Profitant de son bref séjour au pays, pour la présentation de son nouvel album de 14 titres "African Revolution", nous avons rencontré la méga star du reggae africain. Tiken Fakoly, dans cet entretien, donne les grandes lignes de l’opus, mais également exprime ses inquiétudes pour la tenue de la présidentielle du 31 octobre prochain et surtout regrette le regain de violence en Guinée avant le second tour de l’élection présidentielle.
Le Patriote : Le 20 septembre prochain, vous sortez "African Revolution", votre nouvel album. De quoi parlez-vous dans cette oeuvre au plan thématique ?
Tiken Jah Fakoly : « African Revolution » est un album qui veut s’adresser à la jeunesse africaine, lui dire simplement que personne ne viendra changer ce continent à sa place. Nous sommes en retard aujourd’hui à cause de la désunion, et certaines choses qui entravent la marche inéluctable de notre continent dans le concert des Nations. Dans les albums précédents, je m’étais particulièrement adressé aux politiques, à l’Occident par rapport à tout ce que les Occidentaux font en Afrique. Cette fois-ci, j’ai décidé de m’adresser à la jeunesse africaine elle-même. Lui dire qu’il n’y a rien d’extraordinaire. Si on veut, ça peut changer. Il suffit de se mettre ensemble pour défendre l’intérêt général. En Occident aujourd’hui, dès que le politique touche à l’éducation, à la santé, les gens oublient même leur religion, leur parti politique et ils se mettent ensemble pour obliger les hommes politiques à privilégier l’intérêt national. C’est un peu ce message que je veux faire passer à travers « Africa Revolution ».
L.P : Quelle forme donnez-vous justement à cette Révolution ?
T.J.F : Je fais allusion à une révolution intelligente. C’est une Révolution dans laquelle on ne va pas se taper dessus. On n’a pas besoin de violence. On a connu la traite négrière, on nous a déjà suffisamment brimés et tués pour retarder notre développement. C’est une révolution dans laquelle, j’invite la jeunesse africaine à se mettre au-dessus des religions, des régions, des clivages politiques et tout autre clivage socio-économique pour défendre l’intérêt général. Les populations d’Odienné ont les mêmes problèmes que ceux de Ouragahio, les musulmans et les chrétiens d’Abobo qui vivent dans le ghetto, ont tous les mêmes problèmes. C’est pourquoi, je parle de révolution intelligente, il faut qu’on parvienne à se lever et se hisser au-dessus de toutes ces considérations. Une union de synergies, de forces vives de l’Afrique, une fédération de toutes les intelligences de la génération actuelle en vue de combler le fossé, en terme d’emplois, de soins dans les hôpitaux, et de toutes formes de création de richesses qui permettront au continent de faire un bond qualitatif pour rattraper l’Occident. Si on s’y met ensemble, en affichant notre détermination d’opérer cette révolution, les hommes politiques seront obligés de nous accompagner..
L.P : Un peuple qui a faim peut-il vraiment faire plier le politique ?
T.K.F : Il faut qu’au nom d’un idéal, on accepte cette faim-là, pour prendre des décisions courageuses. Nos ancêtres, qui ont combattu l’esclavage, n’étaient forcément pas heureux. Ceux qui ont mené la lutte anticoloniale n’étaient pas heureux. Ils avaient la nette conviction que de l’indépendance résulterait leur dignité. Et qu’ils pourraient assurer une meilleure survie à leurs descendants. Ils ont combattu tout cela dans des conditions effroyables. Je dis pour ma part, que tout est orchestré par les médias occidentaux pour que nous restions dans la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Imaginez une journée de l’Afrique, où tout le monde s’habille en habits traditionnels de son pays ou de sa région, ça peut faire travailler les artisans africains pendant toute une année. Non seulement, on aura prouvé qu’on peut s’habiller sans l’aide des Occidentaux, mais également, on aura permis à des artisans de gagner leur pain. Tout le monde se plaint qu’aujourd’hui est dur, mais si rien n’est fait, demain sera certainement plus dur. En Côte d’Ivoire, le jour où on assistera à une marche pour la bonne gouvernance, et que parmi les marcheurs, il y a des Bété, des Guéré, des Baoulé, des Dioula ensemble la main dans la main sur une grande route, les hommes politiques réaliseront tous que leurs pétards sont mouillés.
L.P : Vous faites un bref séjour dans votre pays où l’élection présidentielle est annoncée pour le 31 octobre. Vous y croyez ?
