abord, cette liste est fiable parce que c’est un résultat basé sur des acquis. C`est-à-dire, l’opération des audiences foraines qui a été bien fait, tout le monde s’est félicité. Ensuite, l’opération de l’identification qui a duré très longtemps, mais avec un résultat très satisfaisant. Tout le monde s’est félicité. Et puis, nous avions l’opération du recensement électoral, qui s’est bien terminé ; tout le monde était d’accord. Tout cela a abouti à l’établissement de la liste électorale provisoire. Donc, c’est fiable. Ce qui a donné la liste de 5. 300.000 personnes croisées, repérées. Et une autre liste, un peu plus d’un (1) million de personnes, non encore repérées. Donc c’est fiable. Ce qu’il y a à éclaircir, c’est ce qu’on fait de ces deux listes ? On peut, examiner ces deux listes. Donc, en faisant les contentieux, n’est-ce pas ? Donc, ce n’est pas tout à fait correct quand on dit, il faut absolument préserver la liste électorale provisoire. Non ! C’est fiable dans son ensemble ; mais on peut l’examiner, d’une façon crédible, toutes les deux listes. Le problème, c’est que, la liste électorale provisoire qui a deux composantes, 5.300.000 et 1 million… à travers, le traitement des contentieux, doivent être examinées, mais avec les preuves. C’est ça la question de fond. Je crois que tout le monde est d’accord. On doit les regarder avec les preuves. Je ne vois pas beaucoup de problèmes, si on n’est d’accord avec ces deux éclaircissements.

Cela paraît simple mais reste compliqué…
Non ! On n’était d’accord sur la liste électorale provisoire. Comment aborder la question du traitement, c’est ça la différence qui peut exister. Mais, il faut qu’on pose cette question à la Commission Electorale Indépendante (CEI). Tout le monde s’y retrouve. Les Forces Nouvelles, les Partis de l’opposition, le Parti présidentiel, donc il faut qu’on discute au sein de la Commission pour trouver un moyen de procéder le plus rapidement possible.

Partagez-vous l’idée d’un « croisement humain » avant la liste électorale définitive ?
Non, un croisement… Un traitement des contentieux tout le monde en a convenu. Sur 5.300.000 personnes, il faut qu’on applique un croisement négatif. C’est-à-dire, tout le monde est en principe bon (ndlr : Ivoirien), avec les preuves, on détermine, si lui ou elle, ne sont pas vraiment ivoiriens. Donc on peut les sortir. Pour la liste de 1.000.000 de personnes, il faut appliquer, un croisement positif. C’est-à-dire, qu’ils ne sont pas encore croisés, repérés, il faut prouver qu’ils sont des Ivoiriens, on les ajoute sur la liste électorale définitive.

Désarmement, réunification, autant de questions en suspens. A quand donc les élections ?
Vous posez, toutes les questions sensibles en même temps. Donc, il faut les séparer. Tout d’abord, la présidentielle. Notre position, c’est qu’il faut d’abord se concentrer sur la liste électorale définitive. Puisque, sans cette liste, la date de l’élection présidentielle ne peut être qu’aléatoire. Il faut d’abord se concentrer sur la liste électorale définitive. On ne sait pas encore quand on aura cette liste, puisqu’on n’a pas encore redémarré le traitement des contentieux.
Ceci dit, la réunification au terme de l’Accord Ouaga IV, le quatrième Accord complémentaire, c’est très clair. Nous devons accomplir quatre prévisions qui sont essentielles, deux mois avant la présidentielle. La première, extension de l’autorité de l’Etat au nord. La deuxième, unicité des caisses de l’Etat. La troisième, la classification des éléments des Forces Nouvelles en Militaires, Gendarmes et Policiers et ex-combattants. La quatrième, la réintégration et le paiement de leurs primes. Tout cela, deux mois avant les élections.
Le désarmement, c’est un peu équivoque si vous lisez Ouaga IV attentivement. Puisque, ça chevauche avant et après la présidentielle. Le cantonnement, stockage des armes. Ça fait partie du désarmement. Mais aussi, ils ont le droit de garder les armes, au moins un mois après les élections. Donc, j’utiliserai plutôt le terme de réunification que le désarmement. Puisque la réunification, c’est très nette, claire ; deux mois avant les élections. Une réunification de facto. Tandis que le désarment, c’est étendu, ça chevauche avant et après la présidentielle.
Et c’est ce qui pose problème…
Je ne crois pas. On se réfère au désarmement sans tenir compte de l’esprit exact De Ouaga IV. Donc je recommande qu’on parle plutôt de la réunification que du désarmement.

