Certain ont jubilé, des sceptiques ont cru bon de garder la réserve quant à la veille de la fête de l’indépendance, le jeudi 06 août dernier, à Yamoussoukro, le Premier ministre a annoncé la date du premier tour de l’élection présidentielle. A peine une semaine après, cette date, qui continue de faire couler encre et salive suscite de réelles interrogations. Alors qu’on pouvait croire cette 7ème fois la bonne, de plus en plus, les faits donnent à en douter, au regard des difficultés qui restent encore à surmonter. Si la finalisation de la liste électorale ne constitue plus un obstacle à l’avancée du processus électoral, il n’en est pas de même de la question de la pacification du territoire national et de la sécurisation du scrutin censé se tenir au terme des 78 jours à venir. On croyait les questions militaires définitivement réglées, mais à la vérité, il en reste des pans entiers qui risquent de compromettre l’échéance annoncée. C’est le cas de le dire avec les divergences persistantes quant à la démobilisation des ex-combattants, tant des Forces nouvelles que des milices et autres groupes d’auto-défense du Sud, avec lesquels la menace reste permanente.
Quelles élections avec des hommes encore en armes, capables de remettre en cause les résultats de ces scrutins, sinon d’intimider des électeurs en amont ?
L’équation démobilisation et sécurisation des élections
Voici la question qui se pose, au moment où des opérations non encore menées à leur terme sur le front militaire et des problèmes d’argent évoqués çà et là, menacent la nouvelle date du 31 octobre 2010. A ce jour, en effet, il reste encore des dizaines de milliers d’éléments des Forces nouvelles (FN) à démobiliser, à côté des 5000 volontaires à la nouvelle armée à encaserner et à entretenir en attendant d’être définitivement enrôlés. Dans l’entretien qu’il a accordé jeudi à un confrère de la place, le directeur de cabinet du secrétaire général de l’ex-mouvement rebelle n’a pas manqué de dire ses vérités. Sur un ton martial, le colonel Bamba Sinima, qui justifiait le conclave tenu par ses camarades et lui à Bouaké, a réitéré la persistance des questions militaires, préalables à des scrutins crédibles et sans heurt. L’officier des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) a dénoncé ‘’le non-respect par l’Etat, de ses engagements envers les ex-combattants’. Cela en revenant sur la promesse pendante des accords politiques de Ouagadougou de reverser à chaque élément à démobiliser, la somme de 500 000 FCFA comme solde de tout compte. « Jusqu’à présent, cette disposition n’est pas mise en application. Cette situation nous crée un certain nombre de problèmes et pour nous, il faudrait que des solutions soient trouvées avant les échéances électorales ». A deux mois de ces échéances, le directeur de cabinet du patron des ex-rebelles est formel sur la levée de ce préalable sans lequel il ne pense pas qu’il puisse y avoir d’élection. « Nous ne pouvons pas aller à des élections si des aspects qui concernent la démobilisation et la réinsertion ne sont pas clairs. Pour nous, c’est un ensemble ; cet ensemble, il faut le mener de façon concomitante de sorte à retrouver au bout de l’entonnoir, des élections qui se passent de façon très paisibles. Nous avons l’impression que tout le monde est polarisé sur la date des élections présidentielles en oubliant tout ce qui doit accompagner les élections. Que les moyens soient dégagés comme il faut pour permettre l’encasernement des soldats. Que le problème de la démobilisation et de la réinsertion soit réglé », a lancé le col Bamba Sinima, qui repousse de facto tout préalable lié à l’unicité des caisses de l’Etat. Un son de cloche divergent de celui des Forces de défense et de sécurité du Gal Philippe Mangou qui, sur la question du désarmement, invitent les Forces nouvelles à s’acquitter de leur quote-part dans le sacrifice à consentir financièrement.