T.K.F : Je reste optimiste parce qu’être pessimiste peut être dangereux pour mon pays. Aujourd’hui, ceux qui sont au pouvoir n’ont pas le choix. Ils doivent prouver qu’ils aiment ce pays. Les élections ont été reportées plus de six fois. Cette fois-ci, j’espère grandement qu’on va y aller pour que l’Ivoirien enfin choisisse son président. Je le souhaite parce que tous les clignotants sont au rouge actuellement au pays. Le 31 octobre, s’il n’y a pas d’élection, cela peut être très grave pour la Côte d’Ivoire. Je souhaite qu’on évite tout ça. Plus l’élection devient la mère de toute attente, plus la situation s’aggrave, plus le pays s’expose au danger. Je dis que le 31 octobre sera la dernière date.
L.P : La période post-électorale est souvent, émaillée de vives tensions, que doit-on attendre du vainqueur et des vaincus ?
T.KF. Celui qui va gagner ces élections libres transparentes et démocratiques, nous serons là pour le soutenir dans sa tâche de reconstruction du pays. Sa mission ne sera pas de tout repos. La Côte d’Ivoire a reculé de 20 ans au cours de cette décennie. La jeunesse en Côte d’Ivoire a été obligée malgré elle, de tendre quotidiennement la sébile, de se livrer à la mendicité. C’est pourquoi, j’ai composé un titre, « Vieux père », pour dénoncer ce phénomène. C’est grave, quand tu vois une jeunesse dans cette situation, c’est qu’elle ne rêve plus. Une jeunesse qui ne rêve plus, n’est plus l’avenir d’une nation. Avec une jeunesse qui a permanemment la main tendue, c’est déjà difficile de faire une révolution. C’est donc une jeunesse sans ambition réelle et qui tombe amoureuse des chaînes de la galère et de la servitude qui l’immobilise et tue en lui toute initiative de créativité de richesse et d’entreprenariat. Celui qui perd, qu’il se dise que l’élection, ce n’est pas un champ de guerre, comme on tente de nous le montrer en Côte d’Ivoire, en invitant l’armée à mater la population. C’est simplement une compétition. Il y a un vainqueur et des perdants.
L.P : Vous qui avez rencontré les autorités guinéennes, le second tour des élections est menacé par des heurts, quel est votre avis sur cette situation ?
T.KF : Nous savons que les scrutins en Afrique peuvent conduire à toutes sortes de violence. C’est pourquoi, le mercredi prochain, je retourne en Guinée pour organiser un concert qui va rassembler les deux candidats. Nous allons ensemble faire la fête pour montrer à la population que ça ne vaut pas la peine de sacrifier une vie pour cela. Ce concert est prévu sur l’esplanade du Palais du Congrès de Conakry. La jeunesse africaine, à travers ma modeste voix, a décidé de ne plus assister, de manière passive, à l’écriture de l’Histoire Africaine.
L.P : Avez-vous les nouvelles de Dadis Camara, l’ancien chef de la junte au pouvoir en Guinée ?
T.K.F : Non ! Je n’ai pas de ses nouvelles, je sais qu’il a perdu récemment son fils, j’ai tenté d’entrer en contact avec lui, mais je n’ai pas eu de suite. Ce que je sais, c’est qu’il est au Burkina.
L.P : Vous étiez interdit de séjour au Sénégal, mais on vous a vu récemment à Dakar chez le président Wade…
T.K.F : J’ai effectivement été reçu par le président Wade, nous avons aplani nos différends. Nous avons discuté pendant plus de trois heures. Je lui ai indiqué mes inquiétudes sur ce qu’il est convenu de nommer le phénomène du fauteuil de père en fils. Dieu merci, on s’est compris.
L.P : Un appel à lancer aux hommes politiques, surtout à ceux de la Côte d’Ivoire avant l’échéance du 31 octobre ?
T.KF : Je leur demande de faire attention, parce que le peuple ivoirien a déjà trop souffert. Ils ont la chance de prouver qu’ils ont de l’amour pour ce pays. Je pense que la meilleure manière de le prouver est d’organiser ces élections de manière transparente, sans chercher à confisquer le pouvoir. Il faut éviter toute tentative de confiscation du pouvoir. Je le dis, il faut éviter toute tentative de confiscation du pouvoir. Veillons à ce que ces élections soient transparentes. J’insiste et j’invite les Ivoiriens à aller à des élections sans fraude et sans contestation. Ces élections que nous attendons tous, doivent être démocratiques, transparentes et libres. Il faut que nos candidats fassent attention. S’ils ont réussi à diviser les ivoiriens pendant un bon moment, aujourd’hui, tous les Ivoiriens, de tous les clivages politiques, vivent les mêmes galères.
