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Politique Publié le vendredi 13 août 2010 | Le Nouveau Réveil

Pr Maurice Kakou Guikahué (Secrétaire général adjoint du Pdci) à cœur ouvert : “Bédié a géré la crise interne du Pdci avec sagesse et responsabilité”

© Le Nouveau Réveil Par KS
Politique nationale : Pr Maurice Kakou Guikahué, secrétaire général adjoint du PDCI-RDA, délégué départemental de Gagnoa
Photo: Pr Maurice Kakou Guikahué, ancien ministre de la Santé
Le Pdci-Rda et la présidentielle du 31 octobre 2010, c`est autour de cette problématique que s`est déroulé cet entretien à bâtons rompus avec le Pr. Kakou Guikahué, Secrétaire général à l`Organisation du Pdci-Rda. Bien entendu, certains sujets d`actualité tels que le cinquantenaire ou le discours de Gbagbo face aux généraux n`ont pas été éludés.

Vous étiez la cheville ouvrière de la rencontre entre le président Bédié et les jeunes du Pdci-Rda le 31 juillet dernier. Quelles sont vos impressions à la suite de cet évènement ?
Depuis octobre 2009, après la tournée dans la région des Savanes, avec les incertitudes du calendrier électoral, les reports successifs, le président Bédié n`avait pas de contact de masse avec la population. Nous nous sommes rendu compte qu`au niveau des jeunes, il y a la structure officielle statutaire qui est la Jpdci et à côté, il y a une floraison, dans le cadre du dynamisme du Pdci, de mouvements et de structures de soutien. Pour le seul district d`Abidjan, nous avons 107 mouvements. Donc il était difficile dans le cadre de la campagne, de travailler dans une telle atmosphère. Le président a donc instruit le 1er ministre Duncan qui nous a associé pour travailler à mobiliser et à aller vers l`unité de ces structures. En tant que secrétaire à l`organisation, mon travail a été d`aller sur le terrain, en contact avec les jeunes. La structure officielle ne posait pas de problème, il fallait donc réorganiser tout ce qui se dit société civile. Nous sommes donc passé des 107 structures à des regroupements. Nous avons la coalition des jeunes conduites par Atsé Jean Claude, la coordination des jeunes conduite par Koffi Williams, la plate-forme des jeunes conduite par Abo Florent, le mouvement des verts conduit par Jean Louis Abonouan (Ampirus), et tous les autres groupes qui ne sont pas dans le mouvement que nous avons appelés les non-alignés qui sont conduits par Zié Daouda Coulibaly. Nous sommes arrivés à ces 5 entités à côté de la Jpdci. C`est toutes ces organisations que le président Bédié a rencontrées en plus de la Jpdci le 31 juillet dernier. Le discours du président Bédié a été clair. Il a dit que outre la structure tatutaire qui est la Jpdci dirigée par le président KKB, il faudrait que les autres mouvements de jeunesse, dans une forme de plate forme de travail se mettent ensemble pour travailler. Que chacun excelle dans le domaine qu`il s`est choisi lui-même. Il a dit à tous ces mouvements : " Il faut que vous soyez capables de maîtriser les milieux que vous avez ciblés vous-mêmes. Et en toute autonomie ". Donc les mouvements gardent leur autonomie mais s`il y a une action à mener, on appelle tous ces mouvements et la Jpdci et dans un cadre de groupe de travail, on met les choses en ordre et on avance sur le terrain pour ratisser au maximum.

On a senti une véritable union des jeunes autour du candidat Bédié.
C`est indiscutable. Les jeunes ont décidé de soutenir le candidat Henri Konan Bédié. Cela ne souffre d`aucun doute.

