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Politique Publié le samedi 28 août 2010 | L’Inter

Un secrétaire départemental du Rdr démissionne et charge : « Le RHDP est un mirage », « Gbagbo va gagner les élections, et il n`y aura rien », « L`opposition est dans la confusion totale »

Il se nomme Doumbia Moussa, alias « Djaguer », bien connu des fichiers du Rassemblement des Républicains (Rdr) à Toumodi, dont il était, en tout cas jusqu'au 1er mai dernier, le président départemental de la jeunesse. Djaguer a en effet démissionné du Rdr pour être désormais un farouche défenseur des idées du président Gbagbo, candidat de La Majorité Présidentielle (Lmp). Il en donne les raisons dans cet entretien.

Pourquoi avez-vous démissionné du Rdr récemment?

Il y a plusieurs raisons, mais la plus fondamentale, c'est que le Rdr n'est pas proche de sa base.

Le constat que nous faisons en tant que militants, c'est que nous sommes manipulés, instrumentalisés au profit des intérêts d'autres personnes, pendant que nous-mêmes qui sommes sur le terrain, nous qui faisons tout le travail, nous nous retrouvons seuls lorsque nous sommes confrontés à des problèmes.

De façon précise, qu'est-ce que vous attendiez des responsables du Rdr ?

Nous sommes des responsables de base. Moi par exemple, dans mon cas à Toumodi, tout le monde sait ce que Djaguer représente sur le terrain avec ses éléments. Nous avons mené des batailles sur le terrain depuis 2000 jusqu'aujourd'hui. Quand je pense que nous menons tout ce combat, et que lorsqu'un de nos éléments est pris par les forces de l'ordre par exemple, qui le traitent de bandit, nos responsables ne font rien pour décanter la situation. Au point où parfois, c'est celui que nous combattons, qui est considéré comme l'ennemi, qui vient nous sortir des problèmes ; et cela à plusieurs reprises. Voilà pourquoi nous disons que nous sommes instrumentalisés. Je vous donne un exemple: pendant la dernière tournée du mentor (le président du Rdr Alassane Ouattara ndlr) à Toumodi, nous qui avons bravé les armes, qui avons remporté des batailles, parce que je rappelle que c'est nous qui avons chassé les miliciens à Toumodi en 2006, on nous a refusé la parole, sous prétexte qu'il s'agit d'une stratégie politique. Mais la politique, on la fait aussi pour avoir les honneurs. On ne peut pas avoir mené des luttes, de jour comme de nuit parce qu'on croit à un idéal, et au moment de rencontrer notre leader, on nous refuse cet honneur.

Avant de rendre votre démission, avez-vous rencontré la direction du Rdr pour poser votre problème ?

Cela a été fait à plusieurs reprises, sans succès. Mais la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, à mon niveau, c'est que dernièrement, mon géniteur avait un problème de santé dont les soins étaient estimés à 7 millions de fcfa. Nous avons fait tous les examens, constitué tous les dossiers et nous sommes entrés en contact avec ma patronne à Toumodi, Mme Tamini Adjoua afin qu'on m'aide à obtenir une prise en charge. Mais il n'y a jamais eu de volonté de m'aider à avoir cette prise en charge. Je peux comprendre qu'on n'est pas au pouvoir, et donc on n'a pas la solution. Mais je me suis rendu compte que quand nos responsables mêmes ont des problèmes, ils courent chercher les solutions auprès des hommes du pouvoir. Moi j'estime que c'est méchant de nous laisser avec nos problèmes, sans même chercher à les résoudre et de continuer de garder les avantages pour eux seuls.

Avez-vous eu une solution pour votre géniteur ?

Oui, c'est un membre du parti au pouvoir, M. Tiacoh Thomas, qui m'a aidé à soigner mon père. Il le connait bien et quand il a appris qu'il est malade, il m'a approché pour en savoir davantage. Je lui ai présenté tous les examens et tous les documents que j'avais. Il m'a alors demandé de le trouver à Abidjan. C'est ce que nous avons fait, et il nous a trouvé une prise en charge. Quand les gens du Rdr ont appris cela, ils ont commencé à nous vilipender, racontant partout que nous sommes allés au Fpi. Cela signifie clairement que la santé de mon père ne leur dit absolument rien. Mais ils doivent savoir que c'est ce monsieur qui m'a mis au monde, pour que le Rdr puisse m'utiliser comme il l'a fait.

C'est donc à cause de votre père que vous avez quitté le Rdr ?

Non, comme je l'ai dit, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, sinon il y a plusieurs raisons.

Que vous ont dit les responsables du Rdr auprès de qui vous avez sollicité de l'aide ?

Nous avons frappé à plusieurs portes sans suite. J'ai moi-même été dans des ministères tenus par le Rdr. Je suis allé au ministère de la Santé, qui était occupé par un membre du Pdci, parce que j'ai estimé que le Rdr et le Pdci étaient en alliance dans le cadre du Rhdp. Mais on ne m'a rien dit de précis, et ma patronne à Toumodi est bien au courant de cette affaire. On a passé le temps à me tourner en rond pendant que la santé de mon père se détériorait.

