Ce qui fait douter les Ivoiriens

Loin des querelles, la question se rapportant à la capacité de la Cei à organiser les élections demeure entière. Les ''cafouillages'' auxquels l'on a souvent assisté dans la conduite des opérations, de la part de l'institution en charge des élections sous la présidence de Robert Beugré Mambé ont-ils trouvé solution ? L'absence de cet homme-clé est à l'origine de bien d'atermoiements constatés dans la conduite des différentes activités de la Cei. Faut-il le rappeler, à la faveur du convoyage de la liste électorale en vue de son affichage dans les différents centres d'enrôlement, à la mi-novembre 2009, de nombreuses erreurs avaient été relevées (qu'en serait-il d'ailleurs si elle n'avait pas cet appui de l'Onuci ?). Si l'on en croit la Csci, c'est « au total 213 erreurs de polarisation et d'aiguillage dans le dispatching des listes à Abidjan et à l'intérieur du pays » qui ont été constatées par l'Onuci. Du fait de ces approximations, des listes destinées à des localités comme Adzopé ou Grand Bassam se sont retrouvées à Cocody ou à Abobo. Selon des sources proches de la Cei, depuis l'incident survenu lors de la relance du contentieux de la liste grise (certains commissaires, notamment du Rhdp, se sont désolidarisés du président Youssouf Bakayoko en s'opposant au déroulement de cette opération), la fréquence des réunions internes s'est dépréciée. Pareil pour les réunions hebdomadaires de coordination (baptisée réunion du comité de pilotage) avec la primature. Une situation qui n'est pas faite pour arranger les choses dans un contexte marqué par la grande impatience de l'opinion nationale et internationale de voir l'homme du consensus impulser une nouvelle dynamique au processus électoral. « Je le trouve trop lourd, trop protocolaire, … », confiait encore, hier, un observateur qui n'a sans doute pas tord. Car, de l'avis d'un spécialiste des questions électorales, Youssouf Bakayoko et son staff abattent un travail remarquable. En lieu et place du directeur des opérations, l'ancien ministre des Affaires étrangères a réussi à ''débaucher'' un géographe, rompu à la pratique de la statistique et de la cartographie. Ce géographe, Kouassi Kouadio, anciennement en poste au Centre National de Télédétection et d'Information Géographique (Cntig) et au Bureau national d'études technique et de développement (Bnedt) est depuis peu, le nouveau secrétaire général de la Cei. Il est en autres, chargé de réaliser l'audit des centres de vote. Le patron de la Cei devrait donc songer à laisser de côté la diplomatie en communiquant sur le travail qu'il abat avec son équipe.

Marc Dossa