Au Pdci, on a parlé de velléité de candidature, on a parlé aussi de Banny, on a vu Ampirus très proche du Premier ministre Banny à ce rassemblement. Aujourd`hui, peut-on dire que les clameurs se sont tues ?
Vous avez bien dit qu`Ampirus, très proche du premier ministre Banny était à la rencontre avec le président Bédié, mais en plus, il a dit qu`il confirmait que le 1er ministre Banny n`avait jamais dit qu`il était candidat. Ce que je peux dire, c`est que cette affaire a été orchestrée dans la presse. C`est de bonne guerre. Vous savez, dans le mois de juin, Mamadou Koulibaly qui est le numéro 2 du régime a accusé publiquement Tagro et le reste du système en parlant de népotisme, de corruption, de trafic d`influence, et de détournement… Il a tout dit. Donc le Fpi était dans des difficultés. Je pense donc qu`il y a des officiels qui ont dû payer des journaux pour mettre le feu dans la maison du Pdci pour ne pas que le Fpi soit le seul parti en difficulté. C`est ainsi que je vois les choses. Mais comme en politique il ne faut jamais sous-estimer les choses, (le président Bédié n`était pas obligé, d`autant plus que depuis 2007 le Bureau politique s`était déjà prononcé sur ces choses-là) de reconvoquer le Bureau politique puisque la question avait été déjà réglée depuis 2007. Mais le président Bédié a réconvoqué le Bureau politique pour recadrer les choses. Il a posé deux questions fondamentales. Premièrement : Est-ce qu`on va à un congrès extraordinaire ? Le Bureau politique a répondu non, nous avons déjà réglé cela depuis 2007 en disant pas de congrès extraordinaire donc on ne va pas a un congrès extraordinaire,. Deuxièmement : y a-t-il encore une autre candidature au Pdci ? Le Bureau politique a dit non, c`est la candidature du président Bédié. Donc le Bureau politique a tranché. Ce que les gens demandent aujourd`hui, c`est qu`on se mette au travail véritablement pour battre la campagne du candidat Bédié et que la date du 31 octobre pour la présidentielle soit-tenue. Si les gens à travers cela voulaient créer un problème au sein du Pdci, ils ont échoué.

La page est-elle donc tournée ?
La page n`a jamais été ouverte. C`est la presse qui l`avait ouverte. Pour nous au Pdci, cette page n`a jamais été ouverte.

Quel commentaire faites-vous de l`attitude du président Bédié dans la gestion de cette affaire ?
Je suis très satisfait de la manière dont le président Bédié a géré cette affaire. Il a une fois de plus montré son sens de démocratie. Il n`était pas obligé de convoquer le Bureau politique. Souvent quand il parle, il dit mes compagnons. A un moment donné, des choses ont été dites. Donc de temps à temps, il faut faire une revue des troupes pour voir si tout le monde dit et pense la même chose. Le président a fait une action préventive qui a tout calmé. Cette crise a été bien gérée et le président Bédié a démontré qu`il maîtrisait le Pdci-Rda contrairement à ce que les gens avaient voulu faire croire.

Le comité national de campagne s`est réuni après la fixation de la date des élections. Quel était l`objectif de cette rencontre ?
Vous savez très bien que les élections devraient avoir lieu le 29 novembre 2009. Nous nous sommes investi dedans du 22 septembre 2007 à novembre 2009. Le président Bédié a fait le tour d`une grande partie de la Côte d`Ivoire pendant 2 ans, il est entré en campagne. On devrait avoir les élections le 29 novembre 2009 et cela a été reporté. Ensuite, on nous a servi la dissolution de la Cei et du gouvernement. Il fallait donc gérer tout cela. Après, on a dit fin mars début avril, il y avait un flou. Et c`est dans cette grisaille qu`un conseil de ministre s`est réuni pour fixer la date du 31 octobre pour le 1er tour de l`élection. La prise de décision a respecté la procédure. La Cei a proposé, le conseil des ministres a entériné et le président a signé le décret. Le collège électoral est convoqué par décret le 31 octobre 2010. Il fallait donc que le Pdci se mobilise pour répondre présent à ce rendez-vous. C`est la raison pour laquelle le comité de campagne a été réactivé. Il y a une réunion qui s`est tenue, la semaine prochaine, elle va s`étendre à d`autres couches etc. C`est une reprise des activités de campagne. Nous avons une date, nous savons où nous allons et nous pouvons faire une planification. C`est une reprise des activités. Dans le flou on ne peut rien faire ni planifie. Cette fois-ci, les choses sont claires. Le président Gbagbo le 07 Août disait : quand on me faisait fixer des dates, on me mentait. Raison pour laquelle on ne tenait pas. Mais cette fois-ci je félicite le 1er ministre et le président de la Cei qui nous ont dit la vérité". Si nous avons choisi cette date, c`est juste. A partir du moment où on ne lui a pas menti, je pense que cette date sera respectée.