De quoi souffrait votre père ?

Il souffrait d'une hernie discale, et après les examens, les soins ne pouvaient se faire qu'à la Pisam ou à l'extérieur du pays.

Vous quittez le Rdr pour allez où ?

Je quitte le Rdr avec mes camarades. Nous sommes plus de 1000 jeunes à partir. Nous avons créé notre mouvement qui est le MECJT, c'est-à-dire le mouvement pour l'éveil des consciences des jeunes de Toumodi, et nous soutenons la majorité présidentielle. Le 7 août 2010 dernier, nous nous sommes retrouvés en assemblée générale pour décider de la conduite à tenir après notre démission. Nous n'avions pas de position au départ, mais quand nous avons regardé, notre mouvement qui est avant tout un outil de développement, a une vision qui cadre avec celle du candidat de Lmp, M. Gbagbo Laurent. Ce monsieur est en train de faire des merveilles aujourd'hui en matière de développement. Par exemple, pour la construction de l'autoroute qui passe à Toumodi, cela donne de l'emploi aux jeunes de Toumodi. Pendant le délestage, Laurent Gbagbo, à travers son ami Tiacoh Thomas, nous a envoyé un groupe électrogène de 17kva, plus 1000 litres de gasoil. Récemment, le chef de l'Etat a remis des ambulances aux populations, et Toumodi a eu son ambulance. Au-delà de Toumodi, quand vous prenez les autres régions de la Côte d'Ivoire et vous voyez ce que Gbagbo y fait, on se rend compte que c'est lui qui peut développer le pays.

Ses adversaires sont venus tromper les populations en disant qu'il a été mal élu, mais aujourd'hui, les gens ont compris. Les partis politiques sont subventionnés, les ministères ont des budgets, la rébellion qui a attaqué son régime s'est massivement enrichie. Mais qu'est-ce qui est fait pour le Nord ? Rien du tout. Et quand vous regardez cette partie de la Côte d'Ivoire, ça fait pitié. Le Nord est totalement délabré. Toutes les accusations qui ont été portées contre le monsieur, avec le temps, on se rend compte aujourd'hui que tout cela n'était que du mensonge.

Vous soutenez Gbagbo par conviction ou bien c'est par reconnaissance à M. Tiacoh Thomas qui vous a aidé à un moment donné ?

Ce n'est pas forcément parce que M. Tiacoh Thomas nous a aidé. Nous sommes Ivoiriens, et nous observons les choses. Cela fait 10 ans que nous sommes dans un combat sans tête, ni queue. La souffrance fait murir les esprits, et nous avons beaucoup souffert, parce que nous sommes du mauvais côté. Ceux qui se disent opposants, ne sont pas des opposants. Ils sont toujours avec le pouvoir. Celui qu'ils combattent aujourd'hui a été dans l'opposition, et nous savons comment il a mené sa lutte. Il a refusé de participer à un gouvernement pour ne pas se compromettre, et il a mené son combat. Nous nous étions trompés, et nous nous en sommes rendu compte.

Que comptez-vous faire concrètement pour Laurent Gbagbo, maintenant que vous le soutenez ?

En tout cas, tous les jeunes issus du Rdr qui sont avec nous se sont engagés à faire élire le président Gbagbo au premier tour à Toumodi. Notre mouvement, le Mecjt fera son investiture en septembre prochain. Avant cela, nous serons au congrès du Cojep à Yamoussoukro pour aller soutenir Blé Goudé, et après nous allons travailler sur le terrain. Nous avons mis en place une stratégie à Toumodi pour vendre le produit Gbagbo aux populations, et extirper de leur esprit les mensonges qui y ont été mis. On dit que Gbagbo n'aime pas les musulmans. Mais il vient de donner 100 tonnes de riz et 100 tonnes de sucre aux musulmans. On me dira que c'est l'argent du peuple, mais un bon chef, c'est celui qui prend l'argent du peuple pour le donner au peuple.

Nous connaissons d'autres qui disent qu'ils ont des milliards, mais on ne voit rien. Je prends le cas spécifique de Alassane Ouattara. On nous a toujours dit que ce monsieur a des milliards.

Mais allez à Gbeleban, son village maternel, il n'y a même pas un château d'eau là-bas. Moi je suis originaire d'Odienné, je sais de quoi je parle. On n’a pas besoin d'arriver au pouvoir pour faire certaines choses. Je prends le cas d'Abdoulaye Diallo à Djékanou que je connais aussi. Si Laurent Gbagbo se présente contre Abdoulaye Diallo à Djékanou, il perd. Parce que ce monsieur n'est pas au pouvoir, mais il a pris un peu de ses milliards pour investir dans son village. Et aujourd'hui, tout le monde l'appelle là-bas « papa ».

Vous avez défendu le Rdr et le Rhdp, aujourd'hui vous vous engagez avec le camp présidentiel; pensez-vous que vous serez crédible. Est-ce que les jeunes vont vous suivre ?