Réalisée par Y. Sangaré et Moussa Keita
Le Patriote : Le 20 septembre prochain, vous sortez "African Revolution", votre nouvel album. De quoi parlez-vous dans cette oeuvre au plan thématique ?
Tiken Jah Fakoly : « African Revolution » est un album qui veut s’adresser à la jeunesse africaine, lui dire simplement que personne ne viendra changer ce continent à sa place. Nous sommes en retard aujourd’hui à cause de la désunion, et certaines choses qui entravent la marche inéluctable de notre continent dans le concert des Nations. Dans les albums précédents, je m’étais particulièrement adressé aux politiques, à l’Occident par rapport à tout ce que les Occidentaux font en Afrique. Cette fois-ci, j’ai décidé de m’adresser à la jeunesse africaine elle-même. Lui dire qu’il n’y a rien d’extraordinaire. Si on veut, ça peut changer. Il suffit de se mettre ensemble pour défendre l’intérêt général. En Occident aujourd’hui, dès que le politique touche à l’éducation, à la santé, les gens oublient même leur religion, leur parti politique et ils se mettent ensemble pour obliger les hommes politiques à privilégier l’intérêt national. C’est un peu ce message que je veux faire passer à travers « Africa Revolution ».
L.P : Quelle forme donnez-vous justement à cette Révolution ?
T.J.F : Je fais allusion à une révolution intelligente. C’est une Révolution dans laquelle on ne va pas se taper dessus. On n’a pas besoin de violence. On a connu la traite négrière, on nous a déjà suffisamment brimés et tués pour retarder notre développement. C’est une révolution dans laquelle, j’invite la jeunesse africaine à se mettre au-dessus des religions, des régions, des clivages politiques et tout autre clivage socio-économique pour défendre l’intérêt général. Les populations d’Odienné ont les mêmes problèmes que ceux de Ouragahio, les musulmans et les chrétiens d’Abobo qui vivent dans le ghetto, ont tous les mêmes problèmes. C’est pourquoi, je parle de révolution intelligente, il faut qu’on parvienne à se lever et se hisser au-dessus de toutes ces considérations. Une union de synergies, de forces vives de l’Afrique, une fédération de toutes les intelligences de la génération actuelle en vue de combler le fossé, en terme d’emplois, de soins dans les hôpitaux, et de toutes formes de création de richesses qui permettront au continent de faire un bond qualitatif pour rattraper l’Occident. Si on s’y met ensemble, en affichant notre détermination d’opérer cette révolution, les hommes politiques seront obligés de nous accompagner..
L.P : Un peuple qui a faim peut-il vraiment faire plier le politique ?
T.K.F : Il faut qu’au nom d’un idéal, on accepte cette faim-là, pour prendre des décisions courageuses. Nos ancêtres, qui ont combattu l’esclavage, n’étaient forcément pas heureux. Ceux qui ont mené la lutte anticoloniale n’étaient pas heureux. Ils avaient la nette conviction que de l’indépendance résulterait leur dignité. Et qu’ils pourraient assurer une meilleure survie à leurs descendants. Ils ont combattu tout cela dans des conditions effroyables. Je dis pour ma part, que tout est orchestré par les médias occidentaux pour que nous restions dans la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Imaginez une journée de l’Afrique, où tout le monde s’habille en habits traditionnels de son pays ou de sa région, ça peut faire travailler les artisans africains pendant toute une année. Non seulement, on aura prouvé qu’on peut s’habiller sans l’aide des Occidentaux, mais également, on aura permis à des artisans de gagner leur pain. Tout le monde se plaint qu’aujourd’hui est dur, mais si rien n’est fait, demain sera certainement plus dur. En Côte d’Ivoire, le jour où on assistera à une marche pour la bonne gouvernance, et que parmi les marcheurs, il y a des Bété, des Guéré, des Baoulé, des Dioula ensemble la main dans la main sur une grande route, les hommes politiques réaliseront tous que leurs pétards sont mouillés.
L.P : Vous faites un bref séjour dans votre pays où l’élection présidentielle est annoncée pour le 31 octobre. Vous y croyez ?