Les vérités crues de la Primature
A propos, la sortie effectuée chez le confrère gouvernemental, ‘’Fraternité Matin’’ hier, par le directeur de cabinet adjoint du Premier ministre en charge des programmes de sortie de crise en rajoute aux inquiétudes. M. Paul Koffi Koffi, tout aussi formel sur les difficultés de Trésorerie de l’Etat repousse quasiment le préalable des 500.000 F CFA des ex-combattants à démobiliser et n’hésite pas à proposer d’autres voies à envisager quand bien même elles n’auraient rien à voir avec les accords signés. « Il faudra tôt ou tard mettre les pieds dans le plat et dire aux jeunes qu’il n’est pas possible de leur payer chacun 500.000 F CFA pour solde de tout compte, et leur proposer ce qu’on peut faire. (…). Je pense qu’il faut imaginer d’autres solutions plus réalistes et ne pas se figer sur ce qui est certes écrit dans l’accord complémentaire IV de l’APO, mais, qui n’est pas tenable dans le contexte actuel ». Le col Sinima et ses camarades peuvent-ils entendre les choses de cette oreille ? Toujours est-il que ces divergences sur des questions aussi cruciales que celles liées à la pacification du territoire avant les élections, risquent de remettre totalement en cause la date fixée. Quoique les discours tendent vers le respect de celle-ci.
Aussi, à l’image de son prédécesseur, Beugré Mambé, qui a fini par être déblayé de la CEI après moult dates proposées sans être tenues, Youssouf Bakayoko risque de connaître son premier désaveu. L’actuel président de la CEI endosserait la responsabilité du non respect de l’échéance du 31 octobre qu’il est censé avoir proposée après avoir pris toute la mesure de la situation.
Dans son entretien avec le confrère Fraternité Matin, le premier responsable des programmes de sortie de crise à la Primature ne le dit-il pas clairement ? « C’est à la CEI qu’il appartient de donner des détails sur le chronogramme qui est un ensemble de tâches et de dates dans le temps qui nous permet de suivre le processus électoral », indiquait sur une question, M. Koffi Koffi, qui donne déjà le ton quant à d’éventuelles responsabilités à situer en cas de non-respect du 31 octobre demain. Toutefois, le chef de l’Etat et le Premier ministre Soro, que bien d’observateurs soupçonnent de vouloir glaner sur le temps, gagneraient à ce que cet énième rendez-vous soit respecté. Eux qui, faut-il le rappeler, ont arraché quasiment une date à la CEI, à la veille de la commémoration du premier cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Comme pour la livrer aux Ivoiriens en guise de cadeau de ces journées de réjouissance. Un cadeau, qui commence déjà à susciter du désespoir.
F.D.Bony
Quelles élections avec des hommes encore en armes, capables de remettre en cause les résultats de ces scrutins, sinon d’intimider des électeurs en amont ?
L’équation démobilisation et sécurisation des élections
Voici la question qui se pose, au moment où des opérations non encore menées à leur terme sur le front militaire et des problèmes d’argent évoqués çà et là, menacent la nouvelle date du 31 octobre 2010. A ce jour, en effet, il reste encore des dizaines de milliers d’éléments des Forces nouvelles (FN) à démobiliser, à côté des 5000 volontaires à la nouvelle armée à encaserner et à entretenir en attendant d’être définitivement enrôlés. Dans l’entretien qu’il a accordé jeudi à un confrère de la place, le directeur de cabinet du secrétaire général de l’ex-mouvement rebelle n’a pas manqué de dire ses vérités. Sur un ton martial, le colonel Bamba Sinima, qui justifiait le conclave tenu par ses camarades et lui à Bouaké, a réitéré la persistance des questions militaires, préalables à des scrutins crédibles et sans heurt. L’officier des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) a dénoncé ‘’le non-respect par l’Etat, de ses engagements envers les ex-combattants’. Cela en revenant sur la promesse pendante des accords politiques de Ouagadougou de reverser à chaque élément à démobiliser, la somme de 500 000 FCFA comme solde de tout compte. « Jusqu’à