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Société Publié le mercredi 23 juin 2010 | L’expression

Détournement présumé au FPM - Tout ce qui n’a pas été dit

Le Fonds de prévoyance militaire est dans la tourmente. Depuis une semaine, les responsables de la structure sont sous les verrous pour, dit-on, détournement de biens publics et privés.


L’affaire fait grand bruit, en ce moment, au sein de la Grande muette. Décembre 2009. Sur une plainte du chef d’état-major, le général Mangou Philippe, plusieurs dirigeants du Fonds de prévoyance militaires (Fpm) sont auditionnés. Les motifs sont les suivants: abus de confiance et détournement de biens publics et privés. Une enquête judiciaire est ouverte par le commissaire du gouvernement.
La plainte a été portée alors même qu’un audit qui avait été ordonné par le chef d’état-major était en cours. Il portait sur les études actuarielles, organisationnelles, financières et comptables du Fpm.
Le 28 mai 2010, le rapport de l’audit actuariel est présenté aux autorités militaires. Les audits organisationnels, comptables et financiers, eux, n’ont pas été présentés. Une deuxième rencontre est organisée le 10 juin 2010 et présidée par M. Ettien Amoakon, directeur de cabinet du ministre de la Défense. Un exposé est fait par les deux cabinets, Startec-arc et Deloitte et touche, commis pour effectuer les différents audits. Et ce, en présence des délégations de toutes les unités y compris les responsables du Fpm qui, la veille étaient rentrés de mission de la Suisse. L’après-midi, des arrêtés datant du 9 juin 2010 sortent pour démettre l’équipe dirigeante du Fpm et dissoudre l’assemblée générale du Fpm. Un directeur général intérimaire est nommé.
Le vendredi 11 juin 2010, le colonel N’Golé Mogomin, DG du Fpm depuis mai 2001, est invité à se rendre à la Brigade de recherche de la gendarmerie. A son arrivée, il est informé que le commissaire du gouvernement le met aux arrêts pour détournement de biens publics et privés.
Trois autres officiers, les colonels, Akouassa et Cissé et le commandant Digbeu, tous responsables à divers niveaux au Fonds de prévoyance militaire, sont placés aussi sous les verrous à la Maison d’arrêt militaire d’Abidjan (Mama).
Il leur est reproché, dit-on, d’avoir détourné la somme de 220 millions de Fcfa destinés aux soins ambulatoires des quatre mille appelés (2002/2003) sous le drapeau à la suite de l’éclatement de la crise armée en 2002. Les 220 millions représentaient la part de cotisation des appelés pour la couverture de leurs frais médicaux par le fonds. Il est reproché, en outre, au DG d’avoir acheté pour son propre compte le ‘‘Palm club’’, un établissement hôtelier à Cocody. «Le DG se paie un hôtel à six milliards de Fcfa», titrait, le jeudi 10 juin, le quotidien ‘‘Nord Sud’’. Selon nos sources, aucun des mis en cause n’a, jusqu’à présent, été auditionné. Chacun y va de son commentaire sur cette affaire aux contours brumeux.

Les faits. Suite à un accord intervenu entre l’Etat (Laurent Gbagbo) et les quatre mille appelés des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire, le 21 mars 2006, il a été décidé de loger la somme de 220 millions de Fcfa dans les caisses du Fonds de prévoyance militaire aux fins de régler les factures médicales de ces militaires dont la situation était en instance de régularisation. Un chèque est alors libéré, le 22 mars 2006, par le comptable public du Fonds de soutien aux Forces armées nationales et défalqué sur son compte de fonctionnement. Le bon qui accompagne le chèque est ainsi libellé: «Frais de cotisation des quatre mille appelés pour couverture médicale à compter du 1er avril 2006». Seulement voilà, un an après, tous les appelés sont réengagés dans l’armée. Ils deviennent automatiquement adhérents du Fpm donc bénéficiaires des prestations qu’assure cette structure. Entre temps, sur les 220 millions de Fcfa, 96.042.769 Fcfa ont été dépensés dans le cadre des soins des soldats de la classe 2001-1A et 2002-1A. Le reliquat est donc de 123.957.231 Fcfa.