Au vu du chronogramme qui a été publié dans la presse, pensez-vous qu`on pourra vraiment aller aux élections le 31 octobre prochain ?
Nous avons rencontré le directeur de cabinet adjoint du premier ministre en charge du processus de sortie de crise au mois d`avril au Pdci au cours d`une réunion qui a duré 3 heures. Il a passé le message suivant. Dès que vous avez le décret de fixation des élections, il vous faut deux mois pour aller aux élections ". Le décret a été pris le 05 août donc normalement le 05 octobre, on peut aller aux élections. Du 05 octobre au 31 octobre, on a plus 3 semaines pour être à l`aise.

C`est un discours de technicien ?
Oui parce qu`il y a un certain nombre de tâches à accomplir. Techniquement, rien ne s`oppose à ce qu`on organise les élections. Parce que le 05 octobre, on peut régler et organiser tout. Les trois semaines ont été ajoutées parce que nous sommes dans un domaine des hommes et il peut y avoir des aléas. Maintenant, la question qui se pose est : le président Gbagbo a-t-il la volonté politique pour aller aux élections ? Si non la date est déjà choisie. Les trois semaines, c`est pour fabriquer et distribuer les cartes d`électeur et les pièces d`identité. En partant du 05 Août 2010, c`est cinq semaines qui ont été ajoutées pour que nous soyons fin prêts. S`il n`y a pas de mauvaise foi politique, les Ivoiriens n`ont rien à craindre, les élections doivent avoir lieu.
J`ai toujours dit, pour avoir des élections, il y a trois conditions à remplir. Il faut des candidats. Nous sommes situés depuis 2009; donc cette question est réglée. Il faut une liste électorale qui est presque prête. Dans le chronogramme que la Cei a sorti, le 05 septembre, on devrait publier la liste électorale définitive. Le président Gbagbo avait pris une ordonnance pour ramener le délai de trois mois à un mois. Juridiquement et techniquement, nous sommes dans le temps, la sécurisation des élections. Pour cela, le Centre de commandement intégré (Cci) a été créé et la commission internationale qui a financé la sécurisation des élections attend que ce soit clair, qu`on aille aux élections et que le Cci se mette au travail. Les conditions sont remplies pour aller aux élections. Pour moi, la question fondamentale, c`est qu`à la date du 05 septembre, est-ce que la liste électorale définitive sera livré ? Si le 05 septembre 2010, la liste électorale définitive est livrée, il n`y a aucun problème.

Il y a eu beaucoup de couacs et de reports dans le passé. Estimez-vous que le problème pour aller aux élections, c`est Gbagbo Laurent ?
Gbagbo Laurent et le camp présidentiel. C`est clair. C`est une question de terrain. Vous savez que le Fpi est minoritaire. Vous savez les conditions dans lesquelles le Fpi a été élu. Le Fpi a été élu dans des conditions calamiteuses et Gbagbo lui-même le reconnaît et le dit. Par la magie des choses, le dépouillement a été stoppé et des résultats ont été proclamés. Il y a des doutes. Sur les 5.300.000 inscrits, seuls 1,5 million qui ont voté. Le collège électoral qui l`a voté, il n`y avait pas 25% de ceux qui étaient inscrits et dans ce nombre, Gbagbo n`a pas obtenu 100%. Donc c`est un président qui a un parti minoritaire. Les gens savent que s`il y a des élections, ils vont perdre. Voilà pourquoi ils font des instrigues, ils ont la peur du lendemain.
Au cours d`un séminaire à Mama, où il a reçu tous les grands patrons du Fpi, il a fait un aveu de taille. Où les gens avaient commencé par raisonner et exiger les élections. Il a dit " Si je perds les élections, vous perdez vos fortunes ". Il venait ainsi de faire peur aux militants comme il l`a fait aux militaires " Si je tombe, vous tombez ".

Quel commentaire faites-vous de cette phrase à l`endroit des généraux a qui il venait à peine de donner des grades ?
Il a mis les généraux mal à l`aise. Parce que ceux-ci vivent avec le peuple, ils ont des parents. Ils sont jugés aussi par l`extérieur. C`est un discours de trop et inutile. On sait désormais la mission qui a été confiée à ces généraux. Il leur disait à peu près ceci : " Je vous ai gradés, vous n`êtes pas méritants, c`est pour me soutenir que je vous donne les étoiles ", c`est dégradant pour les généraux-mêmes. "Le Nouveau Réveil" a fait une très bonne analyse politique. Gbagbo a dévalorisé leur grade. Il leur a dit que vous ne méritez pas cela, c`est pour me servir que je vous ai mis là. Ces généraux ont été mis mal à l`aise alors que parmi eux, il y a des hommes de valeur.

