Tout est à la gloire du chef de la refondation. Tout ce qu’il fait est fantastique, extraordinaire, génial. En septembre 2002 quand la guerre éclate et qu’il revient d’Italie, il devient le courageux quand il refuse les conseils de ceux qui lui demandent de négocier avec les rebelles, et déclare qu’il sortira le glaive contre ces « imprudents mal inspirés ». Parce que pour lui, c’est rameau d’olivier contre rameau d’olivier et épée contre épée. Il promet de nettoyer Abidjan et d’aller libérer Bouaké. Après avoir rasé les bidonvilles de la capitale économique comme aujourd’hui et fait tuer de pauvres civils aux mains nues, il échoue aux portes de la capitale de la région de la Vallée du Bandaman. Quand, devant la vanité de son projet, il change de discours et entre en négociation avec ces mêmes rebelles, ceux qui avaient applaudi son courage et sa bravoure, se sont mis à louer son esprit d’ouverture, de tolérance. Le concept qu’il croit avoir inventé, le dialogue direct, devient une matière à enseigner dans toutes les universités du monde. Le génie qu’ils lui attribuent, venait encore de se manifester. Bientôt, grâce à cet esprit créatif, la Côte d’Ivoire, en dix petits mois allaient sortir de la crise. Mais, plus de 36 mois après, la crise est encore présente. Le pays est loin de sortir du tunnel. Récemment, celui qui a tout inventé, rend visite à certains de ses opposants. Et on voit en perspective, un autre concept qui se dessine : le dialogue entre ivoiriens. Ses courtisans ont déjà embouché la trompette de la glorification. Le génie a frappé une fois de plus. Il est devenu celui qui tend la main aux autres. Celui qui se soucie le plus des intérêts du pays. Celui qui estime que les Ivoiriens peuvent s’assoir entre eux, discuter et trouver des solutions à leurs problèmes. En refusant, dès le départ de discuter avec le chef de la rébellion, Guillaume Soro, notre génie n’avait pas encore su que le dialogue direct pouvait éviter à la Côte d’Ivoire tout ce qu’elle a vécu. Certains de ses fils auraient échappé à la mort gratuite. En lançant le dialogue direct, échanges exclusifs entre les deux belligérants comme on dit, le génie n’avait pas imaginé qu’un dialogue incluant les principaux animateurs de la classe politique nationale était plus utile. Ses propres courtisans nous font découvrir que le grand génie a des limites et qu’il navigue à vue. Il passe d’une expérience à une autre. Nous croyions qu’un génie était celui qui, dès les premiers instants d’une crise ou d’un problème, propose ou trouve la solution idoine. Nous nous trompions. Vraiment sous la refondation, il est très facile de se proclamer génie politique inégalable. Si d’aventure le génie organisait ce dialogue des Ivoiriens, sur le sol ivoirien, combien d’années allons-nous encore mettre pour nous rendre compte qu’il fallait associer nos ancêtres à cette concertation ? On promettra quatre mois pour en arriver à plusieurs multiples de quatre. Courage Ivoiriens, le chemin est encore long et notre génie, débordant d’imagination, est bien en place !
Raoul Mapiéchon
Raoul Mapiéchon