L’élément déclencheur


C’est le quotidien ‘‘Le Nouveau Réveil’’, dans sa livraison n°2548 du 10 juin, qui révèle le fond de l’affaire.
«Tout va basculer en juillet 2009 quand, selon nos sources, l’épouse légale du Directeur général du Fpm, Mme Rose N’Golé, se rend à l’état-major et informe le Cema du train de vie de son mari qui dilapide, selon ses propos, les fonds des militaires avec sa maîtresse, Me Allou Monique Akoua, notaire de profession et du Fpm. Elle dégage donc d’avance sa responsabilité et celle de ses enfants au cas où le scandale venait à être découvert», écrit le confrère.
A en croire notre confère, les déconvenues du DG du Fpm sont parties d’une banale scène de ménage. M. N’Golé Mogomin est accusé de faire la java avec les 220 millions de Fcfa.
Et pourtant, le 20 février 2009, lors d’une réunion tenue à l’état-major, le Directeur général du Fpm et l’ex-Pca, le général Kissi Koabenan (qui avait démissionné le 30 mars 2010, bien avant le scandale, pour convenances personnelles), s’étaient largement expliqués sur la gestion des 220 millions de Fcfa. Ils avaient même admis, comme le souhaitait le chef d’état-major, le principe de reverser le reliquat en le ponctionnant de 15% pour la couverture des frais de gestion du Fpm au regard des textes en vigueur en la matière au sein de la structure.
Cette décision va buter sur un refus de la hiérarchie. Le 23 octobre 2009, dans une correspondance adressée au Pca, le général Philippe Mangou attire l’attention de celui-ci sur le fait que plusieurs mois après la dernière réunion (20 février 2009), le Directeur général du Fpm ne lui a toujours pas présenté «les pièces justificatives» de sa gestion du «don» du président de la République ainsi que la somme restante.
Le 31 décembre 2009, le Pca donne une suite à la requête du chef d’état-major. «J’ai l’honneur de vous transmettre, en pièces jointes, le point complet des factures des prestations médicales au profit des appelés des contingents 2002-1A et 2002-2A, en deux états», indique le général Kissi Koabenan.
Soulignons que le premier état, selon la correspondance du Pca, qui court de mars 2006 à mars 2008, indique que ce sont 189.008.371 de Fcfa qui ont été dépensés pour les frais médicaux. Le deuxième état, qui va de mars 2006 à mai 2007, correspondant à la période avant l’engagement des appelés, mentionne que ce sont 96.042.762 Fcfa qui ont facilité la couverture médicale des appelés.
Le président du conseil d’administration ajoute, cependant, que le reliquat subira une ponction de 15% pour la contribution aux charges de fonctionnement du fonds.
Pour éviter un bras de fer avec la hiérarchie militaire, l’assemblée générale du Fpm décide, en sa séance du 19 mars 2010 après délibération, de reverser le reliquat de 123.957.238 Fcfa, sans retenir les 15%.
«La résolution prise à cet effet précise que ce reliquat soit reversé au chef d’état-major des armées», souligne le commissaire en chef de 1ère classe, Yao Touré Albert, devenu, entretemps, Pca par intérim. Le 28 avril, un chèque est libellé à l’ordre de la régie de l’intendance (voir fac-similé). Dans la foulée, le commissaire en chef de 1ère classe, Yao Touré Albert, adresse, le 10 mai, une correspondance au général Philippe Mangou pour lui donner les détails du reversement du reliquat des cotisations des appelés 2002/2003.
Il joint à la correspondance le chèque n°3989751 tiré de la Sib d’un montant de 123.957.238 Fcfa. Une copie est adressée au ministre de la Défense et au commandant supérieur de la gendarmerie.
Avant d’être privé de sa liberté, le DG du fonds a eu le temps de donner sa version des faits dans ce «scandale» de détournement.
«Le 8 avril 2008, nous avons fait un premier compte-rendu au Cema et le 31 avril, nous lui avons fait un deuxième point avec la liste détaillée des appelés qui ont bénéficié des prestations médicales jusqu’à la date du réengagement en mai 2007. Sur cet état, nous avons indiqué que les dépenses de prise en charge des appelés à la fin du mois de mai 2007 s’élevaient à 96.042.762 Fcfa. Donc, il restait sur ces fonds, la somme de 123.957.238 Fcfa. Ce reliquat est disponible sur les fonds du Fpm (…) Le Directeur général que je suis ne peut pas en disposer hors budget», avait déclaré le DG dans les colonnes du quotidien Nord-Sud.
Mieux, dimanche 20 juin, à l’état-major, le général Philippe Mangou a brandi devant les cameras le chèque du reliquat de 123.957.238 Fcfa que le Fpm a libellé à l’ordre de la régie de l’intendance. Question: d’où vient que le DG soit accusé d’avoir détourné les 220 millions de Fcfa au point d’être jeté à la Mama? Il faudrait que les accusateurs expliquent à l’opinion que le chèque émis est en fait un chèque en bois. Sinon, que reproche-t-on réellement aux mis en cause dans cette affaire?
Toutes nos tentatives pour rentrer en contact avec le Cema sont restées vaines. Nous avons été informés que le général se reposait. A son réveil, nous a-t-on promis, il nous rappellerait. Jusqu’à ce que nous mettions sous presse, nous attendions toujours l’appel du général.

Euloge Atsain

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