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International Publié le jeudi 1 juillet 2010 | Nord-Sud

Dans l’attente des premiers résultats vendredi : La tension monte à Conakry

© Nord-Sud Par DR
Présidentielle en Guinée : La CEI en mission d`observation
Photo: bureaux de vote dans le quartier de Matoto à Conakry
La Cour suprême de Guinée a accordé 48 heures supplémentaires à la CENI pour publier les résultats provisoires de l’élection présidentielle du 27 juin,
attendus dans un climat d’impatience et de suspicion croissantes.

Serait-ce le calme avant la tempête ? La situation qui prévaut en ce moment en Guinée, (4 jours après la première élection présidentielle dite libre et transparente), ne pousse pas à l’optimisme. En attendant les résultats provisoires du scrutin de dimanche, la tension monte. Par une ordonnance signée hier par Mamadou Sylla, premier président, la Cour suprême a accordé à la CENI «une prorogation de quarante-huit heures «pour publier les résultats provisoires de l’élection présidentielle». La Cour suprême motive son ordonnance par «les difficultés d’ordre logistique, matériel, et sécuritaire» que rencontre la CENI. Ainsi, la CENI a désormais jusqu’au vendredi pour proclamer les résultats. Sinon selon le code électoral guinéen, la CENI devait proclamer les premiers résultats provisoires dans les soixante-douze heures suivant le scrutin, soit avant-hier à 18 heures.

Accusations de fraude tous azimuts

Ce report de deux jours n’ait certainement pas fait pour calmer les esprits. Des rumeurs ou informations alarmantes sur les manipulations et des bourrages d’urnes créent déjà une atmosphère de suspicion. La paix et la sérénité qui avaient prévalu au premier tour de cette élection historique, après un demi-siècle de dictatures, sont en train de s’éloigner. 20 des 24 partis engagés dans l’élection ont multiplié mardi les accusations de “fraudes massives”, évoquant notamment des “bourrages d’urnes” ici ou là. Mardi, le candidat Alpha Condé a accusé le président de la CENI, Ben Sékou, “d’avoir tout fait pour que le scrutin se passe mal”. L’opposant historique a ainsi évoqué le fait que des bureaux de vote aient été “situés à 20 ou 30 km des populations” dans son fief de Haute-Guinée, parlant de “fraudes graves” dans trois quartiers de la banlieue de Conakry, la capitale. “Nous n’allons pas permettre à des pyromanes de mettre ce pays à feu et à sang”, a lancé M. Condé, sans plus de détails.

Faisant monter d’un cran les risques d’affrontements entre les militants des différents partis politiques. Etant entendu que parmi les 24 candidats, il n’y aucun militaire ni dirigeant sortant. Avant Alpha Condé, les porte-paroles de trois candidats – les ex-premiers ministres Cellou Dalein Dalein, Lansana Kouyaté et Sidya Touré – avaient multiplié depuis lundi soir les dénonciations. Les uns après les autres, ils avaient évoqué des “fraudes massives” dans certaines communes de Conakry ou d’autres villes, des “bourrages d’urnes”, ou encore le fait que des urnes aient disparu puis réapparu. Le parti de l’homme d’affaires Mamadou Sylla a également dénoncé des “fraudes”. Le directeur des opérations électorales de la CENI, Pathé Dieng, a réagi en réaffirmant qu’“aucun résultat” du scrutin de dimanche “ne serait manipulé” et qualifié de “totalement infondées” les accusations de fraudes lancées par divers partis. Selon M. Dieng, “les informations reçues par la CENI” depuis dimanche pour la centralisation des résultats couvraient, mardi, “moins de 50 %“ des votes. “En pareille circonstance, la prudence requiert que les données soient agrégées et vérifiées”, a-t-il dit. Tous les regards sont à présents tournés vers la CENI, qui jure impartialité. L’ambassadeur américain à Conakry, Patricia Newton Moller après avoir indiqué que “les contestations des partis politiques sont en contradiction avec les rapports des missions internationales”, les a appelés à s’abstenir de la dramatisation des questions électorales à des fins politiques. Elle a noté que les résultats de l’observation internationale n’ont trouvé aucune preuve de fraude généralisée. L’évaluation de mardi du Centre Carter selon laquelle les élections étaient un “geste héroïque compte tenu des contraintes de temps, de l’inexpérience, et des problèmes d’infrastructure », a représenté un soutien important au processus démocratique en cours dans le pays. Le Centre Carter a poursuivi en disant que la Ceni a fait, “les efforts de bonne foi dans sa tentative d’assurer un processus crédible, transparent et pacifique.”

La bonne foi de la CENI

A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a souhaité que les contestations respectent les procédures constitutionnelles. “Il appartient aux candidats qui souhaiteraient contester les résultats de le faire dans le cadre des procédures légales, en l’occurrence devant la Cour suprême, dans les huit jours suivant la proclamation des résultats par la Commission électorale nationale”, a déclaré un porte-parole cité par l’AFP. Mais au moment où la tenue de ces premières élections libres et transparentes depuis l’indépendance en 1958 était unanimement saluée, la classe politique a décidé de donner des arguments à ceux qui soutiennent que les périodes post-électorales en Afrique se suivent et se ressemblent. Avec leur lot de contestations débouchant sur les nombreuses tueries de contestataires dans la rue. On a encore frais dans les mémoires les violences après les élections communales du 24 mai dernier qui ont abouti à l’arrestation d’au moins 17 cadres et militants de plusieurs partis d’opposition FNL, Frodebu et UPD pour “rébellion et atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat” au Burundi. Sans oublier qu’environ 40 personnes ont été tuées et plusieurs centaines blessées dans les manifestations après l’annonce des résultats provisoires des élections parlementaires du 23 mai dernier en Éthiopie. Heureusement que le tableau n’est pas partout sombre. En effet, des pays se sont illustrés par des scrutins propres avec des vainqueurs qui ont rapidement reconnu leur défaite et félicité ceux qui ont été élus. C’est le cas du Ghana avec l’élection en fin 2008 de l’opposant Atta Mills. On espère que les leaders politiques guinéens pourront faire preuve de sagesse en évitant un bain de sang à la Guinée qui a déjà souffert d’une longue dictature de 52 ans. Croisons les doigts. Tout simplement.

Bakayoko Youssouf
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