Alors qu’on croyait classée l’affaire Djédjé Mady, secrétaire général du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), qui avait refusé de répondre à une citation à comparaitre du tribunal militaire d’Abidjan, Ange-Bernard Kessy Kouamé vient de dépoussiérer le dossier. « Je n’ai rien contre lui. Je veux tout simplement l’entendre, mais il dit que je ne suis pas compétent. Dans tous les cas, je vais l’entendre. Il doit venir expliquer ce qu’il a vu lors de la manifestation du Rhdp à Gagnoa. Nous voulons qu’il nous dise s’il a vu ou non des policiers tirer sur des manifestants à Gagnoa. La convocation sera relancée dans deux semaines. Il faut que nous respections nos institutions. Que Djédjé Mady se ressaisisse » a déclaré, le 21 juillet dernier, le procureur militaire près le Tribunal militaire d’Abidjan, le lieutenant-colonel Ange-Bernard Kessy Kouamé, à l’occasion d’une conférence de presse qu’il animait, relativement aux malversations aux Fonds de Prévoyance militaire. Pour protester contre la dissolution de la Cei et du gouvernement opéré par le chef de l’Etat Laurent Gbagbo le 12 février 2010, le Rhdp avait lancé un mot d’ordre à ses militants, les invitant à s’opposer « par tous les moyens à se mobiliser et à s’opposer par tous les moyens à la dictature de M. Gbagbo qu’il ne reconnaissait plus comme chef de l’Etat ». Les manifestations de rue qui ont littéralement embrasé le pays, ont dégénéré, notamment à Gagnoa où il y a eu, au moins cinq (5) personnes ont trouvé la mort et neuf (9) ont été blasées par balles dans des affrontements entre les forces de l’ordre. Les jeunes du Rhdp réclamaient le "rétablissement" de la CEI (Commission électorale indépendante), le gouvernement Soro et une date pour le scrutin présidentiel. La direction du Rhdp avait accusé les forces de l’ordre d’être derrière ces meurtres. Pour faire la lumière sur ces événements, éventuellement, situer les responsabilités et au besoin, engager des poursuites, notamment judicaires contre les auteurs, Alphonse Djédjé Mady a alors été convoqué. Mais le Rhdp s’est opposé à son audition. « Djédjé Mady, secrétaire général du Pdci-rda et président du directoire du Rhdp ne se rendra pas à la convocation du procureur militaire, Ange Kessy. Parce que Djédjé Mady en tant que civil ne peut être poursuivi par un tribunal militaire » avait argué Alassane Salyf N’diaye au nom du Rhdp. Ange Kessy, lui-même semblait avoir abandonné le dossier. Le mercredi 21 avril, il déclarait sur Radio France internationale (Rfi) : "On a imputé la mort de ces civils aux forces de l`ordre. C`est pour cela que je me suis saisi. Si on me dit aujourd`hui qu`il n`y a aucun militaire impliqué dans cette affaire, je me décharge de cette enquête. Moi, ce qui m`intéresse, c`est de chercher à savoir qui a donné la mort à ces cinq personnes. Moi, mon intention n`est pas de convoquer pour convoquer... Il n`est pas venu, c`est une façon de dire non, je ne peux pas vous aider à retrouver ceux qui ont tué. Débrouillez-vous seul pour retrouver ceux qui ont tué. Je prends acte. C’est tout. L`enquête avance. Je ne veux pas inculper M. Djédjé Mady, je n`avais pas la qualité, je n`avais pas l`intention parce que je n`ai rien contre lui. Je me débrouille seul. Nous avons déjà entendu 135 personnes, j`avance, moi, dans mon enquête. De toutes les façons, j`ai confié l`enquête à la gendarmerie pour qu`elle continue. C`est la gendarmerie qui avait l`enquête » avait-il déclaré. Qu’est ce qui, au fond, nourrit ce revirement du commissaire du gouvernement ? Plusieurs hypothèses peuvent expliquer l’attitude du procureur militaire qui ne veut pas lâcher les baskets à Djédjé Mady. Mais, principalement cinq (5) retiennent notre attention.
