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Politique Publié le samedi 19 juin 2010 | Le Patriote

Fraudes aux concours d’entrée à la Police, Zasso Patrick (Porte-parole d’ADO) averti: “Le FPI prépare sa propre armée pour confisquer le pouvoir”

Zasso Patrick, porte-parole des jeunes du candidat des Républicains, Alassane Dramane Ouattara tire la sonnette d’alarme, lors de cette interview, sur les menaces que font planer les recrutements tribalistes du FPI à la police nationale, sur le processus de sortie de crise.

Le Patriote : Le Front Populaire Ivoirien (FPI) a-t-il décidé de faire sa mue avant les élections.

Depuis quelques jours, certains de ses cadres dénoncent des cas de fraudes aux concours d’entrée à l’Ecole Nationale de Police. Comment interprétez-vous cette sortie de ces cadres du FPI?

Patrick Zasso : Mamadou Koulibaly vient de faire de graves révélations. Il faut aussi dire que ces sorties du président de l’Assemblée nationale ont permis au FPI de se retrouver en secrétariat exécutif. Et au cours de cette réunion, selon la presse, il y a eu encore d’autres révélations qui ont été faites concernant les postes attribués exclusivement à la première dame, Simone Gbagbo, au président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, au député Sokouri Bohui, et à certains cadres du FPI. Je crois qu’il s’agit de révélations très graves. Elles sont tellement graves qu’elles méritent d’être prises très au sérieux. Je pense qu’il faut même pousser la Justice à se saisir de ce dossier.

Puisque le FPI l’a fait au temps de Beugré Mambé, l’ancien président de la Commission Electorale Indépendante (CEI) enusant d’un prétexte de dysfonctionnement au sein de cette entité. Ce prétexte a permis au FPI de dissoudre la CEI et le Gouvernement. Mais, aujourd’hui, il s’agit de ce même dysfonctionnement. Nous demandons au chef de l’Etat, Laurent Gbagbo de nous expliquer comment nous sommes arrivés à cette situation. Parce qu’il ne peut pas prétendre qu’il n’est pas au fait puisqu’un quota des admis au concours de la police est réservé à son épouse Mme Simone Gbagbo. Il ne faudrait pas que Mamadou Koulibaly se limite seulement à Désiré Tagro.

Parce que c’est le chef de l’Etat qui doit nous expliquer cette situation. C’est bien lui qui a pris des décisions en prétextant que Mambé a fraudé. Et en fonction de cela, il a dissous le Gouvernement et la CEI alors que nous étions à deux semaines de l’affichage de la liste électorale. Et le chef de l’Etat nous a ramenés en arrière. Mamadou Koulibaly n’est pas n’importe qui. Il est la deuxième personnalité du pays. Sa déclaration doit être prise au sérieux. Je demande à Mamadou Koulibaly de ne pas tourner autour du pot. Il faut qu’il accuse le vrai responsable de ce scandale, c’est-à-dire le président de la république, Laurent Gbagbo. S’il veut véritablement rentrer dans l’histoire de la Côte d’Ivoire qu’il ait le courage de dénoncer le chef de l’Etat.

LP : Sur ce point, pensez-vous qu’il revient à Mamadou Koulibaly de faire le travail de l’opposition ivoirienne?

PZ : J’assume généralement ce que je dis. L’opposition ivoirienne n’est pas encore mature. Mais le problème ne doit pas être limité à l’opposition ivoirienne. Il y a aussi la société civile. En 1991, lorsqu’il y a eu l’expédition de la Firpac (Force d’Intervention Para Commando, ndlr) à la cité universitaire de Yopougon, c’est la société civile qui est monte au créneau pour dénoncer cet état de fait. Comment se fait-il qu’aujourd’hui aucune structure de la société civile ne rebondisse sur cette affaire ? C’est à croire qu’il n y a plus de société civile dans ce pays. Elle devrait prendre position. L’Ecole Nationale d’Administration n’est pas n’importe quelle structure. C’est dans cette structure que sont formés les cadres de la Fonction publique. Aujourd’hui, on parle de fraude à l’ENA et personne ne manifeste. Et les gens pensent qu’il s’agit d’une guerre entre Mamadou Koulibaly et Désiré Tagro. Mais non, il ne s’agit pas de cela. Le président de l’Assemblée nationale vient de faire des révélations graves. Et les Ivoiriens doivent se servir de ces révélations pour prendre position dans le débat. Et le chef de l’Etat doit s’expliquer sur cette situation. Il doit s’expliquer parce que non seulement son épouse est impliquée dans cette affaire, mais également, le président de son parti, Pascal Affi N’Guessan. Le procureur de la République doit se saisir de ce dossier. On ne peut avoir une justice qui sert uniquement à créer des situations pour empêcher les élections. Il faut une justice qui défende véritablement les droits des Ivoiriens.

