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Politique Publié le jeudi 15 juillet 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Situation sociopolitique / Désiré Marc Dah Gono, président du Mouvement d’Eveil Libéral -“ Gbagbo est le dindon de la farce de l’APO’’

Désiré Marc Gono est le président du Mouvement d’Eveil Libéral pour la Côte d’Ivoire (MELCI), une structure consacrée à la promotion et au renforcement des valeurs libérales. Dans cet entretien qu’il a accordé à l’Intelligent d’Abidjan, Désiré Marc Gono analyse la situation socio politique et donne ses recettes pour la sortie de crise.
Pourquoi un mouvement d’éveil libéral ivoirien ?
Le MELCI a été porté sur les fonts baptismaux le 26 novembre 2008. C’est mon projet de mémoire que j’ai transformé en une source d’inspiration pour aider mon pays. Le MELCI veut amener le citoyen ivoirien à comprendre l’esprit libéral. C’est le modèle libéral anglais qui m’a inspiré. Pour que la Côte d’Ivoire soit un Etat fort, elle doit s’en inspirer. Ce sont les libéraux qui ont fondé cette société moderne anglaise. Je ne crois pas aux socialistes, ce sont des idéalistes. Je pense que la philosophie libérale peut changer notre nation.

Pensez-vous que l’égalité des personnes et la suppression des privilèges seraient l’objectif d’une société ivoirienne pleinement démocratique et fraternelle ?
Pour nous, les hommes sont égaux selon le droit. Dans les autres aspects de la vie, l’égalité n’existe pas. Ni la suppression de certains privilèges ni l’égalité parmi les hommes n’est gage de démocratie ; parce que l’égalité ne peut pas exister parmi les hommes. Il aura toujours des privilégiés et c’est la vie qui le veut.

Pourquoi soutenez-vous que l’égalité ne peut pas exister parmi les hommes ?
L’égalité ne peut pas exister parmi les hommes, dans la mesure où c’est une évidence naturelle. Dans une famille, il y a un aîné et des frères cadets. Le frère aîné jouit de certains privilèges contrairement à ses cadets. C’est la nature qui l’a voulu parce qu’il est né le premier. Les positions sociales des êtres humains le montrent. Les doigts de la main le montrent. C’est donc l’équilibre normal des choses. Il faut qu’il ait toujours des bourgeois et des pauvres. L’union soviétique est la preuve patente de cette utopie d’égalité entre les hommes. On a voulu crée une société sans bourgeoisie où tout le monde allait être sur le même pied d’égalité. Ce modèle a échoué, l’union soviétique s’est écroulée. L’égalité n’existe qu’en droit. Il faut que la justice soit équitable pour tout le monde.

Ne pensez-vous pas M. le président que la plus grande menace qui pèse sur la société ivoirienne serait celle d’un monde marchand, du capitalisme, de l’argent et de l’envie qui divise les citoyens?
D’abord, il faut faire une différence entre le capitalisme et le libéralisme. Le modèle libéral prône la libre concurrence tandis que le modèle capitaliste prône le monopole. Or, toute situation de monopole créé la servitude. Le libéralisme permet aux plus courageux de travailler pour s’en sortir du lot. En d’autres termes, le capitalisme est la dégénérescence du modèle libéral. Tout excès étant source de nuisance, le capitalisme prône l’absence, le recul de l’Etat. Or, le libéralisme prône une présence pondéré de l’Etat.

Les Ivoiriens sont-ils naturellement sociables, si on les laisse libres. Ne noueraient-ils pas entre eux des relations pacifiques de commerce et d’échanges réciproques ?
L’objectif même de notre mouvement, c’est de créer l’esprit libéral en Côte d’Ivoire. Selon moi, la liberté est cette capacité qu’a l’individu de comprendre que dans la vie on nait seul ; que personne ne peut nous aider à part nous-mêmes. Cet état d’esprit libéral responsabilise l’homme et lui permet de vivre en homme libre, de comprendre que personne ne peut faire notre bonheur à sa place. C’est-à-dire ne compter que sur soi et ne pas attendre qu’on fasse pour toi, mais prendre soi même la responsabilité de sa destinée. Et c’est cet esprit que nous ne voyons pas chez les Ivoiriens en particulier et les Africains en général. Du fait de la colonisation, l’Ivoirien n’a pas l’esprit libéral. Il a toujours l’esprit d’une personne colonisée. Ce qui lui donne de se plaire dans la sujétion et d’attendre qu’on fasse pour lui. En clair, La colonisation amène l’ivoirien a dépendre d’un maître. Sorti physiquement de la période de colonisation, l’Africain demeure mentalement colonisé, car il a toujours besoin d’un maître. Le colon n’étant plus présent, tout le monde s’attend à l’Etat dans tous les domaines de la vie, parce que le président de la République est le remplaçant de l’autorité coloniale. La preuve est que l’Ivoirien aime à être salarié. Les jeunes diplômés courent toujours vers la fonction publique au lieu de se tourner vers le secteur libéral. Cette situation est déplorable. Et c’est ce mythe que nous voulons briser. Voila pourquoi nous avons opté pour le libéralisme. Cet état d’esprit était celui des Anglais, mais il a été changé par le mouvement libéral. Et la Grande-Bretagne est aujourd’hui une grande puissance. C’est ce que nous voulons pour notre pays.

