Le président de l’Association des aveugles et volontaires pour la promotion des aveugles de Côte d’Ivoire(Anavpaci), Anoh Eugène, relate les difficultés que lui ont valu l’enrôlement.
Comment s’est fait votre enrôlement ?
J’ai fait mon enrôlement à l’institut des aveugles. C’était un jour où il n’y avait pas assez d’affluence. Mais, il y avait trop d’étapes.
Et quand avez-vous été enrôlé ?
Avant d’aller à l’institut des aveugles pour me faire enrôler, j’ai été dans un établissement scolaire de mon quartier où s’effectuait l’enrôlement. C’était très difficile. Je n’ai pas pu me faire enrôler. Je suis allé tôt le matin et j’y suis resté jusqu’à midi. On a même dit aux enrôleurs qu’il y avait un non-voyant dans le rang. On m’a fait entrer dans la cour. Mais, quelles tribulations ! Au point où j’ai été obligé de me rendre à l’institut des aveugles où j’ai fait mon enrôlement. Il y avait un supplément de temps accordé aux retardataires. C’est là que je me suis fait enrôler.
Quelles autres difficultés avez-vous rencontrées ?
Quand les résultats ont été publiés, pas mal de mes camarades n’avaient pas leurs noms sur le tableau, pour la simple raison que leurs photos étaient inexploitables. Cela porte un préjudice à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas une seule personne, mais plusieurs.
Pourquoi leur a-t-on dit cela ?
On leur a expliqué que c’est parce qu’ils n’ont pas regardé l’objectif pendant qu’on leur prenait les photos. Est-ce que cela signifie pour autant qu’ils ne sont pas Ivoiriens ?
Combien sont-ils dans cette situation ?
Plus d’une vingtaine. Depuis que nous faisons les enrôlements en Côte d’ Ivoire, c’est bien la première fois que nous rencontrons ce genre de problème.
Antérieurement, tout se passait donc bien ?
Oui. Lorsque les statisticiens passaient pour recenser les gens, il n’y avait pas de problème. Depuis que la photo intervient, il y a problème. Si par la faute de la nature, nous ne pouvons pas regarder l’objectif de la photo, ce n’est pas notre faute.
Est-ce que certains de vos amis non-voyants vous ont déjà saisi pour ce même problème ?
J’ai un ami qui m’a dit d’écrire un courrier à la Cei, et de déposer une ampliation à la primature et à la présidence pour dire que les non-voyants sont écartés pour photo non lisible. Nous sommes en train de nous préparer pour le faire.
Votre enrôlement se fait-il comme celui des personnes bien portantes?
Oui. Nous présentons les pièces des parents et tout le reste. Mais il y a un autre problème. C’est que pour ne pas trop attendre, beaucoup de non-voyants ont quitté leurs quartiers pour se faire enrôler au centre de l’institut des aveugles où ils pouvaient bénéficier de plus de soin. J’habite Yopougon-Ananeraies. Comme c’était plus facile pour moi d’aller me faire enrôler à l’institut des aveugles, j’y suis allé. Mais cela veut dire que le jour des élections, si c’est là-bas que se trouve mon centre, je serais obligé de faire encore un long déplacement. Ce sera un frein pour beaucoup de non-voyants.
Avez-vous déjà par le passé ?
Oui, quand j’étais à Yopougon Toit-rouge. En 2000, au référendum, puis aux législatives. Mais lors des présidentielle j’étais en deuil.
Comment?
(Rire) Pour aller voter, je me suis fait accompagner d’une nièce très innocente, qui ne pouvait pas détourner mon choix. Elle avait 9 ans. Elle pouvait lire et écrire, elle me disait quel candidat j’avais en face de moi.
Lors d’une réunion, j’ai dit qu’on devait penser à faire du braille sur les bulletins de vote. Par exemple, G pour Gbagbo, D pour Ado, etc.
Avez-vous des solutions pour faciliter le vote des non-voyants?
Comme on n’a pas encore fait le bulletin de vote, il faut faire des lettres pour représenter chaque candidat. Il faut nous impliquer dans le processus. Il faut tenir compte du fait que tous les non-voyants n’ont pas été à l’école. Beaucoup n’ont pas été initié au braille. Il faut penser à eux. Sur le papier de vote, on peut faire des cachets indélébiles pour identifier les candidats et faciliter la tâche aux non-voyants. Un rond peut désigner Gbagbo, un carré, Bédié, un triangle, Ado. Ensuite on fait une petite sensibilisation pour le leur expliquer.
Combien de non-voyants y a-t-il en Côte d’Ivoire ?
Nous avons 3.000 à 5.000 personnes dans nos fichiers. Mais il peut y avoir près de 200.000 non-voyants dans le pays. Beaucoup ne sont pas connus. Au niveau de la structure, il y a aussi ceux qu’on appelle les mal-voyants. Contrairement, aux non-voyants, ils voient le danger venir.