présent, cette disposition n’est pas mise en application. Cette situation nous crée un certain nombre de problèmes et pour nous, il faudrait que des solutions soient trouvées avant les échéances électorales ». A deux mois de ces échéances, le directeur de cabinet du patron des ex-rebelles est formel sur la levée de ce préalable sans lequel il ne pense pas qu’il puisse y avoir d’élection. « Nous ne pouvons pas aller à des élections si des aspects qui concernent la démobilisation et la réinsertion ne sont pas clairs. Pour nous, c’est un ensemble ; cet ensemble, il faut le mener de façon concomitante de sorte à retrouver au bout de l’entonnoir, des élections qui se passent de façon très paisibles. Nous avons l’impression que tout le monde est polarisé sur la date des élections présidentielles en oubliant tout ce qui doit accompagner les élections. Que les moyens soient dégagés comme il faut pour permettre l’encasernement des soldats. Que le problème de la démobilisation et de la réinsertion soit réglé », a lancé le col Bamba Sinima, qui repousse de facto tout préalable lié à l’unicité des caisses de l’Etat. Un son de cloche divergent de celui des Forces de défense et de sécurité du Gal Philippe Mangou qui, sur la question du désarmement, invitent les Forces nouvelles à s’acquitter de leur quote-part dans le sacrifice à consentir financièrement.
Les vérités crues de la Primature
A propos, la sortie effectuée chez le confrère gouvernemental, ‘’Fraternité Matin’’ hier, par le directeur de cabinet adjoint du Premier ministre en charge des programmes de sortie de crise en rajoute aux inquiétudes. M. Paul Koffi Koffi, tout aussi formel sur les difficultés de Trésorerie de l’Etat repousse quasiment le préalable des 500.000 F CFA des ex-combattants à démobiliser et n’hésite pas à proposer d’autres voies à envisager quand bien même elles n’auraient rien à voir avec les accords signés. « Il faudra tôt ou tard mettre les pieds dans le plat et dire aux jeunes qu’il n’est pas possible de leur payer chacun 500.000 F CFA pour solde de tout compte, et leur proposer ce qu’on peut faire. (…). Je pense qu’il faut imaginer d’autres solutions plus réalistes et ne pas se figer sur ce qui est certes écrit dans l’accord complémentaire IV de l’APO, mais, qui n’est pas tenable dans le contexte actuel ». Le col Sinima et ses camarades peuvent-ils entendre les choses de cette oreille ? Toujours est-il que ces divergences sur des questions aussi cruciales que celles liées à la pacification du territoire avant les élections, risquent de remettre totalement en cause la date fixée. Quoique les discours tendent vers le respect de celle-ci.
Aussi, à l’image de son prédécesseur, Beugré Mambé, qui a fini par être déblayé de la CEI après moult dates proposées sans être tenues, Youssouf Bakayoko risque de connaître son premier désaveu. L’actuel président de la CEI endosserait la responsabilité du non respect de l’échéance du 31 octobre qu’il est censé avoir proposée après avoir pris toute la mesure de la situation.
Dans son entretien avec le confrère Fraternité Matin, le premier responsable des programmes de sortie de crise à la Primature ne le dit-il pas clairement ? « C’est à la CEI qu’il appartient de donner des détails sur le chronogramme qui est un ensemble de tâches et de dates dans le temps qui nous permet de suivre le processus électoral », indiquait sur une question, M. Koffi Koffi, qui donne déjà le ton quant à d’éventuelles responsabilités à situer en cas de non-respect du 31 octobre demain. Toutefois, le chef de l’Etat et le Premier ministre Soro, que bien d’observateurs soupçonnent de vouloir glaner sur le temps, gagneraient à ce que cet énième rendez-vous soit respecté. Eux qui, faut-il le rappeler, ont arraché quasiment une date à la CEI, à la veille de la commémoration du premier cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Comme pour la livrer aux Ivoiriens en guise de cadeau de ces journées de réjouissance. Un cadeau, qui commence déjà à susciter du désespoir.
F.D.Bony