Les Ivoiriens veulent plutôt des élections

A quoi bon fêter un cinquantenaire le ventre creux ? C’est la question que bon nombre d’Ivoiriens se pose en ce moment. Chose qui explique l’impression générale qui se dégage présentement autour de cet évènement : le manque engouement des populations. En effet, malgré le tapage médiatique qui entoure les festivités du cinquantenaire, la vie se passe en Côte d’Ivoire comme si de rien n’était. Malgré les clapotis du staff d’organisation conduit par l’Ambassadeur Pierre Kipré – qui, pour la circonstance, a totalement abandonné son poste de Paris pour élire résidence à Abidjan – les Ivoiriens semblent n’accorder aucune importance aux festivités du cinquantenaire. Dans leur grande majorité, ils ont plutôt l’esprit ailleurs. Pour eux, s’il est vrai que 50 ans dans la vie d’une nation est un évènement exceptionnel, l’opportunité d’organiser des festivités grandioses est cependant une autre chose. En effet, le cinquantenaire de la Côte d’Ivoire intervient dans une période où le pays est toujours plongé dans une crise sociopolitique et économique sans précédent de sa jeune histoire. Aujourd’hui, sur le plan économique surtout, les signaux sont totalement au rouge dans notre pays. La pauvreté est de plus en plus grandissante. Selon un rapport officiel du gouvernement, publié en 2009, plus de 48% de la population ivoirienne vit dans la pauvreté, avec moins de 600 francs CFA par jour. Et cette année, la situation du pays reste toujours approximative. Les investisseurs et autres bailleurs de fonds, de leur côté, attendent la tenue effective des élections, gage de stabilité, pour enfin se manifester. Et pourtant, ces élections peinent toujours à devenir une réalité. Cela, par la faute d’une minorité présidentielle qui, visiblement insensible à la misère des Ivoiriens, fait mains et pieds pour retarder cette échéance électorale. Chose qui fait la Côte d’Ivoire est aujourd’hui l’un des rares pays au monde à n’avoir pas goûté au délice des élections durant toute cette dernière décennie. Pendant ce temps, les populations sont au bout du gouffre. Hommes, femmes, politiques, organisations de la société civile, tous ont donc le regard braqué sur ces élections. Car, celles-ci sonnent comme le véritable catalyseur pour une meilleure sortie de crise en Côte d’Ivoire. Et c’est bien à partir de ces élections que le pays reprendra enfin le chemin du développement. Fêter donc le cinquantenaire à coût de milliards, les Ivoiriens s’en moquent, à la limite. Ils veulent plutôt des élections. Diawara Samou