Processus électoral : Les failles du chronogramme de la Cei

Sous la pression de l’opinion nationale et internationale qui lui réclamait le chronogramme électoral, la Commission électorale indépendante (Cei) s’est contentée de publier les tâches qui lui restent à réaliser.

Un travail, réalisé dans la précipitation, comporte toujours des insuffisances. Une réalité que vient conforter le chronogramme rendu public, jeudi dernier, par la Commission électorale indépendante (Cei). C’est, en effet, après plusieurs appels pressants que l’institution chargée d’organiser les élections a mandaté son porte-parole, Bamba Yacouba, pour présenter un chronogramme qui ne comporte que les opérations qui restent à être réalisées. « Les étapes immédiates sont : la finalisation du traitement de la liste électorale définitive et sa validation du 27 août au 02 septembre 2010 ; l’édition des listes électorales définitives et la production des cartes d’électeur du 09 au 25 septembre 2010; le conditionnement des listes électorales définitives et des cartes d’électeur du 26 septembre au 02 octobre 2010; le dispatching des listes électorales définitives et des cartes d’électeur du 03 au 09 octobre 2010; l’affichage des listes électorales définitives du 10 au 12 octobre 2010 ; le recrutement et la formation des agents temporaires de distribution du 07 septembre au 03 octobre 2010; la distribution des cartes aux électeurs du 09 au 15 octobre 2010 », a indiqué le porte-parole de la Cei, lors d’une conférence de presse. La Cei a-t-elle voulu se débarrasser des Ivoiriens en leur proposant ce calendrier des opérations restant à être réalisées ? Sans doute. Car, de prime abord, on se rend bien compte que le chronogramme ainsi rendu public comporte des failles. La première faille porte sur un chapitre important, la phase de sensibilisation dont M. Bamba n’a pas fait cas dans son intervention. Toute chose que dénonce Jean Bosson, chef de projet de la Mission d’observation électorale de la Convention de la société civile ivoirienne (Mo-Csci). « Dans le contexte actuelle marqué par les demandes de radiation en masse, il est important de sensibiliser les populations. Car, cette sensibilisation aiderait à asseoir un climat de paix avant, pendant et après les élections », soutient-il avant de révéler qu’une ligne budgétaire a été prévue à cet effet, dans les fonds dégagés par la communauté internationale et logés dans le panier de fonds (le basket fund, géré par le Programme des Nations Unies pour le développement –Pnud-). L’autre point faible relevé par la Csci, dans le chronogramme de la Cei, touche à la formation des agents électoraux. Nulle part, dans la liste des opérations restant à être réalisées, le porte-parole de la Cei ne mentionne cette formation. Or, c’est peu dire de l’importance de ces personnes, dans l’organisation pratique des scrutins. Tout comme la formation des agents électoraux, la distribution des matériels électoraux a également été passée sous silence par Bamba Yacouba. Est-ce à dire que les urnes, les isoloirs, les encres, etc. ont déjà été convoyés par la Cei, vers les différents bureaux de vote ? La troisième faille qui mérite d’être soulignée, porte sur la distribution des cartes d’électeur. Selon la Cei, cette opération pourra se réaliser en moins d’une semaine. Un vrai pari fou que l’institution en charge des élections prend. Pourra-t-elle la tenir eu égard aux précédents offerts à l’opinion nationale et internationale, notamment lors de la distribution des listes électorales ? En attendant que la Cei fasse la démonstration de sa capacité à distribuer les cartes d’électeurs en six jours comme annoncé par son porte-parole, on en sera à se demander pourquoi elle n’a pas mentionné la période de la campagne dans son pseudo-chronogramme.

Marc Dossa