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Politique Publié le lundi 16 août 2010 | Nord-Sud

Amani N`Guessan, ministre de la Défense : “Les programmes de réinsertion iront au-delà du 31 octobre”

Invité de l'émission ''Question des temps nouveaux'' de la radio nationale, le ministre de la Défense, Amani N'Guessan Michel, a déterminé les priorités pour une élection présidentielle apaisée le 31 octobre prochain.


Quel est le moral des troupes en ce moment ?
Le moral de nos troupes est au beau fixe. C'est la première fois, en quatre ans, que j'accepte de participer à une telle émission. Car, j'estime que les Ivoiriens ont besoin d'être rassurés par rapport au 31 octobre.

Qu'est-ce qui a été décidé au niveau des textes, dans le cadre de l'Apo, pour résoudre la question militaire ?
Les fins de guerre ont toujours été marquées par l'adoption de textes. Mais jamais, les textes n'ont réglé définitivement la situation de guerre. Nous comptons essentiellement sur l'intelligence des hommes, sur leur volonté à faire la paix. L'accord de Ouaga comporte de nombreuses incongruités, de nombreuses situations et déclarations difficiles. C'est la volonté des Ivoiriens à vivre ensemble qui nous aide dans le travail que nous effectuons.

Pensez-vous qu'avec les incongruités dont vous parlez, nous avançons vers les vertus que sont l'intégrité et la moralité républicaine?
La refondation et la restructuration concernent des actions à venir. Par rapport à cette œuvre de réunification, on peut se demander ce qui a été fait. Il faut camper la situation de départ. Depuis le début de la guerre, le pays a été divisé en trois (mais on parle généralement de deux) parties. A savoir, la zone dite Cno (Centre-Nord-Ouest), la zone gouvernementale et la fameuse zone de confiance entre les deux. Une zone extrêmement dangereuse où des choses se sont développées. Avec l'Apo, il y a eu la suppression de cette zone. Elle indique que les deux armées peuvent cohabiter sans interposition. A travers cette zone, il y a eu la création de plusieurs situations d'exception. A savoir, des brigades d'exception. Aujourd'hui, nous sommes en voie de démanteler toutes ces structures militaires d'exception pour revenir à la situation normale. Les brigades mixtes d'exception ont été supprimées. Il s'agit désormais de remettre en place dans la zone Cno, les structures militaires normales.

Pourquoi le Cci traîne-t-il encore?
L'appréciation que l'on fait de la gestion de cette situation, varie d'une personne à une autre. Le problème s'apprécie au plan moral. Ce n'est pas une question de statistique. Aujourd'hui, nous sommes à 100% d'accord pour tourner le dos à la guerre. C'est notre satisfaction.

Comment cela se fait-il au plan technique ?
L'Apo dit qu'il faut d'abord engager 4.000 FaFn dans les brigades mixtes de gendarmerie et les commissariats mixtes. Nous devons également engager 4.000 Fds (Forces de défense et de sécurité). Nous sommes en train de le faire. Mais, comme les FaFn ne sont pas des militaires fonctionnaires, elles sont sans salaire. Par conséquent, en les associant à l'opération, il faut leur trouver la somme de 50.000 Fcfa par personne et par mois. 4.000 multipliés par 50.000 (Ndlr : 200.000.000 Fcfa). Pensez-vous que la Côte d'Ivoire a aujourd'hui les moyens de payer cette somme ? C'est difficile, eu égard à l'impact de la crise elle-même. Deuxièmement, il faut recruter 5.000 ex-combattants volontaires pour l'armée nouvelle et les encaserner. Cela engage beaucoup de frais. Des calculs ont été faits à la primature, au niveau des FaFn, concernant l'encasernement. D'aucuns ont trouvé 15 milliards, d'autres 10 milliards. Nous venons de reprendre ce travail. Car en réalité, il faut que les Ivoiriens acceptent des sacrifices pour la sortie de crise. Or, individuellement, chacun veut gagner gros en sortant de la crise.