Cela confirme les propos selon lesquels Gbagbo a peur d`aller aux élections ?
C`est les expressions des gens qui ont peur, qui ne sont pas sûrs d`eux.

Ne craignez-vous pas un passage en force de Gbagbo lors des élections prochaines comme le scénario avec Guéï ?
Je pense que tout est possible. Nous sommes en politique et la politique n`est pas un jeu d`enfant. Vous venez de soulever un dossier évoquant des remous au Pdci. Le calcul que les gens ont fait, c`est quoi ? C`est de dire que le président ayant un certain âge on reporte. C`est un calcul qui est fait depuis longtemps. Au Pdci, nous avions vu les choses venir et avons devancé les détracteurs. Il ne faut pas croire que nous aussi, nous ne réfléchissons pas. Le président ayant un certain âge, ils se sont dit: nous allons reporter les élections de novembre et avant de fixer une nouvelle date, nous allons mettre le cafouillage au sein du Pdci en vue de susciter la tenue d`un congrès pour écarter le président Bédié. C`est la tentative qui a été faite. Vu l`énergie dépensée pour faire cette campagne dans les journaux ; on sait que des moyens colossaux y ont été investis. Nous, au Pdci, nous avions déjà devancé cela. Et dès que la presse a commencé son tapage médiatique, le Secrétaire général a entamé automatiquement une tournée qui a débouché sur un bureau politique. Même si nous ne le disons pas sur la place publique, nous réfléchissons. Le Pdci ne peut pas avoir dirigé ce pays pendant 40 ans et être des nains politiques. Vous dites que Gbagbo veut faire un passage en force. Non, nous sommes en politique. Et tout cela fait partie du jeu politique. Il nous dit que le 31 octobre, on va aux élections. Nous nous préparons pour y aller et ce que nous demandons aux militants, c`est de faire en sorte que le président Bédié soit élu. Il leur faut voter au maximum le président Bédié pour que le Pdci passe au premier tour avec plus de 51% des voix. C`est ce travail que nous faisons. Quand les gens auront fait leur travail en votant, le reste, on va le gérer. Nous n`allons pas nous laisser surprendre. Contrairement à ce que vous pensez. On fera en sorte que les gens votent et le reste, on verra.

Et si Gbagbo proclame qu`il a gagné les élections et qu`il fait sortir les chars dans les rues ?
Nous n`en sommes pas encore là. Toutes les éventualités sont pensées. Quand vous allez à une finale de coupe, même si vous êtes super entraînés, et que lors de la saison, vous avez battu votre adversaire du jour en match aller et retour, quand c`est une finale de coupe, il y a 3 résultats. Soit vous êtes battu dans les 90 mn, soit vous gagnez dans les 90 mn, soit vous allez aux tirs au but après un match nul. Donc c`est tout cela qu`un entraîneur gère. C`est ce qu`on appelle le coaching. Le président Bédié est candidat, nous avons une Direction de campagne. Nous sommes sûrs de gagner les élections mais nous avons quand même des hypothèses. Etant dans le monde des humains, nous nous préparons au cas où nous les perdrions ce qui est infirme. Nous n`avons pas en face des gens qui n`existent pas. Nous allons pour gagner. Mais nous nous mettons aussi en tête qu`on peut gagner et les gens peuvent nous arracher notre victoire. Tout cela, c`est cela gérer une campagne électorale. Quel que soit ce que Gbagbo pense, si le président Bédié gagne, on lui donnera sa victoire et c`est ainsi que cela va se passer, j`en suis certain et je voudrais tranquilliser les Ivoiriens.

