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International Publié le lundi 28 juin 2010 | Nord-Sud

Présidentielle : Les Guinéens aux urnes, hier

© Nord-Sud Par DR
Présidentielle en Guinée : La CEI en mission d`observation
Photo: bureaux de vote dans le quartier de Matoto à Conakry
Elle a enfin eu lieu. La première élection présidentielle libre et démocratique en Guinée depuis l'indépendance du pays en 1958 s'est déroulée hier. Dans le district d'Abidjan, les Guinéens ont voté dans toutes les communes hormis le Plateau où il n'y avait pas de bureau.

«Je n'en reviens pas. Je viens de voter pour l'élection présidentielle. La démocratie est aux portes de mon pays». D.M., une jeune Guinéenne, peulhe, à en juger par les traits de son visage, contient difficilement son émotion. Elle prend part à la toute première élection démocratique de sa patrie, la Guinée de Sékou Touré. Nous sommes à l'Epp Lac, à Koumassi. L'un des neuf bureaux de vote du district d'Abidjan. C'est seulement dans la commune du Plateau qu'il n'y a pas eu d'opération de vote parce que ne disposant pas de bureau. N'empêche. Tout comme M.D., une foule enthousiaste mais disciplinée a envahi très tôt ce bureau de vote à Koumassi. La file de votants s'allonge à vue d'œil. Quelques uns sirotent de la sucrerie, un peu d'eau, pour ne pas se déshydrater. Devant le portail, il faut jouer des coudes pour traverser la masse humaine qui s'est agglutinée à l'entrée. Et, montrer patte blanche pour passer le dispositif de sécurité. Les forces de l'ordre veillent au grain. Obligation formelle de faire la queue. «Ce sont aussi des délégués ?», interroge une personne dans le rang qui nous voit franchir le portail. A l'intérieur, les choses sont plus calmes. Les personnes sont réparties en trois rangs (un pour les femmes, un autre pour les jeunes et un troisième pour les hommes âgés). Tous doivent voter dans le même bureau. Kaba Ibrahim fait partie de ceux qui maintiennent l'ordre. Vêtu d'une chasuble blanche avec l'inscription «membre du bureau de vote», il explique le dispositif.

Un engouement certain

«Nous avons fait entrer cinquante personnes par groupe au départ. Et, à mesure que le nombre de ceux qui sont dans la cour de l'école baisse, nous faisons entrer dix femmes et le double pour les jeunes et les vieux. Nous veillons également au respect de l'ordre». Au même moment, un jeune homme essaie de gagner quelques places. Il est bruyamment interpellé par ses concitoyens. Dans le bureau de vote, trois isoloirs permettent aux participants de faire leur choix en toute discrétion. Mme Kondé est la présidente du bureau. C'est elle qui a la responsabilité de faire en sorte que les 2186 inscrits de la commune votent en toute transparence. Entre ses échanges avec ses collaborateurs et nous, elle trouve le temps de faire des remontrances à un représentant de parti politique. Celui-ci venait de souffler une consigne de vote à une votante qui semble s'embrouiller un peu. «C'est la dernière fois. On vous a demandé d'apprendre à voter à vos militants», met-elle en garde. Elle doit demeurer sur ses gardes jusqu'à 19 heures, heure de la fermeture des bureaux, pour éviter toute fraude. «Nous devions fermer initialement à 18 heures. Mais puisque nous avons ouvert le bureau à 8 heures (au lieu de 7 heures), nous devons compenser en fermant une heure plus tard», explique-t-elle.
Un autre représentant de parti se fait remonter les bretelles par Bangoura Ansoumane. C'est le chef du bureau sis à l'Epp Boulevard du Gabon à Marcory. Le politique vient de se permettre, alors que cela est interdit, de parler à une votante. «Elle n'a jamais voté», se justifie-t-il. Pourtant, selon Bangoura Ansoumane, le procédé est simple : un premier accesseur fait entrer le votant dans la salle. Ce dernier dépose sa carte d'électeur sur le bureau du secrétariat du vice-président. Il se dirige ensuite vers le second accesseur qui lui remet le bulletin de vote. Le votant va dans l'isoloir pour faire son choix, plie le bulletin avant de venir le glisser dans l'urne. Après quoi, il émarge avant de tremper le doigt dans l'encre indélébile. Ainsi, il ne pourra plus voter ailleurs.
1489 personnes doivent répéter ce schéma à l'Epp Boulevard du Gabon. Ici, le vote a commencé à l'heure. A 18 heures, le bureau était fermé.
Il est midi passé de 20 minutes à l'Epp Pont de Treichville. La faim commence à tenailler les votants. Les moins stoïques vont chercher de quoi se restaurer. «Si seulement tous les jours pouvaient être jour de présidentielle en Guinée», semblent se dire, intérieurement, les vendeurs à l'entrée du centre. C'est le plus grand bureau de vote à Abidjan avec 4022 inscrits. Dès 7 heures, le premier votant s'est acquitté de son devoir civique, avant notre arrivée dans ce centre. Il s'agit de l'ambassadrice Kamara Makissa en personne. Kéita Amara, le chef du centre, confie que tout se passe bien. Selon la presse guinéenne, à la mi-journée, le président de la commission électorale nationale indépendante (Céni), Ben Sékou Sylla, a assuré également à Conakry que le scrutin "se passait bien", en dépit de "quelques manques de matériels et autres". Plus de quatre millions de Guinéens devaient choisir leur président parmi 24 candidats, tous civils.

