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Politique Publié le mercredi 21 avril 2010 | Notre Voie

“Mon combat pour la Côte d’Ivoire” - Le livre qui trahit Wodié

© Notre Voie Par Prisca
Parti ivoirien des travailleurs (Pit) - Pr. Francis Vangah Wodié, Premier secrétaire national
Le « testament » politique de Francis Wodié sorti cette année apparaît plus comme un miroir reflétant la psychologie, la nature véritable de l’auteur, qu’un témoignage de «son combat» pour la Côte d’Ivoire. Francis a tout simplement trahi Wodié. Livre-entretien de 378 pages, «Wodié, mon combat pour la Côte d’Ivoire» constitue le premier «témoignage-testament» politique écrit par Francis Romain Vangah Wodié, premier secrétaire, puis président du parti ivoirien des travailleurs (PIT). Rendu dans un style simple, accessible au grand public, il est sorti, en ce premier trimestre 2010 aux éditions NEI-CEDA. «Certains propos, certains comportements révèlent notre nature profonde, en dévoilant nos infirmités intérieures (morales, sociales, mentales et psychologiques)». Cette affirmation, tirée de la page 371, nous servira de porte d’entrée dans ce livre-entretien. Une longue interview réalisée par un journaliste ivoirien dont Francis Wodié parle en des termes dithyrambiques (P.13), sans dévoiler l’identité de celui-ci. Cet ouvrage se pose, en vérité, comme un miroir à travers lequel l’on appréhende la nature réelle de Wodié. Et contrairement à ce qu’il affirme dans le prologue (P.9), le président du PIT écorche les uns et les autres, et établit bien clairement la liste de ses amis et de ses adversaires, on pourrait même dire de ses ennemis, dans la classe politique ivoirienne. Il y a ceux que Francis Wodié hait viscéralement, avec à leur tête l’actuel Président de la République, Laurent Gbagbo. On peut aussi citer le député Kabran Appiah (transfuge du PIT), le Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel) et tous les cadres de la première heure du PIT qui ont quitté ce parti pour le FPI. Il s’agit notamment de Laurent Akoun, Bruno Gnahoulé-Oupoh, Assoa Adou, Raymond N’Dori. Il y a aussi ceux qu’il hait modérément comme le député Attéby Williams et l’ex-chef de l’Etat Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA. Et, enfin, celui qu’il aime, son allié véritable, l’ex-Premier ministre, Alassane Dramane Ouattara, président du RDR. Avec qui il avait quasiment échafaudé un plan, aux allures de déstabilisation du pays, lors de l’élection présidentielle d’octobre 2000. «J’ai rencontré Alassane Ouattara à mon initiative. Nous avons discuté longuement et amicalement. Je sollicitais les suffrages du RDR. Il m’a répondu que son parti n’irait pas voter et qu’il appelait à l’abstention, qu’il était persuadé que ce régime (issu des urnes) ne tiendrait pas longtemps. Il pensait qu’au bout de quelque temps, il y aurait une transition, un peu comme le propose le PIT, insinuant que je pouvais conduire cette transition» (P.197). Le vrai Francis Wodié La lecture du livre du président du PIT nous a permis de dresser un portrait psychologique de l’homme Wodié. Au-delà du professeur de droit, Wodié ; du fils, frère, père, de l’époux et du politicien Wodié. On découvre un homme haineux, rancunier, narcissique, adepte du culte de la personnalité, nerveux sous ses dehors silencieux. L’une des grandes manifestations de ce sentiment de haine est celle qu’il éprouve pour Laurent Gbagbo. Cette haine a visiblement pris racine à l’orée du retour au multipartisme dans notre pays. Elle s’est sédimentée lors des événements du 18 février 1992. Laurent Gbagbo, alors secrétaire général du FPI, s’est vu emprisonné par le régime PDCI tenu par le trio Houphouët-Ouattara-Bédié. M. Gbagbo est incarcéré à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), avec d’autres démocrates, dont des cadres du PIT, pour avoir protesté contre les violations des droits de l’homme dont ont été victimes les étudiants, dans la nuit du 17 au 18 mai 1991, à la cité universitaire de Yopougon, sur ordre du pouvoir. Faisant de nombreux blessés et des étudiantes violées. Francis Wodié ne figure pas parmi les leaders politiques arrêtés. Il ne prendra d’ailleurs pas part à la marche de protestation du 18 février, contrairement à de nombreux cadres de haut rang de son parti. Sortis de prison, ces cadres du PIT, qui ont trouvé l’attitude de leur premier secrétaire «curieuse», condamneront ses options. Ils créent un courant dénommé «PIT originel», avant de quitter le parti pour le FPI (PP.146-147). Pour Francis Wodié, il s’agit «d’un