N’est-ce pas parce que l’on a fait des élections, la porte de sortie de crise, que c’est plus compliqué d’en finir avec la crise ?
Vous avez raison. Il y a deux éléments dans la crise ivoirienne. Les élections et la réunification. Donc, il faut tenir compte de ces deux éléments cruciaux pour la sortie de crise ivoirienne. Pourquoi, a-t-on mis en avant les élections plus que la réunification ? Puisque, les protagonistes à Ouagadougou on dit qu’ils voulaient aller aux élections avant la réunification. Maintenant, il paraît que la priorité est renversée. On veut aller à la réunification avant les élections. Notre position, c’est d’accompagner les protagonistes de l’Accord de Ouagadougou. Ce n’est pas très encourageant de voir la priorité entre les deux renversées encore une fois. Cela a été renversé au lendemain de l’Accord complémentaire IV, début 2009. Encore une fois, on voit le renversement des priorités. Mais c’est le terme qu’on a accepté, accompagner, les protagonistes de l’Accord de Ouagadougou.

La réalité c’est qu’aujourd’hui on n’avance pas…
On ne pourrait pas dire que c’est encourageant. Puisqu’on a perdu les élections qu’on sentait presque à notre portée. Ce n’est pas encourageant. Mais d’un autre côté, il faut accepter la réalité qu’on touche au cœur du problème, avec la réunification. Donc, ce n’est pas entièrement négatif, puisqu’on est au cœur du problème. Il y a beaucoup de progrès, c’est vrai. Il y a la paix, la stabilité qui ont été restaurées. C’est bien. C’est très positif. Mais regardant les choses de près, tant qu’il s’agit de finances et de sécurité, le pays reste divisé.

Comment en sort-on ?
La réunification ! Ouaga IV !

On le voit ce n’est pas facile…
Ce n’est pas facile mais en comparant la Côte d’Ivoire aux pays comme le Libéria, la République Démocratique du Congo, nous avons des élections réussies dans tous les deux cas. Mais la Communauté internationale est toujours restée engagée. Puisqu’il n y a pas la paix et la stabilité. Mais en Côte d’Ivoire, vous avez une structure fiable. Vous avez le Gouvernement au Sud, les Forces Nouvelles au nord qui maintiennent en quelque sorte la paix et la stabilité. Donc, ce sera une base sur laquelle on pourra bâtir la sortie de crise pour la Côte d’Ivoire, et la stratégie de sortie de la Communauté internationale. Donc, je suis plus confiant que dans les deux cas que je viens de citer. La Côte d’Ivoire, pourrait sortir de la crise à court terme mieux que les deux autres pays.

Parlons de la certification. Quelles sont aujourd`hui les compétences de l`ONUCI en la matière?
C`est une excellente question. Il faut remonter un peu dans l`histoire lorsque nous avions le Bureau des Nations Unies pour les élections. Ce bureau a été dissout. Depuis les deux fonctions essentielles ont été séparées. L`arbitrage est allé au Facilitateur qui est à la fois Facilitateur et arbitre du processus électoral. Quant il y a des problèmes, les Ivoiriens se confient à lui pour trouver un compromis ou une solution. Deuxième fonction, c`est la certification qui a été confié à l’ONUCI. Une fois nous aurons la liste électorale définitive, nous la certifierons et une fois certifiée, on ne peut pas reculer. Il en est de même du résultat aussi. Deuxième élément de certification explicite, je ne permettrai pas que le résultat de l`élection soit contesté par des moyens non démocratiques. Voila la différence entre l`arbitrage et la certification.

