L’élection présidentielle, plusieurs fois reportées, est annoncée, finalement cette année à la date du 31 octobre 2010, sur fond de forte rivalité entre Gbagbo, Ado et Bédié. La bataille pour capter les voix des populations ivoiriennes fait déjà rage. Soir-Info explore les méthodes et stratégies de campagne des trois poids lourds.
L’intérêt, particulier, porté par Laurent Gbagbo, candidat de la majorité présidentielle, pour le nord est tout, sauf fortuit… Car, la bataille dans le septentrion du pays sera particulièrement âpre. Certains observateurs, à tort ou à raison, pensent que cette élection présidentielle se jouera en grande partie dans le nord du pays, occupé depuis 2002 par les Forces nouvelles. Celui qui l’a perdra est assurée d’avoir échoué à plus de 35 % dans la course au fauteuil présidentiel. Cette élection sera d’autant plus suivie par Gbagbo et Ado que ces deux candidats ont recruté leur directeur de campagne national dans la dynastie Gon. Ce sera donc une bataille dans la bataille entre un oncle et son neveu, à travers leurs candidats respectifs. Dr Issa Malick Coulibaly ( Dnc de Gbagbo) et Coulibaly Gon ( Dnc d’Ado). Le nord de la Côte d’Ivoire se présente, dès lors, pour ces deux grands candidats et à un degré moindre, Henri Konan Bédié, comme un enjeu de taille… Enjeu pour le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-rda) qui en avait fait sa chasse gardée naturelle jusqu’à sa chute en 1999. Enjeu pour le Rdr (Rassemblement des Républicains) qui l’a ravi au Pdci pour y régner en maitre absolu aujourd’hui, raflant la quasi-totalité des postes électifs aux scrutins de 2001. Enjeu pour le Fpi qui y a plus de points négatifs que positifs depuis l’apparition de la rébellion des Forces nouvelles dont certains affirment « avoir pris les armes contre Gbagbo pour des raisons purement politiques ». On le voit, le chef de l’Etat aura donc fort à faire dans cet espace où il part avec un sérieux handicap.
Quatuor gagnant de Gbagbo…
Mais, si, aujourd’hui, le candidat de la majorité présidentielle est en train de sortir, petit à petit, la tête de l’eau, grâce aux efforts conjugués, notamment, de Coulibaly Delinpelna Gervais, Koné Katina, Nady Bamba et surtout d` Issa Malick Coulibaly, le directeur national de campagne, la partie est encore loin d’être gagnée pour Gbagbo. Ce n’est pas pour autant qu’il faut jeter la manche… Pour se frayer une voie royale sur le marché politique du nord, Laurent Gbagbo a misé sur le petit fils de Gon Coulibaly, le défunt « mythique » patriarche dont la descendance garde toujours une haute main sur les populations de la « cité du poro ». Conscient que la partie ne sera pas aisée pour leur candidat, Issa Malick, Coulibaly Gervais, Nady Bamba et Katinan Koné parcourent le nord, de part en part, avec de nombreux arguments en main. Le plus précieux de ces arguments est sans aucun doute la grande amitié liant Gbagbo et le nord, à travers notamment, des hommes comme feu Coulibaly Mapiéchon, Me Lanciné Gon Coulibaly et Coulibaly Carpé, qui ont porté « la croix » de ce parti pendant des années de braises en 1990. Autre élément important qui devrait peser dans la balance est la trop grande proximité du chef de l’Etat avec l’ex-chef de la rébellion Guillaume Soro, le Premier ministre. Celui-ci, lui a ouvert, grandement, portes et bras des populations lors des tournées que le candidat de la majorité présidentielle a effectuées dans le nord. Il y a, en outre, les soutiens récurrents apportés par certains chefs de guerre et surtout les relations exemplaires que ses émissaires cités plus haut entretiennent avec les chefs religieux et les leaders d’opinion dans le nord. Ils mettent par ailleurs en avant, la politique de décentralisation du chef de l’Etat… Le président du parti, Pascal Affi N’guessan est lui-même monté au créneau récemment, à travers une grande tournée dont on dit qu’elle a connue un franc succès. Le camp présidentiel montre une grande préférence pour le nord par rapport aux autres régions du pays, en témoignent les ballets presque hebdomadaires des hommes de Gbagbo. Au cours de ces déplacements, dons de toute nature et jeux de coulisses ne manquent pas pour charmer les votants. Par ailleurs, pour consolider ou fortifier sa position, Gbagbo a décidé de déployer les grands moyens. Le débauchage tous azimuts des cadres de haut niveau dont le richissime Koné Dossongui ( ancien ministre de l’Agriculture, Dg du groupe Atlantique, présent dans les Banques, Télécommunication et les assurances), Kassoum Fadiga ( Dg de Petroci), Dibonan Koné (ancien ministre de la sécurité), Timité Ahmed (ancien haut commissaire chargé de développement), Doulaye Coulybaly ( Directeur des examens et concours), Laurent Dona Fologo (président du Ces) et bien d’autres personnalités qui travaillent dans l’ombre au changement de l’état d’esprit des populations en faveur du chef de l’Etat.