Il y a un silence troublant que nous ne comprenons pas, c`est celle du président Blaise Compoaré, facilitateur dans la crise ivoirienne. Et ce, malgré la fixation de la date des élections. Depuis un certain temps, il prend de plus en plus de recul ?
La politique ne se fait pas sur la place publique. Quand on est facilitateur ou médiateur, souvent ce qu`on dit, c`est la phase visible de l`iceberg, on ne donne que les conclusions. Si vous avez très bien suivi le président Compoaré en mai dernier lors du sommet France Afrique à Nice, il a déclaré qu`il accompagne le processus jusqu`en fin 2010. Au-delà, il ne garantit rien. C`est un message. Dieu merci, la date des élections a été fixée au 31 octobre c`est-à-dire 2 mois avant la fin de l`année 2010. Je suis sûr qu`il travaille. Il est arrivé à une phase ou on ne doit pas trop bavarder, on doit travailler, le ministre Tagro fait souvent des missions discrètes à Ouaga sans que vous le sachiez. Le président Blaise Compaoré suit. Il y a ce que les gens crient le jour et ce qu`ils font la nuit. La politique la pluspart du temps se fait la nuit.

Il y a un Cpc interne, local qui se tient les jours à venir. Qu`est-ce qui pourrait se passer à cette rencontre ?
Lors du dernier Cpc, 80% des discussions avaient tourné autour de la liste électorale. Il avait été dit qu`il fallait faire les deux opérations de manière concomitante, vérifications avec contentieux. Le contentieux administratif est terminé, nous sommes dans le contentieux juridique qui prend fin le 25 Août selon le chronogramme donné par la Cei. Après le 25 Août, on ne parle plus de contentieux. Le terrain s`arrête et on rentre au laboratoire. Donc je suis sûr que le Cpc ira statuer sur cela, la liste électorale définitive. Mon inquiétude aujourd`hui, c`est le problème des inscriptions et des radiations. Au début, le Fpi a voulu faire un passage en force. Ils recensaient les gens et ils allaient directement voir le juge pour demander leur radiation. Les gens ne se sont pas laissé avoir et vous avez vu ce qui s`est passé à Man, à Divo, à Katiola. Ensuite avec la dissolution de la Cei, le pays a été embrasée et Gbagbo est revenu sur sa décision en remettant la Cei là où elle était. Maintenant on a parlé de mode opératoire et la Cei a pris la liste grise sur laquelle elle a poursuivi le contentieux et ceux qui ont pu être récupérés l`ont été. Ils ont été ajoutés sur la liste blanche avec laquelle a été faite une liste provisoire unique. C`est cette liste sur laquelle a été fait le contentieux administrative. C`est elle qui servira d`appui pour le contentieux juridique qui se passe actuellement et qui prend fin le 25 Août. Le mode opératoire dit : si vous voulez radier quelqu`un ou si vous voulez vous inscrire, vous vous présentez devant la Cei locale, et elle statue. Soit elle vous donne raison, soit elle vous donne tort. Dans ce dernier cas, vous saisissez la juridiction locale. Si vous avez voulu radier quelqu`un et que la Cei locale vous a donné raison, celui que vous avez radié, n`étant pas d`accord, saisit le juge pour trancher. Si vous qui avez voulu radier, vous avez été débouté par la Cei, vous pouvez saisir le juge pour trancher. Mais il faut avoir un document qui montre que vous avez présenté votre cas devant la Cei, et que la Cei vous a débouté. Quand on est revenu dans les normes, le Fpi est rentré dans l`ordre et est allé devant la Cei. Après la décision de la Cei, ils vont maintenant voir le juge. Est c`est en cela que j`interpelle les juges. La paix dans ce pays se trouve dans leurs mains. En leur intime conviction, il faut qu`ils sachent rendre le jugement. Parce que les gens suivent. S`il y a des personnes qui sont ivoiriennes et que par inadvertance des juges radient, cela peut embraser encore le pays. Pour moi, c`est ce problème-là qui peut faire en sorte qu`il n`y ait pas élection. Ce qu`on apprend, si tel est que les juges procèdent à des radiations sans preuve et qu`ils dénient la nationalité aux personnes qui sont ivoiriennes, cela peut embraser le pays. Et si le pays s`embrase, on oubliera les élections. Donc si les juges veulent qu`il y ait la paix en Côte d`Ivoire, il y aura la paix. S`ils ne veulent la pas paix, ils vont embraser le pays. Le Cpc qui se tient la semaine prochaine doit régler le problème de façon politique. Le nœud gardien du système mis en place par la Cei, si ce nœud gardien tient, c`est le 05 septembre. Si de ce jour jusqu`au 05 septembre on ne radie pas des gens, de façon arbitraire et qu`il y a la paix et que ceux qui ont été radiés le reconnaissent et qu`il y a les preuves, il n`y aura aucun problème. Mais si des personnes sont radiées de façon arbitraire, j`ai bien peur que le pays s`embrase. Et c`est cela mon inquiétude.

