Même lieu, même contexte, mêmes populations, mais attitudes diamétralement opposées pour deux hommes dont les aspirations sont censées être les mêmes : apporter des solutions à la condition de vie de leurs concitoyens. Autant dire, leur offrir le minimum de bien-être, la seule chose qui vaille vraiment à leurs yeux.
Mais, parfois, on se demande si Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, deux personnages politiques de premier plan en Côte d’Ivoire, ont la même conception de la mission qui est la leur. La mission de l’homme politique.
Tant cette conception est prodigieusement antinomique chez l’un et l’autre.
Il y a de cela quelques années, Laurent Gbagbo a décidé de se rendre à Yopougon, précisément au sous-quartier Wassakara, réputé parmi les plus démunis d’Abidjan.
Lui qui est le Président de la République en fonction, savez-vous ce qu’il va faire dans ce quartier dont les populations croulent sous le poids de la misère ? Eh bien, il profite d’un séjour que des copains socialistes français effectuent, à son invitation, en Côte d’Ivoire, pour les y trimbaler. Mais au lieu de s’y rendre au grand jour et essayer d’apporter du réconfort aux populations – incapable qu’il a été de proposer la moindre solution à leur existence –, c’est par une nuit noire qu’il se fait suivre, à la queue-leu-leu, par ses visiteurs. Destination : la rue Princesse, en boîte de nuit ! Là-bas, aussi bien mitraillés par les flashs des caméras de la RTI que par les jeux de lumière de ces dancings, ensemble avec ses potes, ils se trémoussent à en perdre haleine. Ils rient aux éclats, se tapotent.
Or, quelques jours seulement avant cette virée, de pauvres ménagères qui, asphyxiées par la flambée des prix des denrées de première nécessité, avait tenté de faire une marche de protestation, ont été violemment bastonnées par la soldatesque de Gbagbo.
Avant-hier, dans le même quartier de Wasakara, Alassane Ouattara décide à son tour d’y faire un tour. Et que croyez-vous qu’il fait ? Eh bien, il rend des visites surprise à de nombreuses familles. Pénètre dans leur intimité familiale, s’assoit avec eux sur des tabourets, partage le maigre et unique repas du jour, essaie de comprendre leur souffrance, leur offre des présents, mais surtout, quelque chose de bien plus précieux: l’espérance en un avenir meilleur. «Je vous demande de ne pas désespérer », essuie-t-il leurs larmes. Lui qui n’est pas le Président de la République, il n’a que son humanisme, sa générosité, son sens du devoir, du partage, de la solidarité à leur donner. Des valeurs dont il a du reste fait montre pour le peu de temps (de 1990 à 1993) qu’il a fait en tant que Premier ministre d’un homme exceptionnel et de qui il a tiré cette grande richesse humaine : Houphouët-Boigny.
Voici donc deux hommes politiques qui veulent prendre le destin de leurs compatriotes en main. L’un préfère danser devant la misère de son peuple, l’autre fait le choix de comprendre, de partager et d’envisager des solutions durables pour donner un sens à la vie des siens.
Kore Emmanuel
Mais, parfois, on se demande si Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, deux personnages politiques de premier plan en Côte d’Ivoire, ont la même conception de la mission qui est la leur. La mission de l’homme politique.
Tant cette conception est prodigieusement antinomique chez l’un et l’autre.
Il y a de cela quelques années, Laurent Gbagbo a décidé de se rendre à Yopougon, précisément au sous-quartier Wassakara, réputé parmi les plus démunis d’Abidjan.
Lui qui est le Président de la République en fonction, savez-vous ce qu’il va faire dans ce quartier dont les populations croulent sous le poids de la misère ? Eh bien, il profite d’un séjour que des copains socialistes français effectuent, à son invitation, en Côte d’Ivoire, pour les y trimbaler. Mais au lieu de s’y rendre au grand jour et essayer d’apporter du réconfort aux populations – incapable qu’il a été de proposer la moindre solution à leur existence –, c’est par une nuit noire qu’il se fait suivre, à la queue-leu-leu, par ses visiteurs. Destination : la rue Princesse, en boîte de nuit ! Là-bas, aussi bien mitraillés par les flashs des caméras de la RTI que par les jeux de lumière de ces dancings, ensemble avec ses potes, ils se trémoussent à en perdre haleine. Ils rient aux éclats, se tapotent.
Or, quelques jours seulement avant cette virée, de pauvres ménagères qui, asphyxiées par la flambée des prix des denrées de première nécessité, avait tenté de faire une marche de protestation, ont été violemment bastonnées par la soldatesque de Gbagbo.
Avant-hier, dans le même quartier de Wasakara, Alassane Ouattara décide à son tour d’y faire un tour. Et que croyez-vous qu’il fait ? Eh bien, il rend des visites surprise à de nombreuses familles. Pénètre dans leur intimité familiale, s’assoit avec eux sur des tabourets, partage le maigre et unique repas du jour, essaie de comprendre leur souffrance, leur offre des présents, mais surtout, quelque chose de bien plus précieux: l’espérance en un avenir meilleur. «Je vous demande de ne pas désespérer », essuie-t-il leurs larmes. Lui qui n’est pas le Président de la République, il n’a que son humanisme, sa générosité, son sens du devoir, du partage, de la solidarité à leur donner. Des valeurs dont il a du reste fait montre pour le peu de temps (de 1990 à 1993) qu’il a fait en tant que Premier ministre d’un homme exceptionnel et de qui il a tiré cette grande richesse humaine : Houphouët-Boigny.
Voici donc deux hommes politiques qui veulent prendre le destin de leurs compatriotes en main. L’un préfère danser devant la misère de son peuple, l’autre fait le choix de comprendre, de partager et d’envisager des solutions durables pour donner un sens à la vie des siens.
Kore Emmanuel