Emerveillé par la hauteur et la grandeur d’esprit des hommes politiques français. C’est le sentiment qui s’est dégagé de Joël N’Guessan, après la lecture de «Chaque pas doit être un but», le livre mémoire de Jacques CHIRAC, ancien Président de la République française. Un ouvrage dans lequel il rend un hommage appuyé à son prédécesseur François Mitterrand. Nous vous proposons sa contribution.
Je viens d’achever la lecture du livre Mémoires 1 de Jacques CHIRAC, ancien Président de la République française, intitulé «Chaque pas doit être un but». Dans ce livre de près de 500 pages, paru aux éditions NiL en novembre 2009, le Président CHIRAC décrit, entre autres, son apprentissage du pouvoir, ses différents échecs ainsi que les différentes intrigues politiques de palais sous la Vème République française qu’il a vécues ou subies avant d’être élu Président de la République le 7 mai 1995. Du Général De Gaule à Jacques CHIRAC, en passant par Georges Pompidou, Giscard D’Estaing et François Mitterrand, l’on constate à travers les différents récits du livre que tous ces Présidents français ont eu un point commun: ils étaient courtois et polis dans leurs propos, les uns envers les autres, même quand ils étaient farouchement opposés par les idées et par la manière de conduire les affaires de l’Etat. A cet effet, CHIRAC dira de Mitterrand ceci: «Je n’ignore pas la complexité du personnage, ni les zones d’ombre qui jalonnent son parcours, mais l’homme que je découvre au fil de nos entretiens m’apparaît d’une finesse de jugement et d’une intelligence tactique que j’ai rarement rencontrés dans le monde politique» … «Plus que ses idées, l’est la façon de les mettre en scène que la cohabitation m’a permis d’admirer chez François Mitterrand. «Salut l’artiste! m’est-il arrivé de penser en assistant à quelques unes de ses prestations.» Bel hommage que CHIRAC rend à celui qui lui a mis les bâtons dans les roues pendant la première et difficile cohabitation. Ils savaient aussi reconnaître le mérite de leurs adversaires politiques. Quand je me réfère à cet exemple et à bien d’autres témoignages dans le Livre, je me demande pourquoi, chez nous en Côte d’Ivoire, depuis la réinstauration du multipartisme en 1990, les discours de certains hommes politiques sont particulièrement violents. Pourquoi les leaders des jeunes, prétendant s’exprimer au nom de leurs leaders, empruntent un ton inutilement belliqueux? Quelle culture politique leur a été inculquée? Pourquoi ne sommes-nous pas en mesure d’avoir un ton courtois et poli? En tentant de répondre à ce différentes interrogations, j’ai été amené à me demander si nous tous qui «parlons politique» savons ce que c’est la Politique, un Etat et surtout ce que veut dire gouverner ou aspirer à gouverner un Etat? Je n’en suis pas convaincu. A la vérité, beaucoup parmi nous, sans éducation, ni culture aucune sur ces notions, nous nous sommes retrouvés concernés ou impliqués dans la politique. Nos déclarations et nos actions sont ainsi souvent aux antipodes de l’Etat et du véritable sens de la Politique. La preuve, c’est qu’après avoir été élu Président de la République, Député de la nation, Maire ou Président de Conseil Général, nous agissons pour un groupe, nous favorisons notre ethnie, notre région et les gens de notre clan. Alors pourquoi être surpris que ceux qui se sentent exclus décident de prendre leur destin en main en revendiquant violemment leurs droits? C’est peut-être sur cet angle qu’il nous faut analyser la déchirure sociale que connaît actuellement notre pays. Si après le décès du Père Fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët-BOIGNY, nous avions fait nôtre les sentiments qui ont animé Jacques CHIRAC le soir de son élection, nous ne serions pas dans cette situation de déchéance. CHIRAC a dit ce jour ceci: «En moi se mêlent des sentiments inexprimables qui sont ceux d’un homme heureux d’avoir atteint le but qu’il s’est fixé et qui doit prendre conscience, dans le même temps, d’incarner désormais l’espérance de tout un peuple et d’être en charge de son unité. Tels sont bien, à mes yeux, le rôle et la mission du chef de l’Etat sous la Vème République. Elu directement par le peuple, le Président de la République ne doit pas s’adresser à telle ou telle fraction, mais au peuple de France tout entier. Il doit veiller à garantir la cohésion nationale, et rechercher sans cesse et dans tous les domaines ce qui peut la renforcer. Car tout doit être fait pour apaiser les tensions, dans un pays, la France, dont l’histoire montre qu’il peut être enclin aux disputes, aux antagonismes, à des brusques embrasements. Je veux être le Président d’une France unie, riche de ses différences, capable de faire vivre ensemble des femmes et des hommes de toutes origines et respectueuses de toutes ses composantes humaines». Il est vrai que certains en Côte d’Ivoire, à tort ou à raison, sont heureux parce que ce Monsieur CHIRAC n’est plus aux affaires en France; Cependant ce qu’il a dit le jour de son élection à la Présidence française devrait inspirer ceux qui ont fait et continue de faire du rejet de l’autre et de la division des Ivoiriens, leurs fonds de commerce politique depuis plus de 10 ans. L’avenir de la Côte d’Ivoire se trouve dans la compréhension et l’acceptation de la philosophie du «Vivre ensemble» que le Président OUATTARA ne cesse de prôner et encourager chaque fois que l’occasion lui est donnée de s’adresser à ses compatriotes.
