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Société Publié le samedi 29 mai 2010 | L’expression

Côte d’Ivoire : Les zones où le droit s’arrête

L’opération d’assainissement de la ville d’Abidjan, en prélude aux assemblées annuelles de la Bad, a montré qu’il existe en Côte d’Ivoire, des zones de non droit. Les cités universitaires et la Sorbonne au Plateau en sont des preuves.

L’annonce de la tenue des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (Bad) en Côte d’Ivoire et le toilettage de la ville d’Abidjan qui s’en est suivi a eu, entre autres mérites, de mettre à nu la « laideur » des lois ivoiriennes. L’on a vite fait de comprendre une réalité tangible et presque banale qui meuble le quotidien des Ivoiriens: le règne de la justice à deux vitesses. Ce n’est pas un leurre sur les bords de la lagune Ebrié. En Côte d’Ivoire, il y a les uns et il y a les autres. Parlons d’abord des autres. Ils sont le gros du lot de la population. Ils subissent la rigueur de la loi. Sans broncher.

Lorsque l’édit est tombé qu’il faille débarrasser les rues abidjanaises des «détritus» qui pourraient «agresser» les regards du gouverneur de la Bad, Donald Kaberuka et ses collaborateurs, les maires en application de la loi, ont sorti les karchers pour la grande toilette.

Ils ont lancé les gardes municipaux derrières les chauffeurs de wôro-wôro et les commerçants ambulants. La chasse à l’homme a été confortée par l’action de la police nationale. Conséquence: les communes d’Abidjan, notamment, le Plateau, en un laps de temps, ont retrouvé leur fière allure d’antan. Les usagers des wôrô-wôro ont fait beaucoup de bruits en grinçant les dents. Mais, c’était le prix à payer pour encourager les autorités de la Bad à retourner au bercail, dans leur nid vert d’Abidjan.

Parlons à présent des autres. Ils représentent la minorité. Ils sont au-dessus du droit. Les lois et les décisions de justice ne leur sont pas opposables. Ils sont en fait les pupilles de la République.

Ils soutiennent le régime ivoirien dans sa «guerre» de résistance contre la France. Ils se mobilisent lorsque le pouvoir claque le petit doigt pour montrer à la face du monde qu’il reste le seul maître du jeu politique en Côte d’Ivoire.

On les retrouve en majorité dans les cités universitaires, dans les parlements, agoras et autres Sorbonne à la sauce ivoirienne. Ils ne subissent pas la rigueur de la loi. C’est plutôt eux qui en imposent et qui dictent leur loi. Le maire du Plateau, la commune des affaires, Akossi Bendjo, a fait les frais des enfants «gâtés» du régime, lundi, lorsqu’il s’est attaqué, dans le cadre des travaux d’assainissement, à la Sorbonne.

Nado Clément et Richard Dakouri ont opposé un refus catégorique.

Les pupilles de la République, sous la refondation, clament à qui veut les écouter qu’ils ne bougeront pas de «leur territoire». Pour des raisons de salubrité publique, le maire persiste et signe qu’il va déloger les sorbonnards. Dans ce face-à-face, le silence des pouvoirs publics est plus qu’inquiétant. Pierre Amondji, gouverneur du district d’Abidjan, comme Ponce Pilat, a décidé de s’en laver les mains. Il s’affaire plutôt à regarder ailleurs. Le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, feint de ne pas voir cette grosse poutre qui est dans son œil. Du coup, Akossi Bendjo se retrouve seul contre des sorbonnards armés de machettes et de gourdins dans cette opération de déguerpissement pourtant décidée au plus haut sommet de l’Etat.

Le premier magistrat de la commune a même indiqué, lundi, à la presse que l’un des tenants de la Sorbonne, Nado Clément, est allé le menacer avec une arme à feu dans ses bureaux à la mairie.

Le ministre de l’Intérieur, si prompt à sévir dans d’autres cas, négocie un modus vivendi pour que le maire du Plateau ferme les yeux sur le bazar qui s’opère au vu et au su de tous à la Sorbonne.

Tout le monde sait que les agents de la mairie ne lèvent pas de taxes en ce lieu où prospèrent toutes sortes de commerces illicites… On parle même commerce de sexe à l’ombre du bâtiment des 60 logements! Les artistes qui en avaient ras-le-bol de voir leurs œuvres piratées et vendues en ce lieu ont fait une descente sur la Sorbonne. La suite, on la connaît, ils ont été molestés sous les yeux des forces de l’ordre qui ont assisté à la scène impuissantes. Car, il faut respecter la consigne: ne pas toucher aux pupilles de la Refondation.


K. Marras. D
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