Alors qu`on s`achemine vers les élections, l`ONUCI réduit ses effectifs. On peut craindre pour la sécurisation du processus...
Vous savez nous avons des données assez positives sur la Côte d`ivoire. Pendant la crise depuis 2002 où même en 2000, combien de personnes ont été tuées? Comparons le nombre des morts avec le nombre qu`on a eu au Libéria, en Sierra Léone et même en RDC. Il n`y a pas de comparaison. Il y a très peu de personnes qui ont péri pendant la crise. Et ça, c`est surtout grâce à la culture politique raffinée de non violence du peuple ivoirien. Je voudrais mettre l`accent sur cet aspect positif. Ensuite nous avons eu les audiences foraines, l`opération d`identification qui s’est déroulée principalement avec les Forces gouvernementales au Sud et les Forces ex-rebelles au Nord qui ont même réussi à préserver la paix et la stabilité pendant ces opérations très sensibles. Il n`y avait pas d`incidents majeurs. Donc sur cette base, nous allons coopérer avec les forces ivoiriennes pour assister et sécuriser le processus électoral et ainsi que la réunification.

Vous êtes optimiste mais le Centre de Commandement Intégré manque cruellement de moyens pour assumer sa mission...
Donc on doit aborder cette question de sécurisation avec les trois Forces. C`est une partie qui a été réalisée avec le CCI, ensuite, composé des Forces gouvernementales au Sud et des Forces ex-rebelles au Nord. Ensuite il y a les Forces impartiales les troupes de l`ONUCI ainsi que la Force Licorne. Avec ces trois éléments, je suis rassuré qu`on pourrait arriver à sécuriser le processus électoral ainsi que la réunification.

Où en sont les microprojets initiés par l`ONUCI en faveur des ex-combattants pour la réinsertion sociale?
Vous savez nous avons initié l`opération de 1000 micro projets en Août 2008 et à ce moment là nous avions les élections très proches. Il y a avait les ex-combattants, les miliciens dans l`ouest mais il n`y a pas de programmes d`intégration sociale. Prenant en compte cette préoccupation, nous avons monté cette opération pour combler ce vide sur à peu près 4 mois, jusqu`en Novembre 2008. Mais ensuite, il y a eu le report des élections donc nous avons aussi répandu nos perspectives en incluant non seulement les ex-combattants et les miliciens mais aussi les femmes affectées et les jeunes à risque. Donc nous avons fourni à peu près 4 millions de Dollars soit 2 milliards de FCFA aux besoins de la société. Et c`était un succès très significatif et nous allons continuer avec des fonds supplémentaires.

Certains confrères ont annoncé votre départ de la Côte d`Ivoire...
C`est une fiction, une rumeur. Nous verrons. Le futur dépend de Dieu mais nous sommes ici pour accompagner les Ivoiriens et l`objectif reste le même. Il n`a pas changé pour moi. Je suis là pour accompagner les Ivoiriens jusqu`à la fin mon mandat. Ce que rapporte ce journal est une fiction.

Nous sommes à la fin de cet entretien. Voici des mois que vous êtes en Côte d`Ivoire. En deux mots, qu`est ce qui vous plaît ici?
Tout d`abord la Côte d`Ivoire est très importante pour la paix et la sécurité dans la région dans son ensemble (l`Afrique de l`Ouest). Et la Côte d`Ivoire pèse à peu près 40% de la Communauté Monétaire de l`Afrique de l`ouest. Deuxième chose, le peuple ivoirien est très doué et hospitalier. Troisième chose, malheureusement il y a la crise qui a une racine assez profonde puisque le pays a accepté beaucoup d`immigrés des pays voisins. La Côte d`Ivoire selon certaines statistiques a le taux d`étrangers le plus élevé d`Afrique. Il faut bien sortir de cette crise pour un avenir plus prometteur puisque le peuple ivoirien est doué, hospitalier et a un sens politique très raffiné. J`ai confiance en l`avenir de la Côte d`Ivoire parce que je crois au peuple ivoirien.
Source : www.afreekelection.com
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