T.K.F : Je reste optimiste parce qu’être pessimiste peut être dangereux pour mon pays. Aujourd’hui, ceux qui sont au pouvoir n’ont pas le choix. Ils doivent prouver qu’ils aiment ce pays. Les élections ont été reportées plus de six fois. Cette fois-ci, j’espère grandement qu’on va y aller pour que l’Ivoirien enfin choisisse son président. Je le souhaite parce que tous les clignotants sont au rouge actuellement au pays. Le 31 octobre, s’il n’y a pas d’élection, cela peut être très grave pour la Côte d’Ivoire. Je souhaite qu’on évite tout ça. Plus l’élection devient la mère de toute attente, plus la situation s’aggrave, plus le pays s’expose au danger. Je dis que le 31 octobre sera la dernière date.
L.P : La période post-électorale est souvent, émaillée de vives tensions, que doit-on attendre du vainqueur et des vaincus ?
T.KF. Celui qui va gagner ces élections libres transparentes et démocratiques, nous serons là pour le soutenir dans sa tâche de reconstruction du pays. Sa mission ne sera pas de tout repos. La Côte d’Ivoire a reculé de 20 ans au cours de cette décennie. La jeunesse en Côte d’Ivoire a été obligée malgré elle, de tendre quotidiennement la sébile, de se livrer à la mendicité. C’est pourquoi, j’ai composé un titre, « Vieux père », pour dénoncer ce phénomène. C’est grave, quand tu vois une jeunesse dans cette situation, c’est qu’elle ne rêve plus. Une jeunesse qui ne rêve plus, n’est plus l’avenir d’une nation. Avec une jeunesse qui a permanemment la main tendue, c’est déjà difficile de faire une révolution. C’est donc une jeunesse sans ambition réelle et qui tombe amoureuse des chaînes de la galère et de la servitude qui l’immobilise et tue en lui toute initiative de créativité de richesse et d’entreprenariat. Celui qui perd, qu’il se dise que l’élection, ce n’est pas un champ de guerre, comme on tente de nous le montrer en Côte d’Ivoire, en invitant l’armée à mater la population. C’est simplement une compétition. Il y a un vainqueur et des perdants.
L.P : Vous qui avez rencontré les autorités guinéennes, le second tour des élections est menacé par des heurts, quel est votre avis sur cette situation ?
T.KF : Nous savons que les scrutins en Afrique peuvent conduire à toutes sortes de violence. C’est pourquoi, le mercredi prochain, je retourne en Guinée pour organiser un concert qui va rassembler les deux candidats. Nous allons ensemble faire la fête pour montrer à la population que ça ne vaut pas la peine de sacrifier une vie pour cela. Ce concert est prévu sur l’esplanade du Palais du Congrès de Conakry. La jeunesse africaine, à travers ma modeste voix, a décidé de ne plus assister, de manière passive, à l’écriture de l’Histoire Africaine.
L.P : Avez-vous les nouvelles de Dadis Camara, l’ancien chef de la junte au pouvoir en Guinée ?
T.K.F : Non ! Je n’ai pas de ses nouvelles, je sais qu’il a perdu récemment son fils, j’ai tenté d’entrer en contact avec lui, mais je n’ai pas eu de suite. Ce que je sais, c’est qu’il est au Burkina.
L.P : Vous étiez interdit de séjour au Sénégal, mais on vous a vu récemment à Dakar chez le président Wade…
T.K.F : J’ai effectivement été reçu par le président Wade, nous avons aplani nos différends. Nous avons discuté pendant plus de trois heures. Je lui ai indiqué mes inquiétudes sur ce qu’il est convenu de nommer le phénomène du fauteuil de père en fils. Dieu merci, on s’est compris.
L.P : Un appel à lancer aux hommes politiques, surtout à ceux de la Côte d’Ivoire avant l’échéance du 31 octobre ?
T.KF : Je leur demande de faire attention, parce que le peuple ivoirien a déjà trop souffert. Ils ont la chance de prouver qu’ils ont de l’amour pour ce pays. Je pense que la meilleure manière de le prouver est d’organiser ces élections de manière transparente, sans chercher à confisquer le pouvoir. Il faut éviter toute tentative de confiscation du pouvoir. Je le dis, il faut éviter toute tentative de confiscation du pouvoir. Veillons à ce que ces élections soient transparentes. J’insiste et j’invite les Ivoiriens à aller à des élections sans fraude et sans contestation. Ces élections que nous attendons tous, doivent être démocratiques, transparentes et libres. Il faut que nos candidats fassent attention. S’ils ont réussi à diviser les ivoiriens pendant un bon moment, aujourd’hui, tous les Ivoiriens, de tous les clivages politiques, vivent les mêmes galères.
Réalisée par Y. Sangaré et Moussa Keita