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Économie Publié le mardi 31 août 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Enquête express / Occupation anarchique des voies publiques - Un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur à Abidjan

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Santé - Prolifération des médicaments de la rue
Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire sombre peu à peu dans l’anarchie. A l’origine de ce mal persistant : l’occupation abusive des voies publiques pour des activités dont le commerce.

Abidjan a besoin de soigner son image, à travers un changement de comportement nouveau à tous les niveaux. Sinon, ce qu’il est donné de constater, ressemble bien à la ghettoïsation d’une ville qui plonge jour après jour dans l’anarchie. Et là, l’aveugle n’a point besoin de guide pour savoir ce que devient la capitale économique ivoirienne. Tout le monde est unanime que les voies publiques sont occupées par les commerçants, et cela, au nez et à la barbe des autorités compétentes. De jour comme de nuit, ils s’installent là où il ne faut pas. Et Adjamé, commune carrefour de la capitale économique ivoirienne est devenue championne de la pagaille en tout genre. Où la force prime sur la loi. L’actuel ministre des Sports et des Loisirs de la Salubrité urbaine, Mel Eg Théodore, n’a pas eu tort de faire partir les commerçants de la voie publique. Pour avoir décidé de déguerpir les trottoirs, il avait été traité de tous les noms. Alors qu’il le faisait pour le bien de tous. Ceux qui ont combattu le ministre Mel Eg Théodore, sont les responsables municipaux. Ne voulant pas perdre leur électorat, certains maires avaient distillé des informations, comme quoi, ils ne font pas partie de l’opération de déguerpissement des commerçants des trottoirs initiée par le ministre de la ville et de la Salubrité urbaine d’alors. Depuis lors ceux qui ont été déguerpis ont repris leur position. Fait éloquent : ceux qui occupent illégalement les chaussées paient des taxes aux agents municipaux des différentes communes d’Abidjan. Toute chose qui atteste bien que les maires cautionnent l’occupation anarchique des voies publiques par les commerçants. Cette résistance des commerçants soutenue par certains maires des communes d’Abidjan a pour conséquence le rétrécissement des chaussées. L’image que la ville d’Abidjan donne, au regard de tout ce qui est pratiqué, est celle d’un bidonville. Vu que les baraques se construisent partout. Sans que cela n’inquiète personne. En réalité, tout le monde veut vendre. Malheureusement pas au bon endroit. C’est-à-dire, les marchés publics. Ce que déplorent chaque fois les piétons qui se voient obligés d’emprunter la chaussée en tant que victimes de l’indiscipline des conducteurs.

Les commerçants donnent des raisons

‘’Ne veut s’installer qui veut. Et quand on s’installe, on paie toujours quelque chose. Nous payons des taxes à la mairie. Donc, on ne peut pas dire qu’on occupe de façon abusive des espaces’’, explique dame Kouadio Akissi, squatteuse d’un espace dans les environs du 3è arrondissement de Police d’Adjamé. Celle-ci n’est pas la seule à raisonner de cette façon. C’est l’opinion générale des commerçants dont l’installation pose problème. Certains ne cachent pas leur colère contre les maires qu’ils accusent de souffler, à la fois le froid et le chaud. ‘’Il arrive des moments où on nous chasse. Mais, quand il s’agit de payer des taxes, on nous oblige à le faire. Mais, on n’a pas le choix’’, souligne Drissa Traoré, vendeur de pattes de bœufs à Abobo-Gare. Il n’a pas aussi manqué d’évoquer les mésaventures dans le cadre de ses activités avec les agents municipaux de la mairie d’Abobo en charge de la collecte des taxes municipales. Pour beaucoup, les maires ont une part de responsabilité dans le désordre créé par les commerçants. Tout simplement, parce que pendant plus d’une décennie, aucun marché n’a été construit à Abidjan. Alors que le nombre de demande des places dans les marchés s’accroît. Arguments soutenus par Soumahoro Farick, président de la Fédération nationale des Commerçants de Côte d’Ivoire et par ailleurs adjoint au maire d’Adjamé. A l’en croire, les commerçants ne s’installent pas n’importe où et n’importe comment. S’ils le font, c’est parce qu’ils bénéficient du soutien des maires. Il accuse ceux-ci d’être à la base du grand désordre à Abidjan. ‘’En tant que président de la Fédération des commerçants, notre rôle est de sensibiliser. Mais nous savons que les commerçants sont installés avec la bénédiction des maires’’, explique-t-il. Pour Soumahoro Farick, parlant de l’incendie des marchés, c’est aux premiers responsables des communes d’Abidjan d’en assurer la prévention. Selon le président actuel de la FENAC-CI, si des marchés ne sont plus construits depuis une décennie pour caser les commerçants, c’est encore aux maires et à l’Etat qu’incombe cette lourde responsabilité. ‘’L’Etat doit veiller à la construction de nouveaux marchés pour les commerçants’’, fait-il savoir.