Mais les jeunes nous suivent déjà. Si le premier responsable des jeunes que je suis est marginalisé, qu'en sera-t-il des militants simples. De plus, vous devez savoir que les gens sont fatigués, et l'opposition est dans la confusion totale.

Vous allez dans le camp présidentiel, pensez-vous y êtes à l'aise, parce que là-bas aussi, il y a des plaintes du même genre qui vous ont fait partir du Rdr ?

Quand nous avons démissionné et que nous nous sommes organisés dans le cadre de notre mouvement, nous n'avons pas pris position dans un premier temps. Ce qui veut dire que nous ne suivons pas quelqu'un. Notre objectif, c'est d'éveiller les consciences. t pour cela, on n'a pas besoin d'être dans un parti politique. Nous pensons que l'essence même de la politique, c'est de rechercher le bonheur des populations. Celui qui, à notre sens, peut faire ce bonheur, c'est celui-là que nous soutenons. Maintenant, s'il y a des jeunes déçus de l'autre côté, je n'en sais rien, et je ne voudrais pas me prononcer là-dessus. Je sais simplement que quand tu t'es battu pour un idéal, et que tu te rends compte que tu as été trompé ou que tu t'es trompé, il faut replier.

Si aujourd'hui le Rdr répare ses torts et vous fait appel, quelle sera votre réaction ?

Si on nous appelle, pour l'éducation que nous avons reçue, nous irons écouter ce qu'on a à nous dire. Mais, il faut que les gens sachent que notre retour est indiscutable, parce que nous sommes en rupture idéologique avec eux. Ce sont des gens qui nous ont emballé, qui nous ont pompé et qui nous ont mis dans un combat. Aujourd'hui, nous nous rendons compte que celui que nous cherchions à battre, eux ils mangent et boivent avec lui. A côté de cela, ce sont des nostalgiques du pouvoir. Ils veulent coûte que coûte être au pouvoir et par tous les moyens, mais ils ne réussissent pas. La preuve en est que depuis 10 ans, on cherche à chasser Gbagbo du pouvoir, et on n'y arrive pas. Il n'y a aucune stratégie. Gbagbo demeure le plus fort.

Pensez-vous qu'il est suffisamment fort pour battre le Rhdp, qui est quand même une coalition de 4 partis politiques significatifs ?

Ce que vous devez savoir, c'est que le Rhdp est un mirage. Regardez par exemple, le Rdr crie à la radiation de ses militants de la liste électorale, mais il n'a pas le soutien des autres, qui préfèrent se taire et regarder. Il a fallu que Gbagbo se rende chez Bédié et Ado pour que la marche du 15 mai soit annulée. Donc le Rhdp, pour nous, c'est un mirage. L'effet escompté à la mise sur pied de ce mouvement, est loin d'avoir été atteint. En réalité, c'est une affaire de pouvoir qui se résume comme suit: nous sommes les héritiers d'Houphouët, notre division a permis à l'opposant de prendre le pouvoir, alors on se rend compte de la bêtise, on se remet ensemble pour aller arracher le pouvoir. Mais ce qu'ils oublient, c'est que le pouvoir appartient au peuple.

Quand Gbagbo dit qu'il a été élu, effectivement il a été élu. Bien ou mal, ça c'est eux qui le disent. Dieu s'est manifesté, et je me rends compte que c'est lui seul qui donne le pouvoir. Après 10 ans, Gbagbo est toujours au pouvoir, malgré tout ce qui a été fait. Il est la véritable victime de cette crise. Je voudrais aussi faire remarquer que c'est Dieu seul qui répare les injustices. Aucun individu ne peut réparer une injustice. Il faut donc suivre l'ordre de Dieu. Le cas Laurent Gbagbo doit nous servir de leçon. On ne veut pas de lui, mais cela fait dix ans qu'il est là. Et il va gagner les élections, et il n'y aura rien. Il faut que la jeunesse ivoirienne le sache.

Qu'est-ce qui fonde cette assurance en vous ?

Quand je dis cela, c'est compte tenu des actions que Laurent Gbagbo pose pour sa population.

Les actions de développement, l'attention qu'il porte à sa population. Quand tu prends le bilan de Bédié et Ouattara, il n'y avait pas de guerre, mais l'autoroute n'a pas été construit. Pourtant on nous a dit que le financement était acquis. Mais où est passé cet argent? Donc je pense qu'il faut laisser Gbagbo travailler. L'opposition a échoué, et il est temps qu'on quitte derrière eux. Ils ont beaucoup d'argent, des belles maisons, des gardes du corps Onuci. Des personnes comme Bédié et Ouattara continuent d'avoir des salaires d'ancien chefs d'État et ancien Premier ministre, leurs partis politiques sont subventionnés par l'État qu'ils combattent. Et nous autres, pendant qu'ils nous défendent de suivre Gbagbo, quand ils ont un problème qui les dépasse, c'est le même Gbagbo qui règle, et nous sommes informés. C'est une incongruité que nous ne pouvions plus supporter. Je pense que Dieu est en train de réparer l'injustice qui a été faite à Laurent Gbagbo.

Réalisé par Hamadou ZIAO
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