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Editorial Publié le mardi 20 juillet 2010 | Le Nouveau Courrier

A l’épreuve du savoir

Salut toi,

Deux semaines viennent de passer, jour pour jour, sans nouvelles de moi. Je crois d’ailleurs que t’es fâché, ta mère me l’a fait savoir. Normal, tu peux l’être. J’avais en effet promis ne jamais interrompre notre correspondance. Je n’ai donc pas respecté mon engagement de t’envoyer sans interruption un télégramme chaque semaine. Ce télégramme à toi, cher enfant, qui a d’ailleurs su gagner d’autres cœurs. Au-delà de l’affection entre père et enfant... Pour tout dire, je te présente mes excuses pour celui du mardi dernier qui ne t’est pas parvenu. Je l’avais pourtant écrit et expédié à ton adresse. Le facteur m’avait aussi rassuré qu’il l’avait bel et bien placé dans ta boîte aux lettres. Pourquoi ne l’as-tu pas reçu ? Les intempéries, certainement. Par ces temps qui courent en Abidjan, l’on doit beaucoup se méfier. L’exercice de critique ainsi que la pratique du journalisme d’investigation recommandent désormais un mutisme pour certains dossiers. Au risque de se retrouver sans attendre en taule. Le fait nouveau est que les délits de presse sont apparemment dépénalisés en Côte d’Ivoire. En décidant d’écrouer trois des responsables de la rédaction du Nouveau Courrier, le Procureur de la République - qui plus est substitut du Président de la République - rend caduque la loi et ramène vingt ans en arrière tous les nostalgiques de l’ère du parti unique. Cela se produit à l’aube du vingtième anniversaire du multipartisme célébré en grandes pompes par les «refondateurs», à l’occasion de la très historique et célèbre «fête de la liberté».
Moments d’intenses souvenirs qui coïncident trait pour trait, ligne par ligne, au parcours combien courageux et exaltant de Laurent Gbagbo, le politique. Je dis bien «le politique». Mon fils, ceci est de l’histoire. Mais cela contribue à tracer les sillons nouveaux pour la nouvelle Côte d’Ivoire. Une Côte d’Ivoire qui saura enfin lier la quête acharnée d’un développement économique à cinquante années d’indépendance politique qui laisse encore sur leur faim des populations, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, frappées par la grande misère et qui se cherchent. Des populations dont le maigre gain quotidien n’arrive même pas à assurer le pain du jour. Alors que d’autres soucis tout aussi impératifs attendent. L’assurance maladie n’est encore qu’un leurre puisque le projet est en latence depuis le déclenchement de la crise. L’école gratuite qui fait son chemin a lui aussi renforcé le pouvoir des «Coges». Ces comités de gestion qui tendent à faire prendre en charge par les parents d’élèves de nombreuses charges de l’espace école : Construction de nouveaux bâtiments, achat de tables-bancs, clôture, entretien. Tout passe sur ces listes de besoins que «monsieur» ou «maîtresse» glissent subtilement dans les cartables des enfants pour «papa et mamans». Gestion participative ou école gratuite ? Cher enfant, je ne t’informe pas, ces bouts de papier, tu me les ramenais régulièrement quand tu étais à l’Epp Cité des Arts de Cocody. Au finish, ta scolarité me revenait aussi chère que dans un établissement privé. Ce qui m’a d’ailleurs amené à t’inscrire l’année suivante dans une école privée. Ainsi ai-je réussi à te faire éviter les grèves intempestives qui secouent l’année scolaire, surtout dans le public. Le phénomène est bien plus présent dans l’enseignement secondaire que dans le supérieur.
Avec les résultats de la session 2010 du Bac qui seront, dès ce mardi 20 juillet, placardés sur les tableaux d’affichage des nombreux centres à travers le pays, on s’attend encore à un surpeuplement des effectifs dans nos universités. Il n’y a que trois qui puissent accueillir de nouveaux bacheliers pour une formation académique universitaire. De qualité. Le gros lot des admis devra se débrouiller dans ces «grandes écoles» qui foisonnent dans tous les quartiers, souvent à des endroits insoupçonnés. L’autre plaie de la société ivoirienne, en parler aujourd’hui irrite beaucoup de gens. La corruption a gangrené tous les paliers de la société ivoirienne. Le bilan de la Refondation n’est donc pas complètement rose et les couleurs bleu et blanc du parti qui portent le projet ont quelque peu perdu de leur éclat. S’il est juste qu’il faille tenir compte du facteur crise et que le projet de la refondation en lui-même n’est pas à blâmer, ses acteurs pris individuellement ont beaucoup à confesser. Et le nier ou vouloir que l’on passe là-dessus est une des erreurs fatales à ne pas commettre. Ah, j’allais oublier, retiens cher enfant que le ministre de l’Intérieur a été blanchi par le parquet. « Désiré Tagro n’a pas monnayé des places de concours d’entrée à l’école de police, encore moins touché une quelconque commission dans l’affaire des déchets toxiques et le marché octroyé à Sagem. Ni détourné les fonds de l’organisation des pèlerinages à la Mecque des fidèles musulmans de Côte d’Ivoire, le Hadj ». No comment. Le débat est clos.

A mardi prochain, cher enfant.
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