Les maires, des pyromanes

Pour mettre fin à l’anarchie qui règne au niveau de la ville d’Abidjan, l’Etat doit imposer une certaine rigueur à tous les niveaux. Il ne doit pas persister dans ce long silence. Tel est le point de vue de Ouattara Lamine, président du Conseil fédéral des commerçants de Côte d’Ivoire, pour qui, l’état actuel des villes ressemble à une sorte de jungle. C’est-à-dire une situation où les plus grands mangent les plus petits. Pour Ouattara Lamine, le cautionnement de l’installation anarchique des commerçants n’est rien d’autre qu’une source de financement occulte de certains maires. «C’est une sorte de racket parce que la chaussée est occupée par des commerçants ambulants qui sont encouragés par certains maires. Ces derniers qui agissent de la sorte, dénonce-t-il, ‘’sont des maires qui jouent à la fois aux pyromanes et aux pompiers’’. Selon lui, si les maires étaient sensibles à leurs besoins, ils auraient fait en sorte que les commerçants aient des places dans les marchés. Mais, tel n’est pas le cas. Ouattara Lamine pense aussi que si le désordre persiste, c’est parce que les marchés n’ont pas de statut. Pis, il n’y a plus de places dans les marchés. A telle enseigne que certaines populations très appauvries s’aventurent à s’installer sur les trottoirs. Face à ce désordre, le président du Conseil fédéral pense à une seule chose : il y a une démission à tous les niveaux. Parce que personne ne contrôle plus rien. «Il a fallu les assises de la BAD pour qu’on déguerpisse les commerçants installés de façon illégale. Mais il n’y a pas eu de suivi, les commerçants sont revenus là où ils étaient avant », déplore-t-il. Pour Ouattara Lamine, Abidjan ne doit pas demeurer dans cette situation d’anarchie. Si elle l’est, c’est parce que les compétences et le sérieux ne sont pas mis en exergue. Malheureusement, dénonce-t-il, ‘’les maires ne sont pas des gestionnaires. Mais des militants de partis politiques que l’on projette à la tête des communes’’. En tant que président du Conseil fédéral, son souhait aurait été que les organisations de la société civile soient associées à la gestion des marchés. Ainsi les maires ne feront plus de surenchère sur les opérateurs économiques ce qui rendrait cher les places sur les marchés pour les commerçants.

Le plaidoyer du maire Gbamnan Djidan Jean Félicien

A la différence de certaines communes d’Abidjan, celle de Yopougon, avec à sa tête le maire Gbamnan Djidan, a décidé de prendre le taureau par les cornes. Il s’agit de combattre le mal à la racine. Pour cela, il envisage bâtir de nouveaux marchés modernes, susceptibles de contenir tous les commerçants qui occupent encore de façon abusive les trottoirs. Pour réaliser ce programme, le maire n’attend que du financement. Récemment, lors de l’ouverture de l’agence SGBCI de Niangon, il a fait cas de cette intention. Il a même annoncé qu’il envisage un cadre de partenariat avec la banque pour voir dans quelle condition celle-ci peut l’accompagner. En prenant cette décision, le maire entend épargner sa commune de baraques, et faire de Yopougon, une commune moderne
Honoré Kouassi
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