Joël N’GUESSAN
Je viens d’achever la lecture du livre Mémoires 1 de Jacques CHIRAC, ancien Président de la République française, intitulé «Chaque pas doit être un but». Dans ce livre de près de 500 pages, paru aux éditions NiL en novembre 2009, le Président CHIRAC décrit, entre autres, son apprentissage du pouvoir, ses différents échecs ainsi que les différentes intrigues politiques de palais sous la Vème République française qu’il a vécues ou subies avant d’être élu Président de la République le 7 mai 1995. Du Général De Gaule à Jacques CHIRAC, en passant par Georges Pompidou, Giscard D’Estaing et François Mitterrand, l’on constate à travers les différents récits du livre que tous ces Présidents français ont eu un point commun: ils étaient courtois et polis dans leurs propos, les uns envers les autres, même quand ils étaient farouchement opposés par les idées et par la manière de conduire les affaires de l’Etat. A cet effet, CHIRAC dira de Mitterrand ceci: «Je n’ignore pas la complexité du personnage, ni les zones d’ombre qui jalonnent son parcours, mais l’homme que je découvre au fil de nos entretiens m’apparaît d’une finesse de jugement et d’une intelligence tactique que j’ai rarement rencontrés dans le monde politique» … «Plus que ses idées, l’est la façon de les mettre en scène que la cohabitation m’a permis d’admirer chez François Mitterrand. «Salut l’artiste! m’est-il arrivé de penser en assistant à quelques unes de ses prestations.» Bel hommage que CHIRAC rend à celui qui lui a mis les bâtons dans les roues pendant la première et difficile cohabitation. Ils savaient aussi reconnaître le mérite de leurs adversaires politiques. Quand je me réfère à cet exemple et à bien d’autres témoignages dans le Livre, je me demande pourquoi, chez nous en Côte d’Ivoire, depuis la réinstauration du multipartisme en 1990, les discours de certains hommes politiques sont particulièrement violents. Pourquoi les leaders des jeunes, prétendant s’exprimer au nom de leurs leaders, empruntent un ton inutilement belliqueux? Quelle culture politique leur a été inculquée? Pourquoi ne sommes-nous pas en mesure d’avoir un ton courtois et poli? En tentant de répondre à ce différentes interrogations, j’ai été amené à me demander si nous tous qui «parlons politique» savons ce que c’est la Politique, un Etat et surtout ce que veut dire gouverner ou aspirer à gouverner un Etat? Je n’en suis pas convaincu. A la vérité, beaucoup parmi nous, sans éducation, ni culture aucune sur ces notions, nous nous sommes retrouvés concernés ou impliqués dans la politique. Nos déclarations et nos actions sont ainsi souvent aux antipodes de l’Etat et du véritable sens de la Politique. La preuve, c’est qu’après avoir été élu Président de la République, Député de la nation, Maire ou Président de Conseil Général, nous agissons pour un groupe, nous favorisons notre ethnie, notre région et les gens de notre clan. Alors pourquoi être surpris que ceux qui se sentent exclus décident de prendre leur destin en main en revendiquant violemment leurs droits? C’est peut-être sur cet angle qu’il nous faut analyser la déchirure sociale que connaît actuellement notre pays. Si après le décès du Père Fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët-BOIGNY, nous avions fait nôtre les sentiments qui ont animé Jacques CHIRAC le soir de son élection, nous ne serions pas dans cette situation de déchéance. CHIRAC a dit ce jour ceci: «En moi se mêlent des sentiments inexprimables qui sont ceux d’un homme heureux d’avoir atteint le but qu’il s’est fixé et qui doit prendre conscience, dans le même temps, d’incarner désormais l’espérance de tout un peuple et d’être en charge de son unité. Tels sont bien, à mes yeux, le rôle et la mission du chef de l’Etat sous la Vème République. Elu directement par le peuple, le Président de la République ne doit pas s’adresser à telle ou telle fraction, mais au peuple de France tout entier. Il doit veiller à garantir la cohésion nationale, et rechercher sans cesse et dans tous les domaines ce qui peut la renforcer. Car tout doit être fait pour apaiser les tensions, dans un pays, la France, dont l’histoire montre qu’il peut être enclin aux disputes, aux antagonismes, à des brusques embrasements. Je veux être le Président d’une France unie, riche de ses différences, capable de faire vivre ensemble des femmes et des hommes de toutes origines et respectueuses de toutes ses composantes humaines». Il est vrai que certains en Côte d’Ivoire, à tort ou à raison, sont heureux parce que ce Monsieur CHIRAC n’est plus aux affaires en France; Cependant ce qu’il a dit le jour de son élection à la Présidence française devrait inspirer ceux qui ont fait et continue de faire du rejet de l’autre et de la division des Ivoiriens, leurs fonds de commerce politique depuis plus de 10 ans. L’avenir de la Côte d’Ivoire se trouve dans la compréhension et l’acceptation de la philosophie du «Vivre ensemble» que le Président OUATTARA ne cesse de prôner et encourager chaque fois que l’occasion lui est donnée de s’adresser à ses compatriotes.
Joël N’GUESSAN