Au lendemain du report, par les présidents Bédié (Pdci) et Alassane Ouattara (RDR), de la marche projetée par le Rjdp, Jean Baptiste Akrou, Directeur général de Fraternité Matin, a cru opportun et intelligent de pondre un éditorial dans "son journal" pour pousser les " extrémistes dehors ! ". Il n'y est pas allé de plume morte en distribuant des cartons rouges " aux organisateurs de la marche et tous ceux qui les soutenaient (qui) ont péché par outrance verbale. " Dans cet exercice périlleux, Anaky Kobena du Mfa et Mabri Toikeusse de l'Udpci ont fait les frais de la sentence d'Akrou qui les a accusés d'avoir lancé un " appel à l'insurrection populaire ". A ces deux leaders qu'il voue aux gémonies, il a crié : " Dehors, les extrémistes et autres adeptes de solutions bâtardes, expérimentées à Madagascar, en Thaïlande, et qui ont produit des effets désastreux sur la cohésion sociale et fait peser une grosse hypothèque sur l'économie, sur l'avenir ". Les jeunes et les femmes du Rhdp ont aussi été tenus pour responsables, par Akrou, de la " chienlit et l'anarchie " “qu'aurait instaurées la marche du 15 mai 2010”. Et de toutes les façons, pour Akrou, qui était certainement dans le secret des dieux, " Laurent Gbagbo n'aurait pas accepté de s'offrir en mouton du sacrifice. En sa qualité de président de la République, chef suprême des armées, il aurait réquisitionné toutes les forces de défense et de sécurité pour faire échec à la chienlit. " En plus, au-delà de la haine que le premier responsable du journal pro-gouvernemental a servie aux leaders de l'opposition, il dévoile clairement ce qui devait advenir de Bédié et de Ouattara si la marche avait eu lieu. Le plan secret du Fpi qu'il n'aurait pas manqué de mettre à exécution était l'arrestation pure et simple, après inculpation, des deux " figures emblématiques et représentatives de l'opposition ", à savoir les deux têtes du Pdci et du Rdr. En réalité, l'édito à dose de diatribe et d'invectives avec foule d'images hyperboliques du Directeur général de Fraternité matin trahit le sombre dessein de Laurent Gbagbo et de son camp à l'encontre de ces deux leaders. Akrou n'a pas " lancé cauris ", il a dit ce qui devait être : " La majorité des manifestants provenant du Pdci et du Rdr, il est indéniable que c'est Bédié et Ouattara qui auraient été désignés responsables de la tragédie. On aurait oublié tous ceux qui ont attisé le feu et joué aux fous du roi pour n'inculper que les figures emblématiques et représentatives de l'opposition ", a-t-il révélé. A lire de tels propos graves écrits avec autant de légèreté, on se rend bien compte que ce qui tue la Côte d'Ivoire, c'est le trop plein de zèle dans les actes, les dires et les pensées des porte-canne et autres cerbères du régime pour justifier leur pitance. Sinon, Akrou n'aurait pas employé les termes dépréciatifs comme " honorables septuagénaire et sexagénaire " pour désigner Bédié et Ouattara dans : " Imaginez-vous les deux honorables septuagénaire et sexagénaire à la Maca en application de la loi anti-casse votée sous leur pouvoir ? " Rien que du mépris ! Alors que tous parlent aujourd'hui le langage de l'apaisement et de la paix, il y a des gens comme Jean-Baptiste Akrou qui s'amusent à " attiser le feu et à jouer aux fous du roi ". Alors même que des caciques du régime comme Affi N'guessan et Yao Paul N'dré saluent la sage décision de Bédié et de Ouattara. C'est vrai : " trop parler, c'est maladie ". Et Akrou a trop parlé pour ne déverser que bile et venin. Le contexte actuel de précaire accalmie exige que chacun tourne sept fois la langue avant de parler. En ayant une telle démarche, M. Akrou se met hors-jeu du processus de paix.
Dr François Konan
franoiskonan_ci@yahoo.fr
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