revenons sur les récentes festivités du cinquantenaire Quelles appréciations en faites-vous ?
Le cinquantenaire a été mal conduit et cela, je le dis. Les gens ont voulu en faire une affaire de Fpi et de la mouvance présidentielle. Et cela traduit le manque d`adhésion de la population à ce cinquantenaire. Et cela a été un fiasco. C`est un signe pour le président Gbagbo. Si les gens le soutenaient, ils allaient sortir massivement. Mais ce n`était pas le problème des gens. Et lui-même s`en est rendu compte. Il a dit que c`est en décembre qu`il allait organiser le grand défilé. Lui-même a été convaincu qu`il s`était trompé. En Côte d`Ivoire, il y a des partis politiques. C`était l`occasion pour le président de montrer qu`il est républicain et qu`il est le président de tous les Ivoiriens et non président du camp Fpi. Le Pdci a géré ce pays pendant 40 ans. D`autres existent, le Pdci n`est pas seul. La première des choses, c`était de convoquer tous les leaders des partis politiques et leur dire le 07 Août prochain, la Côte d`Ivoire a 50 ans, on entre dans le cinquantenaire. Quelle est votre appréciation, parce que c`est un dossier qu`on doit gérer ensemble ? Si toute la classe politiques, avait adhéré malgré la situation, nous allons marquer le coup, nous faisons le cinquantenaire. Vous alliez voir que cela allait être populaire. Ou bien la classe politique allait dire au président " nous sommes d`accord avec vous mais comme le Burkina vient de le décider, le Burkina où il n`y a pas de problème, le président a reporté les festivités après les élections. On pouvait dire comme nous sortons de la crise, vous faites l`unicité des caisses. Nous allons faire des missions à travers le pays. Pour dire que le pays est un.. La réconciliation est scellée, avec des signes patents et nous allons au cinquantenaire après les élections ". Parce que tu ne peux pas dire aux gens que nous ne pouvons pas aller aux élections parce que les gens ne sont pas démobilisés, l`administration n`est pas partout…
Donc il y a plein de contradictions. Tu fais le cinquantenaire de quel pays ? Et Affi N`guessan le dit à longueur de journée sur toutes les tribunes. Donc nous nous posons la question de savoir si c`est un cinquantenaire du Sud ou du Nord. La situation ne se prêtait pas à un cinquantenaire.

Le Pr Kipré Pierre a eu des critiques dures à l`endroit de "Le Nouveau Réveil" dont il dit qu`il fallait mettre au poteau des journalistes pour avoir critiqué son organisation et le Pdci qu`il accuse de ne pas vouloir assumer son passé ?
Je veux faire un retour historique. Kipré est comptable de l`échec du Pdci si le Pdci avait échoué. Il ne faut pas se disculper facilement. Je ne parle même pas de gouvernement parce que le gouvernement est républicain. Je parle du Pdci. Je veux rappeler à Kipré qu`il ne peut pas parler ainsi et que ses propos gênent le Pdci. Ce que je vais lui rappeler ne remonte pas au parti unique mais de octobre 1990. Le président Houphouët avait pris l`habitude de faire prononcer un discours de clôture à chaque fin de congrès par un jeune. C`est comme ça que le président Bédié a inauguré les discours de clôture en 1965. Les gens quand, ils parlent, ils ne vont pas dans l`histoire du parti. Et c`est tout à fait normal que le président Houphouët ait choisi Bédié. Le premier congrès de l`indépendance, c`est Bédié que le président a choisi pour faire le discours de clôture. C`est lui en 1965 qui a prononcé le discours de clôture. Ensuite, il y a eu Akoto Yao en 1970. Et Djédjé Mady a été choisi en 1980 pour lire le discours de clôture du congrès. En 1985, c`était Fologo. Et en avril 1990, le président Houphouët a convoqué le bureau politique le 30 avril pour demander au Pdci s`il était d`accord pour réactiver le multipartisme. Le bureau politique du Pdci a donné son accord et le président Houphouët a convoqué un conseil de ministre le 05 Mai et c`est le conseil de ministre qui a pris la décision qu`à compter de ce jour, on appliquait l`article 7 de la Constitution et c`est ainsi que le multipartisme a été réinstauré en Côte d`Ivoire. En octobre 1990, au moment où le multipartisme existait, on ne dira pas que c`était le parti unique. Le discours de clôture du congrès de 1990 à Yamoussoukro sur l`esplanade de la fondation a été lu par Pierre Kipré. Donc, un monsieur comme ça ne devrait même pas collaborer avec Gbagbo. S`il a été nommé ambassadeur, c`est bien parce que c`est républicain et c`est parce qu`il a une valeur, il peut faire son travail. Mais il n`a pas été nommé pour organiser le cinquantenaire. Il ne doit pas entrer dans des attaques contre des partis politiques et dire qu`il soutient Gbagbo. C`est mal placé. C`est un frère et là, je ne l`apprécie pas du tout. Je suis abasourdi par le comportement de Kipré.

