La prochaine élection présidentielle s’annonce orageuse. La météo-politique n’augure rien de bon, si l’on s’en tient à la surenchère verbale à laquelle se livrent actuellement les acteurs politiques avec en toile de fond des calculs électoralistes. Si l’on n’y prend garde, cette escalade verbale pourrait faire le lit d’une implosion sociale aux conséquences imprévisibles pendant la campagne électorale ou au lendemain de la proclamation des résultats. Le résultat, tel est justement l’enjeu de cette élection qui apparaît déjà comme un scrutin à haut risque. Pas besoin, en effet, d’être un devin pour savoir qu’on va tout droit dans le mur si le paysage politique reste marqué par ce ton belliqueux. A l’origine de cette surenchère, la traditionnelle guéguerre entre les deux blocs qui se disputent le fauteuil présidentiel depuis une décennie. D’un côté, le parti au pouvoir et son champion Laurent Gbagbo et de l’autre, les Houphouétistes emmenés par l’ancien président Henri Konan Bédié et l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara. C’est l’intention de plus en plus affichée de l’un à rempiler vaille que vaille et la farouche détermination des deux autres à le déloger du Palais présidentiel, qui fait de nouveau planer le spectre de la violence sur la présidentielle à venir. L’actuel locataire du Boulevard Angoulvant du Plateau ne fait plus mystère de sa volonté de se succéder à lui-même. C’est ainsi qu’il faut comprendre les propos pour le moins révélateurs qu’il tient depuis quelques jours.
LE FEU A LA BOUCHE
Recevant les populations du Moyen Cavally dans son village à Mama samedi 27 août dernier, il a déclaré : « Ceux que vous( les autorités françaises, ndlr) soutenez ne seront jamais élus ici. Ce n’est pas la peine de perdre leur temps parce que s’il s’agit d’élection, Gbagbo sera toujours élu ». Des propos qui ont fait dire qu’il écarte toute victoire de l’un de ses plus farouches adversaires au prochain scrutin présidentiel. Et qui trahissent son intention de confisquer le pouvoir. C’est dans cette logique que s’inscrivent, selon certains analystes, ces mots adressés à l’armée le 6 août dernier, à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance de notre pays : « Si je tombe, vous tombez aussi ». Un appel du pied à « la grande muette », invitée à servir de bouclier à la sauvegarde du « trône ». Et comme si’ l’allusion n’était pas assez claire pour être bien reçue, le chef de l’Etat se fera explicite trois semaines plus tard à Divo, à l’occasion de l’installation, dans cette localité « bouillante », de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) 3. Extrait de ses instructions aux forces de l’ordre : « Vous êtes des policiers, vous n’êtes pas des juges. Votre rôle est de faire en sorte que la République vive (…) Vos ennemis, ce sont tous ceux qui sont contre la République. Tous ceux qui veulent troubler les élections (…) Mon père m’a dit que quand tu es dans l’armée, tu ne dois pas trop réfléchir, tu dois taper, taper. Le policier ne doit pas réfléchir, il doit taper et s’il y a des erreurs, s’il y a des problèmes, nous allons arranger… ». Un message qui n’est pas tombé dans les oreilles de sourds, puisque « la grande muette » a donné de la voix en dénonçant, sur les antennes de la télévision nationale, des fauteurs de trouble qui s’apprêteraient à porter atteinte à la République. Une sortie pour le moins musclée qui fait jaser. D’aucuns y voient une façon pour la hiérarchie militaire de ne pas tomber. Sous-entendu : éviter que Laurent Gbagbo tombe. Des signaux qui ont fait sortir l’opposition de ses gonds. Par la voix du sémillant Anaky Kobena, elle a affiché sa détermination à croiser le fer avec l’adversaire le moment venu. « Je dois dire que nous sommes en droit aujourd’hui en Côte d’Ivoire, de nous attendre à toutes sortes de manœuvres de la part de Gbagbo et du camp présidentiel pour soit éviter que les élections se tiennent. Ou alors au cas où elles se tiendraient, pour mettre tout en œuvre pour se déclarer vainqueur par un passage en force à la manière récente de Robert Mugabé au Zimbabwe (…) Ce sera des élections qui vont se dérouler dans la violence… », a clamé le président du Mfa dans une interview parue dans Le Nouveau Réveil du mardi 31 août dernier. Des propos non moins excessifs qui éclairent sur ses ennuis avec le ministère de la Défense. Un contexte électrique donc auquel vient en rajouter la grosse colère mal contenue des centaines de personnes radiées de la liste électorale provisoire pour « nationalité douteuse ». Ces frustrés, qui estiment avoir été injustement spoliés de leur citoyenneté ivoirienne, ruminent de colère comme un volcan qui dort. « Les gens ne sont pas contents. Mais jusque-là, ils gardent leur calme en attendant les mots d’ordre des partis », prévient l’un d’entre eux dans les colonnes d’un confrère. Le décor est donc planté pour des élections heurtées. Onu, Ua, Cedeao, chefs religieux et traditionnels : au feu !