Premièrement. Le respect absolu, des institutions, notamment judicaires, du pays par tous, quel que soit le rang social. Depuis le déclenchement de la crise, l’on note dans le comportement de certains Ivoiriens une tendance irraisonnée qui frise l’irrévérencieuse. Chacun fait ce que bon lui semble, au mépris des principes, traditions ou normes qui régissent la vie publique. Il s’agit donc de redonner au droit, qui est aussi le symbole des valeurs dans une société, toute sa force et sa primauté sur le citoyen devant cette indiscipline généralisée aujourd’hui en Côte d’Ivoire.
Deuxièmement. Le cas Djédjé Mady pourrait faire jurisprudence dans le milieu politique et social en Côte d’Ivoire. Il pourrait faire école si Ange Kessy échouait à le faire comparaitre devant son tribunal. Le refus de Djédjé Mady sonne donc comme un défi qu’il doit absolument relever. Il peut, dans une certaine mesure, être interprété comme un « outrage à magistrat ». Cela se paye…
Troisièmement. Il y a l’honneur d’un magistrat, de surcroît, un officier supérieur de l’armée, bafoué par un civil (fut-il secrétaire général d’un parti politique), qu’Ange Kessy veut restaurer, coûte que coûte. Quatrièmement. Le procureur militaire veut mettre fin à ce qui apparaît, comme une fuite en avant, voire une irresponsabilité de certains hommes politiques (du pouvoir comme de l’opposition) qui, par des mots d’ordre infects, appellent leurs militants dans les rues et qui, quand vient le moment d’assumer les actes, se rebiffent. Cinquièmement. Il s’agit pour Ange-Bernard Kessy KOuamé de moraliser la vie politique ivoirienne en faisant payer aux dirigeants, les forfaits de leurs militants dont ils sont moralement responsables.
Armand B. DEPEYLA
Premièrement. Le respect absolu, des institutions, notamment judicaires, du pays par tous, quel que soit le rang social. Depuis le déclenchement de la crise, l’on note dans le comportement de certains Ivoiriens une tendance irraisonnée qui frise l’irrévérencieuse. Chacun fait ce que bon lui semble, au mépris des principes, traditions ou normes qui régissent la vie publique. Il s’agit donc de redonner au droit, qui est aussi le symbole des valeurs dans une société, toute sa force et sa primauté sur le citoyen devant cette indiscipline généralisée aujourd’hui en Côte d’Ivoire.
Deuxièmement. Le cas Djédjé Mady pourrait faire jurisprudence dans le milieu politique et social en Côte d’Ivoire. Il pourrait faire école si Ange Kessy échouait à le faire comparaitre devant son tribunal. Le refus de Djédjé Mady sonne donc comme un défi qu’il doit absolument relever. Il peut, dans une certaine mesure, être interprété comme un « outrage à magistrat ». Cela se paye…
Troisièmement. Il y a l’honneur d’un magistrat, de surcroît, un officier supérieur de l’armée, bafoué par un civil (fut-il secrétaire général d’un parti politique), qu’Ange Kessy veut restaurer, coûte que coûte. Quatrièmement. Le procureur militaire veut mettre fin à ce qui apparaît, comme une fuite en avant, voire une irresponsabilité de certains hommes politiques (du pouvoir comme de l’opposition) qui, par des mots d’ordre infects, appellent leurs militants dans les rues et qui, quand vient le moment d’assumer les actes, se rebiffent. Cinquièmement. Il s’agit pour Ange-Bernard Kessy KOuamé de moraliser la vie politique ivoirienne en faisant payer aux dirigeants, les forfaits de leurs militants dont ils sont moralement responsables.
Armand B. DEPEYLA