L’Etat serait-il un concepteur de paix artificiel ?
Les gens n’ont pas compris que l’Etat repose sur le génie de ces citoyens. Si les citoyens sont médiocres l’Etat sera médiocre, et si les citoyens sont ingénieux et entreprenants, l’Etat sera fort. Bill Gate n’a pas attendu l’Etat américain avant de créer Microsoft. Mais aujourd’hui c’est un moyen de domination des Américains. Ce sont les citoyens qui font l’Etat et c’est pourquoi notre slogan au MELCI c’est : “l’Etat s’attend à toi“. Le président John Fieltzeral Kennedy l’a dit : « Ne te demande pas qu’est ce que l’Etat fait pour toi mais qu’est ce je peux faire pour l’Etat ».

Quel message voulez-vous lancer au-delà de ce slogan ?
Mon message, c’est d’arrêter la corruption dans l’administration et de penser à la grandeur de notre pays. Nous sommes dans un monde dangereux où les plus forts mangent les plus faibles. Le comportement des grandes puissances à travers le monde est évocateur. La gangrène de la corruption pilule la gestion de l’Etat. Lorsqu’on doit passer des concours et qu’on privilégie des “cancres“, à quoi on s’attend ? Lorsqu’on distribue des bourses à des nuls et on délaisse les meilleurs étudiants, à quoi on s’attend ? Quel avenir préparons-nous ? Je ne sais pas si vous cernez ma pensée, aujourd’hui, on a permis à des gens depuis le miracle ivoirien de faire tomber des sociétés d’Etat. Il y a une culture de la légèreté, un manque de rigueur dans la gestion de notre Etat, qui permet à tout le monde de faire ce qu’il veut. C’est cela que nous fustigeons. Quand le Président de la République dit qu’il ne savait pas qu’on payait le concours de l’ENA, je dis que c’est de la légèreté. Le Président Bédié a fêté à 25 ans son premier milliard en faisant tomber des sociétés d’Etat. Un politicien n’est pas Jésus, un politicien n’est pas un Dieu. On ne donne que ce qu’on a. C’est ce que vous mettez à sa disposition qu’il prend pour construire le bien-être des populations. Les gens ne pensent pas à la grandeur de leur pays. Ils pensent à leur poche. C’est là le drame !.

L’Eveil du libéralisme ne dissoudrait-il pas l’esprit de solidarité chez les Ivoiriens voire les Africains ?
Vous savez le communautarisme excessif en Afrique tue le progrès. Le communautarisme excessif, c’est le fait de travailler et de compter sur le seul parent qui travaille et de faire peser sur ces épaules les charges de toute la grande famille. Il ne peut de facto progresser dans la vie. A ce communautarisme, je dis non, parce qu’il freine le progrès. Nous devons ajouter une dose d’individualisme libéral, tout en étant communautariste, où chacun se prend en main en ne comptant pas sur son grand-frère mais sur soi-même.

Avons-nous le temps nécessaire pour réaliser un tel projet ?
Nous sommes obligés d’y aller et je crois qu’avec les masses média ce délai peut se raccourcir. Tout est une question de politique. Si on bombarde le subconscient des Ivoiriens, cela se fera en un temps record. Je dirai 10 à 15 ans.

Ne pensez-vous pas que c’est un projet difficile à réaliser ?
Il n’est pas du tout utopique. Les Anglais l’on réussi, les Allemands, les Chinois l’ont réussi, pourquoi pas nous ? Rien n’est impossible à celui qui veut réussir. Alors pourquoi pas nous ?

M. le président récemment, l’APO a été fustigé par le président de l’Assemblée Nationale Mamadou Koulibaly. Quel est votre analyse ?
Je suis tout à fait d’accord avec le président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly. Selon vous, que devrait-on attendre de quelqu’un qui a eu l’audace de trahir son propre frère Sankara ? Notre médiateur n’a pas le bon profil, parce qu’il n’est pas quelqu’un digne de foi. Le cas Sankara est évocateur. L’Accord politique d’Ouagadougou ne pouvait pas réussir. Je pense que si le Président de la République a cru en cet accord, c’est qu’il a été naïf.

