La banane est très prisée dans la région. Ceux qui la cultivent font de bonnes affaires après vente. Motivé par le désir d’avoir de l’argent, Nikiéma Kader, 29 ans et de profession manœuvre agricole, choisit de se lancer dans la commercialisation de la banane. Le problème dans le choix du Burkinabé est que les bananes qu’il livre sur le marché, ne proviennent pas de sa plantation. Il les vole. Tard dans la nuit, muni d’une machette bien aiguisée, il visite les bananeraies d’honnêtes planteurs. Il vise les régimes les plus impressionnants qu’il coupe d’un seul coup. « Depuis quelque temps, je suis victime de vol dans mon champ. Mes régimes de bananes disparaissent de manière étonnante », se plaint L .A, propriétaire du champ. Pour freiner le voleur de sévir à sa guise, le patron donne instruction à son manœuvre de passer la nuit au champ. En d’autre termes, de jouer le rôle de veilleur de nuit, pour sauver les quelques régimes encore disponibles. Kabré Issiaka, le manœuvre devenu veilleur de nuit pour la circonstance, ne va pas tarder à prendre le voleur sur les faits. « A 1 heure du matin, j’ai entendu du frou-frou dans les feuillages. Je me suis approché et j’ai vu quelqu’un avec une torche attachée à la tête. J’ai pensé à un chasseur mais je me suis ravisé lorsqu’il s’est mis à détacher les régimes des bananiers », explique le veilleur de circonstance. Il n’arrive pas à identifier le noctambule à cause de la nuit qui rendait la visibilité difficile. Il se poste à la sortie du champ de sorte que le voleur, à son retour, tombe à pic sur lui. « Quand il sortait du champ, il avait 3 régimes de bananes attachés sur le siège arrière de son vélo », indique Kabré, avant de laisser la barre au prévenu pour sa défense. « Ces régimes, je les ai coupés dans le champ de mon patron. Je devais les vendre pour acheter mes outils de travail dont une machette et une lime », déclare-t-il. Son intervention suscite beaucoup d’interrogations. A-t-on besoin d’attendre 1 heure du matin pour aller couper des régimes de bananes dans le champ de son employeur ? Pourquoi Nikiéma n’informe-t-il pas son patron de son besoin en matériel de travail ? Pourquoi l’employeur n’est pas à l’audience pour soutenir son employé ? Toutes ces questions témoignent de la culpabilité de Nikiéma. Il est déclaré coupable des faits de vol. En route pour les vacances judiciaires, le tribunal reste clément. 1 mois de prison ferme et 50 mille francs d’amende.
Alain Kpapo à Gagnoa
Alain Kpapo à Gagnoa