L'Abbé Gueu Honoré Douagbeu a décidé de fêter ses 30 ans de sacerdoce le samedi 26 juin prochain en l'église Notre Dame de l'Incarnation de la Riviéra Palmeraie. Une célébration qui marquera la fin de sa carrière officielle et le début d'une autre consacrée à son nouveau centre d'accueil et d'accompagnement spirituel comportant 15 chambres, une chapelle et une grotte dédiée à Marie. Avant cet événement, nous l'avons rencontré. C'est un homme fier de son parcours avec son ordination le 29 juin 1980. Mais surtout, il est amer parce que, selon lui, " il y a eu un point noir " à la fin de sa carrière, né d'une incompréhension avec la hiérarchie catholique. En 2007, sans raison officielle, selon ses propres termes, il est déchargé de ses cours au grand séminaire de Daloa et de toute activité officielle dans les églises. C'était une mise à l'écart, une "excommunication" qui ne disait pas son nom. D'ailleurs, il s'est dit surtout " profondément blessé par Monseigneur Agré ". Qu'est-ce qui peut expliquer ce désamour entre un prêtre et sa hiérarchie au point de se voir exclu en douceur de toute activité de son église ? Selon le concerné, tout est parti de la messe dite aux obsèques du Général Robert Guéi à la cathédrale Saint Paul du Plateau. Messe à laquelle " curieusement, il n'y avait aucun évêque ou du moins il n'y avait que les Archevêques d'Abidjan et de Gagnoa, Monseigneur Aké. ". Pis, c'était le curé de la cathédrale qui, selon ses propos, avait été réquisitionné pour célébrer la messe et prêcher. Prenant la parole en tant que président du comité d'organisation, l'Abbé a posé des questions que, selon lui, le Général était en train de se poser face à l'absence de la mojorité des évêques : " Où sont mes pères les Evêques ? Où sont mes pères, qui savaient hier me trouver quand ils avaient besoin de moi ? ". Et l'Abbé Gueu de répondre à l'endroit du défunt président Robert Guéi : " Pardonne nos ingratitudes. Pardonne nos trahisons. Pardonne à ton église, à sa hiérarchie ". C'est donc cette intervention qui n'aurait pas plu aux Evêques. Qui l'ont déchargé de toutes ses fonctions depuis 2007. " Au cours de l'une de leurs réunions à Gagnoa, il y a eu une décision qui est sortie pour dire que je ne suis plus professeur dans les grands séminaires ", a-t-il ajouté. Mais ce qui a le plus déçu l'Abbé, c'est le fait que, selon lui, après avoir officiellement baptisé le Général Guéi (28 Août 2002) avec l'accord de son Evêque, Joseph Téki, " dans la chapelle privée " de ce dernier, Monseigneur Agré ait affirmé dans son livre-mémoire, à la page 241 ceci : " On ne peut pas exercer une telle pastorale, baptiser un ancien chef d'Etat, le marier sans référence à son Evêque ". Il dit donc avoir tiré une conclusion d'une telle affirmation : " C'est peut-être ce que Monseigneur Agré a dit aux autres Evêques pour que ceux-ci ne viennent pas à la messe du Général. Et aujourd'hui, je suis écarté. Cela a été une profonde blessure pour le respect que j'ai pour ce père qui a fait de moi ce que je suis. Mais qu'il n'ait pas pris le temps de m'interroger!… Cela a été un trou noir à la fin de ma carrière officielle ", a-t-il terminé.
François Konan
François Konan