Cette naïveté ne nous a-t-elle pas apporté la paix que nous avons actuellement ?
Oui, il y a une accalmie, mais qu’est-ce que ça restaure au plan économique, parce que la paix est un tout. Un homme qui a faim n’est pas en paix. Je ne crois pas en cette paix. Vous savez, il y a deux ailes dans la rébellion. Il y a les jusqu’au-boutistes, qui veulent mettre à la tête du pays celui qu’ils veulent et les modérés qui veulent sortir de la crise pour aller dépenser les milliards qu’ils ont amassés. Et ce n’est pas un secret pour personne. Quand je dis que l’APO n’a rien apporté, cela veut dire que le point d’achoppement qui est le désarmement n’a toujours pas été exécuté. C’est cela le vrai problème et on tourne autour du pot, et lorsqu’on le touche, c’est le statu quo. L’APO a plutôt enrichi les rebelles. Qu’est ce qu’on peut attendre de Compaoré qui pille l’économie ivoirienne ? Dans cet accord, le Président Laurent Gbagbo est le dindon de la farce parce qu’il a tout donné mais, il n’a rien obtenu en retour. Je crois qu’il devait s’y attendre. Soro, quant à lui, ne contrôle rien. C’est un pion, actionné par Sarkozy et dont Blaise a la charge de contrôler les faits et gestes. Il faut aller discuter avec Sarkozy. Je préfère être colonisé par les Burkinabé. C’est tout. Parce que ce n’est un secret pour personne, le Burkina se développe à nos dépens.

Sur quoi, vous fondez-vous pour affirmer ces thèses ?
Je crois que cela saute aux yeux. Ce sont les Français qui bloquent la réunification du pays, parce qu’ils pèsent de tout leur poids au Conseil de sécurité de l’ONU pour que la réunification n’est pas lieu. Il faudrait négocier avec eux plutôt que donner du poids à des personnes qui ne sont rien. Il faut donner aux Français ce qu’ils veulent. Les autorités nous ont fait croire à une révolution économique qui, à mon sens, a échoué. Ils se sont plutôt embourgeoisées alors, qu’on arrête de tromper le peuple qui a donné son sang pour sauver la Côte d’Ivoire.

Comment percevez-vous le dialogue entrepris par le Président de la République Laurent Gbagbo avec les acteurs politiques Bédié, ADO et autres pour la sortie de crise.
Je pense que c’est bien et que cela aurait dû être fait depuis longtemps. Cela nous aurait épargné cette situation et aurait permis à la France de ne pas avoir les coudées franches pour utiliser sa politique légendaire du ‘’diviser pour mieux régner ‘’. Rien ne peut contre l’unité. Cela est indéniable mais la question est de savoir s’ils sont sincères.

Le RHDP a initié la création d’un parti unifié. Qu’en pensez-vous ?
(Rire) c’est un rêve. C’est comme vouloir mixer de l’eau et de l’huile. Je ne vais pas m’étendre sur cette question. Il faut sortir de cette situation et mettre le pays sur les rails avant de faire la politique politicienne.

Pensez-vous que l’occasion était toute trouvée de parler du retour de la BAD en Côte d’Ivoire ?
Vous savez en tant que nationaliste, je ne peux pas aller contre les intérêts de mon pays. Le retour de la BAD en Côte d’ivoire est le signe du rayonnement de la Côte d’Ivoire. Et tout ce qui ira dans le sens du rayonnement de la Côte d’Ivoire, je suis partant. C’est la raison pour laquelle j’ai félicité la maturité politique de nos acteurs politiques. .

Ne pensez-vous pas que nous allions nous enfermer dans une dynamique de compromis interminable. Or, nous savons que la souveraineté s’arrache. A quand la vrai souveraineté de la Côte d’Ivoire ?
Si le gouvernement était conséquent avec lui-même, il allait promouvoir la lutte. Aujourd’hui, les ‘’frontistes’’ se sont embourgeoisés. M. Blé Goudé est devenu aujourd’hui un homme d’affaire. Les ‘’frontistes’’ n’ont pas l’âme de révolutionnaires. Je fais partie de ceux qui sont sortis à toutes les marches de soutien au régime. J’y étais parce que je croyais à un idéal. Ils ne veulent pas se battre, ils se sont enrichis. Quand vous lisez, l’histoire des révolutions vous constatez que l’embourgeoisement tue la révolution. Alors qu’on arrête de se payer la tête des Ivoiriens si on ne peut pas se battre, alors qu’on nous libère
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