Le séminaire organisé par Audace institut Afrique (AIA), qui se déroule à Bassam, a été marqué par deux faits, dont l’un à la fin de la première journée et l’autre en début de matinée d’hier, mercredi 28 juillet. Au cours de cette deuxième journée de ce séminaire ayant pour thème « Afrique &Liberté », le Pr. Mamadou Koulibaly a fait une communication sur « la propriété privée ».
Il a été amené à faire une lecture critique du socialisme tel qu’appliqué par son parti, le Front populaire ivoirien (Fpi). Mais la veille déjà, c’est-à-dire le mardi 27 juillet, le président de l’AIA a dénoncé à demi-mots les travers du régime présidentiel. Vu que le conférencier précédent, le Pr. Gérard Bramoullé, semblait coincé par une question des participants, son homologue ivoirien est alors intervenu pour donner son élément de réponse. Invité à instruire l’auditoire sur le sujet « réformer l’Etat pour réformer l’économie », l’économiste européen a en effet insisté sur les avantages énormes que les pays africains gagneraient à mettre en œuvre la démocratie libérale, en conciliant les valeurs démocratiques avec les valeurs du monde économique, dont notamment la bonne gouvernance. Il en a déduit que les pays comme le Bostwana qui l’a mis en œuvre, connaisse une relative prospérité. D’où la question : comment ce pays est-il parvenu à le faire ?
C’est ici qu’intervient Mamadou Koulibaly, qui va expliquer que cela a été possible parce que le Bostwana a adopté un régime parlementaire, de sorte que les dirigeants ne font pas ce qu’ils veulent avec les ressources du pays. Par ailleurs, a-t-il renchéri, « ils n’ont pas un président fort qui fait ce qu’il veut avec les ressources du pays. Il est soumis au contrôle du parlement ». Une critique à peine voilée du régime présidentiel adopté par la Côte d’Ivoire et que défend le président Laurent Gbagbo. L’autre fait qui aura retenu l’attention à la deuxième journée, donc hier matin, ce sont les critiques portées par le président du Parlement ivoirien contre le socialisme tel que pratiqué par son parti, le Fpi. Pour le 3e vice-président du parti au pouvoir, le socialisme façon Fpi est dévoyé. « Nous l’appliquons plutôt mal que bien », s’est-il repris, après les murmures désapprobateurs de la salle lorsqu’il a dit que son parti applique « tant bien que mal » le socialisme. Ici également, l’économiste répondait à une question « phrare » qui faisait suite à sa communication sur la propriété privée. Tout au long de son exposé, le libéral Mamadou Koulibaly a en effet insisté sur les avantages énormes qu’un Etat peut tirer à mettre l’accent sur la propriété privée. « Il faut encourager la propriété privée dans tous les secteurs d’activité et ce sont ces privés qui vont créer des emplois et ainsi réduire la désespérance des populations », a-t-il notamment soutenu, avant d’ajouter : « La propriété privée valorise le capital, réveille la terre qui dort et partant contribue à réduire les inégalités sociales ». Autant d’idées qui relèvent du capitalisme et qui ont poussé l’auditoire à demander au président de l’AIA, comment il peut appartenir à la grande famille de l’international socialiste tout en développant de telles thèses. Et par ailleurs, comment explique-t-il qu’il ne parvient pas à traduire dans les faits des idées si généreuses ? A cette dernière question, Mamadou Koulibaly a répondu en disant que ce n’est pas forcément à celui qui produit les idées de les mettre en œuvre. « Nous ne produisons pas des idées pour chercher à être ministre ou président pour les appliquer. Mais il s’agit pour nous de vous amener à les appliquer ailleurs ». Et de relater l’histoire de sa rencontre avec les idéaux socialistes développés par le Fpi. « Quand j’arrivais au Fpi, on m’a dit : tu as de bonnes idées, mais tu ne pourras pas les appliquer tout seul en étant à l’université. Viens t’appuyer sur la machine Fpi pour mettre ces idées en œuvre. D’où la notion d’économie sociale de marché, fruit de l’économie de marché que je prônais et des idéaux du socialisme. Mais je ne suis pas déçu, puisque nous arrivons à les appliquer tant bien que mal ». Mais l’intellectuel ne semblait vraiment pas partager la façon dont son parti a traduit dans les faits les idées du socialisme. « Le socialisme est bâti sur un ensemble d’idées généreuses (solidarité, amour du prochain, égalité…), mais malheureusement les instruments utilisés par le socialisme ne permettent pas d’atteindre ses objectifs », a-t-il indiqué. Conséquence : « on se retrouve avec une nomenclatura riche et des ouvriers complètement pauvres ». Interpellé sur l’enrichissement illicite observé aujourd’hui dans notre société, il a répondu que l’on devrait s’interroger si lui, Mamadou se bâtit une maison de 200 millions fcfa alors que son salaire ne lui aurait pas permis. « Quand on prend l’argent de la mafia pour créer des emplois, ça atténue le poids de la mafia. Mais lorsque ce n’est pas le cas, ça devient quelque chose de problématique. », a-t-il fait remarquer, non sans blâmer pratiquement ceux qui choisissent de se taire sur de telles pratiques par crainte qu’on ait quelque chose à redire sur leur compte. Aujourd’hui, le président de AIA va faire sa dernière communication du séminaire.