LP : Pourquoi selon vous, ces révélations sur les fraudes au concours et particulièrement celles de l’Ecole de Police doivent être prises au sérieux?

PZ : Dans le compte rendu de la réunion du FPI, selon la presse, 2/3 des postes à l’école de la police sont attribués aux cadres du FPI. Ces 2/3 sont un potentiel électoral du FPI. Il faut dire aussi qu’il s’agit pour une bonne part, des parents de la première dame, des membres de la même ethnie de Pascal Affi N’Guessan et aussi de Sokouri Bohui. Ce sont toutes ces personnes qui rentrent dans l’armée et la police. Mais ce que les gens ignorent c’est que ces personnes constituent une armée pour le FPI. C’est ce qui est dangereux. Aujourd’hui, quand l’opposition sort dans la rue, c’est cette armée qui tue. Demain, lorsqu’on va donner les résultats des élections, c’est cette armée qui va sortir pour confisquer le pouvoir comme ce qui s’est passé en 2000 sous Guéi Robert. En 2000, il y a avait une majorité de militaires qui s’était ralliée à Laurent Gbagbo pour déstabiliser Guéi Robert. Sinon, ce n’est pas parce ce dernier avait perdu les élections. Imaginez un peu. Ces personnes qui grâce à Simone Gbagbo, Affi N’Guessan et Sokori Bohui, portent le treillis, pensez-vous que ces derniers vont accepter les résultats des élections ? C’est une milice tribale qui a été formée. C’est donc une bombe à retardement. Et nous devons le prendre au sérieux. Voici pourquoi le procureur doit se saisir de ce dossier parce qu’il est extrêmement important. Même l’opposition ne doit pas se taire sur cette affaire. Nous devons saisir cette opportunité. Parce que quand les résultats des élections seront proclamés demain, je reste convaincu que le FPI fera sortir cette milice pour s’opposer à ces résultats. Ils savent qu’ils ne peuvent pas gagner ces élections. L’image du FPI est ternie au plan national. Malgré les différents sondages, les différents débauchages et la télévision, ils sont frileux devant les élections.

Pourquoi direz-vous ? C’est tout simple. Le FPI n’a plus le soutien des Ivoiriens. Donc c’est sur cette armée qu’il compte s’appuyer pour confisquer le pouvoir. Et l’opposition voit cela. C’est cette même police qu’ils envoient pour tuer nos militants à Gagnoa. C’est cette même police qu’ils prennent pour aller tuer à Divo et ailleurs. Je crois que l’opposition, la société civile et les Ivoiriens doivent se lever pour s’opposer à cette façon de faire. Le problème de la Côte d’Ivoire n’est pas un problème d’Alassane Ouattara et de Bédié. C’est le problème de tous les Ivoiriens au-delà de leur appartenance ethnique et idéologique. C’est une affaire que nous devons saisir de nous-mêmes. Nous souhaitons que tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire rendent compte à la nation ivoirienne. J’aimerais profiter de cette occasion pour interpeller Kimou Raymond. Qu’il cesse d’être un militant du FPI. C’est lors de cette affaire qu’on devait le voir prendre ses responsabilités.

LP : Mais justement, comment expliquez-vous le silence qui règne autour de cette affaire quand on sait quand même que le procureur de la république, s 'est souvent auto-saisi d’affaire moins importante que celle-là?

PZ : C’est quand même un manque de responsabilité de certaines autorités de ce pays. Kimou Raymond, s’est contenté jusqu’à ce jour, de se comporter plus en militant du FPI qu’en procureur de la République. C’est quelqu’un qui passe son temps à rendre hommage au chef de l’Etat et à prendre ses ordres au palais. Et il n’a jamais compris que sa fonction est l’un des piliers de la démocratie. La Côte d’Ivoire deviendra véritablement un pays démocratique lorsque des hommes comme Kimou Raymond décideront de jouer pleinement et de manière impartiale leur rôle dans la nation. Aujourd’hui, l’Etat ivoirien vient d’être bafoué. Le FPI recrute des gens sur des bases essentiellement tribale pour les mettre dans la police et autre. A l’analyse, ça coule de source : le parti de Laurent Gbagbo prépare sa propre armée pour confisquer le pouvoir. C’est dangereux. Et l’unité et la cohésion du pays sont en train d’être mis à mal. C’est justement pour toutes ces dérives ethnocentristes et tribalistes que nous avons pris nos distances vis-à- vis du FPI. Ainsi, depuis 2005, nous avons constaté cet état de fait, nous avons pris nos responsabilités. C’est d’ailleurs pourquoi, nous avons toujours été à l’aise pour dénoncer un certain nombre de choses.

