x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le mercredi 15 septembre 2010 | Le Patriote

Reportage : Droits des enfants, violence sexuelle, maltraitance… - Le pénible combat d’un jeune “parlementaire”

Il est encore lycéen mais a choisi avec ses amis du Parlement des enfants de militer ouvertement pour la défense de leurs droits.
Il s’appelle Ange-Emmanuel Konan. Il a tout juste 19 ans et, est élève en classe de Terminale C, au groupe scolaire K.L Djedri, à Yamoussoukro. Ce jeune garçon à la silhouette filiforme a tout d’un élève ordinaire. Sauf que derrière son air innocent et son visage candide, cet adolescent cache une farouche volonté pour la défense des droits des enfants. «Ce sont êtres fragiles, qui subissent toujours les adultes. Il est temps que ça s’arrête», tonne t-il, d’une voix fluette. Dans la capitale politique ivoirienne, au pied de la Basilique Notre-Dame de La Paix, il meuble son temps, entre ses cours à l’école, et son engagement pour la cause des enfants. Quand il ne va donc pas à l’école, Ange-Emmanuel, 1er vice-président du parlement des enfants de Côte d’Ivoire (on peut y être membre jusqu’à 21 ans, âge de la majorité en Côte d’Ivoire), retrouve ses amis « parlementaires» dont la présidente de la section de Yamoussoukro, Lokpo Afsah. Au centre de leurs discussions, la question des droits des enfants notamment leur maltraitance et surtout les abus sexuels, qui préoccupent énormément Ange-Emmanuel. «Il faut agir rapidement », fait-il remarquer. Sous son impulsion, ils mettent en place une cellule de lutte contre les abus sexuels sur les enfants. « Je me suis battu pour ça», sourit le jeune homme. L’idée, avoue-t-il, est partie de sa participation au Congrès mondial des enfants, à Rio de Janeiro, au Brésil, il y a environ deux ans, précisément du 26 au 29 novembre 2008. «J’ai réalisé au cours de cette rencontre à quel point les enfants étaient victimes d’abus sexuel», souligne t-il, le visage quelque peu grave. Avant de plonger les yeux dans documents qu’il tient sur ses jambes. Puis, il poursuit : «Avec la cellule, nous avons enregistré en moins de six mois 39 cas d’enfants, essentiellement des filles exploitées sexuellement, voire violées. C’est énorme». Une inquiétude que confirme Mamadou Korczak Kourouma coordonnateur général de l’ONG SAPE Côte d’Ivoire, qui milite pour les droits de l’enfant: «Sur environ 80 cas que nous recevons, 35 concernent les violences sexuelles». En 1996, selon les statistiques des hommes en charge de la sécurité, 216 « infractions sexuelles» avaient été commises. Et l’année suivante, le nombre grimpait à 627. Ange-Emmanuel et ses amis apportent dans un premier temps un réconfort moral aux victimes, ensuite ils les guident vers les centres sociaux. Pour une meilleure prise en charge psycho-sociale. Toutefois, ils restent contrariés par le manque de moyens financiers pour agir et le poids du silence. Beaucoup de victimes, par honte ou pudeur, n’osent pas parler de leur mésaventure, encore moins dénoncer leurs agresseurs. Pour Ange-Emmanuel, les populations, pour la plupart, analphabètes, n’ont pas la notion de la prise en charge. «Quand des filles sont victimes d’agressions sexuelle, elles préfèrent le cacher au lieu d’alerter les forces de l’ordre. Et dans leur intimité, elles préfèrent se soigner avec de la vapeur d’eau chaude », explique t-il non sans un certain dépit.
Ange-Emmanuel se bat également contre le mariage précoce, encore en vogue dans certaines contrées de Côte d’Ivoire, notamment dans la région du Zanzan, précisément à Bondoukou où, dénonce t-il, «des filles de 16 ans sont données en mariage à des hommes qui ont deux ou trois fois leur âge et très souvent contre leur gré». Mais, précise le jeune homme, les abus sexuels ne concernent uniquement pas que les adolescentes. « Les jeunes garçons sont aussi quelquefois abusés par des femmes plus âgées ». C’est pourquoi, les « jeunes parlementaires » projettent une sensibilisation de masse rurale, afin de mieux faire connaître les abus sexuels contre les enfants et les violations de leurs droits.
Ils envisagent, par ailleurs, la mise sur pied d’une brigade pour la défense des droits de l’enfant et surtout d’instaurer de la journée internationale de l’enfant africain chaque 16juin, en hommage, à Hector Pieterson, ce jeune garçon de 12 ans tué lors des émeutes de Soweto en 1976. De bonnes idées qu’Ange-Emmanuel et ses camarades rêvent de traduire en faits. Avec foi.
Yacouba Sangaré

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