Guerre Nady Bamba-Ahmed Bakayoko
L’érection de plusieurs localités du nord, soit en chefs-lieux de sous-préfectures, soit en communes rurales et la promotion de plusieurs cadres, devraient aussi permettre à Gbagbo de combler son retard. Au cœur de tout ce système, se dresse la silhouette d’une femme... Pour son engagement, sa dévotion et sa détermination… Nady Bamba (c’est d’elle qu’il s’agit) qui, du haut de ses 1,78 m, par des actions discrètes qui peuvent s’avérer efficace, tisse, au quotidien, le nid de la victoire de Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, Nady Bamba limite, pour ne pas dire qu’elle efface les actions et les empruntes d’Ahmed Bakayoko, le virevoltant ADO Boy’s, dans le Worodougou et le Mahou. Grace à elle, Gbagbo est quasiment assuré d’aller au-delà des espérances de son camp. Le candidat Gbagbo s’est par ailleurs taillé une réputation de grand tribun. Avec son discours simple, au parfum de populisme, Laurent Gbagbo arrive toujours à imposer la gaieté, même dans les coins les plus attristés. C’est l’arme la plus efficace dont il dispose… Mais, disons-le tout net, s’il est stratégiquement bon pour Gbagbo de faire du nord une « obsession », au point de négliger ses bases de l’ouest et du sud, il est à craindre que cela ne lui joue un vilain tour au dernier moment. Car, dans une élection rien n’est décisivement acquis d’avance… Maintenant, en faisant du nord une idée fixe, il reste à savoir, si l’offensive menée par les hommes de Gbagbo et la stratégie mise en place par le candidat, dans cette partie du pays, tiendront le coup, devant le projet de milliards concocté par Ado. Dr Coulibaly Malick, quoi que bien parti pour réussir son premier challenge en tant Dnc, au plan national, réussira-t-il à rallier (c’est l’essence même de mission) les populations du nord, en particulier l’électorat de son défunt frère ainé Kassoum Coulibaly à la cause de Laurent Gbagbo ? Pour certains militants radicaux du Pdci « il a perdu toute légitimité en rejoignant le Fpi » tandis que d’autres soutiennent « qu’il est en passe de réussir cette gageure ». Il sera jugé au soir du 31 octobre prochain.
Armand B. DEPEYLA
armandbehe@yahoo.fr
Légende : la chasse de Gbagbo sur les terres du Rdr sera-t-elle fructueuse ? Rien n’est moins sûr pour le moment.
L’intérêt, particulier, porté par Laurent Gbagbo, candidat de la majorité présidentielle, pour le nord est tout, sauf fortuit… Car, la bataille dans le septentrion du pays sera particulièrement âpre. Certains observateurs, à tort ou à raison, pensent que cette élection présidentielle se jouera en grande partie dans le nord du pays, occupé depuis 2002 par les Forces nouvelles. Celui qui l’a perdra est assurée d’avoir échoué à plus de 35 % dans la course au fauteuil présidentiel. Cette élection sera d’autant plus suivie par Gbagbo et Ado que ces deux candidats ont recruté leur directeur de campagne national dans la dynastie Gon. Ce sera donc une bataille dans la bataille entre un oncle et son neveu, à travers leurs candidats respectifs. Dr Issa Malick Coulibaly ( Dnc de Gbagbo) et Coulibaly Gon ( Dnc d’Ado). Le nord de la Côte d’Ivoire se présente, dès lors, pour ces deux grands candidats et à un degré moindre, Henri Konan Bédié, comme un enjeu de taille… Enjeu pour le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-rda) qui en avait fait sa chasse gardée naturelle jusqu’à sa chute en 1999. Enjeu pour le Rdr (Rassemblement des Républicains) qui l’a ravi au Pdci pour y régner en maitre absolu aujourd’hui, raflant la quasi-totalité des postes électifs aux scrutins de 2001. Enjeu pour le Fpi qui y a plus de points négatifs que positifs depuis l’apparition de la rébellion des Forces nouvelles dont certains affirment « avoir pris les armes contre Gbagbo pour des raisons purement politiques ». On le voit, le chef de l’Etat aura donc fort à faire dans cet espace où il part avec un sérieux handicap.
