Que veut finalement le chef de l’Etat ivoirien ? C’est logiquement l’interrogation qui s’impose après l’observation des positions et discours changeants du Président de la République Laurent Gbagbo. Tantôt, c’est lui qui dit que la guerre est finie, et que plus rien ne peut encore s’opposer à la tenue des élections en Côte d’Ivoire. A Bouaké et à Séguéla, Laurent Gbagbo avait annoncé les élections pour bientôt, invitant même ses adversaires à s’apprêter pour les urnes. Il est le père de la fameuse phrase, « allons aux élections vite, vite, vite » qu’il avait lancée depuis le stade de la paix de Bouaké, lors de la flamme de la paix qui consacrait le désarmement des rebelles en 2007. Oui ! Des armes ont été brûlées à Bouaké en présence de certains chefs d’Etat africains qui avaient été invités par leur homologue ivoirien, pour être témoins de cette étape importante dans la résolution de la crise ivoirienne. Tantôt, c’est lui qui sillonne les régions sous contrôle des forces nouvelles comme la région des montagnes, le Bafing, le Worodougou, le Denguelé, et la région des savanes en déclarant que la guerre est très loin derrière nous. C’est encore le même qui exige le désarmement avant les élections, sous prétexte que des personnes détiennent illégalement des armes. De quelles armes parle-t-il ? Celles qu’il a brûlées le 30 juillet 2007, à Bouaké ou d’autres armes ? Celui qui disait être pressé d’aller aux élections, avait surpris plus d’uns en affirmant : « C’est moi qui ai le stylo pour signer les décrets, et je ne vous ai pas encore dit que je suis fatigué ». Non! Avec tout cela, le Président Gbagbo choisit délibérément de retarder le processus électoral en faisant un usage abusif de l’article 48 de la constitution pour dissoudre la CEI et le Gouvernement. Outre ces actions qui frisent la dictature, Laurent Gbagbo et ses sbires demandent l’audit de la liste blanche qui elle, ne souffre d’aucune suspicion, de la recomposition des CEI locales et la reprise de toutes les opérations liées au processus de sortie de crise. Par leur faute, le processus est ankylosé depuis des mois et les Ivoiriens continuent de crouler sous le poids des difficultés. Comme il fallait s’y attendre, le chef de l’Etat, est monté au créneau, à l’occasion de la fête du travail, pour promettre encore les élections en 2010. En homme rusé, Laurent Gbagbo sait que les Ivoiriens, dans leur ensemble, attendent un tel message de sa part. Mais, quel crédit accorder à ce message, lorsqu’on sait qu’à maintes occasions, le Président de la République a fait de semblables promesses qu’il a lui-même rendues irréalisables sur le terrain? Alors, si Laurent Gbagbo fait encore une promesse de la tenue des élections en 2010, ce n’est pas nouveau. C’est une promesse qui subira indubitablement le même sort que ses aînées à cause de la versatilité de son auteur. Finalement, on est en droit de se demander ce que veut réellement le chef de l’Etat. Si ce sont les élections ou leur contraire, car, dans la pratique, Laurent Gbagbo ne pose aucun acte qui traduise sa volonté d’aller aux élections. Espérons tout simplement que cette fois, sera la bonne.
Rodolphe Flaha
rflaha@yahoo.com
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