complot ourdi depuis la MACA». Il voit la main de Laurent Gbagbo derrière cet état de fait. «On se demande quelle potion magique, il (Gbagbo) a pu leur faire avaler pour réussir à les retourner comme des crêpes» (P.143). Assoa Adou, l’un des cadres du PIT qui ont rejoint le FPI, est qualifié de «varan» par Wodié (P.148). Les attaques contre Gbagbo et le FPI émaillent tout l’ouvrage. «La pratique du régime FPI n’est pas en accord avec les principes et les règles d’un parti de gauche» (P.115). Ou encore «les gens du FPI sont vicieux» (P.315). Le président du PIT verse même dans l’injure en parlant «d’inconscience et d’irresponsabilité» du régime FPI (P.358). S’agissant de Laurent Gbagbo, Wodié le perçoit comme Lucifer, le diable. Qui a toujours eu, selon lui, pour objectif de faire main basse sur le PIT (P.51). Wodié accuse Gbagbo d’avoir manipulé, puis récupéré Appiah Kabran, alors que le président du PIT, qui prévoit de se retirer de la tête du parti après la présidentielle de 2010 (P.365), envisageait, en secret, d’en faire son successeur. Il en est de même pour Attéby Williams dont le départ pour le FPI est ressenti par Wodié comme un coup de poignard. Tous ces faits cumulés incitent Francis Wodié à se réjouir sous cape des «malheurs» du Président Laurent Gbagbo et de son pouvoir. Tentative de coup d’Etat muée en rébellion armée, scandale des déchets toxiques (P.331), crise dans la filière café-cacao (P.333), etc. «L’homme sera-t-il jamais plus grand que lui-même», écrit-il à propos du chef de l’Etat (P.362). Comme pour dire que Laurent Gbagbo n’est pas à la hauteur de la charge nationale qu’il occupe. Narcissique, Francis Wodié l’est en abondance. Il s’autocélèbre pour son parcours intellectuel. «Mon influence et le rayonnement intellectuel dont je jouis me précèdent et me suivent partout» (PP.84-102). Au plan politique, le PIT, c’est lui et personne d’autre (PP.119-228). Wodié allie culte de la personnalité et totalitarisme pour régner sur le PIT. Il estime que les ministres issus du PIT doivent d’abord prendre les ordres auprès de lui, avant de s’en référer au gouvernement en toute chose. Jacques Andoh, alors ministre de l’environnement, l’a appris à ses dépends (P.303) Wodié, Ouattara et Bédié S’il y a un homme politique qui a trouvé grâce aux yeux de Francis Wodié, c’est bien Alassane Dramane Ouattara. Wodié pense même qu’ils sont identiques et «mieux» que les autres. «Ouattara et moi avons appris à mieux nous connaître et à nous apprécier mutuellement, en étant aujourd’hui à nous regarder comme des amis, ayant tous les deux la manière qui fait défaut aux autres, par-delà nos divergences politiques», soutient Francis Wodié (P.154), sans indiquer «la manière qui fait défaut aux autres» et qu’ils ont, Ouattara et lui en commun. On retiendra simplement que Ouattara et Wodié, c’est blanc bonnet, bonnet blanc. Par contre, même s’il fut membre du gouvernement Kablan Duncan sous Henri Konan Bédié, Wodié n’apprécie pas beaucoup le successeur d’Houphouët. Selon le président du PIT, Bédié est un menteur (P.96). Tout comme il le trouve associable. A preuve, en 2005, Wodié, qui était de passage à Paris (France) où il «a échangé» avec Ouattara, sollicite une rencontre avec Konan Bédié qui refuse de le recevoir. «Depuis quand tu es là, et c’est maintenant que tu m’appelles ?», lui a demandé Bédié au téléphone (P.220). A Paris, les échanges entre Ouattara et Wodié ont porté sur «la transition à travers la concertation nationale». Leurs vues sont convergentes : écarter vaille que vaille Gbagbo du pouvoir. Francis Wodié accuse Laurent Gbagbo d’avoir refusé d’appliquer l’accord de Linas-Marcoussis (P.219). C’est tout naturellement que Wodié, à qui, selon Ouattara, Jacques Chirac et Pierre Mazeaud voulaient voir occuper le poste de président du Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire et que Gbagbo a refusé, ne soutient pas l’accord de Ouagadougou (PP.236-258). Il estime même que cet accord a échoué. Ascendance, adolescence, années étudiant marquées par un emprisonnement par le régime Houphouët en 1967, exil en Algérie en 1973, carrière universitaire, vie familiale (ses épouses : la précédente, Marie-Thérèse de Souza, d’origine béninoise et l’actuelle, l’ivoirienne Victorine Gboko, ses enfants), ses amis, dont l’un, Bernard N’Doumi, l’actuel directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), assurera la préface de son livre-entretien, tout est mis à nu dans «ce testament». Didier Depry didierdepri@yahoo.fr
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