Devons-nous donner dans la précipitation au nom de la paix ?
Nous sommes en train de renoncer au désordre. Nous avons joint le Premier ministre qui nous a donné plein pouvoir pour sortir une facture unique. Nous venons de travailler, et nous sommes à 4 milliards 500 millions.

A quoi va servir cette somme ?
Elle prend en compte quatre chapitres essentiels. Le fonctionnement des camps (alimentation), l'équipement (lits, matelas), l'habillement (tenues militaires) et les questions de santé. A ceux-là, il faut des véhicules pour la mobilité. Comme je l'ai expliqué à la commission qui a travaillé, il ne s'agit pas de créer une situation pérenne. Nous avons l'élection présidentielle prévue le 31 octobre. Un mois après, le président élu prêtera serment. Toutes les personnes encasernées devront intégrer l'armée nationale. C'est une situation qui ne durera que trois à quatre mois. Or, les études faites par certains allaient jusqu'à un mois, voire au-delà. J'ai demandé une étude pour trois à quatre mois en créant une situation précaire, pour la survie même des soldats qui y séjourneront. Juste pour sortir de cette situation.

Sont-ils préparés à cette situation de précarité dont vous parlez?
Au niveau de la hiérarchie militaire des FaFn, nous nous sommes suffisamment compris sur cet aspect des choses.

A vous écouter, doit-on penser que les belligérants ont sous-estimé les conséquences financières de cet accord ?
Aucun texte de fin de guerre, comme je l'ai dit, ne permet de sortir de la guerre. Entre la théorie et les faits, il y a un grand fossé. Effectivement, au moment de la rédaction des textes, certains aspects n'ont pas été pris en compte. Dans les textes de l'Apo, il y a des imperfections à tout point de vue. Des sous-estimations au niveau des coûts, par exemple. Nous avons réalisé des choses non inscrites dans les accords de Ouaga, comme nous ne pouvons pas appliquer d'autres consignées dans ces accords. Je m'en vais aujourd'hui négocier. Les 500.000 Fcfa ne seront pas payés avant le 31 octobre. Simplement que les démobilisés acceptent des programmes de réinsertion qui iront jusqu'au-delà de cette date. Cela n'est nulle part inscrit dans l'accord.

Votre souplesse est-elle consensuelle ?
Absolument. Pour régler le problème de grades, nous avons créé une commission mixte. Nous ne faisons rien en dehors de la mixité. Sur des critères consensuels, nous venons de recruter les 5.000 volontaires pour l'armée nouvelle. Dans ce mois, nous suivrons leur encasernement et terminerons cette opération. Ensemble, nous allons démobiliser tous ceux qui ne sont pas éligibles à l'encasernement. Au terme de ces deux opérations, nous déclarerons la fin du désarmement.

En attendant cette issue, certaines personnes, lasses d'attendre, désertent les camps…
Les questions financières n'ayant pas véritablement été prises en compte. Il n'y a pas un budget conséquent arrêté par rapport au programme que nous sommes en train d'exécuter. Aller mettre des gens à Korhogo dans une caserne et retourner, cela ne veut rien dire. Il faut régler tous les problèmes liés à la vie en caserne. Il nous faut dégager le financement nécessaire par rapport à l'encasernement tout en étant réaliste et respectueux des problèmes du pays.