LP : Comment expliquez-vous qu’après avoir dénoncé un certain nombre de pratiques dans l’opposition, le FPI tombe, aujourd’hui, dans les mêmes travers?

PZ : Vous savez, le FPI n’est rien d’autre qu’un groupuscule de théoriciens qui ont passé leur temps à lire des livres sur la révolution. Ils sont plus théoriciens que praticiens. Le FPI n’a jamais été véritablement préparé à gérer les affaires d’Etat. C’est pourquoi, je dis qu’un homme comme Mamadou Koulibaly s’est retrouvé de façon accidentelle au FPI. Au-delà des calculs politiciens, il faut reconnaître que sa place n’est pas au FPI. Il est trop intelligent pour se retrouver dans ce parti. Tant qu’il restera dans ce parti, il ne pourra pas réaliser ceà quoi il rêve pour son pays. Si réellement Mamadou Koulibaly aime la Côte d’Ivoire, il doit prendre position pour qu’ensemble nous puissions sauver le pays. Nous avons vu aux Etats Unis. Il y avait certains cadres qui étaient républicains mais lorsqu’ils ont vu les difficultés aux Etats Unis, ils n’ont pas hésité à soutenir la candidature de Barak Obama. Je n’invite pas Mamadou Koulibaly à venir soutenir la candidature du Dr Alassane Dramane Ouattara. Je lui demande simplement de s’inscrire dans la dynamique de changement du pays.

LP : Ne pensez-vous pas que ces sorties de Mamadou Koulibaly ne visent finalement qu’un seul objectif qui est de redorer l’image de Laurent Gbagbo ternie par de nombreux scandales?

PZ : En effet, c’est ce qu’il essaie de faire. Mamadou Koulibaly a dit des choses justes et cohérentes mais en même temps, il profite de cette situation pour dire que ce n’est pas Gbagbo le mal de la Côte d’Ivoire mais plutôt Désiré Tagro. Il blanchit le chef de l’Etat et Désiré Tagro devient le mouton du sacrifice. C’est ce qu’ils ont l’habitude de faire. En Février, c’est cette même stratégie qui leur a permis de dissoudre la CEI et le Gouvernement. Aujourd’hui, Mamadou Koulibaly demande un nouveau cadre institutionnel. Pourquoi ? Il annonce la fin de l’Accord Politique de Ouagadougou (APO) et demande au chef de l’Etat de mettre en place un nouveau cadre constitutionnel. Une nouvelle équipe pour quoi faire au juste ? Les Ivoiriens n’ont pas besoin d’une nouvelle équipe. Il faut accompagner le Premier ministre Soro Guillaume jusqu’à ce qu’on nous donne une date pour l’élection présidentielle. Il faut qu’on distribue les cartes d’identité des Ivoiriens. C’est de cela que nous avons besoin. Et pas d’autre chose. Nous ne disonss pas à Mamadou Koulibaly et à Laurent Gbagbo que nous avons besoin d’un autre accord. Beaucoup d’argent a été investi dans cet accord. Il faut donc qu’ils comprennent que le FPI n’est pas condamné à prendre les Ivoiriens en otage. La Côte d’Ivoire n’est pas à eux seuls. Ils ne détiennent pas le titre foncier de la Côte d’Ivoire. Si Gbagbo a échoué, il faut que Mamadou Koulibaly lui dise qu’il a échoué. Je n’ai jamais été d’accord avec la décision du dernier congrès du FPI qui consacre Laurent Gbagbo comme le candidat de ce parti. Je n’ai pas manqué de le faire savoir, en son temps, dans les parlements et agoras. J’ai dis que Gbagbo ne devait pas être candidat. Les gens m’ont traité de tous les noms. Des cadres du FPI m’ont même traité de vendu. Je leur ai dis que Gbagbo ne devait pas être candidat à cette élection présidentielle parce qu’il a échoué. Nous savons comment il a pris ce pouvoir. Ce n’est pas par la voie démocratique. C’est par l’usage de la violence que ce pouvoir a été donné à Laurent Gbagbo. On attendait quelque chose de lui en retour. Mais rien n’a marché. Dans ces conditions, nous devons l’écarter et choisir un autre candidat. C’est ce courage qui, justement, manque à Mamadou Koulibaly. Il ne s’agit pas seulement de soigner l’image du FPI et de son président candidat.

Edgar Kouassi
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