Assane NIADA
Il a été amené à faire une lecture critique du socialisme tel qu’appliqué par son parti, le Front populaire ivoirien (Fpi). Mais la veille déjà, c’est-à-dire le mardi 27 juillet, le président de l’AIA a dénoncé à demi-mots les travers du régime présidentiel. Vu que le conférencier précédent, le Pr. Gérard Bramoullé, semblait coincé par une question des participants, son homologue ivoirien est alors intervenu pour donner son élément de réponse. Invité à instruire l’auditoire sur le sujet « réformer l’Etat pour réformer l’économie », l’économiste européen a en effet insisté sur les avantages énormes que les pays africains gagneraient à mettre en œuvre la démocratie libérale, en conciliant les valeurs démocratiques avec les valeurs du monde économique, dont notamment la bonne gouvernance. Il en a déduit que les pays comme le Bostwana qui l’a mis en œuvre, connaisse une relative prospérité. D’où la question : comment ce pays est-il parvenu à le faire ?
C’est ici qu’intervient Mamadou Koulibaly, qui va expliquer que cela a été possible parce que le Bostwana a adopté un régime parlementaire, de sorte que les dirigeants ne font pas ce qu’ils veulent avec les ressources du pays. Par ailleurs, a-t-il renchéri, « ils n’ont pas un président fort qui fait ce qu’il veut avec les ressources du pays. Il est soumis au contrôle du parlement ». Une critique à peine voilée du régime présidentiel adopté par la Côte d’Ivoire et que défend le président Laurent Gbagbo. L’autre fait qui aura retenu l’attention à la deuxième journée, donc hier matin, ce sont les critiques portées par le président du Parlement ivoirien contre le socialisme tel que pratiqué par son parti, le Fpi. Pour le 3e vice-président du parti au pouvoir, le socialisme façon Fpi est dévoyé. « Nous l’appliquons plutôt mal que bien », s’est-il repris, après les murmures désapprobateurs de la salle lorsqu’il a dit que son parti applique « tant bien que mal » le socialisme. Ici également, l’économiste répondait à une question « phrare » qui faisait suite à sa communication sur la propriété privée. Tout au long de son exposé, le libéral Mamadou Koulibaly a en effet insisté sur les avantages énormes qu’un Etat peut tirer à mettre l’accent sur la propriété privée. « Il faut encourager la propriété privée dans tous les secteurs d’activité et ce sont ces privés qui vont créer des emplois et ainsi réduire la désespérance des populations », a-t-il notamment soutenu, avant d’ajouter : « La propriété privée valorise le capital, réveille la terre qui dort et partant contribue à réduire les inégalités sociales ». Autant d’idées qui relèvent du capitalisme et qui ont poussé l’auditoire à demander au président de l’AIA, comment il peut appartenir à la grande famille de l’international socialiste tout en développant de telles thèses. Et par ailleurs, comment explique-t-il qu’il ne parvient pas à traduire dans les faits des idées si généreuses ? A cette dernière question, Mamadou Koulibaly a répondu en disant que ce n’est pas forcément à celui qui produit les idées de les mettre en œuvre. « Nous ne produisons pas des idées pour chercher à être ministre ou président pour les appliquer. Mais il s’agit pour nous de vous amener à les appliquer ailleurs ». Et de relater l’histoire de sa rencontre avec les idéaux socialistes développés par le Fpi. « Quand j’arrivais au Fpi, on m’a dit : tu as de bonnes idées, mais tu ne pourras pas les appliquer tout seul en étant à l’université. Viens t’appuyer sur la machine Fpi pour mettre ces idées en œuvre. D’où la notion d’économie sociale de marché, fruit de l’économie de marché que je prônais et des idéaux du socialisme. Mais je ne suis pas déçu, puisque nous arrivons à les appliquer tant bien que mal ». Mais l’intellectuel ne semblait vraiment pas partager la façon dont son parti a traduit dans les faits les idées du socialisme. « Le socialisme est bâti sur un ensemble d’idées généreuses (solidarité, amour du prochain, égalité…), mais malheureusement les instruments utilisés par le socialisme ne permettent pas d’atteindre ses objectifs », a-t-il indiqué. Conséquence : « on se retrouve avec une nomenclatura riche et des ouvriers complètement pauvres ». Interpellé sur l’enrichissement illicite observé aujourd’hui dans notre société, il a répondu que l’on devrait s’interroger si lui, Mamadou se bâtit une maison de 200 millions fcfa alors que son salaire ne lui aurait pas permis. « Quand on prend l’argent de la mafia pour créer des emplois, ça atténue le poids de la mafia. Mais lorsque ce n’est pas le cas, ça devient quelque chose de problématique. », a-t-il fait remarquer, non sans blâmer pratiquement ceux qui choisissent de se taire sur de telles pratiques par crainte qu’on ait quelque chose à redire sur leur compte. Aujourd’hui, le président de AIA va faire sa dernière communication du séminaire.
Assane NIADA