Assane NIADA
LE FEU A LA BOUCHE
Recevant les populations du Moyen Cavally dans son village à Mama samedi 27 août dernier, il a déclaré : « Ceux que vous( les autorités françaises, ndlr) soutenez ne seront jamais élus ici. Ce n’est pas la peine de perdre leur temps parce que s’il s’agit d’élection, Gbagbo sera toujours élu ». Des propos qui ont fait dire qu’il écarte toute victoire de l’un de ses plus farouches adversaires au prochain scrutin présidentiel. Et qui trahissent son intention de confisquer le pouvoir. C’est dans cette logique que s’inscrivent, selon certains analystes, ces mots adressés à l’armée le 6 août dernier, à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance de notre pays : « Si je tombe, vous tombez aussi ». Un appel du pied à « la grande muette », invitée à servir de bouclier à la sauvegarde du « trône ». Et comme si’ l’allusion n’était pas assez claire pour être bien reçue, le chef de l’Etat se fera explicite trois semaines plus tard à Divo, à l’occasion de l’installation, dans cette localité « bouillante », de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) 3. Extrait de ses instructions aux forces de l’ordre : « Vous êtes des policiers, vous n’êtes pas des juges. Votre rôle est de faire en sorte que la République vive (…) Vos ennemis, ce sont tous ceux qui sont contre la République. Tous ceux qui veulent troubler les élections (…) Mon père m’a dit que quand tu es dans l’armée, tu ne dois pas trop réfléchir, tu dois taper, taper. Le policier ne doit pas réfléchir, il doit taper et s’il y a des erreurs, s’il y a des problèmes, nous allons arranger… ». Un message qui n’est pas tombé dans les oreilles de sourds, puisque « la grande muette » a donné de la voix en dénonçant, sur les antennes de la télévision nationale, des fauteurs de trouble qui s’apprêteraient à porter atteinte à la République. Une sortie pour le moins musclée qui fait jaser. D’aucuns y voient une façon pour la hiérarchie militaire de ne pas tomber. Sous-entendu : éviter que Laurent Gbagbo tombe. Des signaux qui ont fait sortir l’opposition de ses gonds. Par la voix du sémillant Anaky Kobena, elle a affiché sa détermination à croiser le fer avec l’adversaire le moment venu. « Je dois dire que nous sommes en droit aujourd’hui en Côte d’Ivoire, de nous attendre à toutes sortes de manœuvres de la part de Gbagbo et du camp présidentiel pour soit éviter que les élections se tiennent. Ou alors au cas où elles se tiendraient, pour mettre tout en œuvre pour se déclarer vainqueur par un passage en force à la manière récente de Robert Mugabé au Zimbabwe (…) Ce sera des élections qui vont se dérouler dans la violence… », a clamé le président du Mfa dans une interview parue dans Le Nouveau Réveil du mardi 31 août dernier. Des propos non moins excessifs qui éclairent sur ses ennuis avec le ministère de la Défense. Un contexte électrique donc auquel vient en rajouter la grosse colère mal contenue des centaines de personnes radiées de la liste électorale provisoire pour « nationalité douteuse ». Ces frustrés, qui estiment avoir été injustement spoliés de leur citoyenneté ivoirienne, ruminent de colère comme un volcan qui dort. « Les gens ne sont pas contents. Mais jusque-là, ils gardent leur calme en attendant les mots d’ordre des partis », prévient l’un d’entre eux dans les colonnes d’un confrère. Le décor est donc planté pour des élections heurtées. Onu, Ua, Cedeao, chefs religieux et traditionnels : au feu !
Assane NIADA