x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le jeudi 9 septembre 2010 | Courrier d’Afrique

Présidentielle ivoirienne : Une échéance de plus, un rendez-vous de trop ?

© Courrier d’Afrique Par Prisca
Pré campagne électorale du candidat du FPI : 10.000 femmes apportent leur soutien au président Laurent Gbagbo
Samedi 11 septembre 2010. Abidjan, Treichville. Palais de la culture Bernard B. Dadié. Photo: le président Laurent Gbagbo
Après de très nombreux reports, les ivoiriens se rendront aux urnes le 31 octobre pour enfin élire leur président. En dépit de l’optimisme des acteurs du processus électoral et des autorités politiques, le doute plane. Au-delà, le statu quo arrange bien tout le monde.

John Akintola

La commission électorale indépendante l’a proposé, le Premier ministre l’a affirmé. Le 6 août, dans son discours de veille du cinquantenaire de l’indépendance du pays, le chef de l’Etat ivoirien lui-même l’a confirmé : «cette année verra se tenir l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire».
La date du 31 octobre s’annonce comme une échéance majeure dans le retour à la normale au pays de Gbagbo au pouvoir depuis octobre 2000 pour un mandat interminable de cinq ans. Son régime, tombé dans l’illégalité après 2005, est accusé de bloquer le processus électoral pour s’éterniser au pouvoir.

Difficile pour Laurent Gbagbo de nier que le statu quo l’arrange, lui qui, en dix ans de règne, n’est pas sûr d’avoir enchéri sa cote de popularité. Le Premier ministre Guillaume Soro, nommé depuis 2007 en vertu d’un accord de paix à Ouagadougou, n’a pas non plus grand intérêt à ce que les élections soient organisées : qu’un camp ou un autre gagne, son avenir politique est incertain. Le chef de l’ex-rébellion et ses camarades avaient pris les armes pour des revendications et ambitions politiques précises dont, sans doute, la conquête et la gestion du pouvoir. Cette revendication semble satisfaite avec la gestion par l’ex-rébellion, de la primature et de certains portefeuilles ministériels. Un scrutin présidentiel censé clore la grave crise militaro-politique de 2002, peut brutalement mettre fin à cette aventure politique plus ou moins confortable pour l’ex-rébellion.

Seule l’opposition menée essentiellement par l'ex-président Henri Konan Bédié et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara fait de la tenue du scrutin l’une de ses principales revendications. Mais ces leaders de l’opposition eux-mêmes n’étant pas à l’abri d’une défaite, ne poussent pas non plus trop loin le bouchon de l’indignation. Une défaite électorale les mettrait à la retraite politique et compromettrait l’avenir des cadres de leurs partis politiques. Conscients du fait, eux aussi sont constamment en quête du moment politique propice pour arracher le pouvoir à Laurent Gbagbo. Le 31 octobre leur convient-il ? Leur silence actuel est en tout cas inquiétant.

Des obstacles majeurs

Deux défis devront être relevés avant la tenue du rendez-vous du 31 octobre. D’abord le nettoyage de la liste électorale et la finalisation de l’opération du désarmement des ex-rebelles des Forces nouvelles.

Selon le dernier accord de paix signé fin 2008 en complément à «l'accord politique de Ouagadougou» de 2007, le désarmement de l’ex-rébellion devait être achevé deux mois avant le vote, soit, désormais, fin août. En l’état actuel du processus, ce sera difficile de respecter cette date. Sur un total de 5.000 hommes à «encaserner», quelques centaines d'éléments seulement sont cantonnés à Korhogo (Nord). Le paiement de la somme de 500.000 francs Cfa (762,7 euros) pour solde de tout compte aux ex-combattants démobilisés est toujours attendu. Ces derniers ne sont encore ni démobilisés ni reversés dans des brigades mixtes (loyalistes et ex-rebelles) chargées de sécuriser la prochaine élection.

De même, le pouvoir et l’ex-rébellion continuent de se déchirer sur l’importance de cette opération de désarmement. Gbagbo et ses partisans font de cette opération une condition sine quoa non du scrutin. Ceux de Soro estiment, quant à eux, que «le désarmement n'a rien à voir avec l'élection».
L’autre différend qui cristallise les attentions concerne les listes électorales avec en toile de fond la question de la nationalité, au cœur de la crise depuis une quinzaine d'années dans ce pays de forte immigration. Déjà en février dernier, le chef de l’Etat ivoirien a dissous la précédente commission électorale, accusant son président, un responsable de l'opposition, d'avoir illégalement ajouté des noms sur les listes d'inscription. Pour les partisans de Gbagbo, il y a une autre «liste grise» de 850.000 électeurs étrangers originaires du Burkina Faso et du Mali à la solde de l’opposition. La «vérification» spéciale des inscriptions, réalisée sur l'insistance du camp présidentiel, aurait fait apparaître au moins 100.000 cas problématiques pendant que la phase de traitement des réclamations par les tribunaux n’a pas encore redémarré.

Tant de chantiers qui compliquent le processus et rendent une fois encore l’échéance du 31 octobre incertaine. Seule certitude dans cette course : 13 Ivoiriens sont candidats à la succession de Gbagbo, lui-même intéressé à rempiler.

John Akintola
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