Comment se fera la réinsertion des ex-combattants ?
Il y a des structures de réinsertion qui ont été créées. La volonté de créer des projets de réinsertion des ex-combattants est nette. Mais, la capacité est faible. L'Onuci a décidé de nous accorder 1.000 projets qui sont en voie de mise en place. Mais, cela ne règle pas définitivement le problème, car, il s'agit de dizaines de milliers de gens à insérer. Il ne faudrait pas croire que la sortie de crise et les problèmes militaires dont on parle sont une course de vitesse. Il s'agit de la vie de la nation. Il faut se convaincre que nous sortirons de la crise progressivement et à long terme. C'est ainsi que les programmes de réinsertion iront au-delà du 31 octobre. Je dirai aujourd'hui aux Fafn, candidats à la démobilisation que, si c'est une crise de confiance entre le gouvernement et les ex-combattants à démobiliser, je suis prêt à signer un accord au nom du gouvernement pour dire que la priorité leur reviendra dans tout programme de réinsertion. Ils peuvent recevoir des certificats de démobilisés et attendre patiemment que le pays puisse mettre en place des projets de réinsertion. Aujourd'hui, les conclaves dans les zone Cno pour étudier un certain nombre de sujets, c'est bien l'impression de ce manque de confiance. Si nous allons aux élections et que notre problème de réinsertion n'est pas réglé, alors, on va nous ignorer. C'est pourquoi je voudrais qu'on signe une convention qui sera claire. Je peux ne plus être ministre de la Défense, M. Soro Guillaume peut ne pas être Premier ministre. Mais, au nom de la continuité de l'Etat, les textes, les conventions doivent être respectées.

Des gens vont et viennent dans les camps. Ne sont-ils pas dangereux pour la population, pour la paix ?
C'est un problème lié à la question du financement. Vous savez que la montée en puissance du Cci dépendra des moyens mis à sa disposition. Plus on mettra des moyens adéquats à sa disposition, plus le Cci montera en puissance. Nous venons de faire des études de 4,5 milliards. Je pense que c'est réaliste et par conséquent, l'Etat se donnera les moyens de payer cette somme dans les jours à venir.
Ainsi, le Cci pourra effectivement encaserner et démobiliser les ex-combattants comme il se doit et créer toutes les conditions. On parle d'encasernement et de démobilisation, mais il y a toutes les conditions militaires qu'il faut créer sur le terrain. Il faut des unités d'appui aux forces de premières et deuxièmes catégories. Il faut la force de troisième catégorie, c'est-à-dire les militaires qu'il faut pré-positionner pour appuyer les brigades et les commissariats mixtes en cas de débordement.

Qu'est-ce qui sera fait concrètement au niveau du Cci pour que le pays puisse aller effectivement aux élections, le 31 octobre?
D'abord, nous venons de terminer le recrutement des 5000 Van qui seront encasernés effectivement avant le 31 octobre. Ensuite, tous ceux qui ne sont pas éligibles à l'encasernement, auront, à la suite des discussions, un certificat de démobilisé. Ils ne seront donc plus en armes. Nous allons faire en sorte que ce soit le Cci qui gère tous les corridors dans les zones Cno.

Sont-ce les 8000 éléments dont vous avez parlé ?
Non ! Là nous parlons de militaires. Nous avons aussi créé une structure d'exception. Ce sont les Compagnies mixtes de sécurisation des élections (Cmse). Je voudrais dire qu'en temps normal, quand nous avons des élections, il est redéployé, un jour avant les élections, des gendarmes et des policiers pour sécuriser ces élections sur l'ensemble du territoire. Mais, cette année, nous sommes en situation exceptionnelle, nous sommes en situation de crise. Si bien que, certainement une semaine avant le jour des élections, nous allons redéployer sur l'ensemble du territoire, des Cmse. C'est ce que feront les 8000. Si nous les redéployons trop tôt, le coût sera élevé !
C'est un calcul par rapport à nos possibilités financières. Si nous avons ralenti au niveau des brigades et des commissariats, c'est à cause des contraintes financières. Mais, au fur et à mesure que nous allons approcher la date du 31, vous verrez que l'espace sera occupé.

Le budget de 4,5 milliards prévisionnel ou adopté prend-il en compte les groupes d'auto-défense ?
Effectivement, il faut les prendre en compte. Il est dit dans l'accord que tout ce que nous faisons pour les ex-combattants, il faut en faire autant pour les groupes d'auto-défense. C'est pourquoi c'est une œuvre de longue haleine. A défaut de 500.000Fcfa, nous allons négocier pour la suppression pure et simple de cette exigence textuelle et aller pour la réinsertion progressive.

Propos recueillis sur Radio Côte d'Ivoire par Sanou Amadou & MAE
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