Haro sur la fraude

Seul fait à relever à Treichville, un individu est venu demander s'il pouvait voter à la place d'un autre. «Si je l'avais vu, j'aurais demandé aux policiers de l'interpeller. On ne vote pour une personne que lorsqu'elle est malade. En ce moment, on présente une procuration», confie-t-il. Voter à la place d'une personne, commente quelqu'un, est un héritage de l'ère Conté: «une personne pouvait voter à la place de sa femme, son enfant». Sans tomber dans l'autosatisfaction, Kéita Amara pense que tout se passe bien : «Les votants sont contents. Ils voient qu'on vote par ordre d'arrivée. Il n'y a pas de favoritisme».
1564 personnes sont inscrites à l'Epp Château d'eau à Cocody que dirige Mme Sidibé Bintou Kéita. Si dans les autres bureaux, il y a trois rangs, ici, il y en a deux : un pour les hommes et l'autre pour les femmes. Un rapport avec la loi musulmane qui demande la séparation des sexes ? Non, rassure Mme Sidibé : «C'est pour faciliter les choses aux femmes». Puisqu'il n'y a presque plus de femmes, elle demande aux hommes âgés d'aller voter dans l'autre bureau. Ce qui permet au rang d'avancer plus vite. Comme en témoigne Diallo Mamadou. Depuis 7 heures, il est là. «Le matin, c'était lent. Maintenant, ça avance avec les vieux qui sont allés de l'autre côté», confie-t-il. Il est 13 heures 06 minutes. Un groupe d'individus s'acquitte de sa prière. En attendant son tour d'entrer dans le bureau.

Des cas d'omission

A Abobo, c'est l'école Watoué qui accueille les votants. Le centre dirigé par Sankhon Fabou a ouvert avec une heure de retard. Les forces de l'ordre n'étaient pas encore arrivées. Avant 18 heures, il n'y a presque plus de votants. Juste des gens qui devisent dans la cour. «On a fini. Mais en raison du retard, l'heure de la fermeture a été avancée à 19 heures, nous attendons», explique le responsable. On ne se tourne pas les pouces pour autant. L'équipe compte les voix de ceux qui ont voté. Seul hic dans ce centre, tous les électeurs ne figurent pas sur le listing. Selon Bangoura Donan, le vice-président du centre, il y a des personnes qui ont été omises. «Nous n'avons pas vraiment tenu compte du listing. Il y a des omissions. Pour régler le problème, nous avons ouvert des registres dans lesquels ont été notées toutes les références du votant», rassure-t-il. Mais impossible de tricher. Pour voter, il faut au préalable présenter sa carte d'électeur ou le récépissé d'inscription. Et, lorsqu'arrive l'heure de la fermeture, les membres de la Commission électorale d'ambassade indépendante (Ceami), représentation locale de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de Guinée, sont là pour veiller au convoyage des urnes. Sur les visages des électeurs, l'on peut lire l'impatience de connaître le résultat du vote. Les résultats provisoires ne devraient pas être connus avant mercredi. La proclamation des résultats définitifs est prévue dans les huit jours. Un éventuel second tour aurait lieu le 18 juillet.

Bamba K. Inza
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