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Politique Publié le vendredi 20 août 2010 | Le Nouveau Courrier

Elections en Côte d’Ivoire - Un virage dangereux

Le feuilleton de l’élection présidentielle continue, avec la dernière fixation de date intervenue au début du mois d’août. En effet, après maints reports depuis 2005, elle est désormais fixée au 31 octobre 2010, a annoncé le jeudi 5 août dernier le Premier ministre Guillaume Soro, à l'issue d'un conseil des ministres dans la capitale politique Yamoussoukro.
On ne peut qu’espérer que cette fois-ci sera la bonne, en se souvenant qu’un homme de Dieu, magistrat de profession, avait déjà annoncé cette date au plus fort de la crise armée, lorsqu’on ne pouvait même pas s’autoriser à rêver d’un quelconque dialogue direct. L’écrivain-magistrat Sébastien Zahiri Ziki, auteur du livre « Regards sur la crise ivoirienne, à la lumière de la parole de Dieu » a prophétisé cette date il y a belle lurette, ce qui lui a valu, entre autres raisons, bien des déboires...
Bref, aujourd’hui, si l’on est autorisé à espérer que l’élection la plus chère de la planète et la plus longuement préparée de tous les temps, finira par se tenir, il y a encore des raisons de se montrer prudent quant au succès de l’opération.
A mon avis, l’élection présidentielle en elle-même ne peut clore la crise ivoirienne aussi simplement qu’on referme une parenthèse, loin de là. Car, à force de vouloir coûte que coûte, vaille que vaille, organiser des élections, on risque de se retrouver dans une situation bien pire que celle que nous connaissons actuellement. Pour moi, cette situation de ni paix ni guerre que certains interprètent comme faisant l’affaire du seul Président de la République, est de loin préférable que le chao qui pourrait succéder à une élection mal organisée !
Si l’on s’en tient aux résultats de la période du contentieux, je crois que tout ivoirien soucieux de la paix, mais pas à la manière des «polithypocrites», devrait commencer à se poser des questions. En effet, on annonce à l’issue de cette période, plusieurs milliers de demandes de radiations émanant du parti au pouvoir, le FPI, qui soupçonne le RDR (un des principaux partis d’opposition) de vouloir faire inscrire sur la liste électorale des étrangers acquis à sa cause. Et c’est reparti pour de chaudes empoignades politiciennes dans lesquelles chaque partie prend à témoin le peuple dont il jure défendre les droits.
Ce que j’observe, c’est que la gestion de cette période du processus est d’une importance et d’une délicatesse capitales. Il faut arriver à faire en sorte que tous les griefs soulevés de part et d’autre trouvent des réponses satisfaisantes, afin de parvenir à une liste définitive acceptée par tous, ou du moins par la majorité. Je crois pour ma part que, plus qu’une date à tenir, c’est là que réside «la quadrature du cercle ivoirien». Une gestion non transparente de ce virage, pourrait conduire à un nouvel embrasement qui mettrait alors à l’eau tous les efforts faits depuis l’Accord de Ouagadougou.
Devant une telle situation, deux solutions me semblent possibles : soit on prend le pari de traiter toutes les réclamations avec le soin et l’objectivité nécessaires, soit on décide de mettre en œuvre une «politique de réinitialisation».
Dans le premier cas, il s’agit de faire en sorte que tous ceux qui demandent des radiations apportent les preuves de leurs accusations, et que les mis en cause aient les moyens de se défendre, et tout cela de la façon la plus transparente possible. Mais comment y arriver dans un pays où l’état-civil pose d’énormes problèmes ?
Dans la seconde possibilité, il s’agit de décréter que tous ceux qui détiennent des papiers ivoiriens, quelle que soit la façon dont ils les ont acquis, sont ivoiriens, et de repartir à zéro sur cette base, en informatisant l’état-civil et en le rendant plus fiable. De toutes façons, une nation, ce n’est pas un royaume où l’origine ou le sang sont des critères importants de légitimité ou de noblesse ! Dans une nation, tous ceux qui, en son sein, sont prêts à se donner la main d’association pour la faire grandir, peuvent prétendre à la citoyenneté. Au fond, être Ivoirien, ce n’est pas seulement avoir le droit de bénéficier du développement du pays, mais c’est aussi et surtout reconnaître son devoir de contribuer à son développement. Et le plus important, c’est l’unité nationale, basée sur des droits et devoirs équitables pour tous les citoyens quelles que soient leurs origines. C’est ce qu’il faut chercher à instaurer et à entretenir, pour permettre à chacun d’apporter sa contribution à l’édification nationale.
Je suis conscient que je peux choquer certaines personnes à travers cette vision (trop) libérale de «l’ivoirité» (le mot est lâché !), mais je crois pour ma part que la situation actuelle du pays mérite d’être considérée avec la plus grande attention, et que les réflexions doivent porter, bien plus que sur un fétichisme des dates, sur les voies et moyens pour sortir de la crise de la meilleure façon possible. Le débat reste ouvert, pour que l’Afrique avance !

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