Interview réalisée par Cissé Sindou
Comment s’est fait votre enrôlement ?
J’ai fait mon enrôlement à l’institut des aveugles. C’était un jour où il n’y avait pas assez d’affluence. Mais, il y avait trop d’étapes.
Et quand avez-vous été enrôlé ?
Avant d’aller à l’institut des aveugles pour me faire enrôler, j’ai été dans un établissement scolaire de mon quartier où s’effectuait l’enrôlement. C’était très difficile. Je n’ai pas pu me faire enrôler. Je suis allé tôt le matin et j’y suis resté jusqu’à midi. On a même dit aux enrôleurs qu’il y avait un non-voyant dans le rang. On m’a fait entrer dans la cour. Mais, quelles tribulations ! Au point où j’ai été obligé de me rendre à l’institut des aveugles où j’ai fait mon enrôlement. Il y avait un supplément de temps accordé aux retardataires. C’est là que je me suis fait enrôler.
Quelles autres difficultés avez-vous rencontrées ?
Quand les résultats ont été publiés, pas mal de mes camarades n’avaient pas leurs noms sur le tableau, pour la simple raison que leurs photos étaient inexploitables. Cela porte un préjudice à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas une seule personne, mais plusieurs.
Pourquoi leur a-t-on dit cela ?
On leur a expliqué que c’est parce qu’ils n’ont pas regardé l’objectif pendant qu’on leur prenait les photos. Est-ce que cela signifie pour autant qu’ils ne sont pas Ivoiriens ?
Combien sont-ils dans cette situation ?
Plus d’une vingtaine. Depuis que nous faisons les enrôlements en Côte d’ Ivoire, c’est bien la première fois que nous rencontrons ce genre de problème.
Antérieurement, tout se passait donc bien ?
Oui. Lorsque les statisticiens passaient pour recenser les gens, il n’y avait pas de problème. Depuis que la photo intervient, il y a problème. Si par la faute de la nature, nous ne pouvons pas regarder l’objectif de la photo, ce n’est pas notre faute.
Est-ce que certains de vos amis non-voyants vous ont déjà saisi pour ce même problème ?
J’ai un ami qui m’a dit d’écrire un courrier à la Cei, et de déposer une ampliation à la primature et à la présidence pour dire que les non-voyants sont écartés pour photo non lisible. Nous sommes en train de nous préparer pour le faire.
Votre enrôlement se fait-il comme celui des personnes bien portantes?
Oui. Nous présentons les pièces des parents et tout le reste. Mais il y a un autre problème. C’est que pour ne pas trop attendre, beaucoup de non-voyants ont quitté leurs quartiers pour se faire enrôler au centre de l’institut des aveugles où ils pouvaient bénéficier de plus de soin. J’habite Yopougon-Ananeraies. Comme c’était plus facile pour moi d’aller me faire enrôler à l’institut des aveugles, j’y suis allé. Mais cela veut dire que le jour des élections, si c’est là-bas que se trouve mon centre, je serais obligé de faire encore un long déplacement. Ce sera un frein pour beaucoup de non-voyants.
Avez-vous déjà par le passé ?
Oui, quand j’étais à Yopougon Toit-rouge. En 2000, au référendum, puis aux législatives. Mais lors des présidentielle j’étais en deuil.
Comment?
(Rire) Pour aller voter, je me suis fait accompagner d’une nièce très innocente, qui ne pouvait pas détourner mon choix. Elle avait 9 ans. Elle pouvait lire et écrire, elle me disait quel candidat j’avais en face de moi.
Lors d’une réunion, j’ai dit qu’on devait penser à faire du braille sur les bulletins de vote. Par exemple, G pour Gbagbo, D pour Ado, etc.
Avez-vous des solutions pour faciliter le vote des non-voyants?
Comme on n’a pas encore fait le bulletin de vote, il faut faire des lettres pour représenter chaque candidat. Il faut nous impliquer dans le processus. Il faut tenir compte du fait que tous les non-voyants n’ont pas été à l’école. Beaucoup n’ont pas été initié au braille. Il faut penser à eux. Sur le papier de vote, on peut faire des cachets indélébiles pour identifier les candidats et faciliter la tâche aux non-voyants. Un rond peut désigner Gbagbo, un carré, Bédié, un triangle, Ado. Ensuite on fait une petite sensibilisation pour le leur expliquer.
Combien de non-voyants y a-t-il en Côte d’Ivoire ?
Nous avons 3.000 à 5.000 personnes dans nos fichiers. Mais il peut y avoir près de 200.000 non-voyants dans le pays. Beaucoup ne sont pas connus. Au niveau de la structure, il y a aussi ceux qu’on appelle les mal-voyants. Contrairement, aux non-voyants, ils voient le danger venir.
Interview réalisée par Cissé Sindou