Sur une chaîne étrangères le porte-parole du président Gbagbo se félicitait du courage de celui-ci et dénigrait du coup le comportement du président Bédié qu`il a traité de fuyard. Quel est votre commentaire là-dessus ?
C`était lors d`un publi-reportage sur une chaîne étrangère qui montrait une tournée de Gervais Coulibaly à Séguéla. Ce publi-reportage m`a édifié sur deux points. La personne qui conduisait Gervais Coulibaly était à la grande surprise, le ministre Timité Ahmed. Il a été Haut commissaire du président Bédié dans la région des Savanes. Ahmed Timité qui a été ministre de l`Agriculture sous Guéï, a été aussi délégué départemental du Pdci à Séguéla. Et il était tout heureux, tout content de faire l`apologie de Gbagbo. J`ai été très surpris. Dans ce publi-reportage, Coulibaly Gervais, à une étape, donnait des exemples. Il disait : “je vais vous poser deux questions. Il y a deux personnes. La première personne dort dans sa maison avec sa femme et ses enfants et un bandit entre dans la maison, plutôt que de faire face, elle passe par la fenêtre et s`en va. La deuxième, elle est dans le village et apprend que sa famille est attaquée et s`en va la défendre. Qui allez-vous voter ? ” Il a dit que c`est Gbagbo qui est courageux. Le même Coulibaly a dit par la suite qu`il a adressé une lettre à Bédié dans laquelle il le félicitait d`avoir évité à la Côte d`Ivoire un bain de sang en mai. Il a été sage et il a évité que la Côte d`Ivoire ne s`embrase. Donc après avoir publiquement dénigré Bédié, en aparté, avec les journalistes, il lui reconnaissait des qualités, notamment sons sens du patriotisme, son humilité, notamment son sens du patriotisme et son amour pour son pays. Je voulais dire à Coulibaly qu`il n`a pas fini l`histoire. Le premier homme qui est passé par la fenêtre, qu`est-ce qui est arrivé à sa famille ? Voici ce qui est arrivé. Quand il est parti, le bandit a dit que c`était un règlement de compte, qu`il n`avait pas affaire à la famille. Les populations ont accouru et le bandit a été neutralisé et la personne est revenue. Aucun membre de sa famille n`a été tué, le village a été épargné. Il s`est humilié pour sauver le village. La seconde histoire, quand l`autre qu’il dit courageux est revenu, que s`est-il passé ? C`est cela la suite de l`histoire. Quand il est revenu, ses enfants ont été tués, beaucoup de ses parents ont été tués, le village a été brûlé. Et le bandit était là et il lui a dit : "la condition pour que tu rentres dans ta maison est qu`il faut que je partage ta famille avec toi". Et lui a dit: “ je suis d`accord ”. Donc la fin de l`histoire, c`est cela. Le monsieur dont on dit qu`il a été courageux a accepté de partager sa femme avec le bandit. Moi, celui que je préfère c`est le premier. Il est parti dans l`humilité, et dans la dignité, il a préservé la vie humaine et il est revenu avec un pays entier. Le second qui est revenu, qui a voulu jouer au brave, partage sa femme et le reste des habitants de son pays avec le bandit .Où est donc son courage. Il fallait que je réponde à Coulibaly Gervais pour lui dire que pour la Côte d`Ivoire de demain, il faut un homme sage, raisonné et d`expérience. Parce que le plus gros du travail à faire après les élections, c`est la réconciliation. Et il faut un homme d`expérience, rempli d`humilité, de sagesse et de discernement.
Interview réalisée par Akwaba Saint Claire
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