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Politique Publié le vendredi 9 avril 2010 | Nord-Sud

Neutraliser Soro

Sous le vernis des revendications spécifiques, se cache une vraie bataille pour le maintien au pouvoir. L'effervescence qui s'est emparée du Fpi, s'explique en partie par la nécessité pour les ultras de ce parti de s'entourer de toutes les garanties avant la présidentielle. Car, à l'évidence, il s'agit pour ce parti d'affaiblir le Premier ministre, secrétaire général des Forces nouvelles.
Premièrement, au sortir de la crise de la double dissolution, Guillaume Soro est clairement apparu aux yeux des observateurs comme un fin manœuvrier qui a tiré son épingle du jeu. Ces nouveaux galons apparaissent comme une menace pour les anti-Apo du camp présidentiel. Ils craignent que leur candidat ne soit trop dépendant d'un Premier ministre trop fort. D'où l'option de fragiliser et délégitimer ce dernier en l'attaquant sur ses bases. Mis à mal vis-à-vis de son mouvement, le secrétaire général des Fn aura alors tendance à se rapprocher du chef de l'Etat.
Deuxièmement, les extrémistes du camp présidentiel reprochent toujours au Premier ministre d'avoir remis en jeu l'opposition après la dissolution du gouvernement. Eux se seraient bien accommodés d'une équipe uniquement composée par les deux ex-belligérants. Un tel schéma aurait ainsi permis à Alcide Djédjé par exemple d'occuper enfin le poste de chef de la diplomatie.
Troisièmement, Guillaume Soro est victime de l'aversion que ces extrémistes ont développée contre les élections. Le meilleur scénario reste, pour eux, celui qui mettrait de côté l'Apo et le Premier ministre qui a pris du poids autour de leur candidat. Ils ont d'ailleurs toujours soutenu que le secrétaire général des FN ne cherchait qu'à endormir le chef de l'Etat. A la moindre tempête, ils reprennent donc du poil de la bête.

Tout en gérant ces opposants déclarés à l'Apo, Guillaume Soro doit aussi affronter une autre réalité: la montée en force des ultras de son camp et la hantise de la fin du processus. Plusieurs membres du secrétariat général et même certains ministres commencent à n'entrevoir leur avenir que dans une alliance avec le Rdr. L'on sait que Laurent Gbagbo avait récusé l'actuel ministre de la Justice qu'il taxait de « conseiller occulte de Ouattara ».

Des cadres et non des moindres développent ainsi une psychose à l'approche de la fin de mission du Premier ministre. Cette traversée du désert, ils préfèrent la passer au chaud, au…Rdr. Avec une récompense au bout. Qui sait?

De quoi donner des insomnies au Premier ministre qui veut jouer jusqu'au bout son rôle d'arbitre.

Kesy B. Jacob
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