Quatuor gagnant de Gbagbo…
Mais, si, aujourd’hui, le candidat de la majorité présidentielle est en train de sortir, petit à petit, la tête de l’eau, grâce aux efforts conjugués, notamment, de Coulibaly Delinpelna Gervais, Koné Katina, Nady Bamba et surtout d` Issa Malick Coulibaly, le directeur national de campagne, la partie est encore loin d’être gagnée pour Gbagbo. Ce n’est pas pour autant qu’il faut jeter la manche… Pour se frayer une voie royale sur le marché politique du nord, Laurent Gbagbo a misé sur le petit fils de Gon Coulibaly, le défunt « mythique » patriarche dont la descendance garde toujours une haute main sur les populations de la « cité du poro ». Conscient que la partie ne sera pas aisée pour leur candidat, Issa Malick, Coulibaly Gervais, Nady Bamba et Katinan Koné parcourent le nord, de part en part, avec de nombreux arguments en main. Le plus précieux de ces arguments est sans aucun doute la grande amitié liant Gbagbo et le nord, à travers notamment, des hommes comme feu Coulibaly Mapiéchon, Me Lanciné Gon Coulibaly et Coulibaly Carpé, qui ont porté « la croix » de ce parti pendant des années de braises en 1990. Autre élément important qui devrait peser dans la balance est la trop grande proximité du chef de l’Etat avec l’ex-chef de la rébellion Guillaume Soro, le Premier ministre. Celui-ci, lui a ouvert, grandement, portes et bras des populations lors des tournées que le candidat de la majorité présidentielle a effectuées dans le nord. Il y a, en outre, les soutiens récurrents apportés par certains chefs de guerre et surtout les relations exemplaires que ses émissaires cités plus haut entretiennent avec les chefs religieux et les leaders d’opinion dans le nord. Ils mettent par ailleurs en avant, la politique de décentralisation du chef de l’Etat… Le président du parti, Pascal Affi N’guessan est lui-même monté au créneau récemment, à travers une grande tournée dont on dit qu’elle a connue un franc succès. Le camp présidentiel montre une grande préférence pour le nord par rapport aux autres régions du pays, en témoignent les ballets presque hebdomadaires des hommes de Gbagbo. Au cours de ces déplacements, dons de toute nature et jeux de coulisses ne manquent pas pour charmer les votants. Par ailleurs, pour consolider ou fortifier sa position, Gbagbo a décidé de déployer les grands moyens. Le débauchage tous azimuts des cadres de haut niveau dont le richissime Koné Dossongui ( ancien ministre de l’Agriculture, Dg du groupe Atlantique, présent dans les Banques, Télécommunication et les assurances), Kassoum Fadiga ( Dg de Petroci), Dibonan Koné (ancien ministre de la sécurité), Timité Ahmed (ancien haut commissaire chargé de développement), Doulaye Coulybaly ( Directeur des examens et concours), Laurent Dona Fologo (président du Ces) et bien d’autres personnalités qui travaillent dans l’ombre au changement de l’état d’esprit des populations en faveur du chef de l’Etat.
Guerre Nady Bamba-Ahmed Bakayoko
L’érection de plusieurs localités du nord, soit en chefs-lieux de sous-préfectures, soit en communes rurales et la promotion de plusieurs cadres, devraient aussi permettre à Gbagbo de combler son retard. Au cœur de tout ce système, se dresse la silhouette d’une femme... Pour son engagement, sa dévotion et sa détermination… Nady Bamba (c’est d’elle qu’il s’agit) qui, du haut de ses 1,78 m, par des actions discrètes qui peuvent s’avérer efficace, tisse, au quotidien, le nid de la victoire de Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, Nady Bamba limite, pour ne pas dire qu’elle efface les actions et les empruntes d’Ahmed Bakayoko, le virevoltant ADO Boy’s, dans le Worodougou et le Mahou. Grace à elle, Gbagbo est quasiment assuré d’aller au-delà des espérances de son camp. Le candidat Gbagbo s’est par ailleurs taillé une réputation de grand tribun. Avec son discours simple, au parfum de populisme, Laurent Gbagbo arrive toujours à imposer la gaieté, même dans les coins les plus attristés. C’est l’arme la plus efficace dont il dispose… Mais, disons-le tout net, s’il est stratégiquement bon pour Gbagbo de faire du nord une « obsession », au point de négliger ses bases de l’ouest et du sud, il est à craindre que cela ne lui joue un vilain tour au dernier moment. Car, dans une élection rien n’est décisivement acquis d’avance… Maintenant, en faisant du nord une idée fixe, il reste à savoir, si l’offensive menée par les hommes de Gbagbo et la stratégie mise en place par le candidat, dans cette partie du pays, tiendront le coup, devant le projet de milliards concocté par Ado. Dr Coulibaly Malick, quoi que bien parti pour réussir son premier challenge en tant Dnc, au plan national, réussira-t-il à rallier (c’est l’essence même de mission) les populations du nord, en particulier l’électorat de son défunt frère ainé Kassoum Coulibaly à la cause de Laurent Gbagbo ? Pour certains militants radicaux du Pdci « il a perdu toute légitimité en rejoignant le Fpi » tandis que d’autres soutiennent « qu’il est en passe de réussir cette gageure ». Il sera jugé au soir du 31 octobre prochain.
Armand B. DEPEYLA
armandbehe@yahoo.fr
Légende : la chasse de Gbagbo sur les terres du Rdr sera-t-elle fructueuse ? Rien n’est moins sûr pour le moment.